
pandent une odeur de pluie deté ; elles s’ameubliffent aifemënt par les
labours 8e fourniflent aux racines une nourriture abondante.
Terres diverses. Les autres terres qui contiennent moins de lues
nutritifs, font l’argile ou glaife, le fable pur , la marne , la craie,
le mf.
La A a ife , que l’on nomme auffi argile, contient quelque fuc nourricier
r mais fes pores étant trop ferrés , les racines la pénètrent difficilement.
_ .
Le fable pur admet l’eau entre fes parties, tandis qu’elles-memes
font impénétrables à fes fluides : en forte qu elles laiffént entr elles des
efpaces qui fervent de palfage à l’eau s’en en retenir ; ce qui fait que
le fable eft bientôt defféché. Les fables permettent aux racines de
s’étendre ; mais ils ne fourniflent par eux-mêmes aucune fubftance
nutritive : ainfi, tout y périt par le hâle, d’autant plus promptement,
que le fable s’échauffe beaucoup,
La marne eft une terre qui, par elle-même, eft auffi infertile que
le fable pur; mais lorfqu’elle eft mêlée avec d’autres terres, elles les
rend auffi fertiles que le fable gras. On diftingue les marnes coquillieres,'
les graveleufes & celles qu’on nomme crayons. Les marnes coquillieres,
font communément très-bonnes ; les graveleufes font d’autant moins
propres à fertilifer, quelles contiennent plus de gravier : excepté qu’on
les répande fur des fonds glaifeux ; celles qu’on appelle crayons, fer-
tilifent promptement de puiflamment ; mais leur effet ne dure pas
auffi long-tems que celui des marnes graflès.
La craie eft une pierre tendre dans laquelle les racines ne peuvent
pénétrer, 8e qui ne paroît pas contenir beaucoup de fubftance propre
à la végétation ; néanmoins, quand on entame la craie à--force de
bras, la pluie, le foleil, la gelée ne laiflènt pas de la divifer ; 8e
avec le fecours des fumiers elle devient capable de nourrir des végétaux.
Le t u f eft une terre vierge ou qui n’a point été remuée, parce
quelle eft au-deflous des labours. Par fa nature, elle n’eft point
propre à la végétation ; cependant à force d’avoir été labouree 8e
d ’avoir reçu l’impreffion de la gelée 8e du foleil, 8e étant aidee par
des engrais, on peut la rendre fertile.
Terres trop fortes ou trop légères. Le fuc nourricier des plantes
feroit inutilement répandu dans le fein de la terre, fi les plantes ne
pouvoient pas le recevoir ; c’eft ce qui arrive dans les terres trop
compares ou dans celles dont les molécules font trop rapprochées
les unes des autres, les racines ne peuvent s’étendre; c’eft un défaut
des terres trop fortes : fl au contraire les interftices font trop grands,
les racines les traverfant prefque fans toucher la terre „n ’en tirent
aucun fecours.
On peut, par une bonne culture, remédier en partie à tous ces in-:
convéniens ; il fuffit pour cela de divifer les molécules de terre, de
façon quelles laiflènt entr’elles une infinité de petits efpaces dans
lefquels les racines puiflent s’infinuer : alors, touchant immédiatement
les molécules de terre, elles en pomperont tous les fucs nourriciers.
Il eft facile d’opérer cette divifion par les labours 8e par les engrais.
Préparations qu’on doit donner aux terres pour fe procurer
de bonnes tîcoltes. Ces préparations confiftent à défricher la terre ,
fi précédemment elle nia pas été mife en culture ; à lui donner les
labours néceflaires, fi c’eft une terre qui eft en rapport depuis long-
tems ; à lui fournir des engrais ; à diftribuer les faifons d ’une manière
convenable ; à faire un bon choix des grains qu’on doit femeir; 8e à
les dépofer, quand il faut, dans le fein de la terre ; enfin il eft eflèntiel
encore d’extirper les màuvaifes herbes."
Défrichement des terres. On peut ranger, fous quatre ciaffes
différentes, les terres qu’on vêtit défricher : favoir, celles qui font en
bois, celles qui font en landes , celles qui font en friches 8e celles
qui font humides.
Quand on veut défricher un terrein qui eft en bois , on arrashe
les fouches avec foin, 8e les fouillés qu’on eft obligé de faire pour en
tirer les racines , retournent 8e façonnent avantageufement la terre ;
de forte que, quand le terrein eft bien dreflé , il ne faut que donner,
dans 1 automne, un bon labour avec là charrue à verfoir. Les gelées
d hiver font périr les herbes, elles divifent les mottes: &, après un
fécond labour fait au printems , on peut enfemencer ces terres en
grains de mars, & compter fur une récolte très-abondante : car les
arbres nayant point épuifé la terre de la fuperficie; l’ayant même
fumée avec leurs .feuilles,-on peut efpérer, pendant bien des années,
un produit confidérable.
Pour défricher les landes, il faut brûler toutes les mauvaifes productions
qui s y trouvent : non - feulement parce que leurs cendres
améliorent le terrein ; mais encore parce que le feu empêche en partie
le rejet des racines, 8e qu’il détruit prefque toutes les femences nuifibles
qui n auraient pas manqué de germer : quelquefois même il fait périr
plufieurs infeétes. La faifon là plus propre pour brûler ces landes,
ceft vers la fin de lete : on choifit à cet effet un jour calme 8e
ferein. Quand toute la fuperficie de la lande eft brûlée , on arrache
avec la pioche les racines des arbüftes ; on attend enfuite que la
terre foit humeétee par les pluies d’automne, pour la labourer par
gros filions avec une forte charme à verfoir : 'Se ayant donné un
lecond labour au printems, on peut l’eufemencer en avoine. La fécondé
Agriculture. Tome I. Min