
Préceptes fu r les legumesn, Le lupin eft, de tous les legumês,
celui qui mérite la plus grande attention,.à caufe des avantages quil
procure. I l fournit un excellent fumier pour les terres, il ferr de
pâturage aux boeufs, & pourrait même être employé à la nourriture
de l’homme dans un cas de néceffité. I l eft le feul qu’on doit femer
au fortir de faire. On le sème avant l’équinoxe d’automne ou incontinent
après le premier d’oftobre, dans les terres qu’on laiffe en
jachère. Les chaleurs tempérées de l’automne lui font néceffaires,
afin qu’il prenne promptçment des forces pour réfifter aux rigueurs
de l’hiver. I l fe plaît dans les terres maigres, fur-tout quand elles font
rouges. ^ faut dix modii de lupins pour enfcmencer un joug.
Le haricot produit beaucoup dans une terre grade qui rapporte
toutes les années fans fe repofer. I l ne faut pas plus de quatre modii
de femence pour un joug.
On sème les pois dans un terrein léger & poudreux, pourvu quu
foit fitué dans un lieu chaud & humide. On peut les femer vers
l’équinoxe d’automne. I l faut la meme quantité de femence que pour
le haricot. A
On deftinc aux fè v e s les lieux les plus gras par eux-memes, ceux
qui ont été filmés ; ou fi l’on a des jachères fituees dans des vallées*
qui piaillent recevoir l’eau des terreins foperieurs, on pourra y femer
les fèves. En général cette efpece de legume ne fe plaît ni dans un
lieu maigre, ni dans un climat fojec au brouillard ; il faut en femer
une partie au milieu de la faifbn ou 1 on enfemence les terres, &
réferver l’autre pour la fin. Celles qui ont ete femees a tems, font
fouvent les meilleures ; cependant celles qui ont etc femees les dernières,
ont toujours plus de faveur. I l neft point avantageux de femer la
fève après le folftice d’hiver, & encore moins de la femer au printems,
quoiqu’il y ait un genre de feves tremois (i) quon peut mettre erf
terre au mois de février. Dans ce cas, il faut mettre un cinquième en
fos de femence. Tremellius dit, que lorfquun terrein eft gras, quatre
modii de fèves foffifent pour enfemencer un joug ; Columelle croit
qu’il en faut fix & même un peu plus, s il eft dune qualité médiocre.
I l faut faire en forte que la quantité de fèves qu on voudra femer,
foit jettée en terre le quinzième jour de la lune, ou des le quatorzième,
pendant que cette planète croît encore; les anciens cultivateurs recommandent
aufli de ne faire la récolte des feves que lorfquil ny a point
de lune, de les faire fécher dans l’aire, & de les battre tout de fuite,
C ’eft un moyen fur de les préiërver des charenfons. (i)
(i) C’eft improprement qu’on appelle ces fèves tremois; car elles reftent en terre fi*
inois pu environ ; celles qu’on sème en février ne fe récoltent qu en juillet,
B Les lentilles réuffifleht bien dans une terre légère, ainfi que dans
Un fol gras, pourvu for-tout qu’il foitfec. Dans le tems de la floraifon,
la trop grande abondance de foc & l'humidité peuvent leur nuire. Si
on délire que la lentille lève promptement & quelle grofliffe, il faut
mêler la fomence avec du fumier fec, & la laiffer dans cet état pendant
quatre ou cinq jours avant de la femer. On sème les lentilles en
deux fois; au commencement d’oftobre, &c au mois de février: il
faut un peu plus d’un modius de femence pour un joug de terre.
Le lin vient dans une terre maigre,’mais il fe plaît davantage
dans un terrein qui eft très-gras & humide. C ’eft un légume des plus
nuifibles aux terres. On le sème communément depuis le i ,er octobre
jufques vers le milieu de décembre. I l en faut huit modii pour un
joug. Quelques cultivateurs difènt de le femer dru lorfque le terrein
eft maigre, afin que le lin qu’on en retirera foit très-fin. Ils prétendent
suffi que, lorfqu’on le sème dans un terrein gras au mois de février,
il faut dix modii de femence pour un joug de terre.
Le fefame demande un terrein pourri, il vient cependant auffi-bien
dans des fables gras ou dans des terres rapportées. On le sème depuis
l’équinoxe d’automne jufques vers le milieu d’oétobre. Il en faut quatre
Jextarii par joug, quelquefois même un peu plus.
La cicerole, qui reffemble au pois, doit être fomée au mois de
janvier ou de février, dans un lieu gras & humide. Trois modii
foffifent pour un joug. Elle réuffit rarement, parce que lorfque cette
plante eft en fleur, elle ne peut fupporter ni les féchereflès, ni les
vents du midi.
Le chanvre veut un terrein gras, fomé & arrofé; ou bien un fol
plat, humide & labouré bien profondément. Six grains de femence
foffifent pour un pied quarré de terrein. Depuis le lever de l’aréfure
c’eft-à-dirc, depuis la fin de février jufqu’au cinq ou fix de mars, fi
le tems eft pluvieux, on peut le femer fans rifque. jufqu a l’équinoxe
du printems.
Les raves défirent un terrein léger & bien fjjmé : elles ne réuffiflène
point dans une terre épaifle.
Les navets fè plaifent dans le meme fol que les raves : avec cette
différence que les premières viennent bien dans les plaines & dans les
lieux humides; au lieu que les navets aiment les terres qui font en
pente, qui font seches & prefque légères. Les meilleurs viennent dans
es terreins charges de gravier & de fable. On sème ces deux plantes
dans les lieux humides, vers le folftice; & dans les lieux fecs, à la fin
du mois d’août ou au commencement de feptembre. Pour enfemencer
un joug de terre, il ne faut pas plus de quatre f e x ta r ii de graine de
raves, Se un quart en fos de Celle de navets,