
année, on lui donne trois bons labours ; &c la troifième, elle eft en
état de fournir une bonne récolte dé froment.
Sous le nom de terres en friche, on doit comprendre les fainfoins,
les lufernes, les trefles & généralement tous les prés qu’on veut mettre
en labour pour les enfemencer : on renferme auffi fous cette dénomination
, les terres qu’on ne laboure que tous les huit ou dix ans.
A l’égard des prés de toute efpèce, on fe contente ordinairement
de les labourer après que les terres ont été bien ramoüies*«par les pluies
d’automne. Lorfque le printems n’eft pas fort humide, un fécond
labour donné à propos, les met en état detre enfemeneées en avoine ;
mais il ne faut y mettre du froment qu’après que la terre aura ete
affez affinée par des labours répétés pour recevoir cette plante -, qui
demande plus de nourriture que l’avoine.
Quant aux terres qu’on ne laboure que tous les huit ou dix ans,
on les égobue de cette manière. Des ouvriers vigoureux enlèvent, avec
une pioche courbe, toute la fuperficie de la terre par gazons, qu’on
dreffe & qu’on appuie l’un contre l’autre en faîtière , mettant l’herbe
en dedans. Lorfque ces gazons ont été defléchés par les ardeurs du
foleil, on y met le feu : & au bout de vingt-quatre ou vingt-huit
heures , quand le feu eft éteint, toutes les mottes font réduites en
poudre. Lorfque les fourneaux font refroidis, on attend que le tems
fe mette à la pluie, afin que la cendre ne s’envole pas ; alors on
répand la terre cuite le plus uniformément qu’on peut, n’en laiffant
point aux endroits oùétoient les fourneaux, qui malgré cela donneront
des grains plus beaux que le refie du champ. On donne aufli-tôt un
labour fort léger, pour commencer à mêler la terre cuite avec celle
de la fuperficie. Si l’on peut donner le premier labour au mois de juin,
Sc s’il eft furvenu de la pluie, il fera poffible de retirer tout-d un-coup
quelque profit de la terre , en y femant du millet, des raves ou des
navets ; ce qui n’empêchera pas de femer du feigle ou du froment
dans l’automne fuivante. Néanmoins il vaut mieux fe priver de cette
première récolte, pour avoir tout le tems de préparer la terre à recevoir
le froment. I l y en a qui aiment mieux femer du feigle que du
froment, parce que les premières productions étant très-vigoureufcs,
le froment eft plus fujet à verfer que le feigle.
Cette manière de brûler les terres les épuife à la longue : attendu
qu’il y a toujours une partie de la terre qui fecuit en brique & qui
perd dès-lors toute fa fertilité.
Lorfqu’on veut deffécher les terreins humides, c’eft-à-dire, ceux qui,
étant dans des fonds, reçoivent l’eau des terres voifines,il faut environner
la pièce de terre d’un bon folié pour égoutter l’humidité de la pièce
qu’on fe propofe de labourer ; ce qui eft aifé pour peu quelle ait de pente ;
mais s’il y avoir un fond au milieu dé là pièce , il feroit nécefïaire de
la refendre par un bon folié, qui conduiroit l’eau dans le folié du
contour ; & même il feroit expédient de faire de petites rigoles en
patte d’oie, qui iraient aboutir au fécond foffé. Le terrein étant
defféché , on le défriche en fuivant le moyen dont nous avons
déjà parlé.
Labours. En fuivant les principes de M. Duhamel, on peut
augmenter la fertilité des terres de deux manières différentes , par
les labours & par le fumier. Le premier moyen eft fouvent préférable,
vu la difficulté qu’on a de trouver allez de fumier, & les inconvéniens
qui réfultent de l’ufage de cet engrais. Les plantes qui croiffent dans
le fumier, n’ont jamais la faveur agréable de celles qui croifïent dans
une bonne terre médiocrement fumée. Le fumier qui agit par voie
de fermentation , fait à la vérité une divifîon intérieure des molécules,
qui doit être fort utile ; mais il ne-renverfe pas le terrein, & ne change
pas de place les molécules de terre : ce qui eft cependant très-nécef-
faire pour quelles foient pénétrées par l’eau de pluie & des rofées ,
& par les rayons du foleil ; on a remarqué auffi que le fumier attire les
infeétes qui rongent les plantes. Les. labours peuvent fuppléer aux
avantages que procurent les fumiers., foit dans les terres fortes, foie
dans les terres légères. A force de labourer la terre, on écarte tellement
fe s molécules, que les racines, ayant la liberté de s’étendre, font en
état de fournir aux plantes la nourriture qui leur eft nécefïaire. Les
préceptes que donne l’auteur à ce fujet, font confirmés par une fuite
d’expériences.
On emploie ordinairement quatre efpèces d’animaux pour labourer
la terre, les ânes, les mulets, les chevaux & les boeufs. M. Duhamel
recommande aux fermiers, d’avoir un attelage de boeufs pour entr’hi-
verner les terres, défricher les prés & faire les autres ouvrages fatigans ;
& d’acheter- un bon attelage de chevaux pouf faire les derniers
labours.
Le nombre des labours & la manière de les exécuter, varie fuivant
les différentes provinces & félon que la différente nature des terres
l’exige ; mais toutes tendent à un même b u t, qui confifte à détruire
les mauvaifes herbes , à brifer & à foulever la terre, & à la mettre
en état de recevoir la femence. Lorfque la terre ne retient point leau,
il faut labourer à p la t pour ne point perdre inutilement du terrein ;
fi au contraire les terres retiennent l’eau, il faut labourer par filio n s,
ou au moins par planches, plus ou moins larges félon qu’il eft plus
ou moins nécefïaire de donner un "écoulement aux eaux : de forte
que, fuivant la nature des terres ou leur fituation, on pratique quelquefois
, dans une même ferme., l’une Sé l’autrç méthode.
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