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Travaux de mai. On laboure 8c on tranche les champs qui font
gras, on donne le fécond coup de charrue à ceux qui font dans des
lieux focs & arides, on fouit 8c on ébourgeonne les vignes; on taille
les oliviers 8c on ôte la moufle qui s’attache à leurs branches. Les
jardiniers sèment alors la plupart des plantes potagères : on châtre les
taureaux; on tond les brebis & on fait le fromage.
Travaux de juin. Un bon économe prépare l’aire, il la netoie 8c
la couvre de fiente. On moiflonne l’orge vers le commencement du
mois ; & à la fin, on coupe le froment dans les lieux froids. Si on a
omis de faire quelque travail preforit pour le mois de mai, on y
fopplée dans le mois de juin. On farclç les vignes; on cueille la yefee 8c
les fèves fur le détours de la lunç.
Travaux de juillet. Les champs qui auront été déjà tranchés, feront
labourés pour- la fécondé fois. On finira la moiflon des froments ; on
femera les raves, lçs navets; on cueillera les amandes 8c on fouira les
vignes.
Travaux d’août. Vers le commencement du mois, on sème après
la première pluie les navets, les raves, les lupins; 8c dans les climats
chauds, on arrache à la fin d’août le lin & le chanvre, Qn prépare
tout pour les vendanges,
. Travaux de feptembre. C ’eft la faifon de donner le troifième labour
aux champs qui font fitués dans des terreins gras, de les fumer 8c d’en-
femencer ceux qui font dans des fieux élevés. Vêtis l’équinoxe, on sème
le froment 8c la fpeaulte ; dans ce tems-là on sème le feigle fur les
montagnes; on cueille les raifins, on sèche les grappes que l’on veut
o-arder 8c on fait le vin doux. Si les fruits font mûrs, on les ramafle; 8c
pn fume les jardins qu’on doit enfemencer au prinçems.
Travaux d’octobre. On fume les champs. Dans les lieux humides,
pn sème le froment, le feigle, l’orge, la fpeaulte : on délace la vigne
pour couper les racines fuperflues ; on plante les oliviers, les pommiers,
les pruniers êc les autres arbres fruitiers. Les jardiniers plantent aufli
les herbes d’hiver, comme les épinards, les chardons, 8cc.
Travaux de novembre. Dans les pays chauds, an sème en novembre
le froment, l’orge 8ç le feigle ; on fouit les nouveaux plants des
vignes ; on cueille les oiiyes ; on taille les oliviers, les neffliers, les figuiers ;
on plante les arbres 8c pn coupe le bois. C ’eft le tems de l’accouplement
des béliers 8c des brebis, dçs boucs 8c des chèvres,
Travaux de décembre. Pendant ce dernier mois de l’année, on
sème les fèves qui viennent au printems; on retaille les bois; on coupe
les perches 8c les échalas pour les vignes ; o n . ramafle les joncs pour
faire les corbeilles, les paniers. C ’eft aufli la faifon où l’on prend les
bêtes fâuvages,
Après
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Après ce calendrier des travaux rüftiques dont nous ne donnons ici
qu’un abrégé, on trouve un petit traité fur la manière de planter,
d’enter & de cultiver les arbres que produit l’Italie.
Au commencement du feizième fiècle, Charles-Etienne, do&cur
en médecine de la faculté de Paris, donna en différens tems plufieurs
petits traités fur le jardinage, fur la culture des arbres & fur d’autres
objets relatifs à l’agriculture, qui lui acquirent une grande réputation.
En 1529, il les réunit en un corps d’ouvrage & les publia fous le titre
de preedium ruflicum. Tel eft l’ordre quil fuit dans la dsftribution
de fon livre : il parle d’abord des jardins, des arbres, des. vignes, des
champs, des près, des lacs, des forêts, des vergers 8c des collines. Dans
la fuite ayant donné en mariage Nicole-Etienne fa fille a Jean Liébault,
médecin de la faculté de Paris, il travailla conjointement avec
lui à faire connoître les ouvrages des auteurs jruftiques 8c ils publièrent
un traité d’économie rurale connu fous le nom d’agriculture & maifon
rufiique de M . Charles-Etienne & Jean Liébault, docteurs en médecine.
La première édition parut en 1 574.
Divifion générale. Cet ouvrage eft divifé en fept livres. Dans le
premier, les auteurs parlent de la fituation de la maifon de campagne
& de fes appartenances; ils fuivent à-peu-près le même ordre pour la-
conftruétion des bâtimens, que Caton avoit tracé dans fon agriculture ;
ils traitent des qualités du fermier, des occupations de fa femme 8c
de fes gens, des foins qu’exigent le bétail, les volailles & les autres
animaux domeftiques. Dans la divifion des matières, ils fe conforment
au plan que preforit le terrein, & à la diftribution ordinaire qu’on fuit
à la campagne, c’eft-à-dire, qu’ils regardent la maifon comme le
centre de toutes les occupations ruftiques. Ils parlent donc, en premier
lieu, de la maifon; enfoite ils s’occupent du jardin 8c des plantes
qu’il doit contenir: ils recommandent de former deux jardins, dont
ils fixent la pofition. Le potager doit être placé vers le foleil levant;
il doit être entouré d’une haie-vive & garni, non - feulement des herbes
potagères dont iis enfeignent la Culture ; mais encore des herbes médicinales
dont ils expliquent les vertus 8c les propriétés. Vers le couchant
, ils placent le jardin à fleurs avec fes ornemens 8c fes parterres
embellis d’arbres étrangers. C ’eft la matière du fécond livre.
Dans le troifième livre, il eft queftion de la culture du verger.&
de chaque efpèce d’arbre en particulier. Ici ils placent les fauvageons;
là, ils mettent les arbres tranfplantés. Enfin ils enfeignent djverfes
manières de diftiller.les eaux, les huiles & de faire les cidres.
Prairies. Tout auprès du verger, le long d’un ruifleair, ils forment
un petit pré pour le pâturage; à côté ils plantent l’oferaie, l’ormaie,
faulnaie, la fauflàie; au-delà, ils font creùfer le? étangs 8c les viviers|
-Agriculture. Tome I. H h
Ch.-Etienne
&
J . Liébault«