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ces labours hors de faifon, priveroient ces fortes de terres du fuc êjui
doit fervir à nourrir le grain. Il eft donc plus à propos de ne les
labourer-qu’en automne. Voici l’ordre des travaux du pnntems que
prefccit te fage Caton. Creufez des folles ; faites des pépinières ; plantez
des ormes, des figuiers, des pommiers, des oliviers dans des terres
graffcs & humides. Fumez les prés qui ne font pas arrofés, arrachez-en
les mauvaifes herbes. Emondez les figuiers -, travaillez les vignes, avant
quelles entrent en fleurs. Quand les poiriers fleuriront & que le len-
tifque montrera fon fruit, commencez à labourer les terres maigres Ôc
fablonncufes ; labourez enfuite celles qui font plus graffes & humides.
Confidérez la narciffe qui fleurit trois fois, fes trois différentes floraffonx
vous indiqueront les teins du labourage. Dans les premiers quinze jours
qui fuivent !'équinoxe du printems, il Lut que le laboureur hâte les
ouvrages qu’il n’a pu achever avant cette époque : il ne doit pas oublier
q u e ceux qui taillent trop tard les. vignes, s’expofeut à de honteufes
déniions 6c à entendre contrefaire devant eux le chant du coucou.
Tant une • telle négligence révolte tout le monde, qui la prend a
mauvais;augure-.! 1 ; . . \ .'
Dans ce même teins, il faut planter les' billes dolivier & introduire
l’eau dans les prés pour l’en retirer, lorfque l’herbe pou fiera des tiges,
C e ff la faifon cfrépamprer les vignes.V mais il faut que les. pampres
aient au moins quatre doigts de long, On farcie,une fécondé fiais les
champs enfemencés. Depuis le treize mai jufqu’au vingt-quatre juin-,
on donne une façon aux anciennes vignes. & deux laçons aux nouvelles,
On tond les brebis ; on tourne les lupins en herbe pour .engraiffeç
la terre. On rompt les terres avec la charrue; on coupe les vefees,
qui doivent fervir de fourrage; on moiffonne les- fèves '6ç enfuite on
S Travaux de l’été. Au commencement de. juin, on fauché les
prés. C ’eft un fonds qui demande très-peu de. foin &: bien peu .de
dépenfe , St qui rapporte cependant des revenus confidérables, Les. près
doivent être placés dans des lieux gras & humides, qui ont de 1 .eau a
difçrétion. Pour avoir de bons prés, on laboure la terre, on y seme
des »raines- de foin qu’on prend dans les fenils ou celles qui tombent
des râteliers & on palfe enfuite la herfe, Les prés font-ils trop vieux?
on les rajeunit en y femant des fèves, des raves ou du millet : 1 année
frayante, on y sème du froment, & la ttoifième ori les remet en prés;
La meilleure herbe des prés , c’eft le tréfilé ; enfuite le chiendent,
Les-plus mauvaifes des herbes, font le .tnimidus (T) & L prêle, Le
(i) Suivantquelques Botani.'fos, \ s ,m im u lu ^ (le Pl-inç,-çeftîla k f a j i connue aujour,
d’hùifous lenomde ç a r e x a e u f z .
P R É L I M I N A I R E . % oy
tems de faucher " les près, c eft quand 1 epi de 1 herbe commence a
défleürir & à devenir fort : il n’eft point avantageux d’attendre que
l’herbe fe defsèche. Quand l’herbe .eft coupée, il faut avoir grand foin
de la retourner fouvent au foleil & de ne la mettre en meules que
lorfqu’elle eft bien sèche ; autrement on la verroit fumer le matin, tic
il y aurait du danger que les meules ne vinflent à s’enflammer.
Après qu’on a fané, on doit abreuver les prés de nouveau pour
avoir du regain,
Pline qui fait conneître ce qui fe pafle au ciel pendant chaque
faifon de l’année, raconte dans le chapitre ou il parle des près, lin-
fluence des aftres fur les productions de la terre, & attribue à cette
caufe, la plupart des événemens qui arrivent dans la nature.
.. Outre les travaux dont nous venons de faire mention, & quil fraie
exécuter dans le commencement de l’été, il y en a d autres qui doivent
occuper touf-à-tour le cultivateur. Le tems arrive de farder les
pépinières; de moiffonner les orges & de préparer faire en la pavant
de craie détrempée dans la lie d’huile. Les différentes manières de
moiffonner & de battre les grains, font détaillées avec la plus grande
exactitude. Dans certains pays, on fait palier des traîneaux fur le bled
étendu dans faire; dans ceux-ci cc font des chevaux qui les foulent aux
pieds; dans ceux-là, on les bat.avec des fléaux.
Plus on moiffonne tard le froment, plus on en trouve; & le grain
eft d’autant plus beau & mieux nourri, qu’on fe hâte en le moiflbnnanr.
Il eft prouvé, par une longue expérience, que le meilleur tems pour
faire la moiflon, c’eft lorfque le grain a déjà de la couleur, & n eft pas
cependant entièrement dur. - i
La paille fert de nourriture aux animaux, au lieu de foin. On
eftime davantage celle qui eft menue '& comme pulvenfeé. La meilleure
de toutes eft celle du millet; enfuite celle de lorge, & la moins,
bonne celle du froment, excepté pour les animaux qui fe fatiguent
beaucoup.
De toutes les méthodes que les anciens ont preferites pour confervcr
le bled, la plus fûre, fuivant Pline, confifte à le ferrer dans un tems
convenable : car fi on le ramafîe avant qu’il foit fulfrfamment recuit
par le foleil, ou avant qu’il ait acquis fa jufte Fermeté,ou fi.on le met
dans le grenier lorfqu’il eft encore chaud, il s’y engendrera immanquablement
des inffeétes pernicieux.
Travaux de l’automne. En fuivant par ordre les quatre faifon s
de l’année, fauteur parle des travaux de l’automne., C ’eft le tems de
femer les navets, les raiforts, les vefees, les féveroles, les dragées (i), (i)
(i) La dragée étoic un fourrage qu’on donnoiï aux chevaux & aux boeufs