
çonne qu’ii le plant qu’il a tiré d’Etampes, était en
partie le produit de la groffe Afperge, ou Aiperge-de*
Hollande, que les marchands de graines mêlent toujours.
Il affure que des pieds lui ont fourni juf-
qu’à foixante Afpergés, petites à la vérité. Communément,
il faut douze pieds pour donner une
botte de quatorze pouces de tour.
; M. la Curé de Charmont n’a été conduit à
planter des Afperges dans fa vigne, que dans l’ef-
pérance d’avoir des Afperges qui couvraient fes
frais, en cas que la vigne ne réuuit pas.
Manières de Je procurer deç Afperges pendant
tout Vhiver.
Le luxe des tablés a fait imaginer des moyens
d’avoir des Afperges avant la faifon & pendant
tout l’hiver. 11 y en a deux principaux. Le premier
confifte à en planter fur couche. Voye[ le
mot C o u c h e . On fait de bonnes couches, larges
de quatre pieds, chargées de fix pouces de terre
& de terreau mêlés enfemble. On y plante des
griffes de deux ou trois ans ; on les recouvre de
deux pouces de terre mêlée, & de fumier chaud par-
defîiis. On les laiffe ainfi à l’air pendant quatre
ou cinq jours. On retire enfuite le fumier ; on
remet trois pouces dè .terre mêlée, & on recouvre,
ou la totalité de la couche avec. des chaf-
fis, ou les pieds d’Afperges avec des cloches,
(ur lefquell'es on jette de la litière sèche ou des,
paillaffons , pendant les nuits & le mauvais
tems, obfervant de les ôter les beaux jours, &
lorfqu’il fait foleil. On commence ces couches
au mois de Novembre, & on continue d en
faire tous les mois. Dix ou douze jours après
que les Afperges font plantées, on doit les réchauffer.
V o y e i le mot R é c h a u d , & renouveler
le réchaud, dès qu’on s’apperçoit que la
chaleur de la couche s'éteint. Chaque couche ne
produit que pendant un mois. Le plant qui a
lérvi n’eft plus bon à rien.
Dix ou douze jours après la plantation, les
griffes commencent à, pouffer leurs tiges. Alors
on donne un peu aair aux cloches. & aux
chaftis. On cueille les Afperges quandr elles ont
la longueur ordinairfe, mais elles font fans couleur.
Pour les rendrè vertes, on donne de l’air
aux chaftis de tems en tems, ou bien on enterre
à moitié des bottes liées dans des réchauds, &
on lés douvre d’une cloché ; de blanches ou rougeâtres
qu’elles étoient, elles deviennent vertes
en deux ou trois jours, pour peu quë ïe/foleil
paroiffe. Placées à Pair, dans un vafe. rempli
d’eau, s’il hfe gèle pas, elles le colorent encore.
Enfin on peut les expofer, pour le mêmeeffet,
à la chaleur du Feu.
Le fécond moyen eft de hâter la pouffe des
Afperges qui font en pleine terre. Quand on a
£etre imenrion, on ne donne aux planches que
trois à trois pieds & demi de largeur. On n’y met
que deux rangs de plant. Il faut qu’il ait trois
ou quatre ans. S’il en a cinq ou fix, il en vaut
mieux. On fait tout autour des tranchées de
deux pieds de profondeur d'environ autant de
largeur , bien foulé > propre à donner de la
chaleur. On laboure les planches pour dreffer
les terres, on y répand quatre à cinq pouces de
funsier fec pardeffus. On les laiffe en cet état,
jufqua ce que les tiges des Afperges commencent
à paroître.. C’eft ordinairement quinze jours
ou trois femaines après. Aufli-tôt on renouvelle
les réchauds, & on continue de les renouveller
tous les quinze jours, lorfqu’il en eft befoin.
Si le froid efi coniidérable, on augmente la
quantité de fumier pardeffus. La tige preffée par
la chaleur du fond, fe fait jour au travers ; on
foulève le fumier tous les jours, pour lui donner
de l’a ir, fi le tems le permet. On doit aufti
le changer, s’il eft trop mouillé par les pluies
ou par la neige.
Il y a des particuliers qui couvrent de chaflis
& de cloches des planches entières ainfi réchauffées^
elles donnent des Afperges pendant fix femaines
ou deux mois. On ne les doit couper que
pendant trois femaines, la première fois qu’on
les réchauffe, pour ne les pas épuiier en en tirant
davantage.
La conduite de ces deux fortes de couches
demande beaucoup d’attention. Elle ne procure
que des Afperges petites j peu colorées &
fans goût, qui coûtent très-cher.
Ennemis des Afperges.
Pendant leur végétation, les Afperges font,
comme beaucoup d’autres plantes, expofées à
des ennemis qui les attaquent. Un des plus terribles
eft le ver de hanneton , appellé turc ,
man , &c. Il s’attache à la racine , & la rend
languiffante. Dès qu’on s’en apperçoit, il faut
arracher la plante & tuer le ver. La Courtillière
n’eft pas moins redoutable. Pour la détruire,
on remplit d’eau les trous où elle fe trouve.
Mais cette eau même, trop abondante, fait périr
les pieds ou pattes d’Afpergej. Voye\ Cour-
TILLIERE.
Les limaces ou limaçons , dans les années plu-
vieufes'& dans les terreins frais, fe jettent fur les
jeunes tiges d’Afperges ; on en voit aifément la trace
par le luflant de la bave qu’ils laiflént. On les
prend le foir ou le matin à la lumière *, c’eft le
tems où ils cherchent leur nourriture.
Les années sèches donnent naiffance à des
chenilles, à des pucerons, à des fearabées. On
détruit les chenilles en fecouant les tiges fur nii
linge. Il n’y a pAs de moyen bien fur pour dé-
barrafl’er les Afperges des pucerons. Il faut facri-
fier les pieds, qui en font infeftés. Lçs fearab
é e sq u i fe diflinguent facilement. Il ne s’agit
que de les Ôter & de les écrafer.
Récolte de la graine d’Afperges.
Un foin important dans la culture des AF-
perges, eft la récolte de la graine. Lorfquon fe
propofe d’en recueillir, il vaudroit mieux au
printems, parmi les premiers plantsqui pouffent
, marquer les plus beaux & les plus gros,
afin de ne les pas couper. Comme l’Afperge eft
diôique, c’eft-à-dire, qu’il y a un individu portant
la fleur mâle , & un autre portant la fleur Femelle
8t la graine, il faut en réferver plus que moins’,
fans cela, on n’auroit peut-être gardé que des
pieds fans graine. On feroit fû r, par cette attention
j’ que les graines qui en proviendroient,
auroient le tems de bien mûrir. Si on ne ré-
ferve pas des pieds à celte époque, au moins
faut-il choifir la graine fur ceux qu’on aura ceffé
de couper les premiers, & dont les racines porteront
un plus grand nombre d’Afperges*, onia récolte
vers la totrffaint, dans le climat de Paris. On
fait que cette graine eft renfermée dans des
baies femblables à des grofeilies, pour la couleur
& la gr-offenr. On fépare les baies dés tiges
en les battant légèrement avec un fléau. On les
met tremper dans un vafe rempli d’eau *, leurs
enveloppes s’ouvrent & feféparent de la graine,
q ui, plus pefante, xtombe au fond. On la ra-
înaffe après avoir jetté l’eau & toutes les ordures ;
on la fait sécher au foleil, ou dans un grenier,
& on la fufpend au plancher, dans des facs ,
jufqu’au tems de la vendre ou de la femer.
Propriétés de VAfperge.
L’Afperge eft regardée comme une plante apé-
ritive. Elle entre dans le fyrop des cinq racines
apéritives. On ne peut douter qu’elle ne foit
diurétique, ou propre à procurer la fortie des
urines. Car, quand on a mangé des Afperges,
les urineS en contrarient une odeur défagréable,
que quelques gouttes d’huile de thérébentine, jet-
téesdans lesvafësde nuit, détruifcnf&changenten
odeur de violette. On a peut-être exagéré fes
vertus pour expulfer les graviers, guérir les hy-
dropifies & les maladies du foie. Mais il eft
impoflible de dire qu elle ne contribue pas à
foulager les perfonnes attaquées de ces incommodités,
fur-tout dans les premiers tems. Son
plus grand ufage eft dans la cuifine. La Médecine
n’emploie guères que les racines d’Afperges.
Les fermieres, dans les pays où le beurre eft
blanc, fe fervent, pour le colorer, des baies
d’Afperges > quand elles n’ont pas à leur portée
celles d’Alkekenge *, ou elles mêlent des baies d’Af-
perges à celles d’Alkekenge. Si elles prévoient
quelles feront quinze livres de beurre, elles
prennent une poignée dé baies d’Afperges, elles
Agriculture. Tome J.er I I ,6 Partie.
l’enveloppent d’un linge qu’elles trempent dans
l’eau chaude, en preffant avec les doigts, pour
exprimer le fuc contenu dans les baies*, elles
le jettent dans la baratte, au moment où elles
réuniffent les parties de beurre. Une plus forte
dofe de baies d’Afperges le rendroit rougeâtre.
Ce procédé ne peut communiquer ail beurre
qu’une qualité apéritive. Ces baies fe confervent
dans un endroit fec. Lorfqu’on en a exprimé le
fuc, la graine refte à nud dans le linge-, on
la fait fécher & on la garde pour les enfemence-
mens. (M. V A b b é T e s s i e r .)
ASPERGE d’Afrique, M c d e o la afparagoide s.
L. V o y e i M e d é o l e . (M . T h o u n e .)
ASPERGÈRE, ou Àfpergërie. Lieu où l’on
cultive les Afperges. ( M . T h o u in - )
ASPERGERIE, terrein planté en Afperges.
( M . l’A b b é T e s s i e r . )
A S P E R G E S . (les) A s p a r a g i ,
Famille naturelle d’un affez grand nombre de
genres, qui ont des rapports très-marqués avec
celui des A s p e r g e s , lequel a donné ton
( nom à cette férié de végétaux. Plus de la moitié
des genres de cette famille font étrangers à l’Europe ,
& croiffent en grande partie fous la Zone torride.
1 Parmi les végétaux dont ils font compofés, les uns,
& c’eft leplus grand nombre, font des plantes grimpantes,
farmenteufes, & quelques-unes ligneufes,
qui s’élèvent à la hauteur des grands arbres. Le?
autres font des plantes herbacéés qui perdent
leurs tiges chaque année, & dont les racines font
charnues, mais généralement elles font vivaces.
Les fleurs de prefque toutes ces plantes font petites,
& de peu d’apparence; elles produilent
des baies arrondies ou des capfules qui renferment
les femences.
La culture de ces plantes, en Europe , varie
en raifon des pays où elles croiffent naturellement.
Celles de la Zone torride fe confervent
dans les ferres chaudes. On cultive à l’orangerie
, & fous des chaflis, celles des pays moins
chauds, & en, pleine terre, celles qui croiffent
dans des lieux analogues à notre température ;
mais, en général, elles aiment une terre meuble,
légère, & de nature sèche. On les multiplie
aifément de graines, quelquefois de drageons, &
très-rarement de boutures.
Cette famille fournit plufieurs plantes, qui
fervent de nourriture aux habirans des pays où
elles croiffent, d’autres qui procurent des médi-
camens utiles à la fanté, & d autres enfin dont
les produits font néceffaires à la perfeélion des
Arts. . , ,
Les Botanifles ne font pas parfaitement d accord
fur les genres qui doivent compofer cette
famille : voici ceux qui paroiffent s’y rapporter
i le plus naturellement.
r T t t t