
portée des gens de la campagne, & je non fuis pas
furpris. On ne doit donc les regarder que comme
une invention ingénieufe qui ne peut fervir qu’à
un petit nombre de perfonnes.
. ftfollac les a Amplifiés, en fubftituant au
.furrout en forme de toit une couverture de paille,
& en y faifant d’autres changemens de moindre
çonféquence; mais il n’en a pas Corrigé tous les
défauts.
, M. de Boisjugan, qui joint à des connoifiances
pratiques en agriculture, un zèle ineftimable pour
chercher les moyens les plus économiques, con-
feille de faire les ruches à la manière de M. Pal-
teau, avec de la paille de feigle, battu à la main
fur un tonneau, fans l’expofer à être brifée par le
fléau. Il fupprime le cadran & fait faire une entaille
dans la table pour le paflage des abeilles. II
recouvre la table,dune natte un peu bombée, afin
que les gâteaux qui defcendent très-bas, quelquefois
, ne fe gâtent pas. Le furtout eft également
fait de paille. La compofition & la manière de
confirma ces ruches, fe rapproche beaucoup de
celle de l’auteur de la république des abeilles.
Les ruches de M. du Carne de B1 an gis font aufti
formées de boîtes ou hauflès quarr.ées, faites de
bois réfineux, ou de tilleul, ou de peuplier. Au
milieu de chaque hauffe, il y a des entailles pour
recevoir des bâtons en croix, qui débordent de
quatre lignes. La dernière hauffe eft furmontée d’un
couvercle de planches, quilui fert de chapiteau.
L’ouverture par laquelle les abeilles entrent, eft
pratiquée dans la table. On lui donne un peu de
penre pour l’écoulement de la pluie, on y adapte
une planche mince qui la bouche en glilfant lorf-
qu’on veut empêcher les abeilles de fortir. ’Cette
ruche devient folide & facile à;tranfporter, moyennant
de fortes ficelles, qu’on tourne autour de
tous les bâtons de bas en haut, & qu’on arrête
fupérieurement aux frayerfes de la dernière hauffe.
On ne peur difeonvenir que cette forte de ruche
ne foir nès-fimple; mais le bois dont elle eft cotif-
truite, n’ayant que cinq ou fix lignes d’épaifleur,
a l’inconvénient de s’échauffer 8c dé fe refroidir
trop facilement.
M. Schirach, pour former fes ruches, réemploie
pas de hauffe.- Chaquè ruche eft une boîte quarrée,
plus haute que large, recouverte d’une planche
qu’on affujetit avec des chevilles, ou dont on fait
une porte en y mettant deux charnières. Au milieu
de cette planche eft une ouverture de fix à huit
pouces -, on la ferme ou avec une plaque de fer-
blaric percée de petits trous, ou avec un grillage de
fil d’archal. On fait fur un des côtés une femblabîe
ouverture qu’on ferme de même. Ce moyen eft
propre à purifier & à renoureller l’air des ruches.
Il y a fur le devant de chacune un petit tiroir,
dans lequel oh met ce qu’on deftine à la nourriture
des-, abeilles. La porte d’entrée eft-en bas
précédée d'une efpèce de perron fur lequel fe pol
l'çnt les abeilles, & qu on peut replier pour fermer
l’ouverture de la ruche. L’intérieur eft divifé eu
deux parties par un plan de petits bâtons parallèles,
rangés affez près les uns des autres. M. Schirach
affure que cette efpèce de ruche donne plus
de folidiré aux gâteaux, & que les abeilfes y ont
plus ffaifance. Mais comment en ôter 1& cire 8c
le miel qui fe trouvent âù-défions du plan des
petits bâtons ? Cette ruche paroît plus propre à former
des eflaims artificiels. , ■ „ 4. ;
Rien n’eft fi fini pie que les ruches de Widman.'
Elles font cylindriques 8c formées de cordons de
paille. Sur le deffus, qui eft plat 8c fait de planches,
il y a une couiiffe qu’on tire à volonté. Lorf-
qu on veut enlever ce qui eft contenu dans la ruche,
on en met une defibus en ôtant la couiiffe
de celle-ci, 8c en bouchant la porte pour ne laiffer
ouverte que celle de la ruche ajoutée. On les joint
; bien lune à l’autre; les abeilles qui n’ont plus de
, place-dans celle qui eft pleine, defcendent dans la
i vide pour Ia^ remplir. Au bout de 15 jours, on
I Serine la couiiffe 8c on retire la ruche qui Ce trouve
; deffus. Selon Widman, on peut, quand la faifon
eft favorable, donner fucceflivement à des abeilles
deux ruches de cette efpèce. Il n’y a rien à reprocher
aux ruches de paille, fi on peut les garantir
des fouris; on y parvient avec du foin. *
Mahogani conftrnit les fiennes d’une autre manière.
Ce font trois parties à couiifîes de haut, en bas,
fûtes en planches 8c féparées pardescloifons, dans
lefquelles il y a des communications. On les enlève
quand on veut 8c on peut y voir travailler les
abeilles, en y mettant des carreaux de verre. Le
defiiis de la ruche eft percé en.cinq endroits $ fur
chaque trou, on pofémn bocal 'de verreque les
abeilles rempliflent ; à ceux qui font pleins on en
fubftitue de vides-, fi on les laifle fubfifter, les
abeilles après les avoir remplis, travaillent dans le
corps de la ruche. Ces moyens font plus agréables
Sc ingénieux qu’utiles. .
Pour avoir une idée des ruches de M. Rave-
fuffit de fe repréfenter un affemblage de
trois boîtes longues, partagées horizontalement
par des cloifons,qui en forment deux étages dont
chacun a trois cabinets. Elles lonr bien jointes en-
fembie par des crochets 8c peuvent fe fépârer. Les
cabinets latéraux communiquent avec celui du milieu
par de petites ouvertures, qu’on tient fermées
en gliffant Une plaque de fer-banc, qui s’y adapte.
La porte commune par où les'abeilles entrent eft
ap bas dfi cabinet du milieu | on la rend plus
large ou phis étroite à.volonté, car elle eft recouverte
d un demi cercle de fer-bianc qui tourne
fur un pivot. Jamais,on ne prend du miel dans
le cabinet du milieu, dans lequel le couvain eft
élevé & où font les provifions pour l’hiver -, mais
on détache les cabinets latéraux, qu’on veut dépouiller,,
en fermant la Communication-, s’il y refte
quelques abeilles j avec un peu de’ famée on les
force d aller dans la mère ruche. On replace les
cabinets après les avoir vidés, 8c on ouvre la com*
munication, afin que les abeilles recommencent à I
y travailler. M. Ravenel a retiré une fois des ca-.J
binets latéraux d’une mère-ruche, 88 livres de
rayons. Rarement il fort des eflaims de ces ruches,
parce que les jeunes abeilles trouvent toujours
de quoi fe-placer. Pour rendre cette ruche
plus parfaite, il ferpit à defirer qu’on pût trouver
un moyen de renouveller la cire du cabinet du
milieu detems en tems,afin qu’elle ne s’altérât pas
8c ne fût pas nuifible aux abeilles.
C’eft particulièrement pour former des effaims
artificiels, que M. de Geiieu, pafteur de Lignières,
a inventé fes ruches ; aufti font-elles propres à remplir
cet objet. Elles ont la forme d’une caiffe: on
en varie les-dimenfions. Les planches qu’on emploie
pour les conftruire ont un pouce & demi
depaiffeur-, ce qui pare aux inconvéniens du froid,
de la gelée ,8c de la chaleur auxquels font expo-
fées les ruches de M. du Carne de Blangis. La
porte eft pratiquée en bas par une entaille d’un
demi-pouce de hauteur fur trois pouces de largeur.
Quand la ruche eft conftruite, on la feie de
haut en bas par le milieu ; chaque partie à la moitié
de la porte. On applique à l’une & à l’autre une
planche mince qui ne defeend que jufqu’à la hauteur
de la porte. On joint enfemble ces ; deux
moitiés, qui forment deux boîtes. Les planches
ajoutées fe touchent, 8e n’empêchent pas les abeilles
d’aller d’une partie dans l’autre, par la communication
d’en bas. On enduit ces points de réunion
avec du pourjet. Quatre chevilles enfoncées dans
chaque demi-ruche les affujettiffent. On a foin
qu’elles débordent afin qu’on ptnfl’e les lier les
unes aux au très avec de la corde ou de l’ofier. ...
On conçoit combien il eft facile avec de telles ruches
de s’emparer des provifions des abeilles fans
les tuer, & de former des eflaims, ainfi que je l’ai
expliqué. Cependant dans le corps d’obfervations
de la foeiété d’agriculture de Bretagne, années 1759
& 1760, on leur fit un reproche confidérable capable
de les faire rejeter. Lorfqu’on fépare la
hauffe ftipérieure des inférieures, le fil de fer qui
fert à faire cette féparation, coupe tranfverfale-
ment tous . les gâteaux & par conféquent beaucoup
d’alvéoles remplis. Le miel coule rapidement
fur les gâteaux des hauffes inférieures ;
il englue beaucoup de mouches, qui, en fe- débattant
en engluent d’autres, en forte qu’il en périt un
grand nombre.
! M. l’abbé Eloi, vicaire-général de Troyes, déjà
cité, me paroît avoir réuni tous les avantages qu’on
peut defirer. dans la conftruélion d’une ruche. La
table, fur laquelle il la place, eft de forme ronde;
elle a environ feize pouces.de" diamètre , & fur
les bords deux pouces d'épaiflèur. Il recommande
de bien joindre les pièces qui doivent la com-
pofer, puifqu’on ne petit efpérer de la faire d’une
feule planche dans fa largeur. Du chêne bien fec ,
fansaubier, eft préférable à tout autre bois. Gn
polit foigneiifement la fiu'façe fur laquelle doit
f pofer la ruche ; on la creufe cfe manière à lui
{ donner une forme concave, qui fe termine en
pe'nte douce à une ouverture quarrée de fix à fept
pouces. Par cette forme bien entendue, ce qui
tombe de la ruche, abeilles mortes, morceaux
de gâteaux, infeéles, tout eft entraîné en bas, 8c
peut être jetté dehors quand on ouvre le guichet
qui forme l’ouverture. Ce guichet confifte en un
cadré, auquel eft attachée une grille de "fer-blanc
battu, & percée de perirs trous; à-peu-près comme
une râpe. JI entre à l’aife dans une feuillure, 8c
s’affujerritpar deux tourniquets de bois, qui tiennent
à la table, au-delà de la feuillure. Le guichet
peut donc fe fermer 8c s’ouvrir à volonté. Quand
il eft fermé l’air y paffe par les trous de la plaque.
M. I’abbé Eloi obferve, avec raifon, que les
abeilles en ont befoin en tout teins , 8c que le
, froid les-incommode moins que la privation d’air.
On ouvre le guichet pour laiffer tomber les ordures
de la ruche, pour examiner fon état, 8c
pour y mettre de la* nourriture lorfque les abeilles
en manquent. Il ferme fi bien que les fouris 8c
autres animaux ne peuvent s’y introduire.
M. l’abbé Eloi élève la table de fa ruche à un
pied ou un pied 8c demi de terre ; il la place fur
deux ou trois piliers de chêne., ou de pierres,
ou de briques, en ménageant au haut une feuillure,
pour y aflujettir la ruche, qu’on peut fixer
encore d’une autre manière, pour ia prélèrver des
grands vents. La table fe termine en devant par
une avance, en forme de bec, qui fait partie des
planches qui la compofent ; cette avance doit avoir
trois à quatre pouces de longueur, 8c former, dans
fon milieu, une rigole propre à l’écoulement de
l’eau, 8c à fervir aux abeilles de fentier pour les
conduire à la ruche; car cette rigole eft ia fuite,
de la porte d’entrée, qu’on bouche à volonté, à
l’aide d’uné couiiffe. Dans toute la circonférence
de la table, à deux pouces de diftance du bord,
on pratique une élévation d’environ fix à fept
lignes de largeur ; c’eft de-là que partent deux
glacis; i.° celui de l’intérieur, qui va aboutir à
la plaque de fer-blanc; i.° un autre qui doit ère
extérieur 8c defeendre jufqu’au" bord de la table.
Le premier fert, comme je l’ai dit, à réunir dans
un point, toutes les ordures de la ruche; l’ufage
du fécond eft d’écouler l’eau de la neige 8c de la
pluie, de préferver la ruche de toute incommodité,
8c de lui fervir de point d’appui.
M. l’abbé.EIoi forme fa ruche de pail le de feigle
sèche , dégarnie d’épis 8c de 'feuilles. L auteur
de la république des abeilles, M. de la Bour-
donnaye, qui a perfeétionné la.ruche écofioife,
M. de Boisjugan 8t Widman donnent aufti la
préférence à cette matière. On en fait des cordons '■
avec du bois flexible, fur-rout avec la fécondé »
écorce de tilleul. Trois à quatre pouces d’éléva-
rion fuffîfent pour chacune des parties ou des
' hauffes qui doivent compofer la ruche. M. l’abbé
Eloi regarde donc, les hauffes comme plus favo- •