
cour, qui comprend la litière qui a féjourné fous les chevaux, les
mulets, &c. De tous les fumiers, le meilleur eft la vuidange des
latrines ; mais il communique une mauvaife odeur aux végétaux : les
chevaux délicats ne veulent point manger 1 avoine qu’on a recueillie
dans les champs qui ont été fumés âvec cet excrément.
La colombine eft très-recherchée pour les prés, le froment,& encore
plus pour les chenevières. Ce fumier détruit la moufle 8c le jonc.,
plantes fi fimeftes aux prairies , 8c il donne une grande vigueur aux
bonnes herbes : il eft 11 rempli de molécules nutritives, que pour engraifler
un champ qu’on deftine au froment ., on sème ce fumier à poignée
comme le grain, à raifon de vingt feptiers par arpent.
■ Le fumier des brebis, des chèvres & des moutons a beaucoup d’aétion
fur-tout dans les terres fortes. On a remarqué que le crottin d’été eft meilleur
que celui d’hiver, parce que les moutons Sentent 8c urinent beaucoup
plus quand ils mangent de l’herbe, que quand on les nourrit au foc,.
Pour avoir une excellente cour à fumier, on aura foin: i.° de mêler
le fumier des vaches avec celui des chevaux, ainfi que celui des
cochons : i,° de placer les bergeries de manière que le troupeau pafle
fur le fumier, toutes les fois qu’il va aux champs ou qu’il en revient.
3,° Il eft à propos de dépofer le fumier dans un lieu humide, afin
qu’il pourrifle plus promptement: obfervant néanmoins que l’eau ne
s’y raffemble en trop grande quantité, parce qu’une grande abondance
d’eau empêche la corruption. 4 ° :Ï1 eft abfolument néçéflaire que
ces fumiers foient garantis de ardeurs du foléil par les bâtimens, ou
par des arbres: ainfi, quand les litières font en partie pourries dans les
folles à fiimier, on les en tire avec le crochet, 8c qn les met en tas
fort épais dans l’angle d® deux murs qui les couvrent contre les ardeurs
du foléil.
Exploitation des terres. Après avoir préparé les terres par les
défrichemens, les labours 61 les engrais, notre auteur recommande
de choifir la manière la plus avantageufe de les exploiter.
Celui qui femeroit tous les ans du froment dans un même
champ, n’auroit aflùrément que de médiocres récoltes. On en
attribue la caufe à ce que la terré ayant été'épuifée par ce premier
produit, elle ne peut fuffire à nourrir perpétuellement cette même
plante: ainfi, il y a un avantage à femer fucceflïvement différentes
plantes dans une même terre, foit parce que toutes les plantes
n’ont pas également befoin d’une n ê ne quantité de nourriture ;
foit parce que leur çpnftitution eft differente, les unes étant plus
délicates que lés autres 3 foit enfin parce que les unes ont plus de
facilité à étendre leurs racines dans la terre dure ; ce qui fait que
pelles-ci fe paflent plus volontiers des labours que les autres, Ce fontlà
les principaux motifs qui obligent le cultivateur de divifer les terre«
par fai fan, & qui le déterminent à femer alternativement differéns
grains fur une même terre.
Dans toutes les provinces du royaume, on ne fuit point la même
méthode à l’égard de l’exploitation des terres: dans les unes, orf les
divife en trois foies, 8c dans les autres on ne les partage qu’en deux;
dans la Beaùfle, par exemple, 8c dans plufieurs autres pays fertiles,
un tiers des terres d’uneferme eft femé en froment au commencement
d’oétobre, fur des guérets qui ont reçu trois ou quatre labours; un autre
tiers eft femé en menus grains au printems, fur des chaumes de froment
qu’on a labourés une ou deux fois; & l’autre tiers refte en jachère.
Auprès de Caën 8c dans d’autres provinces, les terres ne font divifed»
qu’en deux foies, une moitié produit du fromeïit, & l’autre eft en
jachère.
Tout cultivateur: doit fe diriger par l’obfervation 8c l’expérience,
relativement aux différens produits qu’il attend de' fon domaine y fi
fès terres font plus propres pour l’avoine que pour les grains, il doit
s’attacher particulièrement à la culture de cette plante ; car il eft toujours
plus avantageux de faire une abondante récolte d’un grain d’une
efpcce mediocre, qu’une plus petite récolte d’un grain plus précieux.
Semences. Une expérience fouvent répétée prouve qu’en certaines
années, la même efpècc de grains eft plus menue que dans d’autres :
lorfque cela arrive, les laboureurs peuvent, fans aucune difficulté, en faire
leurs femailles : le lenteur aura feulement 1’attentión de marcher un
peu plus vite dans le fillon, parce que fa main contiendra alors un plus
grand nombre de grains; il arrivera fouvent que, lorfque les années
feront fâvorablés pour lés fromens, ces grains menus produiront d’à-
bondantes récoltés : malgré les expériences qu’on a faites fur ees mêmes
grains & lufage où font les.fermiers de les femer, quand ils les ont
recueillis tels, M. Duhamel penfe qu’il faut toujours donner là préférence
aux grains bien conditionnés dans leur efpèce, 8c qu’il faut
changer de tems en rems les femences, en les. tirant des pays où les
fromens font nets d herbes & vigoureux. Il fonde fon opinion for çe
quil y a des plantes qui s accommodent mieux d’un climat que d’un
autre. Celles - la viennent plus parfaites dans le climat qui leur eft,
pour ainfi dire,naturel, que dans celui qui leur eft étranger. Une plante
qui vegete fous une température qui n’eft pas analogue à fon organisation,
languit & donne des femences mal csnftituées. La qualité de la
terre peut produire le même effet fur les graines, que le climat : car
les plantes devenant chétives 8c languiflantes dans une terre maigre,,
qn doit craindre avec fondement que les graines ne participent du
Agriculture. Tome I, N n