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commencent à pouffer. Lorfque le terrein deftiné
à les recevoir a été bien ameubli par un labour,
on le divife par des rayons tracés au cordeau , a
trois ou fix pieds de diftance en tout Cens les uns
des autres, fuivant que l’on veut jouir plus Ou
moins promptement, que la terre eft plus' ou
moins favorable à cette culture , ou que I on a
une plus ou moins grande quantité de plants. On
les lève avec une fourche pour ménager davan-
rage les racines, & on le fert pour les repiquer,
d’un fort plantoir ferré par le bout. Lorfque
l ’opération fe fait en grand, elle exige trois personnes
, un homme fort & vigoureux pour faire
les trous, un enfant pour placer les pieds dans
chacun de ces trous, à mefore qu’on les fait,
& une troifième perfonne enfin pour les planter
& affermir la terre autour des racines. Une
plantation à trois pieds de diftance fe garnit dans
l ’êfpace de deux ans, mais celle qui eft^à fix
pieds, en met ordinairement cinq à couvrir entièrement
la terre. Nous ne favons pas précifé-
ment fépoque à laquelle une têlle plantation
s’appauvrit & doit être reriouvellée, parce que;
nous n’avons pas été à portée de voir d'allez
anciennes cultures pour la déterminer. Mais nous
croyons qu’elle peut durer très-long-tems, comme,
par exemple , quinze ou vingt ans*, car cette |
plante eft tellement vivace, que lorfqu’elie s’eft
une fois emparée d’un terrein , il eft très-difficile
de l’empêcher d y croître. Mais peut-être que
ces plantés, fi les pieds étoient très-rapprochés-,
ou les racines trop vieilles., necfonnei oient plus'
que des tiges foibles & lsns vigueur qui produi-
roient peu de gouffes, & qu’alo'/s il feroit né-"
ceffairc de renouvélier la plantation beaucoup
plutôt. C’eft à l’expérience à démontrer l’influence
& les effets de ces deux caufes réunies ou
féparées. .
La multiplication par drageons eft infiniment
plus expéditive & moins affujétiffante.. Il fuffit
de prendre des racines de; cette plante autour dés
vieux pieds, & de les mettre en place fur-le-
champ, comme les jeunes plants. Dès l’année
fuivante, on obtient une récolte, & l’année d’après,
la culture eft en plein rapport.
Quant aux façons qu’exige cette plante, elles
fe réduifent, pendant les deux premières années,
à des farclages, à des binages ^ à quelques labours
pour écarter les mauvaifes herbes, ameublir
la terre, & faciliter aux racines le moyen
de s’étendre plus aifément. Après cela, on peut
1 abandonner à elle-même , elle ^s’emparera fi
bien de la totalité du terrein, qu’aucune plante
étrangère n’y pourra croître, & qu'elle aura
bientôt paffé les limites qu’on lui aura marquées.
Si l’on veut augmenter le produit des récoltes ,
& les obtenir d’une meilleure qualité , ou n’aurà
qu’à répandre du fumier tous les deux ans fur
la furface du terrein, les plantes croîtront avec
plus de force, & produiront plus abondamment.
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La récolte des gouffes de l’Apocîn à la ouate
fe fait depuis le mois de feptembre jufqu’à la
fin d’oétobre -, des enfans parcourent le champ
avec des paniers, & coupent avec une ferpette,
tous les fruits qui commencent à s’ouvrir. On les
dépofe & on les étend dans un'lieu fec & aéré,
où ils achèvent de mûrir. Lorfqu’ils font bien
fées-', on les renferme dans de grands fàcs, &
pendant l’hiver on fépare la ouate des graines &
des goufies.
Après la récolte des fruits, on fait celle des
tiges, elle confifte à les couper le plus près de la
terre qu’il eft pôffible, & à les appareiller fuivant
leur grofieur & leur longueur.-'On les fait rouir
comme le chanvre, on les ferance enfuite , &
on les broie de la même manière.
Ufage. L’Afclepiade de Syrie peut fervir à
l’emploi d’un grand nombre dè terreins de médiocre
qualité; les aigrettes de fes femences font
employées à ouater des habits ; elles entrent dans
la compétition de plufieuis tiflhs, comme dans
celle des étoffes & des chapeaux. On les mêle
pour cct effet avec d’autres fubftances ', telles que-
du coton, de la foie, & du po-il de différens
animaux. On retire des tiges une filaffe très-fine
& de bonne qualité, dont on peut fabriquer destoiles
: Si faire des cordes. On ne fauroit trop
recommander la culture de cette plante dans l'es,
campagnes, parce qu’indépendamment du bénéfice
qu’on en retire , fes récoltes fe font dans
l’intervalle des autres, & ne dérangent en rien
les travaux de la campagne ; elles ont d-’âiileuts
Tavantage de pouvoir être faites par des femmes
& des enfans , auxquels elles procurent encore
une occupation utile pendant lès longues foirées'
d hiver.
6. L ’Asc l e p ia d e élégante pouffe chaque année
de fa racine plufieurs tiges fimples qui s’élèvent
de deux à trois pieds. Elles'font garnies du haut
eh bas, de feuilles ovales poirftués-, glabr'es en-
deffus, blanchâtres, & tomenteufes en-deffous.
Ses fleurs qui paroiffent à la fin de juin, viennent
en manière d’ombelle au fommet des tiges ;
ellés font d’un pourpre brillant, qui produit -un-
fort bel effet. Il eft très-rare quelles donnent des
fruits dans notre climat.
Culture. On cultive cette plante en pleine-ferre.
Elle aime les terreins meubles & fubftantiels, &
les expôfttions du levant. Les planches de terreau
de bruyère lui conviennent parfaitement. Mais
pendant l’hiver il faut avoir foin de couvrir fes
racines de matières sèches, telles que des feuilles,
de la paille, ou de la vieille tannée, non pas
tant pour les préferv'er de la gelée qu’elles ne
craignent que médiocrement,.que pour les garantir
de l’humidité froide qui les fait fouvent
pourrir.
7. Asclepia.de pourprée. Celle-ci a le port de
l’Afclepiade de Syrie, mais elle s’en difiingue
par fes ombelles de fleurs qui font droites, au
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lieu d’être penchées vers la terre. La couleur de
la corolle eft verdâtre, avec des fines purpurines,
& les cornets du centre font écartés & d’un beau
pourpre. Cette plante fleurit en juillet, & ne
donne prefque jamais de fruits dans nos jardins.
Culture. Elle eft ruftique & croît aifément dans
toutes fortes de terreins & à toutes les expositions.
Les gelées ordinaires, même celles de huit
à dix degrés, ne lui font point d’impreffion. Ses
racines tracent .& s’étendent affez volontiers,
quand elles rencontrent un fol meuble & léger;
ce qui fournit un moyen suffi prompt que facile
de la multiplier.
8. A sclepi ade panachée. Cetteefpècea,comme
les deux précédentes, beaucoup de reffemblance
avec l’Afcleplade de Syrie ; mais il eft aifé de
la reconnoîrre & de la diftinguer par fes feuilles
qui font veinées & boffelées, par fes tiges marquées
de taches d’un rouge obfcur, & par fes
fleurs, d’un blanc pâle, avec des teintes rougeâtres.
Elle fleurit vers le mois de juillet, mais
elle ne produit prefque jamais de femences dans
nôtre climat.
Culture. Celle-ci n’eft pas moins ruftique que
la précédenre; elle fe plaît dans toutes, fortes de
terreins, & fe multiplie également par le moyen
de fes racines qui tracent au loin.
5?. L ’Asclepiade de curaçao pouffe du collet
trois ou quatre racines blanches, charnues &
caftantes,, qui font garnies d’une grande quantité
de chevelu. Elles s’enfoncent en terre verticalement,
& ne tracent pas à la furface comme
les précédentes. Il en fort plufieurs branches,
fimples & droites,' qui s’élèvent à la hauteur de
deux pieds environ, & qui vivent plufieurs années.
Cés tiges font couvertes, de haut en bas,
de feuilles oblôngues, pointues &d’un verd lui-
fànt. Les premières fleurs commencent à paroître
vers le mois de juillet, & fe fuccèdent, fur
les mêmes pieds, jiifqu’en oélobre. Elles font dif-
pofées en petites ombelles, qui viennent à l’extrémité
des branches. Les pétales font renverfés
fur le pédicule, tandis que lès cornets du centre
de la fleur font droits, ce qui produit un «effet
affez fîngulier, qui devient encore plus frappant
par la différence des couleurs’, en effet, les pétales
font d’un jaune faffrané, & les cornets font
d’un rouge d’orange affez éclatant. A ces fleurs
fuccèdent des fruits, dont les femences viennent
à parfaite maturité dans nés jardins.
Culture. Cette jolie efpèce fernée au printems,
fous chaflîs, fleurit la même année dans le mois
<le feptembre. Mais auffi elle ne vit pas long-
tems, dès la troifième année fes feuilles fe rape-
tiflenr, fes fleurs font moins nombreufes, & d’une
-couleur moins viv e, & elle périt infenfiblement.
Cette plante aime une terre meuble, légère &
fubftantielle. Pendant l’été elle peut refter en plein
a ir> fi on en met quelques pieds en pleine-
terre dans une plate-bande expofée à la plus
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grande chaleur , & qu’on ait foin de les arrofer
fréquemment, ils formeront une belle touffe qui
fleurira très-abondamment, mais alors il fera bon
de les relever avant les premiers froids, parce
qu’une gelée de deux degrés eft fuffifante pour
les faire périr. On cultive ordinairement cette
Afclepiade dans des pots que l’on rentre vers
lè milieu de l’automne, dans la ferre chaude;
pendant cette faifon, elle craint l’humidité, &
il ne faut l’arrofer que légèrement.
IQ. L ’Asc l e p ia d e à feuilles d’amandier a tani
de reffemblance avec la précédente, que plufieurs
perfonnes croient quelle n’en eft qu’une
varjété. Elle ne s’en diftingue que par fes feuilles,
qui font plus étroites, & par la couleur blanche
de fes fleurs; d’ailleurs même configuration de
racines, même port, même habitude, même
rapport dans fa fleuraifen & fa fructification , même
durée.
Sa culture exige auffi les mêmes foins, cependant
elle réfifle à des froids de trois degrés, ce
qui annonce qu’elle eft un peu moins délicate ;
elle fructifie auffi plus abondamment.
1 1 . A s c l e p ia d e . incarnate C’eft une des. plus
jolies plantes que nous ayions tirées de l’Amérique
feptentrionale. Ses racines fe divifent, à leur
collet, en plufieurs branches qui defeendent en
terre, & s’y enfoncent à la profondeur d’un pied
& demi environ; elles font de couleur grife,
d’une confiftance coriace y & n’ont que peu de
chevelu. Chaque année, au printems, elles pouffent
du collet plufieurs tiges droites, qui s’élèvent
fouvent à plus de trois pieds de haut. Ces tiges
qui font rougeâtres par le bas, fe divifent, dans
leur partie fupérieure, en plufieurs branches. Les
unes & les autres font garnies de feuilles auffi
grandes que celles du pêcher, mais liffes & fans
dentelures ; elles viennent deux à deux & quelquefois
en plus grand nombre, en manière de
verticille. Leur verdure eft foncée, les fleurs de
cette plante font petites, de couleur gris de lin,
& difpofées en ombelles à l’extrémité des rameaux;
fouvent il en vient deux ou trois fur chaque rameau.
Elles durent pendant les mois de juillet
& d’août, & produifent un petit nombre de
fruits qui mûriffent prefque toujours dans nos
jardins.
Culture. On ne peut s’afîurer la poffeffion de
cette plante que lorfqu’on la cultive dans des
pots, & qu’on la rentre dans l’orangerie pendant
les grands froids. Cependant elle croît fore
bien en pleine-terre, dans un terrein profond,
fubftantiel & meuble, mais il faut la couvrir dans
les grands froids; malgré cette précaution, il arrive
très-fou vent que l’humidité de . l’hiver la
fait périr. Ses graines Cernées au printems, fur
une couche, à Pair libre, produifent de jeunes
plants, dont les tiges s’élèvent à la hauteur de
deux pieds; mais ce n’eft que U fécondé année
quelles donnent des fleurs, & tous les ans elles