
dent & diminuent de volume. Ils font alors ou
allez légers pour être enlevés dans les opérations
du nétoyemcnt, ou allez étroits pour palier à-
travers les cribles. Les Cultivateurs éclairés ne
fement point d’Avoine quelle n’ait été bien né-
foyée & par conféquent très-pure & composée de
tous grains propres à germer. Il n’eft pas néceflaire
qu'ils foiënt gros & bien renflés. J ’ai vu réuiîir une
femence d’Avoine , en apparence de fi mauvaife
qualité, qu'on ne vouloir la donner ni aux chevaux,
ni à d’autres beftjaux. On avoit en la Tentant
le projet de la faire manger en vert. Elle
a paru il belle qu’on l’a laiffée venir à maturité.
Elle a produit une récolte abondante.
On ne fe fert pas du chaulage pour l’Avo ine.
Je crois, d’après des expériences fnivies & répétées
, qu’on à tort. Ce feroit le moyen de les
préferver, finon en totalité, au-moins en très-
grande partie du charbon, voye[ Charbon. L’avoine
prend aifément de l’eau, dont elle fe dé-
barralfe difficilement. Ainfi, après l’avoir chaulée,
il faut la laiffer plus fecher que le froment.
Beaucoup de fermiers renouvellent de rems-en-
tems leurs femences d’Avoine, fous prétexte que la
leur dégénère. Cette prétendue néceffité ne feroit-
elle pas dûe autant au peu de foins qu’ils ont de
leurs femences, qu’à une dégénération de la vertu
geçminative du grain ? Je ferois tenté de le croire.
En ne chaulant pas leurs femences, ils perpétuent
&. multiplient le charbon , comme je l’ai vérifié •,
car ce qu’ils doivent femer étant mal criblé, ils
portent aux champs des graines, dont le produit
s'accroît chaque année, & déprife leurs récoltés.
L’Avoine, iffue d’Avoine renouvelée, eft moins in-
fefiée de charbon & de graines étrangères, parce
qu’on l’achere pure , & dans l’état ou on pouroit
mettre celle qu'on récolte. Quand on a femé iong-
îems de fuire de l'Avoine récoltée dans un pays,
fur-tout fi le pays eft propre à l’orge, cette derrière
graine pour peu que quelque défaut de
foin en ait laiffé' dans la femence, où qu’on en
ait porté aux champs avec les fumiers, s’y multiplie
à un point confidérable. On fait combien
l’orge talle. On eft donc dans ce cas forcé, de
renouveler la femence d’Avoine, & d'en prendre
dans les pays, où l'Avoine fe plaifant mieux que
l'orge, on la récolté plus pure*, cependant il eft
facile d’ôrer l’orge de 1 Avoine, comme je l’ai vu
pratiquer à une fermière intelligente, dont voici
le procédé. On pafle dans un crible fendu l’Avoine
mêlée d*orge. On ne lui fait point faire
un mouvement en rond ou de rotation, comme
au bled qu’on nétoyej mais on pouffe feulement
le crible en avant ou de côté. Par ce moyen
l'Avoine paffe par les fentes du crible, & l’orge
xefle deffus, avec quelques poignées de la plus
groffe avoine & de celle à grains doubles j cet
excellent déchet eft pour les chevaux, ou les cochons.
L’avoine, ainfi criblée, a befoin de paf-
fsr enfuite dans un crible plus fin pour ôter la
p o u f liè r e & le s g r a in e s m en u e s q u i o n t pa ffd
a v e c e lle .
La quantité de femence qu’on doit répandre
varie félon la faifon & le terrain. On feme plus
dru l’Avoine d’hiver, parce que la çelée en fait
toujours périr une partie. Celle quon feme au
printems doit être femée clair dans les bonnes terres
, où elle peut taller. On n’auroir qu’une foi-
ble récolté dans les.terres médiocres, fi on éco*
nomifoit la femence. II faut de 8 à io boiffeaux
d’Avoine, mefure de Paris, pour un arpent de
ico perches, à 22 pieds la perche. Avec cette
proportion, on recueille beaucoup de grains &
de paille fine & tendre, propre à nourrir les
vaches. Semée plus clair, l’avoine produiroit plus
de grains ; mais la paille en fèroit plus groffe &
plus dure & moins agréable aux beftiaux. Tout
eft à confidérer & à calculer en agriculture.
Manière de femer V Avoine.
Il paroît d’après M. l'abbé Rozier, ( cours complet
d’agriculture) que dans les Provinces méridionales
de la France , on feme l’Avoine fur le
champ qu’on vient de couvrir de fumier, &
qu’on laboure enfuire, de manière que l’Avoine &
le fumier foient enterrés en tnême-tems. M. l’abbé
Rozier blâme cet ùfage , perfuadé qifune partie du
fumier mal enterré fe perd, & que, par cette méthode
, il y a des grains trop avant, & d'autres
trop à découvert, & expofés à être dévorés par
les animaux*, il préféreroit qu’on femât fur la
terre labourée, & qu’on enterrât à la herfe, instrument
peu connu dans les Provinces du midi.
Si M. l’abbé Rozier n’habitoit pas ces Provinces,
où il a pu faire des obfervations capables de lui
donner des idées juftes d’amélioration ou de culture
, je me permettrois la réflexion fuivante, c’eft que
l’enfemencement fous raies,c’eft-à-dire, celui qui fe
fait en enterrant le grain à la charrue^, devroit convenir
aux pays chauds, parce qu’il met lès racines
de l’Avoine, plus à l’abri de l’ardeur dufoleil, &
qu’il la maintient plus fraîche *, à moins que
M. l’abbé Rozier n’ait voulu parler des pays de
montagnes qui doivent fe conduire comme les Provinces
feptentrionales. Je ne vois pas comment
le fumier s’enterreroit mieux, fi on herfoit après
l’enfemencemenr. Au contraire la herfe pourroit
enlever une partie du fumier. Quoiqu’il en foit ,
en Picardie, en Normandie, en Brie, en Beauce,
on feme l'Avoine à la volée fur le gueret, & on
recouvre la femence à la herfe. Les grains fe trouvent
àf-peu-près à la même profondeur.
O n a ffu re q u e , d ans q u e lq u e s c an to n s d e s eft*
v i r o n s d e C om p ïè g n e , o n p lan te l’ a v o in e , au l ie u
d e la fem e r . Voyei m ém o i re s d e la fo c ié t é d ’a g
r ic u ltu r e d e P a r i s , t r im e ft re d ’a u t om n e , a n n é e
1 7 8 6 . D e s C u lt iv a t e u r s , d it - on , o n t re g a rd é
c e tte m é th o d e c om m e a v a n t a g e u fe , & d e s fe r m
ie r s A n g lo i s l o n t em p lo y é a v e c fu c c è s p o u r le
frôment. La terre ayant été récemment labourée,
des femmes font entre chaque raie de petits trous
avec le ralon, à 5 pouces environ de diftance*,
chaque planteufe fait en allant deux rangs de
trous & met en revenant dans chacun,quatre,
cinq ou fix grains d’avoine tout au plus ; elle recommence
deux autres rangs, & ainfi de fuite.
Deux ou trois planteufes fuffifent pour fuivre la
charrue. La pièce de terre étant plantée, on herfe
légèrement en donnant une dent, de manière à
effacer feulement les trous,Quand l’Avoine eft bien
levée & bien verte, on la farcie. Il y a une
fécondé manière de planter l’Avoine. On met à
l’oreille de la charrue une petite cheville d’un
pouce ou deux de long. Cette cheville forme en
labourant un petit chevet contre le rayon voifin.
La planteufe, qui fuit la charrue , met les grains
dans cette raie, & la charrue les recouvre en
retournant. Les touffes d’Avoine font moins ef-
pacées dans cette méthode que dans la première.
Si la plantation d’Avoine s’introduifoit, on pourroit
faire un inftrument propre à former les trous
d'une manière égale, & l’adapter à un long manche,
afin que la planteufe ou le planteur, fi on
fe fervoit d’un homme, fe fatiguât moins.
Je trouve à cette méthode un avantage, c’eft celui
de pouvoir farder aifément les touffes d’avoine.
Elle conviendroit pour cette raifon dans les terres
fujettes à pouffer de l’herbe. Pour décider de fon
utilité, il faudroit comparer les fiais & le produit
d’un champ cultivé à la manière ordinaire,
& d'un autre dans lequel on awroit planté de l’Avoine.
Les fources où j’ai puifé cette méthode ne
m’ont pas mis à portée de faire cette comparaifon ,
& je n’ai pas encore d’expériences relatives à ce
fujet. Ce qu’on peut aflùrer, c’eft qu’en grand,
elle paroît impraticable, fur-fout dans les pays
oü les bras font rares. Un particulier qui n’auroit v
qu’un champ, labouré par fes mains, en plantant
fon Avoine & fes autres grains, fe pafferoit du
fecours des laboureurs, qui fouvent abufent du
befoin qu’il en a. C’eft lui que cette culture mi-
nutieufe peut regarder, & fous ce point de vue
elle n’efi pas à rejeter.
Végétation de VAvoine , & foins quelle, exige.
Si le tems eft doux après que l’avoine eft fe-
mée, elle ne tarde pas à lever. Je la fuppofe
femée en février & en mars époque |la plus ordinaire
dans les Provinces de France, où elle eft
le plus cultivée. Sa végétation eft lente jufqu'au
mois de mai, parce que le commencement du
printems eft encore froid. Ce n’eft que quand
elle épie quelle croît rapidement. Dès qu’elle .
a acquis trois ou quatre pouces de hauteur on
pafle deffus urfgros rouleau de bois, (voyeç Rouleau)
1, ou le dos de la herfe. Cette pratique rechauffe
le pied des grains & écrafe les mottes,
«e qui rend le terrain uni & commode pour les
faucheurs. L’Avoine enfuite n’a plus befoin que
de farclages qui fe font à la main dans les champs,
ou on l’a femée à la volée. Des femmes les parcourent
& arrachent les mauvaifes herbes qu’elles
donnent à leurs vaches, fans demander de fa 1 aire.
On doit ceffer de leur accorder cette permiffion ,
quand l’Avoine a pris de la force & immédiatement
après de la pluie , parce qu’en marchant
ces perfonnes caftent ou font courber des tiges qui
ne peuvent plus fe relever!
L'Avoine montre fes épis au mois de Juin. Alors
elle n’a que huit ou dix pouces de hauteur. Si
le tems devient favorable , elle en acquiert bien
tôt autant, & monte à proportion de la bonté du
terrain. De ferrés qu’éroient les épis, dans leur
fourreau ou enveloppes, ils deviennent libres &
s’épanouiffent. Quand le grain eft formé l’Avoine
n’a prefque plus à croître. II faut pour que cette
plante donne une bonne récolte , qu’il pleuve peu
de tems après qu’elle eft femée & dans le courant
de l’été , fur-tout au mois de Juin, ou au commencement
de Juillet. L’année 1787^ nous en a donné
un exemple. Au mois de Juin, l’Avoineépioif
& ne prometroit rien s les pluies des premiers jours
de Juillet l’ont rétabli & la récolte en a été abon*
dame. Trop de pluies nuiroit à l’Avoine dans les
terres humides. On a remarqué qu’elle ne réufliffoit
jamais mieux , que quand les mois d'Avril & de
Mai étoient froids, Juin &une partie de Juillet
pluvieux, la fin de Juillet très-chaud & Août
fans-Ngrandes chaleurs. Je ne parle ici que des
terres d’une compacité médiocre.
Maturité de £ Avoine & maniéré de la récolter,
L'Avoine femée en Automne, efi la première mù-
re.Ellel'eft toujours de quinze jours plutôt que celle
de printems. Par la même raifon , l’Avoine femée
en Février ou en Mars, mûrit avant celle qui ne
l’eft qu’en Avril. Dans le climat de Paris on coupe,
vers le 15 Juillet, les Avoines d’Automne} à la fin
de ce mois & au commencement d’Août on coupe les
premières femées au printems & à la fin d’Août,
& même au commencement de Septembre , les
tardives. Plus on avance dans les provinces du
Nord , plus la moiffon eft retardée. Le moment
de couper l’Avoine eft indiqué par le changement
de couleur de la paille & des balles qui jauniffenr.
Quelquefois dans un même champ, toute l’Avoine
ne mûrit pas à -la-fois *, ce qui a lieu quand la
féchereffe des mois de Mai & de Juin n’a permis
qu’à la tige principale de monter, &que des pluies,
qui font venues enfuite, ont fait monter longtems
après les tiges fecondaires. Ces dernières mûrif-
fent plus tard. C'eft au cultivateur à examiner s’il
a plus à attendre des tiges fecondaires que des principales
, & dans ce cas, il doit fe décider à faire
couper fon Avoine plus tard ou plutôt, en facri-
fiant les unes ou les autres.
J ’ai déjà dit qu’on coupoit les Avoines avant