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les premières, & qui ieront parallèles entr’elles. I l faut qu’il y ait \ terré
de 1 eau pour leur boiffon | & pour leur nourriture des pâtes faites avec
des fumes & de la farine paieries enfemble. Vingt jours avant de prendre
les gnves que l’on, veut confommer, on les nourrit plus largement , en
leur donnant une nourriture & plus abondante & compofee de farine
plus fine quà 1 ordinaire. _ Li T r .
^ Paons. Les paons donnent un revenu tres-confiderab e en Italie,
Merula en fait le fujet de fes entretiens. Quand on veut, dit-il, former
un troupeau de paons, il faut les choifir de bon âge & dune forme
agréable, d’autant que la nature a donne a cet oifeau le- plus nche
plumage & l’empire de la beaute. Les femelles ne font pas bonnes
îvant L e de deux ans, ni quand elles font vieilles Qn les nourrit
Z c toute forte de grains, fur-tout avec de l’orge. Il leur en faut tvn
modïus par mois, & on augmente cette quant.te dans le tems de la
2 2 O U quand elles commencent à glodlfer Chaque paone peut
produire trois petits, qui fe vendent cinquante deniers pièce. Y a-t-il
des brebis qui donnent autant de revenu î '
P lio n s . I l y a deux efpèces de pigeons, les uns qui font Cuvages
& quf fe retirent dans des tours ou fur le comble de métairies ; les
autres font plus attachés à l’homme, & fe contentent de la nourriture
qu’on leur donne dans les maifons. De ces deux races on en forme
une troifième, que l’on deftine à donner du profit. On les renferme
dans un bâtiment fait exprès qui eft couvert, dans la forme dune
- grande coupole. La porte & les fenetres font garnies de treillis, afin
L e le bâtiment foit éclairé, fans que cependant aucun ferpent ou
autre animal mal-faifanty § § § entrer. On crépit & on blanchit les
parois des murailles en dedans, & on difpofe pour chaque, couple de
pigeons, des boulins de forme ronde, que Ion range par ordre en les
ferrant les uns contre les autres. Sous chaque rangée de boulins on
attache à la muraille des tablettes de deux palmes de largeur, qui fervent
de veftibule aux pigeons, & fur lefquelles ils fe pofent avant den-
îrer au boulin. I l faut avoir foin qu’il y ait une conduite pour leau,
afin que les pigeons aient la facilité de boire & de fe baigner; car ces
oifeaux font fris-propres. On leur met à manger autour des murailles
dans des auges, que l’on remplit par dehors avec des tuyaux, Us aiment
le millet, le bled, l’orge, les pois, les haricots, 1 ers. I l ny a pas doi-
feaux plus féconds queSles pigeons, puifqu’il ne leur faut que quarante
tu f s pour concevoir, pondre, couver leurs oeufs & elever leurs pents,
encore s’acquittent-ils de ces différentes fondons prefque dans tout le
courant de l’année, fans difeontinuer, fi ce neft depuis le folftice d hiver
£fqua l’équinoxe du p riio n s. On yendoit communément a Rome
P R E L I M I N: A I R E . ÿj*
deux cent nummi une paire de pigeons; & même mille quand ils
■ëtoient d’une beauté rare. /
' Tourterelles. Il faut pour lés tourterelles, pouffuivit Merula, un-
endroit. difpofé de la même manière, que .pour, ( les , pigeons ; ma.is a.uj
lieu de boulins, on fe contentera d’appliquer'au' mur des juchoirs ou'
dés corbeaux de bois rangés par ordre , fur lefquêlsjon étendra de petites,
nattes de chanvre. Il faut qué le dernier rang d’en bas foit:j élève,
au-deffus de terre,au moins de trois pieds, qu’il y,air un intervalle dé
neuf pouces entre tous lés autres, SC que le plus élevé couche..à la'
voûte à un demi-pied près. C ’eft-là que les tourterelles fe ■ tiendront;
nuit & jour. Pour leur nourriture, on donne à-peu-près par jour la
valeur d’un demi modius , de froment pour cent vingt * tourterelles'.
Poules. Axius ayant prié Merula de lu i. enfëîgnér la manière
d’engraiffer les poules & les-pigeons ram ie rs,ir s'explique aififi : on'
diftingué trois efpèces de poules ; fa voir j les poulés dcS métairies , ' les“
poules fauvages & celles d’Afrique. Ceux qui fe propofent de nourrir
des poules qu’on appelle de métairies, doivent, s’ils veulent en tirer
un grand profit, s’attacher à l’exarfièn dé ces cinq articles ; à l’achàt
de ces oifeaux, à leur propagation, à leurs oeufs, à leurs petits,-,&
enfi n à la façon de les en grailler.
Quant âu premier article, on doit'faire attention a là quantité de
poules qu’on doit avoir, & aux qualités qui leur font'.propres. On,.’
donne le nom, de poules aux femelles ; les mâles s’appellent coqs ; &
Ion nomme chapons ceux d’entr’eux qui, étant châtrés, ne font plus
mâles qu’à demi. Pour châtrer lès coqs, à l’effet d’éii faire des chapons ,
on leur brûle avec un fer chaud l’extrémité des pattes, jufquà e t que
la peau s’en détache, & on frotte avec de la terre à potier la plaie qui eft
occafionnée par cette opération. Quand on veut former un poulailler par-
fàit, on doit faire emplette des trois efpèces de poules dont nous avons
parle; mais il faut fur-tout donner"la préférence à celles de métairies,
& choifir celles qui paraîtront les plus fécondes. Les plus propres pour
la propagation, font communément celles qui Ont lès plumes rouges,
les ailes noires, les ergots inégaux, la tête grande, là crête élevée’&
ample. On doit, dans le choix des coqs, préférer ceux qui font les
plus lafeifs. On les juge tels, lorfqu’ils ont de beaux mufcles., la crête
rouge, le bec court, épais & aigu, lés'yeux roux & "noirs, la cravatte.’
dun. rouge tirant fur le blanc,, le col bigarré un peu , doré , le£,
cuiffes velues, les pattes courtes, les ergots.longs', là qüeuë1 grande,
& tout le corps bien,fourni de plumes. .On porte encore le même
jugement, loriqu’ils font fiers, qu’ils chantent foùvent, qu’ils fonc
qpiniatres dans le çoinbât; & ,que, loin dé redputer^lqs animaux qui
attaquent les poulés, ils fe battent contfeux pour J.es détendre.
Agriculture. Tome I, f •' g