
mois d’odobre fuivant, on y mettra du feigle ou du froment : &
les trois années fuivantes, on y femera tels bleds d’hiver que l’on
voudra.
V a rïé té s pour le labourage. Les pratiques du labourage ne font
pas par-tout les mêmes ■ elles varient fuivant la différence des climats,
foit quant au bétail qu’on emploie, foit quant aux outils, foit quant
aux femences Ici on laboure avec des boeufs, là avec des chevaux;
dans quelques provinces avec des mulets & dans les autres avec des
ânes. Tantôt la charrue à roues eft traînée par quatre, cinq ou fix
bêtes; tantôt, le courre fans roues eft tiré par deux bêtes feulement. Les
uns attachent le joug aux cornes des boeufs, les autres à la tête &
d’autres au cou.
Les boeufs font les animaux les plus propres au labourage, étant plus
forts, plus faciles à nourrir & moins fujets aux maladies. On doit néanmoins
fe fervir indifféremment des différentes efpèces d’animaux que
nous venons de nommer, lorfque le terrein ou les circonftances
l’exigent.
T em s du labour. On doit commencer à labourer de bonne heure,
afin de notre pas contraint de finir tard ; en obfervant toutefois que la
terre ne foit ni trop sèche, ni trop humide : dans le premier cas, on
lui ôte le peu d’humeur qui lui refte & elle eft incapable de faire germer
les femences : dans le fécond, elle eft d’un travail difficile & fe durcît
comme une pierre.
Le laboureur expérimenté ne touche pas non plus à fês champs
pendant les froids rigoureux de l’hiver. Indépendamment que ce froid
pourrait nuire à la qualité des terres, il arriverait encore qu’il caffeiroit
les outils & fe mettrait en danger de perdre fon bétail. Le tems le plus
avantageux pour le labourage, c’eft lorfque la faifon eft tempérée.
Les champs de relai qu’on laiffe repofer une année, pour les faire
travailler enfuite, recevront le premier coup de charrue vers le tems •
de la moiflon; le fécond appellé binage-, avant Noël; & le troifièrne,
vers le mois de mars.
D ifféren tes efpèces de fumier. I l eft certain que le fumier a été
regardé de tout tems comme le moyen le plus puiffant pour ranimer-
les principes de la végétation. C ’eft du fumier que procède cette grande
fertilité qui fait produire à la terre toutes fortes de fruits,
Le fumier du colombier eft le premier & le meilleur de tous, parce
qu’il eft le plus chaud; mais il faut qu!il foit tempéré par l’humidité;
fans quoi il brûle tout ce qui l’approche.
La fiente des volailles vient après, excepté celle des oifeaux aqua-
tfovteSj tels que les canards, les cignes, &c. enfuite celle des moutons,
brebis.
brebis, chèvres, chevaux, mulets, boeufs, ânes, pourceaux,' que l’on
augmente avec des pailles & les feuilles qui fervent de litière au
bétail.
Les fèves & les lupins font auffi beaucoup eftimés pour engraiHer
les terres.
La marne ne doit pas non plus être oubliée. Pline fait grand
Cas de cette efpèce de fumier, dont on faifoit ufage de fon tems.
Les cendres de fournaife à tuiles, à chaux, à charbon ; les pouffières
qu’on ramaffe dans les chemins; les fciures du bois; les immondices
des bâtimens; les dépouilles des jardins; les troncs des choux; les feuilles
sèches de melon, concombre, courge, &c. font bonnes pour fumer les
terres. Les fommités du buis font employées pour engraiHer. les vignes
& les oliviers.
Tous les fumiers doivent être mis en terre dans le croiflant de la lune.
Les plus pourris & les menus ferviront pour les prairies ; on mettra les
moyens dans les terres à grain & dans les vignobles; on refervera les
plus greffiers pour les prés que l’on veut former.
Remarques f u r le s femences. Le choix des femences mérite une
attention particulière. Le père de famille doit confidérer, quels font
les grains qui fructifieront le mieux dans fon terrein, pour les préférer
aux autres. Engénéral, quelle que foit l’efpèce de grain qu’on aafemer,
il faut qu’il foit d’une belle couleur, lifte & pefant. Il y a. une épreuve qu’il
faut faire pour connoître quelles font les meilleures fomences : on jette
dans mi vafe plein d’eau les graines que l’on veutfemer : alors les bonnes
tombent au fond du vafe& les mauvaifes nagent furla furfâce. Lamefure
des terres n’étant pas la même dans tous les pays, non plus que la
qualité du fol, pn ne peut fixer la quantité de femence, ni l’époque
précife du tems où il faut la confier à la terre, Le. laboureur faura
feulement qu’il faut moins de femence à une terre graffe qu’à une
maigre, & qu’il faut enfemencer les champs froids & humides, avant
ceux qui font fecs & fitués dans des lieux chauds ou tempérés, Après
avoir labouré les terres à bled vers le commencement de feptembre,
il faudra y jetter la femence dans les premiers beaux jours qui fuivrônt.
Le feigle eft celui de tous les grains qui veut être feme le premier :
pn le sème ordinairement vers la fin d’août. Les orges viennent après ;
enfuite les fromens métels & les avoines d’hiver.
Les toiles des araignées qu’on trouve dans les champs Sc la chûtc
des feuilles des arbres, annoncent la faifon des fëmailles.
La femence fera répandue avec le plus d égalité qu’il fera poffible,'
il faut la couvrir de deux à trois doigts de terre feulement.
Lorfque le mauvais tems a empêché de finir commodément les
feqiajlles d’automne, on lès fait à la fin dç l’hiver ou au commencement
Agriculture. Tome I , I \