
en fe tenant fur leurs pieds. Quant aux efpèces d’animaux qu’il
convient d’avoir dans l’intérieur de la métairie, on leur fera des
retraites couvertes où ils fe mettront à l’abri pendant l’hiver 5 & des
enclos en plein air, entourés de hautes murailles, où ils pourront
relier pendant l’été. L’habitation des métayers, fera vis-à-vis la porte,
dans la fkuation la plus commode, pour voir ceux qui entrent &
ceux qui fôrtent. Les bouviers & les bergers,: auront leurs cabanes
auprès de leurs befliaux, afin qu’ils foient à portée d’en prendre foin.
La partie deftinée à la garde des productions de la terre, comprend
le cellier à l’huilé, le prefloir, le cellier à vin cuit, le grenier à foin,
le grenier à paille, les ferres Sc le grenier à bled. Les pièces qui feront
au rez-de-chauffée, feront deflinées pour la garde des chofes liquides,
comme le vin & l’huile. Les productions sèches, comme la-paille, le
foin feront entaflées fur des planchers. Les greniers ainfi que les celliers,
feront éclairés par des petites fenêtres qui donneront paffage aux
aquilons. Le cellier doit être éloigné du four, du fumier & des .citernes
qui répandent une humidité capable de gâter le vin. Il y a des per-
fonnes qui préfèrent d'avoir des greniers voûtés, dont le fol efl pavé
de briques cuites & enduit d’huile nouvelle ; mais ces précautions ne
fuffifent pas toujours pour préferver le bled de l’humidité; les greniers
fufpendus en l’air paroi fient les plus avantageux. Les celliers, à huile
doivent être chauds,ainfi que les prefloirs, attendu que la chaleur fait
fondre aifément les liqueurs &: le froid les refferre. De plus, aux
environs dé la maifon, il faut avoir un four, un moulin, deux mares;
l’une, pour les oies & les befliaux; l’autre, dans laquelle on mettra
tremper les lupins, l’ofier, les baguettes: pn aura âufli deux foflès
à fumier, &ç -l’aire fera çonflxuke le plus près de la métairie qu’il fera
pofliblc. “ _ _ _ ' j
Métayer & efelaves. La métairie étant ainfi difpofée, l’attention
du propriétaire doit fe porter fur les hommes qui ‘doivent l’habiter.
Ces hommes font ou des fermiers ou des efclave?. Le propriétaire
doit être doux & traitable vis-à-vis de fes fermiers, il doit les prefièr
plus rigoureufement fur les travaux qu’ils ont à faire que fur le
paiement des termes échus ; cette conduite les offenfe moins, & en
général, elle tourne plus au profit du propriétaire. U n ancien con-
fulaire avoir coutume de dire que le fonds le plus à defirer pour un
père de famille, étoit celui dont les coloris natifs du pays même, s’y
broient rnaintenus de pçre en fils ; ainfi c’efl une mauvaife fpécujation
de changer fouyent de fermier & de renouveller fréquemment le bail
de fa terre. Le métayer fera un homme endurci aux travaux de la
çampagpe dès fon enfançe, & dont l’expérience aura fait connoître en
Jrii des talens diflingués. On lç prendra dans le moyen âge, en pleine
vigueur, inflruit en matière d’agriculture, ou au moins trçs-attentif pour
pouvoir fè mettre le plutôt pofiible au fait de cet art.
Il ne faut pas feulement que le métayer foit propre aux travaux
rufliques, il efl néceflaire qu’il ait encore les qualités convenables pour
commander aux autres & fe faire obéir,.fans employer la durete ni une
bonté exceflive. Il aura foin de récompenfer les efelaves qui valent mieux
que les autres, en épargnant les moins bons; afin que ceux-ci foient
dans le cas de craindre plutôt fa feverite que de detefler fa cruauté.
C ’efl à quoi il parviendra s’il contient bien ceux qui font fous fes
ordres & s’il les empêche de faire des fautes, plutôt que de leur en.
kiiflèr commettre par fa négligence, qui 1 obligeroit enfuite de les
punir. Telle efl la matière du premier livre.
Différentes ejpèces de terreins. Les plus habiles agriculteurs dif-
tinguent trois fortes de terreins; celui des plaines, celui des collines
& celui des montagnes. Ils donnent la preference a ceux qui font
fitués dans une plaine, non pas totalement unie & de niveau; mais
légèrement pentive, & qui forment par leur pofition une colline dont
la croupe efl douce, facile & couverte de bois & de pâturages. On
afligne encore à chacune de- ces trois fortes, fix qualités differentes
de fols ; le gras ou le maigre, le friable ou 1 épais, 1 humide ou le fec.
Toutes ces différentes qualités étant mélangées entr elles, forment
des variétés infinies dans les terres, qu’il n’appartient pas a un maître
d’agriculture de détailler.
Un cultivateur ne doit pas ignorer que parmi les productions de
la terre, il y en a beaucoup plus qui fe plaifent dans les plaines,
qu’il n’y en a qui fe plaifent fur les collines ; de même qu’il y en a
davantage qui demandent un fol gras; qu’il ny en a qui défirent un
terrein maigre.
Quel efl le meilleur terrein pour les productions de la terre. A
l’égard des produirions qui viennent dans des terreins fecs ou arrofés,
nous n’avons point examiné quelles font celles dont le nombre 1 emporte
fur les autres: d’autant qu’il y en a prefque une infinité qui fe'
plaifent autant dans l’un que dans l’autre de ces terreins. Au furplus,
de toutes ces productions, il n’y en a pas une feule qui ne réuflifle
mieux dans une terre friable que dans un terrein épais. De-la vient
qu’une terre naturellement grafle & meuble, efl toujours celle du
plus grand revenu ; parce que, quoiqu’elle ne rapporte pas plus
qu’une autre, le peu de foins quelle exige n’occafionne pas beaucoup
de peine, & ne jette pas dans de fortes dépenfes : ainfi, le fol qui
réunira ces deux qualités, fera regardé avec raifon comme le meilleur
pofiible; le fécond après celui-ci, fera le fol gras &: épais , parce qu’il
récompenfera abondamment le cultivateur de fa dépenfe & de fes