
4 S D I S C O U R S
Les tiges rampantes ou penchées font en plus petit nombre que
les tiges droites ou verticales. I l fcnible qu il foit dans la nature de
tout ce qui végète, de s elever, autant qu il eft polîible , en ligne
droite. Il y a , dans la clafle des rampantes, des tiges qui fe fourien-
nent longtems & qui ne fe courbent que quand le poids de leur
hauteur, celui de leurs fleurs & de leurs fruits, ou 1 effort du vent les
forcent de plier & de relier dans cet état. Les pairies artificielles
contiennent beaucoup de plantes de cette efpece : d autres ne font pas
à un pied de terre, quelles cherchent à s’appuyer, fans attendre
qu elles foient chargées de fruits. Les pois, les vefces, les lentilles, les
haricots font de ce nombre : d autres, enfin, | naiflent prefque rampantes,
telles que le houblon & les cucurbitacées. Le plus ou moins
de propenlion que les plantes ont a pencher leurs tiges, eft du a
leur foiblefle, foit réelle, foit relative à leur longueur & non à leur
difpofition naturelle. Car, indépendamment de ce qu’on voit toujours
leur extrémité fe redrefl’er, fi elles, rencontrent un arbre ou fi on leur
donne un foutien elles ne le quittent pas, s’élèvent davantage & pro-
duifent plus que lorfqu elles font abandonnées à elles-mêmes ; les
cucurbitacées, les plus rampantes de toutes, deviennent grimpantes
auprès des treillages ; voilà pourquoi on doit planter des perches dans
les houblonnières, & ramer les pois & les haricots.
Prefque toutes les tiges rampantes, & une grande parue des tiges
droites ou verticales, fe divifent en branches principales qui en pro-
duifent de moindres, d ou il s en forme de plus petites ; ces divifions
font ou alternes ou conjuguées, c eft-a-dire que quelques-unes fe font
feules à foules & alternativement, les autres fe font deux à deux en
fens oppofé, ou plufieurs enfemble; il y en a qui s’écartent de la
fige; il y en a qui s’en rapprochent. La regularite.de ces divifions,
dans les mêmes efpèces, & la forme contante des tiges, qui font ou
rondes, ou triangulaires, ou quarrées, ou liftes, ou fillpnnées, ont fait
établir, parles botaniftes, des caractères particuliers & diftinctifs, qui
leur fervent aueconnoître les plantes: ces caraêtères varient quelquefois,
mais rarement.
De même qu’on cultive des plantes principalement pour leurs
racines, on en cultive aufli pour leurs tiges; ç.eft la tige naiflante de
l’afperge qu’on pi ange. On fait que celles du chanvre, du lin, de la
grande ortie, contiennent un fil d’un grand ufage. Plus ce fil eft fifl,
a force égale, plus il a de la qualité, ce qui dépend beaucoup de 1 état
du terrein dans lequel on seine ces plantes ; le cultivateur eft encore
le maître de leur donner plus de fineffe en les fomant preflèes, afiu
que les tiges ne prennent pas de corps: U n grain de chanvre ifolç
devient d’une groffeur confiderable,, mais il ne produit qu une filaflç
très-groflière,
r i l c n
très-groftîère, qui approche de l’écorce de certains arbres. La Canne
à fucre doit être cultivée avec des foins particuliers, afin que fa tige
contienne plus de lucre.
Les tiges des herbes des prairies naturelles St artificielles font defti-
nées, avec leurs feuilles, à fervir de fourrage aux beftiaux, lorfqu’ils
ne les mangent pas fur le lieu. On les coupe chaque année plufieurs
; fois pour les faner, parce quelles ont la facilité de repoufler. Si on les
’ abandonnât à elles-mêmes, après avoir donné leurs fleurs. & leurs
graines, elles fefécheroient. Quand le cultivateur eft foigneux, il détruit,
dans fes prairies naturelles, les herbes dont les tiges font greffes
ou dures, foit en y répandant des fubftances qui leur font contraires,
fans altérer les autres, foit en procurant, par des folles, un écoulement
aux eaux qui les entretiennent ; il ne récolte plus alors que des
plantes à tiges fines & tendres, plus-agréables aux beftiaux. Les prairies
. artificielles, formées de plantes à racines vivaces, ont befoin que leurs
tiges foienrcoupées deux, trois ou quatre fois par année, excepté la
première; car une partie de ces racines meurt, fi on n’a pas cette
attention. Ordinairement les trèfles, les luzernes & les fainfoins, qui
: ont les prairies artificielles les plus communes, fe sèment ou fouis
ou mêlés avec 1 avoine & l’orge. Le fainfoin ne doit pas être
coupe la première année , parce que fes racines ne font pas aflèz
f fortes; le trèfle & la luzerne qui végètent mieux quand ils font en
bon .terrein, peuvent l'être dans l’automne feulement. A la fécondé
annee, on coupe les tiges de ces deux dernières plantes trois ou quatre
lois, afin de ne pas les laiflèr durcir, tandis qu’on ne coupe qu’une
, fois celles déjà première, parce que. les tiges repouflènt toujours en raifon
ae la force des racines; or celles du fainfoin font plus petites que celles
de la luzerne & du trèfle. 1
On eft tombe dans une erreur bien grande, lorfqu’on a cru qu’on
parviendrait a faire groffir certaines racines en coupant les fanes ou
les tiges encore vertes, pour les donner aux beftiaux. Cette idée s’eft
Ipp: tout répandue^ depuis que la culture des pommes de terre eft de-
^ t P r qi?L,générâ!f’ L ’expéfience m’a prouvé le contraire d’une
érablf n f? fib e ’ & lon en conçoit la1 ràifon ; c’eft que la nature a
1 ™ ; P: f ™e communication réciproque & néceflàire entre
Ï n ™ Ïtre ï g g j ^ P1“ “ ’ 611 ^ 4 g ^ ^nes dépen-
La connoiflance de l’état des tiges dans les différens végétaux qu’on
efnèc«Par"iCU lere-menj P?Ur leurs 8raines> doit encore influer fur les
g ü “ f lent de femer & fur la manière de les fomer, félon
les fmm 1 ufage auquel on deftine ces mêmes tiges sèches. Parmi
ens , par exemple, il y en a dont les tiges font fortes & comme
■Agriculture. 1 ome I. q