
Ariftote.
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n général,- dit M. l’Abbé Millot en parlant du livre de Xénophon;
»feroit faux & pernicieux, s’il excluoit toute nouvelle méthode ; car
« o n a beau vanter les anciens ufages, ne les a-t-on pas réformés uti-
n lement en plufieurs points : St combien n’y a-t-il pas encore à per-
n feétionncr ; On doit en convenir cependant; le travail fait plus que
M tout le relie. Infpirez-en l’amour par le bien-être qu’il doit produire,
» c ’eft le grand art pour rendre la terre féconde. »
Les interlocuteurs s accordent à dire que dans cette profeffion,
comme dans toutes les' autres, il faut faire chaque choie en fon tems,
& ne jamais rien faire à demi, li l’on veut que le travail profpère. Ils
parlent enfin des defrichemens, du commerce en terres & en grains
comme d une pratique mile en ufâge par leurs ayeux pour augmenter
leurs polïelfions. Telle ell en abrégé la matière qui compofe cet ouvrage
; toutes les parties de 1 économie doméllique y font traitées avec
ordre , juftefîc , & precilion. L’auteur y donne des préceptes fages St
lumineux, toujours accompagnés de comparaifons exactes & embellis
par des traits dhilloire qui plailent en inflruifant.
Xenophon etoit déjà avancé en âge^torfqu’Ariflotc naquit à Sta-
•gire, en Macedoine. Avec les heureulês difpofitièris qu’il avoit reçues
de la nature, St fon application confiante à l’étude, il fit des progrès
rapides & compofa une quantité confidérable d’ouvrages qui lui acquirent
une grande réputation. Toutes les fciences lui étoient propres ; il a
écrit fur la rhétorique, la poétique, la philofophie, la morale, l’hif-
toire naturelle, la politique, St fur l’économie rurale. Les auteurs qui
ont parle des ouvrages d agriculture font beaucoup de cas de celui de
ce philofophe : xefl ce motif qui nous engage à en faire l’anaîyfe. La
matière quil traite, ne fo rapporte qu’indireélement à notre fiijet ;
mais il nous refie d ailleurs fi peu d’ouvrages des Grecs en ce genre,
que nous devons recueillir precieufèment tout ce qui efl parvenu juf-
qu’à nous.
L ’é co n om ie d ’A r id o te ren fe rm e d eu x livres. Dans, le p rem ie r, il
traite de ce qui a rapport au foin du ménage, des fondions du mari
& de là femme, des devoirs d un pere de famille à l’égard de fes en-
fans & de les domediques : il efl divife en fept chapitres. •
Différence entre l'économie & la politique. Dans le-premier
chapitre, 1 auteur fait le paraleile de l’économie St de la politique.
L u n e , dit-il, regarde le gouvernement de la maifon; l’autre, le maniement
mes affaires publiques ; il démontre que la politique doit fon
origine à l’économie.
Devoirs d un pere de famille. Dans le deuxième , il divife en
tta s chefs principaux les devoirs d’un père de famille. Il doit s’occuper
du loin de fa maifon ; il doit avoir des égards' pourTa fêmmci& ne pas
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Négliger l’agriculture. Cet art e l l , félon l’ordre naturel, un objet qui
mérite une attention particulière, if en fait l’éloge.
- Moyenspour entretenir là concorde entre le mari <$■ la fem m e ,
Chapitre I I I . L ’union de l’homme S t de la femme étant néceflàire pour
la propagation du genre humain, il explique les moyens admirables que la
nature a établis pour entretenir l’harmonie de cette fociété. Elle a donné
à un foxe la force S t à l’autre là foibleffe, pour leur indiquer la différence
de leurs fondions. Celui qui a la force en partage doit s’occuper
des travaux pénibles & des ouvragés du dehors; celui,au contraire,
‘qui efl foible, doit fe livrer a des occupations plus douces, plus ailées,
-& ne penfer qu’à la confervation de ce qui fie trouve dans l’intérieur
de la maifon.
Devoirs d’un père de famille envers fe s domefliques. Dans le
quatrième, il donne dès leçons au père de famille à l’égard de fes
■-domediques; il doit examiner s’ils font propres à l’emploi auquel il les
dedine S t les éprouver, avant de les mettre en charge; s’il s’apperçoit
qu’ils foient parefleux, infolens ou adonnés au vin, il doit les renvoyer.
Ses devoirs envers, ceux qui font à fon fervice , confident à les faire
■travailler, a les nourrir S t a les corriger; la nourriture fans le travail
rend les domediques négligens , infidèles S t rebelles envers leurs
maîtres; & le travail impofé fans une nourriture convenable, ed une
Injudice dont les maîtres fe rendent coupables envers leurs domediques.
Dans le cinquième, il explique comment un père de famille doit
■fe conduire dans l’adminidration de fes affaires domediques. I l lui
-recommande principalement de préfider à tous les ouvrages. A ce fujet
il rappelle la réponfo d’un Perfan à qui l’on demanda un jour qui eft-ce
«qui contribuent le plus à engraiffer un cheval; il répondit que c’étoit
loeii du maître. *
■ Situation du domaine. Dans le dixième, il recherche quelle eft la
fituatron la plus avantageufe pour un domaine & pour l’emplacement
-de la maifon. Celle-la, dit-il, fera la mieux fituée, foit pour le fervice
■des champs, foit pour la famé de ceux qui doivent l’habiter, qui font
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•«1«rf f0 tr Cmpl°iC t, deuxifme üvre, à donner des vues géné-
■ fur. W i 11 ne dit qu’un mot des qualités néceflaifes à
« lu qm fohvre au gouvernement des affaires domediques. Qu’il foit
m e lgent, quil foit laborieux, qu’il connoiffe parfaitement la nature
cetvre.GeS tr°iS q ^ 1 * -
I l dillingue enfuite quatre formes d’adminiflration, là royale, la