
n’eft jamais fi fenfible & fi force que lorfqu’à des pluies fuccèdent de
la chaleur & un tems couvert , parce que comme il y a moins de
tranfpiration & d’évaporation, tout eft employé à l’accroiffement du
végétal. Voilà pourquoi il eft néceflaire d’arrofer plutôt le foir que le
matin, de femer certaines plantes à la veille d’un tems difpofé à la
pluie, d’abnter du foleil les plantes qui tranfpirent beaucoup. Le frais
de l’automne ralentit le mouvement de la sève ; le froid de l’hiver
1 arrête prefqù entièrement dans les plantes vivaces, où elle refte concentrée
julqu’à ce qu’au printems un air doux & de l’humidité la
développent pour procurer de nouvelles poulies. Il y a des plantes où
elle fe met plus aifément en action ; telles font les précoces, foit
annuelles, foit vivaces. Les annuelles précoces confomment toute
leur seve, qui fe perd quand elles ont donné leur graine; elles ont
une^ végétation rapide & courte. Les vivaces du même genre fe flé-
triflènt plutôt que celles qui font tardives.
On croit, en général, que l’afeenfion de la sève eft en raifon de
la tranfpiration des feuilles. Il eft certain que fi on prive un arbre de
fes feuilles, comme on fait au mûrier blanc, la sève y eft moins en
aétion en raifon de ce qu’il tranfpire moins; fi quelque caufe en bouche
les pores, il languit, ne groffit pas ou ne donne que des branches
petites & peu nombreufes. Mais la vigne, avant la naiflance de fes
feuilles, jette des pleurs en abondance & avec force par les incifions
de la taille ; alors fans doute elle ne tranfpire que très-peu. Ce n’eft
donc pas à cette foule caufo qu’il faut attribuer le jeu de la sève,
comme on n’attribue pas toujours l’accélération du pouls des animaux
ou de la circulation du fang, à l’excès de la tranfpiration. Dans les
animaux, fi la tranfpiration eft forte, le fang circule avec plus de
rapidité ; fi le fang, par quelque caufo interne , eft accéléré dans
fon mouvement, la tranfpiration augmente. Ne peut-on pas en dire
autant des végétaux? Les pleurs de la vigne ont lieu au printems,
parce qu’une caufo dépendante du terrein, de l’état de l’air, de l’humidité
ou de quelqu’autre circonftance, détermine l’afeenfion de la sève,
afoenfion qui eft peut-être augmentée par la tranfpiration de l’extrémité
de la taille, allez tendre pour faire la fonction de feuille. Dans les chaleurs,
lorfque la vigne eft garnie de feuilles qui tranfpirent, c’eft par
leur moyen que la sève y monte, ôc dans cette faifon, à en juger par
l’accroiflèment étonnant des branches , la sève doit être dans une
action plus forte que dans le tems des pleurs. Cependant M. Haies
ayant adapte a des branches un tuyau courbe rempli de mercure, le
mercure fut repouffé très-loin dans le tems des pleurs & pompé, au
contraire, quand les branches eurent des feuilles ou tranfpirèrcnt| ,çç
qui ferait croire que Yaccroiffement n’eft confidérable que quand la
: sève eft plus tempérée dans fon mouvement, & que. le premier développement
de ce fluide eft le plus actif.
Au refte, la ftatique des végétaux de M. Haies offre des expériences
ingénieufes faites pour mefurer la force de la sève. Elles font
trop étendues pour avoir place ici, ou je me contenterai d’en rapporter
de nouvelles, qui m’ont été communiquées par M. Halle, & auxquelles
j’en joindrai quelques-unes des miennes. Ces expériences ne font imprimées
nulle part.
M. Hallé choifit au mois de mars trois poiriers de la même gtoffeur,
de la même hauteur, également vigoureux & nouvellement plantés ;
ils avoient deux pouces de circonférence fur fix pieds de haut. Expofês
tous les trois, pendant que l’expérience a duré, aux rayons du foleil
levant, ils étoient garantis du midi par un bâtiment & par des arbres ;
mais le foleil les frappoit encore l’après-midi, quelques heures feulement.
Comme ils étoient dans la même ligne, l’un d’eux fe trouvoit
plus près du bâtiment, qui le garantiffoit du midi plus que les autres,
jjfsu Ces arbres étaient chargés de boutons à fruit, qui depuis ont formé
des bouquets confidérables, mais en plus grande quantité du côté du
levant, parce que c’eft de ce côté-là qu’ils étoient frappés du foleil le
plus longtems.
fr - s étant propofé de voir fi en gênant les boutons, il n’en
ralentirait pas le développement, choifit,
, 1 -° Sur l’arbre le plus éloigné du bâtiment, tm bouton de trois lignes
de diamètre, foutenu par une branche très-courte & placée dans la
partie de l’arbre tournée du côté du levant; fon extrémité étoit prête
a s ouvrir; il la recouvrit d’une couche de cire vierge d’une ligne
qépaifleur, jufqua l’endroit où le bouton fortoit de la°branche.
~ z.° Sur l’arbre, qui fuivoit le précédent dans la même ligne, un bouton
de deux lignes de diamètre du côté du levant, auffi foutenu par
«ne branche très-courte , & par conféquent vigoureufe ôc ayant encore
,1 extrémité pomtue ; ainfi il netoit pas avancé ; ce dernier fut
comme le premier , couvert d’unfc couche de cire d’une liene
u cp.ulJcur. ®
ÉÉ 3,' Sur rarbr? J e plus près du bâtiment, un bouton de trois lignes
P UMe u T Pf qUCleS aronftances, M. Halle le couvrit Hd’une coucühe de c diraen ps lluess émpaêimffees,
lË I W apres quü y eut mis l’enduit, fix lignes de dLnètte, ce
oqun ’a-ivv o'i ent les autre&s. UU quart dépaifleur de cire, au lieu d’une lüigne
Ml 1P |de H 1 Mm M bâtiment, quoiqu’il ne £ût
Pas le plus avance, mais le plus expofé des trois au midi, «commencé