
nature, pour la voir fe naturaliser & fe reproduire
enfuiie d’elle-même , fans qu’il foit befoin de
la femer de nouveau les années fuivantes. C’efl
de cette manière quelle s'eft naturalisée À la
Garre, aux environs de Patis.
13. L Amaranthe polygonée eft la plus petite
de toutes celles de ce genre ; elle pouffe de ia
racine une tige qui s’élève d’enviion fix pouces,
laquelle fe divife, dès la naiffance, en plulieurs
branches, qui font couchées fur terre, & ne fe
relèvent que par leur extrémité. Les branches
font garnies de petites feuilles oblongues d’un
verd pâle, & marquées dans le milieu d’une
tache blanche, affez apparente lorfque la plante
efl vigoureufe. Ses fleurs, qui font mâles &
femelles, viennent par petits pelotons dans les
aiffelles des feuilles , depuis le bas des tiges &
des rameaux jul'qu’à leur extrémité 3 elles font
d’un blanc luifant & comme argenté. Cette
Amaranthe eli une efpèce, bien diüincle , qui
mérite d’occuper une place de préférence s dans
les écoles de botanique.
14. L ’Amaranthe grimpante reffemble un
peu à la onzième efpèce-, fes tiges font longues
d’environ deux pieds ; elles font -flexibles &
grimpent aux arbrifleaux qui fe rencontrent
dans leur voifinage ; fes feuilles font ovales,
petites, & affez disantes -les unes des autres.
Ses fleurs font difpofées en épis grêles à l’extré- I
mité des rameaux, & leur couleur efl verdâtre.
On rencontre très-rarement cette efpèce dans les
jardins de botanique., foit qu’elle n y ait point
encore été apportée, foit que fa culture étant
difficile, on n’ait pu l’y conferver.
15. L ’Amaranthe bâtarde efl une plante
d’environ trois pieds de haut, qui s’élève droite ;
elle efl branchue dès le bas de la tige principale
& garnie de feuilles ovales, pointues, rapprochées
les unes des autres, d'une verdure blanchâtre, &
rudes au toucher. Ses.fleurs, qui .croiffent dans ■
les aiffelles des feuilles & à l’extrémité des :
branches, font petites,, vertes, & raffemblées en
forme d’épis, placés dans une direélion horizontale.
Elles produifent une grande quantité
de petites femences noires & luifantes ;* cette
plante a peu d’agrément, & on ne lui connoît
aucun ufage qui puiffe la faire rechercher dans
d’autres jardins que dans les écoles de botanique.
16. Amaranthe paniculée. C’efl une des
•grandes efpèces de ce genre. Sa tige principale
s’élève à la hauteur de quatre â cinq pieds , elle
donne naifiance à plulieurs branches, qui montent
prefque verticalement, & forment un faifceau
chargé de feuilles larges & pointues, d’un verd
lavé, nuancées .d’une légère teinte dè rouge,-
chacun de fes rameaux fe termine par des.éfpèces
de panicules compofés d’une multitude de petites
fleurs rouges difpofées en épis ferrés. Ces panicules
ont beaucoup d’éclat ; & cette qualité, jointe
à la beauté du port de la plante & à fon
élévation , doit lui faire' trouver place fur les
lilières des bofquets, ou dans les grands parterres,
fur la ligne du milieu, parmi les fleurs d’automne.
1 7 - ï- A m a r a n t h e fanguine efl remarquable
par la teinte rouge dont toutes fes parties font
colorées, & fur-tout par fes panicules de fleurs
dttn rouge très-vif. Elle s’élève d’environ trois
pieds. Ses tiges font droites, garnies de branches
raffemblées en un faifceau lâche qui fe termine
en pointe obtufe-, fes fleurs, qui naiffent à
1 extrémité, font raffemblées en gros panicules
pyramidaux, formés d’un grand nombre d’épis
difpofés en croix. Indépendamment de l’ufage
auquel on emploie-cette plante en Amérique,
pour la nourriture des hommes, elle peut fervir
à la décoration des jardins, comme la précédente.
18 . A m a r a n t h e recourbée. Cette, efpèce efl
plus fingulière qu’agréable; elle reffemble à l’A-
maranrhe bâtarde, mais èlle s’en diftingue par
fes tiges légèrement pliées en zig-2ag dans l'intervalle
d\ine feuille à l’autre. Ses rameaux inférieurs,
d abord recourbés en dehors, fe reàreffent enfuite
par leur extrémité. Ses feùilles font -grandes ,
ovales &' pointues. Ses fleurs font verdâtres,
difpofées en épis droits, qui terminent les rameaux,
ou qui viennent dans les- aiffelles des feuilles,
vers l’extrémité des branches. La couleur dominante
de routés les parties de cette plante
efl un yerd cendré peu agréable à la vue.
15). L’Amaranthe jaune fe diilingue aifé-
ment des autres efpèces de ce genre par la
couleur de fes fleurs, qui font d’un jaune pâle.
Ses-, tiges s’élèvent d a-peu-près quatre pieds
elles font rameufes vers le fommet, & veinées
de lignes rouges. Ses feuilles font ovales ,
pointues, de couleur verte & marquées dans le
milieu d’une tache purpurine affez apparente.
Ses fleurs, difpofées en épis, forment des panicules
.droits qui terminent les branches. C’efl
encore une des plantes qu’on cultive en Portugal
fous le nom de Brtdos , & dont on mange les
feuilles préparées comme les épinards.
20. L A m a r a n t h e fafciculée s’élève de quatre
à cinq pieds de haut ; fes tiges font fortes, garnies
de brancheslefquelles font couvertes de feuilles
ovales, pointues, d’un verd tirant fur le rouge; fes
rameaux fe terminent par de gros & longs
épis de fleurs qui font raffemblés en faifceau ,
& qui font d’un rouge fort apparent. On mange
au/îi dans l’Inde-& à la Chine les feuilles de
cetre efpèce. Elle efl culrivée en Europe, depuis
long-tems > dans nos jardins ; il fuffit de l’y
femer une -fois, & de l’y laiffer grainer, pour que
chaque année elle y croiffe fans culture.
2 1 . L ’A m a r a n t h e enfanglantée s’élève un
peu moins que la précédente avec laquelle elle
a plufieurs rapports ; mais elle s’en diflingue par
fes panicules de fleurs couleur de fang, & par
toutes ./es autres parties- qui font colorées en
rouge obfcur plus ou moins foncé. D’ailleurs
elle peut fervir aux mômes ufages & n’eft pas
plus délicate.
11. L ’A m a r a n t h e à fleurs en queuweft plus
éonnue des jardiniers fous le nom de difçi,pline
des religieufes. C’efl une plante fort fingulièrfe,
qui efl cultivée depuis long-tems dans nos jardins, :
où elle efl mife au rang des fleurs d’automne,
pour L’ornement des grands parterres, & pour
celui des libères des bofquets aérés. Cette plante
s'élève d’environ deux pieds & demi ; fes tiges
& fes feuilles font d’un verd jaunâtre ; elles
font très-rapprochées les unes des autres , &
forment des maffes affez épaiffes. Ses fleurs font
difpofées en gros épis cylindriques & rameux,
qui viennent à la fommité des tiges, ou dam les
aiffelles des fouilles, à la partie fupérieure des
rameaux. Ses épis font d’une couleur'purpurine
fort apparente , & pendent fouvent jufqu’à terre.
Les graines de cette plante font petites, luifantes
& couleur de chair, ce qui fournit un caractère
confiant pour les diftinguer de toutes les autres efpèces
de ce genre, qui ont la même forme, mais qui
font d’un noir très - luifant.
2 3 . A m a r a n t h e épineufe. C’eft la feule
efpèce de ce genre qui porte des épines.- Sa
hauteur n’eft rien moins que confiante ; parmi
plufieurs individus, les uns font plus, , les autres,
moins élevés. Sa couleur n’eft pas plus fixe,
elle varie depuis le verd pâle jufqu’au verd foncé, ~
tirant fur le rouge purpurin. Ses tiges font droites,
élevées d’environ deux pieds elles font garnies
de branches, difpofées prefque horizontalement,
& diminuent de longueur à mefure qu’elles ap- 1
prochent du fommet. Ses feuilles font petites, ;
ovales, & marquées de nervures blanches, affez
apparentes. Ses fleurs font verdâtres & difpofées
en épis ferrés , dans une direélion verticale à
l'extrémité des rameaux & dans les aiffelles des
feuilles'Supérieures. Le peu de mérite de cette
plante en Lait négliger la culture par-tout ailleurs
que dans les jardins de botanique. Elle croît
naturellement dans les ifles Antilles, dans d’autres
parties de la terre ferme de l’Amérique méridionale,
à Amboine. dans l’ifle de Ceylan, & dans quelques
autres parties de l’Inde.
Culture. ~9
De toutes les Amaranthes, la tricolor & la
tricolor fuiffe font les plus délicates. Comme
on en fait un objet de commerce affez confi-
dérable dans ce p a y s-c i, où elles fervent à
l’ornement des jardins, nous croyons qu’il ne
fera pas inutile d’expofer leur culture avec
quelque étendue.
Dès le commencement de mars, on bâtit une
couche en fumier chaud , mélangée de litière
& de fumier court ; on l’élève d’environ deux
pieds, & on a foin de la marcher à plufieurs
repnfes, pour la rendre égale & empêcher qu’elle
#£ s’affajffe enfuite dans un endroit plus <jue
dans un autre. Cette couche doit être placée à
l’expofition du midi, fur un terrein fec & défendu
le plus qu’il efl poflîble du vent du nord.
On la charge enfuite de terreau de couche
confommé, de l’épaiffeur d’environ fix pouces,
& on la couvre d un chaflis avec fes panneaux.
Lorfqu’on n’a point à craindre les courtilières &
autres infeéles & animaux qui-vivent fous terre,
on peut fenaer , & on sème quelquefois les
graines d’Amaranthes à nud fur la couche.
Dans ce cas, on fe fert, pour la couvrir, d’un
mélange compofé de terre de. potager, meuble
& légère, & de terreau de couche confommé;
lorfqu’on a bien uni ce mélange avec le rateau,
on sème les graines le plus également qu’il efl
poflîble , & on les recouvre d’environ trois
lignés de terre femblable à celle fur laquelle
elles font femées, mais plus fine, plus légère,
& fur-tout plus sèche , afin qu’elle puiffe fe
répandre plus aiféinent. & plus également fuf
toute la furface de la couche.
Mais lorfqu’on craint le ravage des infeéles &
animaux dèftruéleurs, on sème les graines des
Amaranthes tricolors dans des pots , ou mieux
encore dans des terrines percées de fentes au lieu
de trous; On remplit ces vafes d’une terre compofée
comme celle à oranger, mais rendue plus légère
& plus fubftancielle par l’addition d’un terrreau
de couche confommé qui doit y entrer dans la
proportion d’un tiers. Si l’on ajoutoit à ce mélange
un peu de terreau de bruyère, il n’en raudroit que
mieux; mais l’on peut.s en paffer pour la terre du
fonds, & le réferver pour le faire entrer dans la
compofuion de celle qui doit fervir à recouvrir les
graines. Lorfqu’on prend le parti de femer dans
; des vafes, on peut faire les femis immédiatement
après que la couche efl établie, en ayant foin de
placer feulement les vafes fur le terreau qui recouvre
la couche, & de ne les enterrer qu’au moment où
la chaleur de la couche efl modérée au point d’y
pouvoir laiffer la main pendant quelques minutes ;
fi l’on sème en pleine couche, il faut attendre également
que le fumier ait jeté fon premier feu , &
que la'chaletir foit tombée au même point.
.On fe fert affez indiftin&ement de chaflis ou de
cloches pour recouvrir les femis des tricolors;
cependant les cloches paroiffent avoir un avantage
fur les chaflis, en ce que les plantes, ayant plus
d’air & plus de chaleur, lèvent plus promptement,
& font moins fujettes à s’étioler; mais fa culture
fous cloches efl mimuieufe : au moindre rayon de
foleil, il faut donner de l’air aux jeunes plantes,
lever toutes les cloches les unes après les autres
pour les arrofer, & enfuite les recouvrir à propos.
Ajoutez à cela qu’il efl plus difficile de les pré-
ferver des froids, au lieu que toutes ces opérations
deviennent Amples & faciles avec les chaflis ù
crémaillères, que l’on peut aifémenr aérer & couvrir
de paillaffons.
Lçs femis des tricolors doivent être arrofés
JS- nq ij