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couverture n’étouffe les plantes & ne les écrafe;
on peut la laiffer pendant fepf à huit jours. Si
on veut avoir le fruit en automne, il faut planter
les oeilletons le plutôt qu'on peut, & les arrofer
amplement pendant tout l'été*, mais fi on ne le
veut que pour le prinrems fuivant-, il faut les
planter fort tard, & ne les mouiller que pour
les empêcher dé mourir. ‘
» J 'a i dit qu'il faut planter deux oeilletons
enfemble, mais c’eft uniquement pour être pins
fûr d'en avoir un qui reprenne , car il faut ôter
le plus fbible trois fcrn-aines bu un mois après,
fi tous les deux viennent à,fbien.
95 On De doit pas craindre qu'il s ’ périffent ,
quoiqu’on les voie languir long-rems; cela eft
attaché à la nature dé ’ dette plante, ; qui eft
lardive à reprendre-, mais qui répare.- bien vire
le tems perdu quand elle commence une fois à
pouffer.
9î Au mois- de^féptèîftbré enfin, cèux qu’on
a deftincs à porter leurs fruits, commencent à
montrer leurs'pommés -, & e’éft pouf lofs qu’ils
demandent des arrofemens fréquèns copieux;1
la règle eft une cruchée à chaque pied de deux
en deux jours. ; ■
95 Pour les avoir beaux, il rie faut laiffer qu’une
feule pomme à chaque mourant, & couper toutes
les fécondés qui pouffent autour de ,1^ tige; il
faut rogner l'extrémité de toutes les feuilles
d un tiers environ, la sève fe porte mieux dans
le fruit & le'fait grôftir. :
99 Comme ils ne marquent pas tous en même-
tems, ils fe fuccèdent ordinairement les uns
aux autres jufqù’aux geléés, & fouvenf il s'en
trouve dont la pomme ne fait que commencer
à fortir du coeur à l’arrivée' dés grands froids
qui ne leur permettent' pas- de fe perfectionner
en place; pour lors on-peut arracher les pieds
& les enterrer dans M fêrré ; ils achèvent de
former leur pomme, & Te-'Cdrifervent fort avant
dans l’hiver, pourvu qu'on ait l’attèmion de leur
donner de l'air autant que le'terris le peut permettre;
& en attendant que les' jeunes pommes
aient groflï, on-peut jouir de celles qui ont pris
leur groffeur en place , & qu’on a dû enlever
aux approches des gelées ; j’entends, fi on a eu
I attention de les couper avec leur tige toute
entière, & de les entérrer d’un demi-pied ,dànS
du fable frais, auquel cas,ils* fê eoriférvèrir deux
mois & plus, pourvu que la fèrre bu le cellier
où on les met ne foient pas poufriffans:
>5 Cette plante a le double avantage de fe
cultiver aifément dans fa naiffançe, & de don nef
promptement fon fruit; mais l ’hiver eft une laifon
redoutable pour elle, & on ne la’conferve qu’avec
de grandes précautions, fur-tout^dans lès terres
froides,
. ,3)b* première opération éft de lès fâbourer
à l^nn de novembre; & S’ils font en terré légère,
il fauf les buter, c’eft-à-diré > éjev-er lept k
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huit pouces de terre tout-au-tour; s’ils font en
terre forte, on doit bien s’en garder, car ce
feroit le moyen de les faire pourrir ; cette méthode
de lés labourer riëft pas pourtant univer-
feMe. Beaucoup de particuliers fe contentent de
donner un bon binage ' à la fin de feptembre,
pour détruire les mauvaifes herbes, & ne les
labourent point, prétendant que la gelée ne mord
pas fi avant dans la terre fellëé, & que l’eau des
pluies, qui leur eft fi pérnicieufe, ne fe porte pas
fi aifément autour du pied. J'adopte a fiez' ce
fentiment, d autant mieux que, l’ayant éprouvé
une fois, j’ai parfaitement bien confervé mon
plant.
99 J ai encore éprouvé une chofe , que 'je
confeiile a tous ceux qui fé trouvent en terre
forte & humide comme la mienne ., c eft de
dreffer lés planches des quarrés endos dëbahu,
qui n’aient que trois pieds, & de planter un
feul rang d’oeilletons dans le - milieu ; les eaux
s écoulent dans les deux fentiers qui font plu's-
bas d un pied , & les plants fe confervent beaucoup
mieux. -
9-9Mais dans quelque fituatiôn qu’on lés mettes
& foit qu’on les laboure ou non, le point effen-
tièl eft de les bien couvrir pendant les gelées,
& il ne faut pas attendre ; d’être furpris par le
tems. Dès le mois de novembre, on doit faire
porter les couvertures autour des carrés pour
pouvoir les employer diligemment quand le beloin
îe demande*
99 Les uns fe fervent de grande, litière, les
autres de feuilles,“ les autres de„rofeaux brifés;
chacun fait ufage de ce qu’il peut avoir, & le
plus fouvent c eft en pure perte ; la bonne couverture
pour les conlerver- fûrement, eft celle
qu emploient nos Maraichers ; ils prennent d’abord
le fumier court qui fort des couches, c eft-à-dire,
rés parties de< fuifner qui ne font pas confommées*
& après avoir coupé les feuilles dés Artichauts
à huit poïtees: dé 'terre,Mis çmmailiottent
le pied avec ce' petit fumier , , & le'prèffént contre ,*
lorfqu’Gtifuite léri'gràndes géléèrfurviètïnent, ils
le couvrent fôüt-à-fâit àvec;!dè la litière 'sèche,
qu’on nomme autrement dé; la paille brûlée, &
ils augmentent la chargé à'mefüfe' que lés gelées
deviennent plus fortes ; cete les défend fi bien
qu’i l rie leur arrive ‘p'refquë - jamais d’én. perdre;
majs comme.^bûb lè'riiôride n’a pas ces commodités,
il faut tirer parti dé ce qu’on,petit avoir;
é'r i l eft fort pbffirilè^à tout: particulier de “faire
arriver chez lui .au irioiT d’abût quelques voitures
de fumier long qu on accumule pour fécHery &
cé fumier pouvant fuifire, on a tout à fe reprocher
quand on a négligé' certe précautiôn, & que' les
Artichauts viennent à-périr. Tous les autres expé-,
diens brir leur1 inconvénient ;' la litière qu’on
fort fraidièment deTéÇurie s'échauffe quelquefois,
& la planté en fonffrë elle attire aüffi le mulot
qui, venant à femir l'Artichaut,'ïë coupe & iè
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ruine; elle attire de même les pigeons, les corneilles
& les pies qui le grattent & découvrent
Je coeur. Les feuilles ramaffées, quelles qu’elles
foient, ont le défaut de pourrir & de jetrer une
humidité dans le pied qui pourrit aufti ; d’ailleurs
le vent les emporcrien partie, & la gelée pénètre
à travers ce qui refte ; les rofeaux brifés ne font
pas un corps allez çompaél; tout cela les préferve
bien quelqueü is, mais, ne fuffir pas quand les
hivers.-font .trop longs & rudes ;< & -je reviens
à dire qu’il faut avoir unè provifion de litière
sèche, qui rieft pas même à l’abri de tous les
.inçonvénieus,, car les corneilles & les pigeons
viennent encore la fouiller, quoiqu’ils ne s?y
arrêtent pas. .Les grands vents la dérangent aufti ;
pour y. Obvier * je; jjnç. fuis avifë .d’y - mettre une
tuile par-deffusj qui a de, plus l’avantage d’empêcher
lés neiges & les eaux de pluie, de même
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fur le gros de la fouché; fi le pôûce rie fuffic
pas, on fc fert du couteau pour tes couper plus
près, afin qu’il ri’en repbriffe pas d’autres, &
on Coupe en même'-rems lë pie^ dè's. Vieux mon-
tans de i année ^fëeédënte -qui' (fe‘ trouve entre
deil-x terres ; on* néttoré!ènfiT3 la Touche le plus
exaèlement qu’on peut ; ’ fi le coeur a péri pendant
I hiver, comme cela arrivé très-fouvent, on fait
choix des meilleurs oeilléfdns polir le laiffer en
place; mais il faut* 6 Mer ver en même-tems qu’il
Ibit bien placé, .c'éft-à-dire, qu'il prenne fa
naiffançe du bas de la foriche, car lorfqu’iî fe
trouve fur le haut , -le-‘fruit ne vient pas ü
beau ; on forme“riiri petit baiiïn autour avec la
terre là - plus mëiibfe, on donne Une bonne
mouillure.
55 Après céfte: opération, on les voit profiter k
vue d’oeil, pourvu qu’on les arr'ofé amplement fi
la faifori le demande; enfin on commence à la,
mi-mai à voir paroxtre les pommes, & il serr
trouvé ordinairement de bonnes à couper vers
la fin du moisi '
>9.11 faut pratiquer dans cette faifon les mêmes
chofes que j’ai obfervées ci-deffus pour les Artichauts
que la gelée de pénétrer dans le coeur. Ceux qui
voudront m’imiter., s’en, trouveront bien ; au
défaut de tuile, il faut prendre du fumier à demi-
confqmmé, qui fe lève par galette, & en couvrir
la litière, ce qui produit le même effet. J e me
fuis un peu étendu fur cet article, parce que
rien n’eft plus important, que les couvertures
•d’au tournec’eft-à-dire, rogner les feuilles
pour la confervatiun de cette plante, qu’il eft défa-
gréable de perdre après l’avoir cultivé© toute l’année.
» C ’eft ordinairement aux environs de Noël
qu’on met la dernière charge, & il n’y a de
fureté à l’ôter tout-àrfait qu’au cominerjeement
d avril-, il fe trouve par-là que la plante demeure I 5? Comme il a; ri Ve fouvent encore des gelées
& rie laifief-qu’une pômm© à chaque montant:
mais fi on nc' s’emBàrraffe pas de la grofi'eur
& qu’on fôit bien aife d’avoir des rejetions pour
manger à la poivradé , on laiiTe ‘ agir la nature
en liberté. '
^ m^^^uffêeious la couverture qui j dans le moh de mai, il faut avoir attention y
lorfqu’on en - eft mëriacé, de couvrir les jeunes
pommes avec' un peu de litière sèche pour les
préfer ver, : car ellës font très-fufceptibles de la
gelée dans leur naiffançe.
59 Après que le fruit eft cueilli, il faut couper
les mon taris le plus bas qu’on peut, ou les
éclater avec le pied, ce qui vaut encore mieux.
99 ils repouffènt tout de fuite des oeilletons enr
grand nombre ,• & fi on a foin, quand ils font
rin peu forts,, de rien laiffer qu’un, cet oeilleton
fe nourrit abondamment, & , pouffé à l’eau
donne aâèz fouvent fon fruit dans l’automne
tout au moins il le donne plutôt au printeins
fuivant, & par la force qu’il a pris, il réfifte
mieux aux gelées.
* ’ J Lorfque vous voulez détruire un carré qui'
a fait' fon terris pour- tirer parti de fon refte>
il faut le deftirier à donneh des Cardes pour
l’hiver, & , en ce cas , ne laiffér fur; chaque pied
qriün oeilleton; on le là'ifiè profiler jufqu au mois
dè feptembre & d’oéîôbre, & après l’avoir lié-
on rempaille ; un mois.après la Carde éft blanche „
& on coupe le* pied ; ’mais, pour en jouir plus
long-tems, il ne faut les empailler qu’à proportion
de fon helôin ,• & ©n garder jufqu aux:
grandes • geléés-,c'‘^ü’ori ;emporté daris; la ferre,.
& qui y blanchifferit le pied en terre dans fe
fable avec de la faille sèche entre chaque rang*
l’a fait blanchir & .quelquefois pourrir. Pour
prévenir ce dernier inconvénient, il faut avoir
l’attention, pendant ces trois .mois, de découvrir
un peu le coeur du côté du midi, lorfque Je
tems eft doux,. & le recouvrir exactement dès
que le froid reprend.
» L e tems de leur réfurreélion étant enfin
arrivé, on commence par découvrir feulement
le coeur,* quelques jours après on dérange la
couverture, du côté du foleil, & huit jours après
on ôte tout, & on la tranfporte où on peut en
avoir befoin.
>9 Enfin bri laboure les carrés avec l’attention
de choifir la terre la plus meuble pour, mettre
autour des pieds * & on les déchauffe s’ils ont
été butés. Ils reverdiffent bientôt, & on les oeille-
tonne dèsque les oeilletons paroiffent affezr forts ,-
ce qui arrive plutôt ou plus tard , fuivant Tes
années; mais communément c’eft à la mi-avril
ou à la fin; .cette, opération eft très-importante,
& demande des attentions particulières qu’ont
peu de Jardiniers.
' >9 On commence d’abord par d échauffer le pied
avec la bêche, de manière que la fouche foit à décou-' :
vert,: & qriojn puifié .infirumenter autour en toute
liberté ; on. éclaté- enfiiire.avec le pouce tous-les
Jijletonls :qui>fe; trouvent autour du coeur qui
ou donner: le fruit y & on les éclate ntt jufqueÿ