
râbles que les ruches d’une feule pièce, a in H que
M.vî. Palrean, do la Bourdonnaye, de Boisjugan ,
du Carne do Blangis , & plufieurs autres l’a voient
penfé. Il leur donne de douze à treize pouces de
diamètre en dedans & par-tout la forme .cylindrique.
Chaque hauffe, excepté la plus inférieure, a
un fond de planches de chêne ou de fapin , bien
aflemblées & polies, de trois à quatre lignes d’épaifi-
feurj il eft percé de cinq trous, d’environ deux
pouces de diamètre, à des diflances égales, & de
vingt-quatre autres petits trous d’un demi-pouce.
Ce fond, ayant un diamètre plus grand que les
hauffes, fe pofe deffus & déborde de quelques
lignes. On l’attache à la paille avec du fil d’archal;
par ce moyen les abeilles ont une communication
facile d’une hauffe à l’autre. Cinq ou fix, quelquefois
fept de ces hauflês, forment la ruche entière,
qui eft furmontée d’un fond fans trous, fur lequel
on met une pierre ou une brique, & qu’on ceuvre
d’un chaperon de paille. On enduit extérieurement
les jointures des hauffes avec de la -bonze de
vaches fraîche.
Une ruche, conftruite de cette manière, permet
d’en examiner toutes les parties fans lui caufer de
dommages. AI. l’abbé Eloi recommande, comme
un foin indifpenfable, lorfqu’ona vifitéles hauffes,
de les replacer dans l’ordre & dans la difpofition
où elles étoienr auparavant. Pour cet effet, on
trace, à un des points, une marque qui fert de
renfeignement. Quand la faifon eft riche en miel,
on ajoute une ou plufieurs hauffes avec facilité ; au
moment c-ù-l’on retire les gâteaux, on n’enlève pas
les hauffes qui ont du couvain; on unit plus ou
moins de hauffes enfemble, pour recevoir des
effaims, félon qu’ils font forts ou foibles.
La ruche de AI. l’abbé Eloi me paroît une com-
binaifon bien faite & une application de tout ce
qu’il y a de parfait dans les autres. Il a fur-tout
perfectionné encore la ruche écoffaife, déjà perfectionnée
par M. de la Bourdonnaye. l a forme
qu’il donne à la table eft, à ce qu’il me feir.ble, de
fon invention, & ce n’eft pas la partie la moins
importante de l’ouvrage. Il ne s’agit plus que de
favoir fi l’économie s’y réunit aux autres avan-.
tages.
Je terminerai la defeription des différentes
fortes de ruches,. par celle dont M. de la Nux
a envoyé de l’ifle de France , le modèle à l’Académie
des Sciences. L’exrrait de fon mémoire eft
inféré dans le journal de Phyfique, année 1773,
page 138.
Les fauvages de Madagafcar mettent leurs
abeilles dans des troncs d’arbres creux, ou qu’ils
creufent eux-mêmes, & ils les placent horizontalement.
C’eft à leur exemple que M. de la Nux
propofe l’ufage des ruches cylindriques & horizontales
, & il croit qu’il faut les faire en paille,
tomme moins: coutçufes , plus fraîches & plus
commodes , en leur donnant dix à douze pouces
de diamètre dans oeuvre, fur vingt-deux pouces
de longueur. La façon de les fabriquer confifte
à former en fpirale des cordons, qu’onenvironnne
d’ofier. L’Auteur de la république des abeilles,
dont les ruches ne fe font pas d’une autre manière,
préféré à l’ofier l’écorce d’arbres. AI. de la Nux
confeille de fe fervir d’un plateau rond, de la
circonférence duquel s’élèvent à des diftances
égales , fix petits montans. On applique circu-
lairement à ces montans , un premier toron de
paille, qu’on prolonge toujours, en tournant juf-
qu’à ce que la ruche foit faite ; on coud les tours
les uns aux autres. C’eft ainfi que, dans beaucoup
d’endroits, on fabrique les paniers de paille ou
dofier, pour différens ufages.
Quand la ruche cylindrique fe déforme , on
la foutient par des baguettes qu’on y attache.
Elle a deux fonds, aulîi faits de paille roulée 8c
coufue , qui ont un diamètre un peu moins large
que celui du cylindre, afin qu’on puiffe les faire,
entrer & for tir à volonté- Quelques bâtons ou
broches de bois qu’on pofe dans le cylindre,
fuffifent pour contenir ces fonds ; celui qu’on
deftine pour, le devant, doit être en grillage,
pour le paffagè des abeilles.
Il eft facile dans cette méthode, félon M. de
la Nux, de faire entrer des abeilles d’une ruche
pleine, dans une ruche vide. On incline celle-ci
après y avoir mis un fond, qu’on ne lute pas;
on en approche la ruche pleine , ayant foin de
la fecouer ; les abeilles vont d’elles-mêmes dans
la nouvelle ruche , ou à l’aide de petites broches
pointues, on place un rayop de couvain derrière
le fond qui n’eft pas luté, & qu’on lute enfuire,
ainfi que le fond du devant. AI. de la Nux affure,
que, pendant cette opération, on peut facilement
prendre la mere-abeille & lui couper les ailes,
avant.de la mettre dans la nouvelle ruche.
Les fonds des ruches étant difppfés‘de manière
à pouvoir s’enlever commodément, on en. retire
les gâteaux , lorfqu’on le juge convenable/Si les
abeilles ont plus travaillé en devant que"7dans le
derrière, on retourne ,1a ruche après avoir changé
les fonds , en forte que la partie • extérieure
devient la poftérieure *, on donne en été de l’air
aux abeilles , en laiffant quelques ouvertures
autour des fonds. On ne laiffe point échapper
les effaims ; mais on tranfvafe les ruches quand
on les voit prêtes à en donner, & on les partage
félon leur force, en fourniflant à çjiacùne une
reine.
Les ruches de AI. de la Nux , font de toutes
les moins expofées au vent ; elles peuvent être
placées les unes fur les autres, & vifitées fans
qu’il foit néceffaire de les déranger ; les ruches
de plufieurs pièces , dont j’ai fait mention ,
offrent les autres avantages qu’on trouve dans
celles de M- de la Nu$.
refie,
Au refie, M. de la Nux nous apprend que les
abeilles ont été portées de Madagafcar & de lifle
de Bourbon, à lifte de France, où il n’y en avoit
pas. Elles font d’une efpèce plus petite, mais
plus longue que les nôtres. Jamais le froid ne les
engourdit à l’ifle de France; quoiqu’elles y trouvent
toujours des fleurs, elles ne recueillent rien
depuis la fin du mois d’avril jnfqu’en août & fep-
tenabre. Ces infeéles y ont moins d’a&ivité qu’en
Europe. ,
Achat des Ruches.
L’achat des ruches exige quelques connoiffances
pour n’être pas trompé. Si c’eft un jeune effaim
qu’on achète, dl faut qu’iLfoit nouvellement raf-
iemblé; car fes gâteaux, trop* peu nombreux,
feroient ébranlés dans le tranfport, & 1 effaim
troublé ;abandonneroit peut-être la ruche. A lé-
gard des autres ruches, on choifira celles qui contiennent
des abeilles de bonne efpèce, jeunes &
avives, qui ne donnent pas de ftéquens effaims ;
on les reconnoîtra aux figues que j’ai donnés, en
décrivant les abeilles. Pour saflurer fi la population
eft nombreufe, il fuffit de frapper le loir
contre la ruche avec le doigt plié; fi ce coup produit
un bruit fourd qui continue quelque tems,
c’eft une preuve qu’elle contient beaucoup d’abeilles.
La place que couvre une bonne ruche eft toujours
propre. Les gens qui en ont l’habitude jugent
de la Valeur d’une ruche en la foulevant. On ne
doit pas manquer d’examiner l’état des gâteaux,
non-feulement dans la partie d’en-bas, mais encore
dans le haut; car fouvent l’avidité des vendeurs emploie
des, moyens de tromper. Ils coupent jufquà
une certaine hauteur le bas des gâteaux, lorfqu’ils
font moifis. Les abeilles ayant bientôt réparé le
domage par de nouvelle cire, on croit que ces
infeéles font jeunes, tandis qu’ils ne le font pas;
pn croit aufii que les rayons font entièrement
ffains, quoiqu’ils ne le foient pas à la partie fupé-
rieure. Le tems de l’achat des ruches eft celui où
on peut les tranfporter, c’eft-à-dire, depuis la
Touffûnts jufqu’à la mi-mars. On doit préférer la
fin de l’hiver, parce qu’alors les abeilles ont fup-
porté les rigueurs de la mauvaife faifon. Je ne
répéterai pas ici les précautions à prendre pour
tranfporter les ruches, ni comment on doit les
placer à leur arrivée. L’un & l’autre eft indiqué
\ l’endroit où il s’agit de la manière de foigner
les abeilles.
A r t i c l e t r o i s i è m e .
Du miel & de la cire.
- Le but qu’on fe propofe en foignant & en multipliant
les abeilles, eft de s’approprier une partie
du miel & de la cire qu’elles récoltent. L’homme
ne peut fe procurer ces productions végétales que
par leur moyen. Dans le partage qu’il en fait avec
£lles, il faut qu’il foit jufte & attentif, s’il veut
le ménager une foürce qui, loin de tarir, s’ae-
Agrieukure. Tome 1, J.re Partie..
croîtra de plus en plus. Dans quel tems retire-t-on
des ruches les gâteaux, avec quelles précautions
comment fépare-t-on la cire & le miel, pour les
mettre en état de paffer dans le commerce? Voilà
ce qu’il me refte à expofer.
Le tems de rogner ,ou de tailler ou châtrer les
gâteaux des ruches, varie félon la chaleur des climats
& la floraifon des plantes, qui y croiffent
en. plus grande abondance. Dans les pays méridionaux,
où l’hiver eft plus doux & moins long, les
abeilles font plutôt réveillées après l’hiver, & plutôt
en état d’aller aux champs, que dans les pays
feptentrionaux, expofés à un froid rigoureux qui
retarde la végétation & le développement des plantes.
Dans ces derniers, d’ailleurs, il fuffit de tailler
les ruches deux fois par an; dans les autres, on
peur les tailler jufqu à trois fois. Cependant M. Bar-
thès affure que, dans le diocèfe de Narbonne &
dans le Rouliillon, on ne taille les ruches qu’une
fois ou deux àu plus chaque année; ce qui fer oit
croire que le miel n’eft pas aufii abondant que parfait
dans Ces cantons. Pour ne parler que des provinces
de la France, qui avoifinent la capitale,
c’eft ordinairement en mars 8c en juillet ou août
qu’on peut s’occuper d’enlever la cire & le miel,
fans caufer de préjudice aux abeilles. A la fin de
mars, fi le tems eft difpofé au beau, on a l’efpé-
rance quelles ne tarderont pas à fortir de leurs
ruches utilement, & quelles trouveront fur les
fleurs prinrannières, affez de miel pour leur fub-
fiftance; à la fin de juillet ou au commencement
d’août, tems où les fleurs des arbres & des plantes
des prairies naturelles ou artificielles font en partie
paffées, on doit s’attendre qu’il s’en épanouira
encore une quanrité fuffifante pour fournir aux
abeilles leurs provifions d’hiver. Avant le mois
de mars il feroit trop tôt; après le mois d’août &
même à la fin d’août, il feroit trop tard, dans quelques
endroits. La taille des ruches en mars rapporte
peu, parce qu’on n’enlève aux abeilles que
le furplus de leurs provifions d’hiver; fi on le
leur laiffoit, elles n’auroient pas d’ardeur pour le-
travail ; on rifque de leur faire du tort lorfqu’on
leur ôte tout, à caufe des tems défavorables qui
peuvent furvenir. La grande récolte eft celle que
fournit la taille faite en juillet ou en août, puif-
qu’elle eft le produit de la floraifon du plus grand
nombre des plantes.
A quelque époque que le local & les circonf-
tances permettent de tailler les ruches, on choifit
le marin, tems où les abeilles font plus traitables,
& où la cire & le miel s’échauffent le moins,. Il
eft néceffaire que ce foit un beau jour,, afin que
les abeilles difperfées pendant l’opération, n’en
foient pas incommodées. Les ruches de nouvelle
confiruétion, c’eft-à-dire, celles qui font formées
de plufieurs parties, ont fur les ruches de l’ancien
fyftême, l’avantage de faciliter les moyens de retirer
la cire & le miel. Il fuffit, dans ces dernières
, ou d’en,levei la hauffe fupérieure & d’en