
vigne croître d’un pied & trois pouces en vingt-fix
heures, & un montant de tubéreufe s’élever d’un
pied & trois lignes en douze heures. L ’accroiffe-
ment eft auffi plus ou moins prompt , félon le
genre & les efpèces de végétaux. Les arbres
croiffent moins fenfiblement que les herbes, &
parmi eux il y en a qui grôffiflent plutôt que les
autres, comme on s’en apperçoit aifément, fi
on plante dans une allée des ormes & des peupliers
de Hollande *, ceux - ci ne tardent' pas à
furpafl'er les ormes. Les arbres à bois durs font
plus lents dans leur végétation que les arbres à
feois tendre. Il en eft de même des plantes herbacées,
qui font plus ou moins hâtives, & s’élèvent
plus ou moins haut en plus ou moins dé tems,
le Ion leur conftitution particulière, indépendant .
ment de la nature du fol & de l’influence de
la faifon , qui y contribuent beaucoup. Voyc\
•AGES des végétaux. Des phyficiens ont obfervé
que l’homme eft plus grand le matin que le foir, .
parce que les cartilages des vertèbres n’étant pas
gênés pendant la nuit, tems ou l’homme eft dans la
pofitionhorizontale, les fluides peuvent s’y porter
& les diftendre, tandis que le loir les mêmes cartilages
font affaifl’és par le poids du corps qu’ils
ont fupporté. Par la même raifon un homme
couché eft plus grand que lorfqu’il eft debout.
Après le repas il y a aufli une différence \ mais
par une autre caule. Alors les fluides font chaflés
avec plus de force par le coeur, & doivent faire
une augmentation réelle. J e ferois porté à croire
que fi on mefuroir le matin & le foir un végétai
qui eéffât de croître, on le trouveroit plus
grand le matin que le foir. V oye\ les dictionnaires
de médecine, de botanique, & celui des arbres,
où le mot d’accroiffement fera plus développé.
A c c r o i s s em e n t du palais. Le tiflù du palais
d’un jeune cheval eft charnu, épais & quelquefois
de niveau avec les dents. Si, après la chute des dents i
de lait, il vient à déborder & à êtrefroiffé par les
fourrages durs, il eft douloureux & gêne l’animal
quand il veut manger. Cet inconvénient qu’il ne faut {
pas confondre avec la feve ou le lampas ne peut
avoir de grandes fuites. 11 fe diffippe à mefùre que
les nouvelles dents pouffent, & n’a pas ordinairement
befoin de traitement, félon un des auteurs
du dictionnaire de médecine. Si cependant il étoit
affez confidérable pour' empêcher l’animal de
manger , je penfe qu’il faudroit y remédier ,
en emportant une partie de cette excroiflance
avec précaution. Dans ce cas , je préférerois
l ’inftrument tranchant au cauftique. ( M. l’abbé
T é s s i e r ).
A C E N A du Mexique. Acana elongata. L.
Àrbufte décrit par M. Mûris dans fon traité des
plantes du Mexique *, il n’a point encore été
cultivé en Europe. ( M. T h o v i n ).
ACHANÜM , Achunus , maladie de boeufs.
Ÿ ° y t \ Ma l l e u s . ( M . l’abbé T essier. )
ACHAT S DE BLEDS.
Le mot d’achat en général eft la manière de
.fe procurer une denrée ou une marchandife,
foit a prix d’argent, foit par la voie des échanges*
Ce mot, pris dans toute fon étendue,, appartient
plutôt au diélionnaire de commercé qu’à, celui
d agriculture. Je le reftreindrai ici à la manière
de fe procurer des grains, & je puiferai prefque
tout l’article dans les manuferits defeû M. Arraulr,.
qui,, pendant quarante ans, a confacré une grande
partie de fon tems & de fes veilles à la fonélion importante
d adminiflrateur des hôpitaux de Paris»
Son zèle, fon aélivité j fon intelligence & fon
défintéreffement ont rendu fon nom précieux
dans ces afyles de la misère & de l’humanité
fouflrante. L’en n’en parle qu’avec attendrif-
fement. Toutes les recherches & les obfervations
quil a faites fur les approviflonnemens des hôpitaux,^
m’ont été confiées. J’en ferai ufage plus
d une fois, en en rendant toujours hommage à
la mémoire de cet homme modefte & vertueux ?
mort en 1 7 5 1 .
Depuis que l’art de la meunerie & de la
boulangerie fe font perfeélionnés, quelques per-
fonnes ont penfé que le commerce de.. farine
feroit plus avantageux & auroit moins d’incon-
véniens que celui du bled en nature. M. Parmentier
, qui s’eft occupé de cet objet avec
beaucoup de zèle, prétend ce que le commerce
35 de farine eft l’unique moyen d’empêcher que
33 les bleds de la plupart des provinces de France
3? ne perdent de leurs bonnes qualités par le
35 défaut de foins & d’intelligence. La mouture
33 économique, félon lui, fubftituée à toutes les
33 autres, fera évanouir les nuances légères qui
33diftinguent les bleds entre eux, en donnant la
33 certitude confiante des produits, tant en farine
33 qu’en fon , d’un poids & d’une mefure connus *
33 elle mettra les magiftrats à portég d’afleoir la
33taxe du pain, toujours en proportion du prix
33des grains, fans fouler ni le public, ni le fa-
33 bricant *, elle procurera cette égalité fi de-
3 3 firée entre le propriétaire & le confommateur,
33 en donnant à l’un le débouché du fuperflus
m de fes récoltes, & en aflurant à l’autre fa nour-
33 riture dans tous les tems. 33
33 Le commerce de farine fera un moyen heu-
3 3 reux & facile d’empêcher les fpéculations des
33 monopoleurs & des capiraliftes *, il ouvrira une
33 nouvelle branche à l’induftrie, en faifant valoir
33 nos manufactures, & en laiffant dans l’intérieur
33de chaque province, des farines bifes pour la
33 nourriture du pauvre , & dés ifl'ues pour en-
33 graiffer les beftiaiax. 11 permettra d’avoir tou-
33 jours en avance des provisions eonfidérables
33 de farines, pour mettre à l’abri des événe-
33 mens , qui peuvent réndre cette denrée très*
33 rare par les accidens qui fufpendent les mou-
>3tures, ou qui rendent le tranfport impraticable 3
a enfin il donnera la faculté de préparer, d’une
53extrémité à l ’autre du royaume, un pain plus
93blanc , plus fubftanciel, plus conflammentégal,
93 & à meilleur compte; Ainfi , les reffources
93naîtront des reffources, & nos provinces aug-
93 mentant leurs revenus, en enrichiffant les lia—
3»bitans-, les nourriront infiniment mieux, & à
moins de frais. 33 Mémoire fu r le commerce des
bleds & des farines , par M. Parmentier. .
II. n’eft pas douteux que la mouture économique
ne foit plus avantageuse que l’ancienne mouture,
-puifque celle-ci n’extrait pas des grains toute la
belle farine, dont une partie fe confond avec
le fon, & eft donnée à des beftiaux, qu’on peut
nourrir avec de la ,farine de moindre qualité,
unie avec le fon. Il eft donc à defirer que la mouture
économique s’établiffe dans tout le royaume*,
mais il ne me paroît pas auffi certain que le
commerce de farine, s#il devenoit général, fût
préférable au commerce de bled. La farine n’eft-
elle pas plus fufceptible de s’altérer que le bled?
N’eft-il pas à craindre que, par la facilité qu’on
aura de. mêler de9 grains de toute efpèce, fans
qu’on s’en apperçoive, on n’en faffe manger de
mauvaife qualité ?■ Il y a des farines qui, au
fertir du moulin , paroiffent bonnes, & qui fe
corrompent néanmoins quelque tems après. La
mouture eft même un moyen qu’on emploie pour
mafquer des bleds fufpeéts, quon deftine à être
employés promptement. En fuppofant qu’on adoptât
le commerce de farine plutôt que celui du bled,
il faudroit toujours que les fermiers vendiffent
du bled , & par conféquent l’expofaffent dans les
marchés. Les payfans qui récoltent un peu de
bled , font preffés, après la moiffon, de le faire
moudre pour avoir du pain -, ils ne feroient
pas en état d’acheter de la farine, ne pouvant
même payer la mouture qu’en grain. Si tous les
meuniers n’étoient que marchands de farine, ils
ne voudroient pas moudre pour la commune.
Comment remédier à ces inconvéniens, fi le
commerce de farine étoit le feul permis? J e ne
propol'e ceci que comme des doutes & des réflexions,
& non comme des objections. Laqueftion
me paroît ff délicate que je ne crois pas qu’on
pmffe la décider aifém'ent *, au refte , il faudroit
s’en être occupé plus que je ne Fai pu faire.
Quoi qu’il en foit, il fe fera toujours des ap-
provifionnemens de grains, foit pour remplir des
magafins ou greniers d’abondance dans les états
qui en entretiennent, foit pour nourrir les troupes
de terre , ou les perfonnes renfermées dans les hô^-
pitaux. Les obfervations de M. Arrault apprendront
la manière dont il convient, fur-tout
dans le dernier cas, de faire les achats de bled
le plus avantageufement, fans léfer perfonne.
bled eft la fubftance qui fert à former le
pain, & le pain eft dans une grande partie de
FEurope la principale nourriture de l’homme.
£*a connoiffance dç cette efpèce de marçhandife
eft néceffaire à ceux qui en font le commerce:
mais elle doit être bien plus étendue dans ceux
qui font des achats de bled , dont l’emploi eft
deftiné à un objet particulier , tel que le pain des
pauvres d'un hôpital.
Il fuffit, en général, à un marchand, qui
achète pour revendre , de bien connoître la marchandife
dont il fait commerce, pour l’acheter
belle & de bonne qualité : s’il eft trompé, il
s’expôfe à être ruiné 3 car en mettant en vente
de mauvaife marchandife , ou elle lui refte,
.o.u , en la vendant, il perd fon crédit & fa réputation.
Il n’eft pas rare de trouver des gens qui diftinguent
les qualités apparentes du bled, & qui
reconnoiffent un bled maigre , ou un bled bien
nourri, un bled gourd ou un bled,glacé : un bled-
dur ou un bled tendre-, un bled piqué, un bled qui
a du nez, qui a de la main ou qui n’en a point:
un bled ramé & poudreux, un bled qui a un
goût de bateau.
Le marchand , qui achète pour revendre, peut
fe contenter de ces connoiffauces générales ; mais
elles ne fuffifent pas1 à celui qui achète dans la
vue d’un emploi déterminé. Il faut qu’il en
connoiffe les qualités particulières dépendantes
des terroirs , afin de pouvoir en conféquence
mélanger convenablement les bleds dans la fabrication
du pain.
Tout le monde fait que chaque terroir produit
une différente qualité de bled, qui fe fabrique
plus ou moins bien, & fait du pain plus
ou moins blanc ; mais tout le monde ne fait pas
la manière de mélanger tous ces bleds pour en
rendre l'emploi utile dans la boulangerie.
La différence de la qualité du bled vient non-;
feulement de celle des terroirs ; elle dépend auffi
des années, qui, quelquefois, font défavorables
aux biens de la terre de tous les pays : il arrive
auffi' que le tems propre au terroir d’une province
eft nuifible à celui d’une autre. Les terroirs,
gras & humides prodnifent , dans les années
lèches, du bled de meilleure qualité , & les
terroirs fecs s’accommodent mieux des années
humides.
Combien de connoiflèurs en bled feroient
trompés par rapport à l’emploi dans la fabrica^
tion en pain, à la vue d’un bled gros, bien
nourri, de belle couleur *, ils feroient bien fut-
pris de voir qu’un bled moins^ gros, de moins
belle couleur, feroit vendu plus cher, & préféré
par celui qui achète dans la vue de l’emploi
: cette préférence feroit due à la nature du
terroir , qui donne la qualité au bled à la fé~
chereffe ou à l'humidité de l’a ir , vers le rems de
la moiffon & pendant la moiffon. Un fetier de
bled trop nourri d'eau contient moins de grains,
& donne moins de farine, qui, abforbanr moins
d’eau dans le pétriffage produit moins de pain.
Auffi, pour être, bien fur de la qualité di*
Z z ij