
deux ou davantage : il ne faut jamais prendre un pecher, qui, dans
le bas de la tige, n’a pas les yeux gros Se vigoureux ; la tige de ceux
qu’ôn veut planter doit avoir au moins un pouce de groffeur.
Les pêchers fur amandiers réuffiffent mieux dans les terres legeres
que dans les terres fortes : au lieu que, ceux qui font greffes fur le
prunier viennent mieux dans les terres qui ont une qualité inferieure.
Dans toutes fortes d’arbres nains, comme poiriers ou autres, la grofleut
ordinaire de la tige doit fe porter au moins à deux pouces : il n y. a
que les pommiers fur paradis qui n’ont guère plus 'd un pouce de
groflèur, Pour les arbres à tige, il eft bon qu’ils aient trois a quatre
pouces de tour par le bas & lix à fept pieds de haut. Apres avoir
frit ces obfervations, Liger paffe à la manière de planter ces arbres.
Livre cinquième. Enfin le dernier livre roule fur les divers plaifirs
qu’on prend a la campagne. L’auteur y explique tout ce qui regarde
la cuilîne & l’office ; il y traite de la chaffe &c de la peche ; il y donne
les moyens de tirer parti de toutes les denrées quon y recueille, de les
vendre à propos & d’en faciliter le débit en quelque lieu que ce puiffe
ctrg: & ce qu’il communique fur ce fujet, ainfi que fur tout le relie ,
n’cft pas une fuite de fpéculations vaines §c Itériles produites dans le
cabinet ; ce font autant de vérités établies fur la pratique & fur 1 expérience.
Commerce des bêtes d laine. Quand on veut foire le commerce
des moutons ou des brebis , il fout d’abord confidérer la fituation du
lieu où l’on le trouve, c’eft-à-dire, s’il eft fertile en bled, afin que ces
animaux trouvent de quoi glaner après la moilfon: cette efpèce de
nourriture engraiffe très-promptement le bétail. Cela fuppofe, on va
aux foires dès le mois de mai, où l’on achète autant de moutons qu on
peut en nourrir : il fout les bien choifir, les mettre dans une etable
léparée & les mener aux champs dès la pointe du jour, pour paître
l’herbe encore chargée de rôfée : pratique qu’on n’obferve pas a 1 egard
des bêtes à laine qu’on nourrit pour garder. Gette rofee, il eft vrai,
contribue à leür foire prendre de la graiffe ; mais il ne faut pas que
ces moutons pallent l’hiver après avoir été.ainfi nourris, leur foie fe
corromproit entièrement & ils mourroient de langueur.
On aura foin, autant quil fera poffible, de mener paître ce bétail
dans les champs nouvellement moiflonnés, de le faire boire, de lui
donner de tems en teins un peu de fel pour exciter l’appétit, de le tenir
à l’&mbre pendant le fort de la chaleur, de ne le point tourmenter &c
de l’enfermer dans l’étable ou dans le parc après le coucher du foleil.
I l fuffit de continuer ces foins pendant trois mois, pour bien engrainer
un troupeau de bêtes à laine.
Les moutons &c les brebis, qui proviennent des troupeaux qui font
nés dans la maifon, ne s’engraiflent pas comme ceux qu’on achète
dans les foires.
- On donne auffi les bêtes à laine à chetel; ce ne font ordinairement
que les brebis. Celui qui les prend eft obligé, à la fin de fon bail, d’en
rendre le même nombre qu’il a reçu & de rembourfer le profit qu’il a
feit tous les ans, tant fur les agneaux que fur les moutons ; les brebis & la
laine, fe partagent par moitié. Cette efpèce de commerce eft très-avantageux
au propriétaire, quand il eft bien conduit, qu’il a affaire à
des gens fidèles & que la mortalité ne fe jette point dans les troupeaux.
On vend les agneaux, lorfqu’on le juge à propos & qu’on fe trouve
à la portée des grandes villes. Il fout prendre garde de n’en point
trop ôter, crainte de dépeupler le troupeau, dont ces jeunes animaux
font l’efpéranee.
Les peaux de mouton, de brebis & d’agneau, font encore des-
marchandTfes qui ont un grand débit. Elles font fort utiles à bien des
chofes. Les Tanneurs, les Corroyeürs, les Mégiffiers, les Parche-
miniers, en font l’objet principal de leur commerce. On les emploie
auffi à certains ufoges dans l’intérieur de la maifon.
Nous pourrions encore faire l’analyfe de quelques autres ouvrages
de Liger fur l’agriculture: tels que la maifon ruftique, la culture parfaite
des jardins, le dictionnaire-pratique du bon ménager, les amufemeris
de la campagne : ces livres ne diffèrent entr’eux que par le titre ; les
préceptes-y font exactement les mêmes, ils font feulement préfentés
fous une forme différente.
On peut mettre au rang des meilleurs ouvrages que nous ayons chomel.
for l’économie rurale, le dictionnaire économique, compofé par
M. Chomel, curé de la paroiffe de Saint-Vincent de la ville de
Lyon. Nous ne prétendons pas cependant que cet ouvrage ait mérité
dans tous les tems une plate auffi diftinguée; ce n’eft que par les
changemens qu’on a faits dans les différentes éditions qu’on a données,
quil a acquis ce degré de perfection & cette fopériorité qu’il a aujour-
dhui fur un grand nombre de livres en ce genre, qui ont paru de
nos jours: ainfi, on peut confidérer ce dictionnaire dans deux états
différens; tel qu’il étoit en 1705», lorfqu’il fortit d’entre les mains de
fon auteur; & tel qu’il a para dans la fuite, après plufieurs éditions,
notamment après celle que M. de la Marre a donnée en 1767. Sous
ces deux rapports, cet ouvrage mérite les plus grands éloges: fi on
1 envifage dans l’état où il étoit lorfque M. Chomel en donna la première
édition, on y trouve un fi grand nombre de connoiffances &
qui ont fi peu de liàifon avec la fcience eccléfiaftique, qu’il paraît
d abord furprénant qu’un curé en foit - l’auteur. La médecine, la
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