
volontiers, qu’il étoit très-attaché à fon époufe, & qu’il fe plaifoit
cf ailleurs beaucoup à l’agriculture.
Avant d’entrer en matière , il invoque la proteétion des douze dieux
qui préfident aux travaux des champs ; & pour ne rien laiflèr à delirer
à fa femme fur ce fujet, il la prévient que fi, après fa mort, il lui
furvient quelque difficulté fur les principes de culture qu’il va lui
donner, elle pourra prendre des éclairciflemens dans les Auteurs grecs
qui ont écrit fur l’agriculture, & dont il fait une longue énumération,
I l trace enlüite le plan de fon ouvrage, qu’il divife en trois livres s
l’un, fur les opérations rurales; l’autre, fur les beftiaux; & le troifième,
fur les animaux qu’on élève à la campagne.
Afin de mettre plus de variété, d’agrément & d’intérêt dans
fon ftyle, il a donne à fon traité la forme du dialogue. Les interlocuteurs
du premier livre font Fundanius fon beau-père, Agrius,
chevalier romain, Agrafius le partifan, Licinius Stolon, & Tre-
mellius Scrofa. I l rend compte à fa femme des converfations qu’il
avoit eues avec ces grands hommes lut divers articles,relatifs à la culture
des terres.
Objet principal de Vagriculture. Leur premier entretien roule fiir
l’objet de l’agriculture : favoir, fi l’on ne doit comprendre fous ce mot
que les grains que l’on dépofe dans le foin de la terre; ou bien, fi l’on
doit y rapporter tous les animaux qui font une partie effentielle de
l’économie rurale, comme les brebis & le gros bétail. Stolon prétend
que l’engrais des beftiaux concerne les pâtres plutôt que les agriculteurs.
Agrafius dit que ces deux objets, quoique bien différens, ont cependant
une grande affinité., & qu’on peut les comparer aux deux flûtes dont
fe fort à-la-fois un muficien : lune forme le chant ; l’autre l’accompagnement.
Fundanius prend un parti intermédiaire ; il obferve qu’il y a
des beftiaux qui font le fléau & le poifon de la culture, comme les
chèvres & les brebis; d’autres, au contraire, qui font d’une utilité indif-
penfeble, tels font ceux qu’on attele à la charrue. Quant aux premiers ,
ils,ne doivent point foire partie de l’agriculture; ceux de la fécondé
clafle ne pourraient en être féparés.
I Définition de U agriculture. Dans ce même entretien on pria
Scrofa, comme le plus diftingué par l’âge, le rang & les connoiffonces,
de définir l’agriculture & d’expliquer les préceptes de cette fcience,
Voici le précis de fon difoours. L ’agriculture eft un art de première
néceffité & un des plus étendus. C ’eft la fcience qui nous apprend
ce que nous devons femer ; les travaux que nous avons à exécuter dans
telle efpèce de terre que ce foit, & qui nous foit difcerner le terrain
fertile d’avec celui qui ne l’eft pas.
Principes de l’agriculture. Les principes de l’agriculture font l’eau;
la terre, l’air & le feu. I l eft effentiel d’acquérir des connoifTances fur
ces différens objets, avant de confier les fomences à la terre; attendu
que ce font les principes des fruits qu’on doit recueillir. Cette étude
approfondie ferait encore d’un grand fecours aux agriculteurs pour
diriger leurs travaux vers les fins principales qu’ils doivent avoir toujours
en vue, l’utilité & l’agré,ment. Ce qui eft utile, l’emporte, à la vérité,
fur ce qui eft de pur agrément : cependant la culture, en rendant
une terre plus belle à la vue, contribue non-feulement à fa fertilité;
mais elle la rend encore plus aifée à vendre, en ajoutant à fon prix
réel. • r
parce que le produit en eft plus afluré. Dans un domaine où la folu-
brité manque, quelque fertile d’ailleurs que foit le fol, les accidens ne
laiffent point au cultivateur le tems de voir parvenir les fruits à leur
maturité. La fcience cependant peut remédier à ces inconvéniens, ou
les rendre plus fupportables : par exemple, fi un fonds fe trouve mal
fain, à caufe de la pierre ou de l’eau qui s’y trouve, ou à caufe des
mauvaifos odeurs qu’il exhale en certains endroits ; un propriétaire peut
venir à bout de corriger ces défauts, par l’art & les depenfes qu’il y a
a faire. Il eft donc important d’examiner les pays dans lcfquels font
fituées les métairies, leur étendue & leur expofition.
Parties de / agriculture. I l y a dans 1 agriculture, continue Scrofo,
quatre parties à confidérer, d’où dérivent toutes les autres, i .“ Le
terrein en lui-meme; z.° ce qui eft nécelfaire pour le cultiver; ;.° ]es
travaux que cette culture exige; 4.0 enfin, la connoiffance des tems
défîmes a chacun de ces travaux. La première partie, qui regarde le
fonds, renferme, d’un coté, les terres; de l’autre, les métairies & les
etables. La fécondé parue, qui concerne le mobilier, fe fous-divife en
deux branches, dont la première comprend les hommes qui doivènt
travailler a la culture; & la fécondé, les uftenfiles qui font néceffaires.
La troifieme partie, qui a pour objet les travaux qu’il fout foire dans
un fonds, renferme les préparatifs quelles exigent, & la connoiffance
des lieux ou on doit les faire. Enfin, la quatrième partie, qui concerne
fos tems, comprend ce qui a rapport au cours du foleil pendant l’année,
A a celui de la lune pendant le mois. ’
Confédérations fu r le terrein.. I l y a quatre chofes à examiner fur
Ï u S e de ftT ° n B E I 1 1 9 Cft I forme ou difpofition, ou
m m tCrr,f n,Pcut être confldéré ^u s deux efpèces de forme; l’une
quil tient de la nature, & par laquelle il eft d’une meilleure dualité
quun. autre; la fécondé, qu'il acquiert par la culture. ^