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y.° L eau & le bois font deux objets indifpenfables pour le fervicé
du ménage ; il inftruit le père de famille fur le moyen de fe les
procurer : ainfi que les autres chofcs qui font néceffaires pour vivre avec
agrément.
8.° Enfin il exhorte la ménagère à tenir fia maifon fournie de
tout ce qui entre dans la confommation journalière & à faire des pro-
vifions de toutes les denrées quelle doit employer dans le cours de
l’année. Il lui donne des recettes pour confire toutes fortes de fruits,'
de fleurs, de racines & d’écorces : il lui apprend à faire les diftillations,
& il lui indique des remèdes pour toutes fortes de maladies, même
pour le traitement des beftiaux : enfin ce bon père de famille ayant
beloin d’un amufement honnête, qui lui procure quelque délafle-;
ment, il parle de la chafle & des autres exercices convenables à un
homme.
Telle eft l’analyfe générale de cet ouvrage; nous allons maintenant
parcourir les articles qui nous ont paru les plus importans.
Lieu premier. Olivier de Serres inftruit d’abord le père de famille
de tout ce qu’il doit faire après avoir acquis un domaine. Ses préceptes
fe réduifent, i.° à bien connoître le terrein qui doit le nourrir, & à
le divifer félon fes différentes qualités. z.° A bien diftribuer fon
bâtiment pour y habiter commodément avec les liens. A bien conduire
fa famille, à fe comporter avec fageffe & prudence au dedans
& au dehors de fa maifon: & 4 ° enfin, à prendre une connoiflance
exaCte des faifons qui conviennent à chaque opération rurale.
Qualités du terrein. L ’auteur diftingue deux efpèces de terres, les
argilleufes & les fablonneufes, qui produifent par leur mélange la fertilité
ou la ftérilité, l’abondance ou la difette. Selon que le fable ou
1 argile fe trouve en plus grande quantité, la terre eft pefante ou légère,
dure ou molle, forte ou foible, humide ou sèche.
La couleur peut aufli indiquer la qualité du fol; mais ce ligne efl:
équivoque. La terre noire eft la plus eftimée, pourvu quelle ne loit
point marecageufè ni trop humide; la cendrée, la tanée, la roufle
viennent apres : la blanche, la jaune, la rouge tiennent le dernier
rang.
Outre les épreuves que Virgile, Palladius & les autres anciens indiquent
dans leurs ouvrages & que notre auteur rapporte dans le lien ,
il ajoute, que, puifque la terre de la fuperficie d’un champ eft regardée
unanimement comme la meilleure, il s’enfuit que plus elle lèra profonde
, plus le terrein lèra bon.
Situation la plus avantageufe. Une terre peut être fituée liir la
montagne, ou dans une plaine, ou lûr un coteau. Un domaine qui
eft fitue fur une montagne ne peut fournir que des pâturages pour les
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beftiaux, le bois nécelfaire pour le chauffage de la maifon & la charpente
des édifices : le bled ni les vignes n’y donneraient prefqu’aucun
produit. La plaine retient long-tems les eaux, ce qui rend le travail
pénible & extrêmement difficile. La pofition du coteau paroît la plus
favorable, elle tient le milieu entre les deux extrêmes : les froids n’y
font point rigoureux ni les chaleurs excelfives.
Les terres confidérées relativement à leurs productions, donnent
tantôt des herbages, tantôt du bled, tantôt des railins. Un bon ménager
doit régler fur cette obfervation le partage qu’il a à faire, & n’exiger
de chaque divifion que le genre de produit qui paroît le plus analogue
à la qualité du terrein.
Divifion du batiment. Toutes les dimenfions du bâtiment champêtre
font tracées dans le livre d’Olivier de Serres avec beaucoup d’intelligence
& de précifion : nous avons eu occaiion de parler de cet
objet dans l’analyfe de quelques autres ouvrages.
Devoirs du père de famille dans l’intérieur de fa maifon. Le
cultivateur ne pouvant fuffire à tous les travaux du dedans &t du
dehors, il choifira une femme fage ôc vertuéufe qui partagera avec lui
les foins du ménage. Les enfans qui naîtront de ce mariage, inftruits
de bonne heure dans la pratique de la vertu, feront refpeCtueux envers
leurs parens ; ils leur donneront de la joie & de la fatisfa&ion dans leurs
beaux jours & feront encore leur appui & leur confolation dans la
yieillelfe.
A l’égard des domeftiques, le père de famille les traitera avec
douceur & modération. S’il s’élève quelque démêlé entr’eux, il fera
leur pacificateur. Pour les encourager au travail, il donnera des éloges
à ceux^qui feront diligens & blâmera ceux qui ne s’acquitteront pas
exactement de leurs devoirs.
Lorfqu’il trouvera l’occafion d’obliger fes voifins & fes amis, il s’y
prêtera de bonne grâce ; il doit éviter foigneufement tout ce qui pourrait
troubler l’harmonie qui doit régner parmi eux ; les vifites fréquentes
qu’il leur rendra entretiendront la bonne intelligence : enfin, il fe
conduira toujours à leur égard avec un défintéreflement généreux.
Connoifjance des faifons. Afin qu’il ne manque au père de famille
aucune connoiflance importante, il doit apprendre quels font les tems
les plus convenables pour chaque opération rurale & l’influence des
aftres fur les productions de la terre.-Cette étude eft d’autant plus
nécelfaire, que, prévenant les changemens du tems, il difpofera fes
travaux de telle manière qu’il ne fera jamais furpris.ni par le vent ni
par la pluie. Il eft certain que le foleil, la lune & les aftres influent
fingulièrement fur les chofes terreftres ; c’eft une vérité généralement
reconnue & atteftée par plufieurs phénomènes ; elle eft indiquée par