
le flux & le reflux de la mer, par la moelle des os des boeufs, des moutons
&C des autres animaux ; ainlî que par la chair des poiflons à écaille qui
croiffent & décroiiïent avec la lune ; les fourmis ceflent de travailler,
quand la lune eft en conjonétion avec le foleil; plufieurs plantes,
comme l’héliotrope, la chicorée, le lupin, fuivent le cours du foleil
avec tant de régularité, qu’on peut en les voyant connoître les heures
du jour. D ’après ce principe, il eft certaines chofes qu’il faut faire
dans la nouvelle lune & d’autres qu’il convient de faire lorfque -cet
aftre eft fur fon décours. Il eft vrai cependant qu’on n’eft pas d’accord
for cette matière, à caufe de la diverfité des fentimens qui régnent
parmi les hommes: en France, par exemple, dit Olivier de Serres,
on fait certaines opérations dans la nouvelle lune, qu’on n’oferoit
entreprendre en Languedoc que lorfqu’elle eft fur fon déclin. La différence
du climat introduit des pratiques nouvelles ; mais il eft quelques
travaux fur lefquels on s’accorde unanimement: ainfî, on ordonne la
coupe du bois pour les bâtimens fur le décours de la lune : on prefcrit de
faire la mouture du bled, dont on doit garder les farines, & la taille
des vignes languiffantes, dans la nouvelle lune} celles au contraire qui
font fortes & vigoureufes, ne doivent être taillées que lorfque la lune
eft vieille, .. ■
A la fin de ce lieu , l’auteur recherche s’il eft plus avantageux de
faire valoir par foi-même fon domaine, que de le bailler à un fermier}
il indique les différentes manières-de l’affermer, & les conditions du
bail} il fait enfuite l’énumération des qualités que doit avoir un fermier.
I l doit être homme de bien, loyal & de bon compte; il n’aura pas
moins de vingt-cinq ans ni plus de foixante} il eft important qu’il foit
marié avec une femme fage Sc vertueufe : fes qualités morales confident
a être induftrieux, fobre, diligent, laborieux, n’aimant ni les procès ni la
bonne chère, ni le vin : pour le rendre plus attaché à fon. maître, il
eft expédient qu’il n’ait aucun fonds de terre en propriété} mais feulement
de l’argent en boutfe.
Se cond lieu. Le moyen le plus fur d’être abondamment pourvu de
toutes fortes de grains, c’eft de difpofer la terre à ce produit par une
culture bien entendue. Le métayer doit donc labourer, engraiffer,
enfemencer les champs, les farder, faire la moiffon & ferrer les bleds
dans les greniers,
I l f a u t éloigner ce qui nu it à la culture. La première attention
du métayer doit fe porter fur trois objets principaux, qui nuifent à la
culture des terres} fa voir, les arbres, les pierres & les eaux. Il eft facile
deloigner ces trois obftacles. On coupe les arbres qui font mal fitués
pu on les arrache} le bois fort pour la conftruction des édifices, ou
four le chauffage de la maifon; on peut cependant en laiffer
quelques-uns fur les lifières des champs ou fur le bord des che-
piins.
Il eft facile de débarraffer un champ des pierres en les tranfportant
dans des vallons ou des fondrières voifines. Il eft beaucoup de per-
fonnes qui ramaflent les pierres nuifibles dans quelques endroits d’un
champ} & là, ils les entaffent en monceaux, aimant mieux perdre
une partie du terrein, que fi toute la furface du champ en étoit
endommagée. Il vaut encore mieux faire une fofle profonde & les y
dépofer, que de perdre une partie quelconque de terrein, quelque
médiocre que foit fa qualité.
Pour deflècher les terres inondées, il faut creufer des foffes, qui
attireront toutes les eaux reftagnantes} mais fi le champ eft arrofé par
des fontaines ou des foürces d’eau croupiflante, les foffés qu’on ferait
for le bord des terres ne fuffiroient pas : alors il faudrait faire creufer
une grande foffe où viendraient aboutir plufieurs petits canaux dont
les ramifications s’étendraient jufqu’à la partie la plus éloignée du
marécage.
Opé ra tions qui d o iv en t précéder le labour. Toutes les terres étant,
fuivant le fentiment de l’auteur, mélangées de fable & d’argile, il
donne le moyen de corriger les vices qui réfultcnt de la mauvaife
qualité du fol : les terres argilleufes feront amendées en y mêlant
du fable} & les fablonneufes en y mêlant de l’argile. Par ce moyen
le terrein, qui étoit auparavant difficile à cultiver & prefque ftérile,
devient fufceptible de culture & acquiert un nouveau degré de fertilité.
Quand on a dans fon domaine des terres laiflées en jachère, des
landes & des lieux couverts d’atbuftes qui ne donnent aucun revenu,
il faut les employer à d’autres ufages. Si le lieu eft plat ou pendant,
on doit le rendre propre au labourage : pourvu qu’il ne foit pas trop
chargé de pierres & de rochers d’une groffeur démefurée ; dans
ce cas les arbriflèaux feront coupés, féchés & brûlés fur le lieu même
qui les a nourris. Cette préparation rendra la terre légère & propre à
produire du bled.
Les vieilles prairies ne font pas difficiles à défricher : Iorfqu’elles
font aquatiques, il faut les deffécher & les rompre; on doit préalablement
confidérer fi on a affez d’herbages pour nourrir fes troupeaux.
Ces efpèces de défrichemens fe font au foc, enfuite on brûle la motte
ou le gazon &C la terre ainfi renouvellée par le feu reçoit des forces
nouvelles. Après avoir étendu les cendres , on laboure la terre fore
legerement avec le foc ordinaire, afin d’amalgamer la terre crue avec
la cuite : le fécond labour doit être plus profond ; ainfi que le troifième.
La défriche étant finie dans le mois de juin, auffi-tôt qu’il furviendra
une bpnne pluie, on y femera du millet, des raves, des navets: an