
foyeufe, longue & touffue par tout le corps, fur-tout autour de la tete
& du col. Il faut auffi quelles en foient chargées fous le ventre. Leurs
jambes doivent être balles & leur queue longue > li elles font d Italie.
On doit fur-tout s’attacher à avoir du bétail de bonne race. Les meilleurs
béliers font ceux qui ont le front bien couvert de laine, les cornes
torfes & recourbées fur le mufeau, les yeux roux, les oreilles garnies de
laine, la poitrine, les épaules, ainfi que la croupe, larges, la queue
grade & longue. , ;
Si on veut que les brebis donnent tout le produit qu on eft en droit
d’en attendre, il faut pourvoir à ce quelles foient bien nourries pendant
le cours de Tannée, tant dans la maifon qu’au dehors. Leurs
étables doivent être placées dans un lieu fain, fans etre expofees
auvent. On les tournera du côté du levant, plutôt que vers le midi.
Le fol de là bergerie doit être uni & pentif, afin qu’il puifle être
balayé avec facilite tenu proprement, fans quoi 1 humidité gâterait
non-feulement la laine des brebis; mais encore la corne de leurs pieds,
& leur donnerait infailliblement la galle. I l faut faire des enceintes
féparées où Ton puifle mettre à part les brebis qui font prêtes à mettre
bas, ainfi que les malades. C ’eft une attention qu’exigent principalement
les troupeaux qui fejournent dans les ^ métairies. Dans les pays
où les brebis ne -changent point de contrée, elles ont divers panarabes,
fuivant la différence des faifons. Pendant Tété, on les
mene paître au point du jour, parce que l’herbe qui pour lors
eft couverte de rofée, l’emporte par fa laveur fur celle du midi
qui eft .plus sèche; enfuite on les mène boire au lever du foleil, pour
les refaire & renouveller par-là leur ardeur pour la pâture. Vers le
midi, en attendant que la chaleur foit tombée* on les tient à l’ombre
fous des rochers & fous des arbres épais, pour les faire paître enfuite
de nouveau, dès que l’air eft rafraîchi. I l faut que le bétail, en
paillant, tourne toujours le derrière au foleil à mefure qu’il avance,
parce que la tête de ces animaux eft très-délicate. Peu de tems après
que le loleil eft couché, on les mène’boire, & on les fait paître
de nouveau jufqu’à la nuit, attendu qu’alors la faveur de l’herbe fe
trouve renouvellée. Il eft bon de les mener dans les endroits où les
moiffons auront été faites, parce quelles fe raffafient des épis qui
font tombés a terre, Si parce qu’en broyant la paille avec leurs pieds elles
en amendent les terres par le fumier quelles y laiffenç, & les améliorent
pour Tannée fuivante. . ,. r I I
r Lorfqu’on voudra donner le belier aux brebis, il faut les leparer
deux mois auparavant, & leur donner une nourriture plus abondante.
Le meilleur tems pour l’accouplement des béliers & des brebis, c’eft
depuis
depuis le coucher de faréture jufqu’à celui de l’aigle (i). Là brebis
porte pendant cent cinquante jours. Quand toutes les brebis font
pleines, il faut les féparer une fécondé fois des béliers, qui les fatiguent
par leur importunité, quand elles font dans cet état. Lorfque les brebis
font prêtes à mettre bas, on les fait palier dans des étables particulières,
où Ton a foin de préparer du feu, auprès duquel on met les agneaux
à mefure qu’ils naiffent. On les retient deux du trois jours auprès dé
leurs mères, en attendant quelles foient rétablies. Enfuite, lorfqu’on
laiffé paître les mères avec le refte du troupeau, on garde les petits
à l’étable ; & quand celles-Ci font de retour le foir, on les fait tetter,
& on les fépare encore de leur mère, de peur quelles ne les foulent
aux pieds pendant la nuit. I l faut avoir foin de les faire tetter le
matin avant que les mères fortent pour aller paître, afin qu’ils le rem-
pliffent bien du lait. Quinze jours après leur naiffance, on; leur pré-
fente de la farine de vefee ou de l’herbe bien tendre ; & on continue
de les nourrir ainfi jufqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de quatre mois,
on les empêché alors de tetter leurs mères. Après qu’ils feront fevrés,
il faut les nourrir de bons pâturages, & les préferver de toute incomr
modité provenant du froid & de la chaleur. I l ne faut pas châtrer
les agneaux avant l’âge de cinq mois ; & Ton doit choifir pour faire
cette opération, un teins où la chaleur & le froid foient modérés.
Les brebis mangent avec une égale avidité les feuilles de figuier;
la paille ou le marc de raifin. On peut auffi leur donner du fon,
mais modérément. Le cytife & la luzerne leur font toujours très-bons ,
en telle quantité quelles en prennent, tant parce que cette nourriture
les engraiffe aifément, que parce qu’elle leur fait avoir du lait en abondance.
Ainfi Atricus finit fon entretien.
Chèvres. Cofïïnius parla enfuite des chèvres. Quand on veut, dit-il,
former un troupeau de ehèvres, il faut d’abord, dans le choix de ces
animaux, faire attention à leur âge, & ne prendre que celles qui font
déjà en état de produire des petits, en donnant même la préférence à
celles qui pourront en rapporter le plus long-tems; ainfi , les jeunes
font à préférer aux vieilles. Quant à la forme, il faut examiner fi elles
ont la taille aflurée, grande, le corps délié & le poil touffu. Si elles
ont deux mammelons fous le mufeau, c’eft une preuve de fécondité ;
& fi elles portent deux groffes mammelles, foyez certain quelles
donneront du lait en abondance. Les boucs doivent avoir le poil plus
doux que les chèvres, & blanc plutôt que de toute autre couleur, la
tete & le col courts, &. la luette longue. Le berger aura moins de
peine à conduire fon troupeau , s’il eft formé de chèvres qui foient déjà
(i) C dl-à-dire, depuis le 9 de mai jufqu’au l . ïr août.
Agriculture. Tome I , R