
52,4 A N À
& que fa fermentation fe feroit attendre Ion'g-
tems, on la mêle quelquefois avec un quart de
fciure de bois bien sèches, & on l’exhaufîc d’environ
un pied au-deffusoçs bords de la foffe.
Malgré cette précaution , fi la couche tardoit
trop à s’échauffer, on pourroit répandre fur toute
3a furfaee, deux ou trois féaux de fang de boeuf.
Ce moyen que nous n’avons point eu occafion
d’employer , eft pratiqué par un petit nombre
de jardiniers ; ils prétendent qu’il accélère la
fermentation, & la fait durer plus long-tems.
Si l’on veut économifer encore davantage fur
la dépenfe du tan, on peut établir fur le lit de
fagots, à la place de la litière fimple, une couche
de trente pouces d’cpaiffeur; & pour empêcher
qu’elle ne s’échauffe trop, quelle ne perde trop
promptement fa chaleur ou, qu’elle ne jette une
tFop grande humidité dans la ferre, on peut la
former de litière , de fumier moelleux, & de
feuilles de châtaignier ou de chêne bien sèches,
dans la proportion d’un quart pour la première
matière, d’une moirié pour la fécondé, & d’un
quart pour la troifième. Toutes ces fubftances
doivent être bien mêlées enfemble & étendues
lits par lits de dix pouces d’épaiffeur chacune,
qu’on doittaffer enfuire fortement avec les pieds;
après quoi on recouvre cette couche d’un lit de
tannée de quinze à dix - huit pouces de haut.
Lorfque cette couche aura jetté fon premier feu
Tîe fermentation, & qu’un thermomètre qu’on
aura introduit dans l'intérieur à huit ou dix pouces
de profondeur, ne marquera que quarante degrés
de chaleur ; on pourra y placer les pots des
Ananas, qui auront été plantés nouvellement fans
racines. Mais ceux qui auront toutes leurs racines,
ne- doivent y être placés que lorfque la chaleur
fera diminuée de cinq ou fix degrés au-défions
de ce terme. De ces deux manières de faire les
couches, la première eft fans doute la plus facile
& la plus propre à là confervation des plantes,
parce que quelque foin qu’on prenne pour établir
une couche d’après le fécond procédé, on ne peut
empêcher que fon humidité ne foit nuifible aux
plantes, fur-rout fi l’hiver eft humide, & fi Je
foleil ne paroît que rarement fur l’horizon. Cet
inconvénient eft d’autant moins inévitable, que
fi on emploie des matières trop sèches, il n’y
aura pas de fermentation & par conféquent point
de chaleur.
Pour faire les couches de printems , il y a
beaucoup moins d’inconvéniens à fe fenir du
fumier; c’eft ordinairement au commencement
du mois de mars qu’on les établit fous les haches
eu fous les chaftis , dans Iéfquels les Ananas
doivent être tranfportés à la forrie des ferres, &
ou ils doivent féjourner jufqu’au mois d’oclobre.
On met au fond des fofles, un lit de fix pouces
d’épaiffeur, de grande litière , après quoi on
bâtit fa couche par lits de quinze à dix-huit
pouces d’épaiffeur, avec du fumier lourd, mélangé
A N A
en parties égales, avec de la litière courte & de
vieux fumier d’ancienne couche ; on marche bien
ces différens lits pour les comprimer & faire en
forte que la couche baille également dans toutes
fes parties-, après quoi on la recouvre de douze
à quinze pouces de tannée neuve , mêlée avec
de vieux tan dans une égale proportion. On la
laifle enfuite pendant une quinzaine de jours,
jetter fa trop grande chaleur, & lorfqu’elle n’eft
plus qu’entre trente & trente-cinq degrés, on y
place les pots d’Ananas qu’on tire des ferres.
Les couches d’automne fe font àrpeu-près de la
même manière ; mais comme le froid augmente
infenfiblement dans cette faifon, tandis que la
couche perd d’autant plus de fa chaleur qu’ il y a
plus long-tems qu’elle eft faite, il convient de
diminuer la quantité de fumier qui entre dans fa
conftruélion, & d’augmenter la quantité de tan
d’une égale proportion.
Dans l’intervalle de ces faifons, fi la chaleur des
couches ëtoit trop diminuée, & qu’on eut befoin
de laviver pour exciter la végétation des plantes,
jufqua répoqueoù les couches doiventêtre refaites
à neuf, on. pourroit quelquefois y parvenir en
donnant un fimple labour à la tannée; mais on eft
sûr d’obtenir cet effet en mettant huit ou dix
pouces de tannée neuve fur l’ancienne, & en mélangeant
exactement le tout par un labour profond,
dans lequel on aura foin de bien brifer les
mottes de tannée.
Lorfque les couches des ferres ou des bâches
font faites uniquement avec de la rannée , il n’eft
pas néceffaire de vuider entièrement les fofles
chaque année, pour en tirer la vieille tannée; on
peut fe contenter delà mêler avec parrie égale de
tan neuf, ou avec deux tiers, fi l’on a befoin d’une
plus grande ehdeur, & fupprimer ce qui n’a
pu entrer dans le mélange. Il n’en eft pas de même
des couches de fumier ou d’autres- fubftances, il
faut les refaire à neuf toutes les années.
Quant à la manière de placer les pots d’Ananas
fur les couches, elle eft fort fimple. Il ne
s’agit que de mettre les pieds les plus forts fur
le derrière, & les plus petits fur le devant, en
efpèce d amphithéâtre, dont l’afpeét foit an midi,
en ayanrfoin de les écarter a fiez les uns des autres
pour qu’ils nefetouchent point, & que l’air puiffe
circuler autour, & enfuite de. les enterrer entièrement
jufqu’au bord. Mais Une ehofe à laquelle on
ne fait pas allez d’attention, & qui eft cependant
infiniment plus importante, eft de ne point mêler
enfemble des pieds de différens âges, comme on
ne le fait que trop communément; il faudroit réparer
les plan tes d’un an de celles du deuxième âge,
& celles-ci du troifième, parce, que leur culture,
& fur-tout le degré de chaleur qui leur convient,
eft bien différent, ainft que nous l’avons obfervé
précédemment. Avec cette précaution, on aurois
des plantes.plus vigoureufes,.& qui donneroien-S
de plus beaux, fruits»
A N A
VIII. Des abris propres h la culture des Ananas.
On emploie ordinairement les ferres chaudes,
les bâches & les chaftis, des paillaffons & des
toiles. Nous n’entreprendrons point de traiter ici
de ces objets, leur defeription fe trouvera à leurs
articles refpeélifs, auxquels nous renvoyons, ainft
qu’aux figures qui feront jointes aux volumes de
planches de cet ouvrage.
. Les ferres chaudes ne fervent guère aux Ananas
que pour paffer l’hiver; moins elles font grandes
& plus les chaftis font inclinés & rapprochés des
plantes, mieux celles-ci (econfervent; parce qu’on
eft plus le maître d’y régler la chaleur, que les
plantes y jôuiffent davantage de l’air & de la lu-,
mière non moins effenrieile à leur nature., &
qu elles éprouvent moins d’humidité. On les y
plaçoit anciennement fur des tablettes ; maison a
reconnu qu’il étoit *plus convenable de les planter
dans des couches de tannée. On rentre ordinairement
les Ananas dans les ferres chaudes à la mi-
oélobre, & on les en fort à la fin de mars. Pendant
ce tems, il eft à propos d’empêcher que le degré
de chaleur ne defeende pas au-defious du terme
convenable à la nature de ces plantes & à leurs
différens âges, ce qui fe fait au moyen du feu
qu’on entretient dans un fourneau pratiqué pour cet
ufage. Il n’eft pas moins néceffaire d’empêcher que
le degré de chaleur rie s’élève trop haut; pour cet
effet-, on ouvré à propos les vagiftas & les croifëes,
qui fervent en même tems au renouvellement de
l’air. Cette attention journalière , jointe à celle
des arroftmens, font à-peu-près toute la culture
des ferres pendant l’hiver.
Les haches font des chaftis dont les bords font
formés de quatre murs recouverts de vitraux. Leur
élévation fur le derrière , au-deffus du niveau du
fol, eft d’enviro%deux pieds & demi, & d’un
pied furie devant, du côté du midi. On leur donne
cinq pieds & demi''de largeur, & trois pieds de
profondeur au-deffus^ du niveau du fol. Pour la
longueur elle ne peut être moindre de huit pieds,
mais on peut l’augmenter tant .qu’on veut. Cependant
cinq toifes de long paroiffent une proportion
plus commode pour la culture, & il vaut mieux
multiplier les bâches pour y mettre féparément les
plantes des différens âges, & les y cultiver fuivant
leurs befoins, que de n’en avoir qu’une où toutes
fe trouvent confondues, & où il n'eft pas poflible
de donner le degré de chaleur qui convient à chacune
d’elles. On met les Ananas dans les bâches
au commencement du mois d’avril fur des couches
neuves qu’on a pratiquées pour les recevoir, &
on les,y laifle jufqu’à iami-oélobre. Dans cet intervalle
on eft obligé de ranimer la chaleur des couches
, foit en labourant la tannée qui les recouvre,
& eny en ajoutant de nouvelle , foit en remaniant
le fumier de couche dans laquelle, on en
entrer de nouveau. Ces opérations fe font à
répoque du rempotage des plantes.
* La culture des haches fe réduit, à ouvrir & A N A
fermer lés panneaux des chaftis, pour renon veller
l’air, & entretenir le degré de chaleur qui convient
aux plantes quelles renferment, à arroler &
baffmer ces mêmes plantes foutes lès fois qu’elles
en ont befoin, & à les ombrager par des toiles ou
des éannevas qui lcs'garamiflènt des trop grandes
ardeurs du foleil, fur-tout lors des rempotages,
& à les couvrir-de paillaffons lorfque la chaleur
de la couche diminue, & que les nuits deviennent
froides.
Les chaftis ne fervent guères que pour les couronnes
& les oeilletons d’ Ananas nouvellement
plantés; ils font plus propres à cet ufage que les
bâches, parce que les plantes étant plus rappro-
. chées des'vitraux, ont plus d’air, & qu’on peut
plus aifément les faire jouir de toute fon influence
en enlevant les panneaux toutes les fois qu’il
tombe des pluies douces, & pendant les nuits chaudes
de l’été. D’ailleurs leur culture eft la même que
celle des bâches.
Il y a encore une autre efpèce de ferrequ’on em-
ploie-dans quelques jardins, & dans laquelle on
cultive les Ananas toute l’année. C’eft une bâche
plus large que celle dont nous venons de;parler,
& dans laquelle on pratique un fourneau avec fes
conduits qui en font le tour. Pendant î’hivér on
y fait du feu, & par ce moyen elle tient lieu
d’une ferre chaude & d'une bâche. Mais dans les
hivers moux & neigeux , on a beaucoup de peine
' à garantir lés plantes qu’elle renferme de l’humidité
*, lorfqu’ils font rigoureux & froids j c’eft
un autre inconvénient ; comme on eft obligé de
couvrir continuellement les chaftis' & de les découvrir
, il eft impoftible qu’on ne cafte pas
toujours quelques carreaux, & alors le froid
pénétre dans la ferre, gele les plantes & les fait
fouvent mourir.
Enfin il y a des jardiniers en Hollande, qui
pour tout abri contre l’intempérie des faifons,
n’ont que des baehes dont les parois latérales font
conftruites en fortes planches efpacées à quinze ou
dix-huit pouces de diftance les unes des autres»
Ils rempliffent cet intervalle avec de la paille
hachée, ou des balles de bled bien sèches &-bierç
comprimées lits par lits, & ifs recouvrent-extérieurement
ces matières avec d’autres planches
exactement jointes au premières, pour empêcher
tout accès à l’eau, La couverture de ces bâches eft
faite en vkreaux inclinés à la manière ordinaire,
fur Iefquels s’adaptent des volets de bois qu’on
ouvre & qu’on ferme à volonté ; ils conftrtiifenc
enfuite avec du fumier & du tan, des couches
fur lefqu elles ils placent leurs- plantes , qui ne
font échauffées que par la feule chaleur des
couches , qu’ils font attentifs à renouveller à
l’approche des froids ; & au moyen des volets
des pailUffons-.& dé la litière dont ils les couvrent
ils les-, rendent inacceflibles aux gelées. Leurs
I plaqtes s’y conferverit bien lorfque les hivers ne
*
font pas; trop humides, S ils en obtiennent d affez