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dans l’ufage ordinaire, j’ai cru devoir* expofer 1
ici ce qui concerne la culture de cette plante.
On cultive l’anis à caufe de fa graine ou fe-
mence , qu’on appelle, dans le commerce, anis
verd , pour le diftinguer de l’anis à dragée > ou
anis de Verdun, ou anis à la reine , ou âriis couvert
, qui n’eft autre chofe que la graine de fenouil
, dont l’odeur approche de celle de Y anis
verd»
On croit que l’anis eft originaire de l’Egypte.
Le plus eftimé eft celui des Echelles du. levant,
de Candie, de Malte & d’Efpagne. Depuis un
demi-fiècle, il y aune culture d'anis dans quel- :
ques paroiffes de la vallée d'Anjou," fur-tout
dans celle de Reftigné, près Bourgueil ( 47 de- ;
grés 20 minutes de latitude), lituée à la rive
droite de la Loire. C’eft cette culture que je décrirai,
parce que j’ai eu occafion de la voir, &
d’en être inftruit par M. Béguin , Médecin à
Bourgueil.
Le terrein m’a paru fablonneux & gras. On le
rend meuble par différens labours, plutôt donnés
à la main, qu’à la chariue. Les gens du pays
prétendent qu’il n’eft pas néceffaire d’y mettre
des engrais. 11 eft certain qu’il en a moins befoin
qu’un autre, parce qu’il a beaucoup de fond •, ce
qui permet même de ne le point laiffer repofer.
Mais on peut.croire que l’anis profite des engrais
qu’on a répandus pour les cultures, qqi le précèdent
, ou qu’il viendroic en plus grande abondance
, fi fa végétation étoit aidée de fumiers.
Dans un pays j dont le fol feroit moins bon qu’à
Reftigné, il faudroit fans doute des engrais pour
y cultiver avantageiifement l’anis, en obfervant
de n’en employer qu’avec modération, pour ne
pas diminuer la qualité de la graine.
On ne fait fubir à la graine aucune préparation
avant de la femery on ne la trempe pas
même dans l’eau pour hâter fa germination, pratique
ufitée dans d’autres endroits. C’eft toujours
la graine nouvelle,& du pays, qui fert de fe-
mence. On en emploie une livre par boiffelée,
qui eft la douzième partie d’un arpent de ico
perches, à 25 piedssla perche. C’eft douze livres
par arpent de cette mefure. On la répand par
pincées & à la volée} on l’enterre à la pelle,
& on pafi’e déffus un rateau, afin qu’elle ne foit
pas trop couverte.
L ’anis fe fème depuis les premiers jufqu’aux
derniers jours de mars} quelquefois c’eft trop tôt
encore, quoique le pays, par fa pofition relative
& particulière , commence à être chaud } car il
furvient, dans ce mois y des petites gelées, qui
empêchent de lever cette graine, très-fufceptible
du froid. Il feroit mieux, à mon avis, d’attendre
le mois d’avril, afin d’être affuré d’un air constamment
doux, & afin que la terre fût déjà
échauffée«
J ’en ai femé en Beauce, à différentes faifons,
«xprès pour connoître celle qui convient. Celui
a -n m
que j’ai femé en 1784 , à la fin d’Avri!, n'a pas
levé, on il n’en a levé que quelques pieds. Le tenu
étoit froid, & le pays moins chaud qwe la Tour-
raine & l’Anjou. C’eft au mois de mai qu’ il me
paroît qu’on doit le femer dans le climat de Paris.
Semé en mars à Reftigné > l’anis pouffe plus
on moins promptement.» félon le tems} il fleurit
au mois de juillet, & parvient à la hauteur de
quinze à dix-huit pouces. \
Pendant fa végétation, il eft néceffaire de le
farclér plufieurs fois, afin de détruire les herbes
étrangères, qu’un fol fubftanciel produit en abondance*,
mais on doit éviter de le farder, quand
il eft en fleur. Les brouillards, auxquels fue-
cède un foleil ardent, lui font nuifibles. Us empêchent
la graine de grolflr, & en diminuent la
quantité, au point, que quelquefois on recueille
à peine ce qu’on a femé.
La graine d’anis doit être femée affez claire
pour que les pieds foientà fix pouces les uns des
autres. S’ils étoient plus preffés, on auroit l’attention
de les éclaircir. C’eft le moyen de favo-
rifer l’expanfion des ombelles, & de faire groflir
la graine pour lui donner du prix. A Reftigné ,
on mêle fouvent i’anis avec la coriandre & l’oignon.
Dans ce cas, on fème encore l’anis plus
clair. Les pieds ne doivent pas être plus près de
douze pouces les uns des autres. L ’anis réuflit très-,
bien en bordure.
Le tems où la graine nouvelle commence à
être dure, eft celui de la récolte. C’eft ordinairement
à la fin de juillet ou au commencement
d’août. Sa maturité n’eft pas parfaite*, mais elle
s’accomplit par la déification des plantes arrachées,
qu’on met en paquet, & qu’on laiffe quinze jours
au foleil. Il me femble qu’on devroit, chaque
année, laiffer fur pied des plantes d’anis, juf-
qu’à ce que la graine n’eut plus de perfection à
acquérir, & employer cette feule graine pour fe-
i mence. Cependant les habitant de Reftigné prennent
leur femence dans la graine, defiinée à paffer
- dans le commerce. C’eft de grand matin qu on
arrache les tiges d’anis, afin que la graine ne tombe
pas. Il y a des pays où on les coupe près de
terre} il pouffe, l’année d’après, des drageons,
qui donnent à leur tour de la graine*, mais elle
n’eft pas de belle qualité, parce que la plante s’eft
en partie épuifée la première année. On bat les
tiges d’anis avec le fléau *, on vanne la graine} on
la met fécher encore, & on l’enferme dans des
facs, qu’on fufpend, afin qu’elle ne contracte pas
la moindre humidité. La belle graine de la meilleure
qualité, eft blanche, groffe, odorante, douce
& légèrement piquante. Après la réparation delà
graine, on brûle les tiges.
Le champ qui a rapporté de l’anis eft labouré
auffi-tôt pour être enfemencé en grain d’une autre
nature} on a foin d’y répandre de l’engrais.
On affure à Reftigné qu’une boiffelée de terre
peut produire quarante livres de graines d’anis,
A N N
qui fe vend ordinairement 8f. la livre*, mais ce
produit peut bien n’être pas exaél, parce que
je le tiens des gens du pays , qui peut-être
n’ont pas voulu dire la vérité. Les frais de
culture par boiffelée fe montent à 81.} l’anis de
Reftigné eft enlevé par des marchands, pour
Orléans, Paris, Nantes & la Normandie.
La graine d’anis eft d’ufage en médecine} ç’eft
une des femencés chaudes majeures} on en tire5
par la difiillâtion, une huile effentielie, très-
pénétrante , capable d’écarter les infeéles. J e
crois qu’on pourroit s’-en fervir avec avantage
contre les charanfons } on fait avec l’anis des
liqueurs agréables.
J ’obferverai pour ceux qui voudroient tenter
la culture dè l’anis en grand, qu’elle ne réulfiroit
pas vraifemblablement dans beaucoup de pays}
du moins il eft douteux qu’elle réufsît, fur-tout
les premières années, en Normandie, eh Picardie,
en Flandre & même dans les environs de Paris,
excepté dans quelques Entons privilégiés, bien
garantis du nord,' où un terrein de fable reçoit
plus de chaleur} car, indépendamment de ce
que Reftigné eft à l’afpeél du midi, entièrement
abrité du nord par dès côteaux fablonneux qui
réfléchiffent le foleil, ce village de la vallée
d’Anjou eft un peu aufud de Paris, & parcon-
féquent fous un ciel plus chaud. On lait qu’à
Langeais, en Touraine, qui eft 'à - peu - près à
la même latitude que Reftigné, on élève des
melons en pleine terre, tandis qu’auprès de Paris
on ne les .peut élever que fur couche. Les aJberges, '
fruit qui a beaucoup plus de qualité dans les
années chaudes & sèches que dans les autres,
font meilléures en Touraine & au village de
Mont-Gamé, en.Poitou, que dans les environs
de Paris. Plufieurs fortes de graines, telles que
celle de chou - fleur, dégénèrent dans le nord
de la France, & ne dégénèrent pas en Touraine,
"parce que cès plantes, ainfi que l’anis, font originaires
des pays chauds , où elles réuffiffènt i
encore mieux qu’en Anjou*, néanmoins on peut
effayer de le cultiver. [M. l’Abbé T e s s i e r . )
Anis âcrë ou aigre. Cuminum cyminum L . Y .
Cumin, officinal. ( M , T h o u i n . )
Anis étoilé ou badiane. Illipium anifatum L. V.
Badian de la Chine. ( M. T h o u i n .)
A n i s de la Chine. Illicium anifatum L . Y .
Badian de la Chine. ( M . T h o u i n . )
Anis de Paris. On appelle ainfi la femence du
fenouil commun} c’eft Y anethumfoeniculum L. Var.
B. V. aneih. de Florence. (M « T h o u i n . )
Anis, (Pomme d’ ) variété du Pyrus commuais.
L. Voye[ au mot^ Poirier du Diét. des
Arbres & Arbuftes. ( M . T h o u i n . )
ANN ONE, agriculture, nom donné à Dra- ;
guignan, en Provence, à une efpèce de bled à !
^pis rougeâtres, [M , l ’Abbé T e s s i e r . ) j
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ANNONE, jardinage, genre de plante nome
tnée en latin annona. Voyei Çorrofîbl.
* ( M . T h o u i n . ) ,
ANNUEL, agriculture & jardinage. On appelle
plantes celles qui naiffent, creiffent & meurent
dans le courant, d’une année. Elles .forment la
troifième divifion des plantes confidérées relati-,
veinent à leur durée. Voyei plante.
Les botaniftes '& quelques agriculteurs ont
employé le figne qui défigne le foleil Ç) , dont la
révolution c-irconfcrit l’année , pour indiquer les
plantes, annuelles. Nous avons imité leur exemple
dans tout le cours de cet Ouvrage, cette manière
étant plus abrégée.
Par les mots de plantes annuelles, on entend,
non-feulement celles auxquelles il faut un an,
ou prefquun an , pour accomplir leur végétation^
mais encore celles qui l’accompliffent en fix, cinq,
quatre, trois ou même un mois. Par exemple, les
bleds d’automne, les bleds de mars, les laitues,
les^navets, les raves & c ,, quoiqu’ayanr une végétation
plus ou moins courte, font toutes dans
la claffe des plantes annuelles. Les mots bifan—
nuelles} trifannuelles & vivaces établiflent les différences
des plantes qui vivent deux, trois ans &
au-delà, Voyeç ces mots.
Il feroit plus exaél de divifer les annuelles en
annuelles proprement dites, qui comprendraient
toutes celles auxquelles il faut prefque un an
pour route leur végétation } & en annuelles,
improprement dites, qui feroient les fèmeftres ,
les rrimeftres, les bimeftres & les éphémères
printanières, eftivales & automnales, félon le
tems de leur vie 8l leur durée. Cette divifion
feroit plus conforme aux loix de la végétation.
[M M . l’Abbé T e s s i e r & T h o u i n . ) •
} ANGNES, (les) famille uniquement compofée
d arbres & d’arbriffeaux qui appartiennent prefque
tous aux pays chauds, ou tempérés, des trois
autres parties du monde, & qui ne fe trouvent
point en Europe. En général, ces végétaux font
inréreffans, les uns par leur port & la beauté
de leur feuillage perpétuel , les autres par la
forme, la couleur & l’odeur fuave de leurs fleurs«;
A tous ces avantages d’agrément fe réunifient
encore ceux d’utilité. Cette belle famille exotique
renferme des arbres dont quelques-uns portent
des fruits qui fervent de nourriture aux hommes.
Les plus grands fourniffent des bois de charpente
, & d’autres de marqueterie.
Voici les genres dont elle efl compofée.
* C a l i c e A t r o i s d i v i s i o n s .
L e Ma g n o l ia , . . . . . M a g n o l i a .
L e T u l ip ie r ................ L i r i o d e n d r v x *
L e C h am p é . . . . . . . .M i c h e l i a *
L e D r im is ».................D r i m y s .
L e Ba d ia n .................... I l l i c i u m .
Le ÇananGa .............Uy a r u l .