
efpèce d’Avoine fauvgge , le coquelicot, l'aiguille,
le bleuet, la Canve, le caucalis, &c.
De la Chenille d’Avoine,
Suivant un mémoire que j’ai entre les mains »fait
par M. desEffarts, ancien Lieutenant-Colonel d’infanterie
, le papillon , qui • produit la chenille des
Avoines, en très-petit 5il eft gris argenté ou d’un
bleu cendré ; le mâle porre fur fes ailes des taches
noires prefqn’impercepübles; on le voit depuis la fin
de Juillet jufqu ala mi-Septembre, voltiger dans les
champs. Il ne le nourrit que fur {es fleurs des
plantes qui y croiflent ; il dépote les oeufs principalement
fur le chaume des fromens que l’on
■vient de couper & fur les branches des plantes
qui bordent les champs ou les chemins» & qui
par leur dureté font à l’abri de la dent du mouton,
telles que la chicorée lamage, le chardon
étoilé, le chardon rolland , Tarrête-boeuf, &c.
Les oeufs y font attachés avec une forte glu; un
feul papillon en pond plus de trois cens. Ils ne
paroifl'ent à la vue que comme les taches noires que
font les mouches. On les difiingue bien à la loupe,
fur-tout au mois de Mai, teras où le teleil les
fait gonfler en fes échauffant. On les voit éclorre
>ers la fin de ce mois.
Ce qui eft reftéde chaume de blé dans les champs j
ayant été enterré affez légèrement, lorfqu’on a labouré
la terre pour y le mer les-Avoines, & la plupart
des brins ayant été tirés deh©rs& couches fur
le terrain par la herfe, les petites chenilles quifor-
tent des oeufs, fe trouvent à portée des Avoines. Le
grain commençant à fe hâuffer & à fe-nouer, ces
infeâes percent la mâîtreffe tige dans le pied &
s’y nourriffent des tees deftinés à fon accroiffemenr.
Plus la chenil le ^.ainfi logée ,groffit, plus la tige fe
fane-, elle jaunit enfuixe, tombe & périt. Ce qu’il
y a de fingulier, c’eft que ces tiges tf Avoine portant
ainfi dans le coeur , un ver rongeur, ne laiffent pas
que de prendre une certaine croifiance. Apparemment
que îinfeéle ne gênant point encore tous les
vaiffeaux capillaires de ces tiges, il y a encore
beaucoup de fucs qui peuvent monter , tant que la
chenille n’en dépenfe qu’une partie pour fa nourriture.
Dans un champ d’Avoine infefté de ces in-
feéres .-arrachez doucement quelques-unes de. ces
tiges fanées, tous y-trouverez une chenille pins ou
moins groffe. Ces chenilles paroi fient d’une couleur
verte, fort claire, quand elles font parvenues à
leur groffeur naturelle ; elles n'excèdent guères
alors fept-à.huk lignes de longueur. Quand la
tue, dont elles fe font nourries, eft tombée,
elles attaquent peu les feuilles. Elles s'enfoncent
en terre, après la mi-Juin, ou fe placent
fous l’herbe des tiges qui reftenf. Là , eues fe
mérhamorphofent en petites ehryfalides d’un brun
foncé, pour produire vers fin de Juillet le
papillon deftiné à fournir un« autre génération.
On conçoit qu’un champ •dépouillé ,de fes
tiges principales & réduit à des tiges fécond ai res,
d’autant plus .fbibles, que lepiedafouffert plus
d'altération, rapporte peu de chofe s'il fe forme
des drageons, À caufe des fucs deftinés- à .la
tige principalequi n'exifte plus, ils ne inûrif-
tem que quand le grain des tiges fécondait es
eft déjà tombé ou prêt à tomber.
J ’ai vu cette, chenille exercer des ravages con-
fidérables dans la Beauce & défoler les fermiers1,
je ne doute point qu’il n’y ait d’autres Provinces
, où on ait à s'en plaindre.
On demandera pourquoi elle attaque plutôt
des Avoines, que les,autres plantes. Je répondrai,
1.° que chaque plante étant expofée à être mangées
par un infecte particulier , cette chenille eft
l’infeéte de l'Avoine, dont les fucs lui conviennent,
2.® qu’à l’époque où le papillon qu’elle a produit,
fait fa ponte, il ne trouve que les chaumes
de froment où il puiffe placer fes oeufs ; les
terres en’jachères & deftinées au froment pour
l’Automne fuivaot font nues alors, j,.01“ Qu'en
fuppofant que,dans les environs, il trouvât des
plantes, pr-opres à recevoir fes oeufs, lorfqu’iis
éelofent, la tige du bled eft trop dure pour
que les chenilles la percent.
Les champs, qui rapportent de l’Avoine après
»Voir rapporté du feigle, font moins mangés
de chenilles que ceux qui viennent de produire
du froment. On fait qu’à l'époque ou les
papillons cherchent à dépofer leurs oeufs,. les
chaumes du feigle, naturellement foibles & battus
par les troupeaux, n’ontplusde.foutien, &fe trouvent
en partie détruits.
Il n’y a point de chenilles dans les champs
d’Avoine, qui fuccède à un défrichement de fain-
foin, de luzerne , de trefle..
Quand on brûle les chaumes de froment, ou
quand on les arrache , ou qu’on les coupe bas
& trés-exaélemenr, les Avoines ente ire font
exemptes de chenilles. Je n’ai pas de preuves
perfonnelles de l’effet du brûlis; mais j’ai effaÿé-
de faire arracher du chaume avec le plus grand
fuccès* Les vignerons d'Orléans achètent tout le
chaume fur pied, de quelques cantons fitués -à
quatre ou cinq lieues de la Ville*, ils viennent
l’arracher & l'emportent pour faire de la litière
à leurs vaches -, dans ces cantons on ne voit pas
de chenilles. Il étoit bon de s'affiner lequel eft
le plus avantageux pour la deftruèlion de la chenille
, de couper bas le chaume 011 de l’arracher,,.
Cette dernière manière eft plus difpéndieufe que
l’autre. Dans cetre intention j’ai fait arracher dans
l'Automne de 3787 , le chaume d’une partie d’une
pièce de terre , & j'ai fait couper le refte. Les
réfultats de cette comparaifon m'ont prouvé qu’il
valloit mieux l’arracher..
On remarque que, dans les terres ronges .& autres
tnédiocfeS, les Avoines font plus fujêtés i être
dévorées par les chenilles que dans les -bonnes
terres. C’eft que le chaume des bonnes terres,
toujours le meilleur & le plus abondant, étant
préféré, on le ramaffe avec plus d’empreftement,
plus de foin & plus de facilité, & par conféquent
on lai fie moins d'oeufs de papillons.
Toutes ces obfervations doivent néceffairement
conduire aux moyens de remédier à un fléau fi
deftruéleur. Ces moyens font dé deux fortes ; les uns
ont pour objet de s’oppofer aux effets dü mal
quand il eft dans fa force, & les autres de les
prévenir.
Pour tirer quelque parti des champs dévaftés
par les chenilles, beaucoup de fermiers, dès que
ces infeèles ont difparu, font brouter les Avoines
par leurs moutons; s’il fument des pluies
après certe opération, les pieds reproduifent de
nouvelles tiges, qui peuvent fournir quelquefois
une démi-récolté. Mais il faut être bien àffuré
qu’il n’y a plus ou qu'il refte très-peu de chenilles,
parce que le mouron, qui pince de près,
en avaleroit & en feroit incommodé. D’autres,
pour ne pas courir ce, rifque, font faucher leurs
Avoines; mais la faulx ne pouvant rafer d affez
près, ne touche pas à des tiges fecondaires, qui
abforbant une bonne partie des fucs, ne laiffent
guère de reflource à de nouvelles tiges.
Les moyens préfervatifs fe réduifent à trois;
à brûler, à arracher, ou à couper le chaume
du froment. Pour le brûler, on allume avec un
bouchon de paille enflammé le champ en plu-
fieurs endroits, fuivant fon étendue, du côté du
vent ; on attend que ce chaume foit bien
fec; on choilit un beau jour, où le vent ne ;
fouffle pas trop fort. Il eft bien important, pour ne
pas expofer les villages a un incendie , avant de
brûler le chaume, de détruire ou en labourant,
ou en arrachant, la portion qui en eft voifine.
L’incendie fe trouvant fans aliment & interrompu,
ne peut fe communiquer aux couvertures desmai-
fons. Mais doit-on confeiller ce moyen , quelque
efficace qu’il foit, aux fermiers de la Beauce & du
Gâtinois, quand on fait que s’ils l’employoienr, ils
priveroient la majeure partie des habiransdelafeule
reftource qu’ils aient pour fe chauffer, pour faire
cuire leurs alimens & couvrir leurs maifons? Je
lie le crois pas.
Il faut donc fe retrancher à faire arracher ou
couper le chaume. C eft une opération longue
& fatiguante que de l'arracher à la main. II. eft
moins incommode de le couper; mais je vou-
drois que le fermier & le pauvre fuffent également
raifonnables. Souvent le premier fait couper
fes bleds bas pour avoir plus de paille, de manière
que le chaume eft trop court. Il met par-
là le payfan dans l’impoflibilité d'en faire ufage,
& il refufe de le couper. Celui-ci de fon côté,
même quand le chaurne eft affez haut, va de placé
en place j fe contente de traîner un rateau à
dents de fer, & laiffe plus de chaume fur pied,
qu'il n’en ramaffe. Je voudrois que le fermier
ordonnât à fes moiffonneurs de couper le froment
très-bas , & même qu’il le fît faucher, dans
les terres médiocres &mauvaifesfeulement;& que,
dans les bonnes‘terres, on le coupât haut, afin qu’il
y eût beaucoup de chaume. C'eft dans celles-ci que
les pauvres en ramafferoienr.On leur fixeroit des
cantons proportionnés à leurs b éteins. Ou exiger oit •
qu’ils enlevaffent prefque jufqu'à la racine, & oh
ea brùleroit le refte. L’avantage de purger fes terres
de? chenilles, dédommageroiiJe fermier du facrifice
qu’il feroit en paille en coupant une partie de fes
bleds haut, puisqu'il récolteroit non-feulement plus
-degrains, mais de la paille d’avoine plus longue
& en plus grande quantité.
Il feroit utile auffi que les fermiers fiffent arracher,
brûler, ou couper en hiver par des cn-
fans les groffe s plantes qui croiffent le long des
chemins, & qui confervent des oeufs propres à
perpétuer la chenille dans les champs voifins.
Les moyens que je propofe font Amples &'
fuffiroient pour détruire entièrement la chenille,
ou pour en diminuer de beaucoup la multiplication.
Du Charbon , maladie de VAvoine,
Les végétaux, comme les animaux, font fujets
à dés maladies plus ou moins fâcheufes pour la
fortune des cultivateurs. Celle qui attaque plus
particulièrement l’Avoine, eft appelée charbon,
parce que les épis de cette plante, qui y font ex-
pofés, paroiffent noircis comme s’ils avoient été
brûlés. On la connoît fous divers noms, félon les
pays ; elle fait quelquefois un tort confidérable
aux récoltes. Le froment, l’orge, le maïs, le millet,
le partis & d’autres plantes éprouvent auffi
les effets de cette maladie. L'ayant étudiée très
en détail pendant plutieurs années, & ayant fait
tercet objet des expériences fuivies, j’ai cru devoir
en traiter dans un article particulier, Vvye\
le mot Charbon,
Des plantes qui nuifent à f Avoine;
11 y a un grand nombre de plantes, la plu-
• part annuelles, dont la multiplication dans les
: champs d’Àvoine, nuit beaucoup à l’abondance
de la récolte. Ces plantes varient félon que l’Avoine
eft cultivée dans un fol humide, ou dans
un terrain fec; dans le premier, c’eft l’ivraie,
loliurn temulcntum , L. lamillefeniHe , achillea
mille folium, L. la maroute, authemis cotula, L.
qui dominent , dans l’autre, on voit en grande
quantité.le coquelicot, papaver rheeas , L. le peigne
de Venus, Jcandix peâcn L. le bleuet, Ccn?
A aaaa ij