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riaux, ou ëh les y faifant parquer : par-là -la terre s’engraifle de leur
fumier, de leur urine & des émanations qui Portent de leur corps.
Après avoir réfuté quelques principes fur l’ufage du fumier, qu’on
trouve dans le traité de la culture des terres par M. Duhamel de
Monceau, Wallerius détermine dans quel tems il eft le plus à propos
de fumer les terres. Il conclut que c’eft l’automne, pourvu toutefois
qu’on prenne les précautions fuivantes. i.° Il faut faifir le tems où
le terrein eft fec. z.° Il faut étendre & diviferfur le terrein,le fumier
qu’on y a répandu : On doit l’enterrer bientôt après, & le mêler
avec la terre à l’aide de la charrue ; & cela allez profondément, afin
que les parties aqûeufes & huileufes ne puiflfent point aifément fe
dilliper. Une trop grande quantité de fumier peut nuire fur un terrein
chaud & fur une terre forte. Dans le premier cas, il brûle les végétaux
; dans le fécond, il fait croître les plantes en abondance, fans
quelles parviennent à maturité, d’où l’on voit qu’il faut que l’engrais
foit proportionné à la nature du terrein quë l’on veut fumer.
Pour parvenir à cette fin, il faut obferver les règles fuivantes :
fi.° plus le terrein fera froid & humide, plus il aura befoin de graille :
car il faut que fa froideur foit corrigée par la chaleur que lui donne
le fumier: i.° mi terrein un peu fec demande moins de fumier; de
peur qu’une trop grande quantité de chaleur ne brûle les plantes.
3 ° U n terrein glaifeux & les autres terres d’une nature froide, demandent
un fumier qui ne foit point pourri : tels que les excrémens
humains, la fiente des oifeaux, des brebis, des chèvres, des cochons,
&c. 4.0 Le terreau qui eft un peu plus fec demande une petite quantité
de fumier. 5.0 Un terrein fablonneux, qui eft d’une nature plus chaude*
exige un fumier pourri, ou du moins une petite quantité de celui qui
n’eft point entièrement pourri.
Les excrémens humains fo n t, de tous les engrais le plus chaud ;
la fiente de boeuf eft regardée comme la plus froide ; celle des 'oifeaux
a plus de chaleur que celles des brebis j & celle-ci eft plus chaude
que le fumier de cheval.
La graille de la terre eft communément épuifée en fix ans, il faut
fumer de nouveau tous les fept ans. On eft obligé de fumer plus fou-
vent les terres fablonneufes, ou celles qu’on fume avec des fubftances
.végétales.
C hap. X V I . Mélange des terres. La terre doit être poreufe &
divifee , afin que les racines puillent s’étendre , que l’air puifle les frapper
, & que la fubftance nutritive puifle les environner de toutes parts 5
mais il ne faut pas quelle Ibittrop divifée, parce que, dans ce cas, elle
feroit trop expofée aux mauvais effets de l’air: ainlî, il. faut obferver
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des proportions dans le mélange des terres : a une terre compacte,
glaifeufe, froide, aigre & humide, il faudra joindre du fable, du terreau,
•delà marne, des cendres, de la pouflîère de charbon, jufqu’à ce
que le mélange délayé, pétri, féché & échauffé, prenne un degré
de confiftance, tel qu’il n’y ait que quelques parties qui foient
liées en 'petites mafles : à une terre trop légère, trop divifée & trop-
sèche, on joindra, foit de la glaife,foit même de la marne, qui fervent
à donner de la liaifon à un terrein trop fablonneux: à une terre humide
, on mêlera du fable pour la rendre plus seche 8c plus friable j
& à un terrein trop fec, on mettra de la glaife & de la marne, qui
©nt la propriété d’attirer 6e de retenir 1 humidité. Là terre vierge, qui n a
point été expofee encore aux rayons du foleil, ni a 1 impreflion de 1 air,
qui n’a point produit de végétaux, ôe qui etoit au - deflous^ de la
terre labourée : cette terre , dis-je , peut être utilement amenée à la
furface, lorfqu’elle eft d’une qualité convenable & quelle ne contient
point d’acide minéral, mais de la graille defcendue de la couche fu-
périeurc.
C hap. X V II. D u labourage, des femailles & de la culture
du terrein. La néceflité du labourage eft fondée fur quatre raifons
principales, 1.“ afin que chaque molécule de terre foit expofee aux
impreflîons fettilifantes de l’air : z ° afin que 1 acide nuifible foit expulfe :
-3." afin de détruire les mauvaifes herbes ; 4.0 afin que le terrein devienne
léger & divifé. Un terrein poreux & ameubli n’exige pas autant
de labours qu’un terrein compacte. Les différentes méthodes du
labourage fe réduifent aux règles fuivantes: i.° Plus le terrein eft aigre
& rempli de mauvaifes herbes, plus il faut le retourner. z.° Dans tout
labour, il faut faire en forte qu’il ne refte point, entre les filions, de
terre non divifée : car fans cela on n’obtiendroit point la fin qu’on fo
propofe en labourant. 3.° Il faut labourer de manière que la terre coupée
& relevée par le foc, foit prife moitié dans l’ancien fillon, & moitié dans
la partie qui eft à labourer: de cette manière, le terrein fera bien divifé,
les racines feront arrachées & la furface du champ fera unie. 4.° Dans
le fécond labour, il faut que les filions foient tranchés tranfverfale-
nient par la charme, afin que les mottes, qui n’auront point été divifées
la première fois, puiflènt l’être la fécondé. 5° Dans le troifième labour,
il faut que la charrue traverfe les premiers & les féconds filions.
6 .° Dans les champs humides, il faut commencer à labourer au milieu
du champ, afin que la terre relève le champ dans le milieu St le rende
plus fec. 7.0 Pour que le terrein .foit divifé convenablement, il faut
qu’il foit labouré ou fillonné d’abord en ligne droite ; enfuite de biais
& enfin tranfverfalement.
Il ne faut labourer la terre quand elle eft trop mouillée ni quand