
lèvent, & quand ils font un peu forts l on
choifit les plus vigoureux pour demeurer en
place, & on arrache les autres. Quelques Jardiniers
en lai fient deux, mais ce font gens malentendus
, car ils fe nuifent Fun à l'autre, &
ne font jamais de beaux pieds. Il efi i» propos
cependant d’en réferver toujours quelques pieds
jufqu’à un certain tems, pour remplacer ceux
qui viennent à périr *, car la fourmi rouge & le
ver d'hanneton, dans certaines années, en dé-
rruifent beaucoup ; la mouche leur fait auflî
quelquefois la guerre. Le feul remède contre ce
dernier infeéle, c’eft de les arrofer fouvent à la
fin du jour.
>3 II faut les ferfouir au befoin & les arrofer
amplement, pendant tout l'été, de la manière
que je l’ai dit. On commence enfin au mois
d’oélobre d’en lier quelques-uns des plus forts,
qu'on empaille tout de fuite pour les faire blanchir,
& on continue de huit jours en huit jours,
fuivant fon befoin , jufqu’aux approches des
gelées; pour lors il les faut tous lier fans les
empailler. On les butte un peu en même-tems,
pour que les vents ne les renverfent pas, & on
les laiffe fur pied tant qu'on peut, en les entourant
groflièrenaent de litière pendant les premières
gelées; mais lorfqu’enfm on ne peut plus reculer
à les mettre en fûreré, il faut les arracher en
motte. Ceux qui n'ont pas des ferres commodes,
fouillent , dans le terrein le plus fec qu’ils
peuvent avoir, une tranchée de trois pieds de
profondeur fur quatre de largeur , & k>ngue à
proportion de la quantité qu’ils ont ; ils élèvent
enfuire un peu de paille longue au bout de là
tranchée, c’eft ce qu’on appelle un chevet de
paille, & ils adofient trois ou quatre pieds de
Cardon ; ils remettent pardeffus une autre épaiflêur
de paille, enfuite un rang de Cardons ; &
St ainfi du refle, tant qu’il y en a. I l faut
laifler à l'air l’extrémité des feuilles autant
qu’on le peut,* mais quaad la gelée devient un
peu forte, on couvre alors toute la fuperficie
de la tranchéfe avec de la grande litière ou des
feuilles, fi on n’a rien de mieux; & fi on a des
paillaflons, on les met en talus par-deffus pour
empêcher que les pluies ne pénètrent le coeur
des plantes, & ne les faflent pourrir ils fe
confervent dans cette fituarion jufqu’au carême,
fi on les préferve bien des gelées & des humidités
; mais c’eft à quoi on ne réuflît pas toujours.
>3 A Tours, où on n’a pas l’abondance des fumiers
que nous avons ici pour les empailler, on les
fait blanchir dans la terre, 8l voici la méthode
des Jardiniers. Ils sèment leur graine comme
nous, en mars ou en avril , & y apportent les
mêmes foins; mais ils les difpofent différemment.
Ils donnent un intervalle.de’ cinq pieds d’un rang
à l’antre, & les placent à deux pieds l’un de i
l ’autre; ils occupent les intervalles en laitues, chicorées
ou autres plantes qui peuvent être levées
avant la Touffaints y auquel tems, ayant befoin
de la terre pour les enterrer, ils fouillent cet
efpace profondément, & adofient les terres contre
les Cardons, après les avoir liés jufqua 1 extrémité
des feuilles, c’eft-à-dire, à deux ou trois
pieds de hauteur, fuivant leur force. Au bout
de trois lemaines, ils fe trouvent blancs > « dès-
lors il faut les confommer, fans quoi ils pour-
rifient ; c’eft pourquoi chacun s’arrange pour n en
.faire blanchir qu’à fur-&-mefure de la conlom-
mation qu’il en peut faire, & de quinze, jours
en quinze jours ordinairement ils en enterrent
une partie. A l’égard de ceux qu’ils veulent con-
ferver pour l’hiver, ils les couvrent, ou ils les
portent dans la ferre à l’approche des grandes
gelées. Tous ceux qui n’ont pas facilement des
fumiers, doivent fuivre cette méthode.
99 Quand on a des ferres, il faut les y enterrer
en motte dans du fable frais, fans les empailler,
à moins qu’on n’en foit preffé, car ils blanchinent
également fans paille, mais plus tard ; fis le
trouvent là à l’abri de tous les mauvais tems, & ils
fe confervent jufqu’à Pâque, fi la ferre eft bonne,
Se qu’on ait foin de leur donner de 1 air aulu,
fouvent que le tems peut le permettre; cependant
beaucoup de Maraîchers ne les enterrent
pas, ils les adofient feulement 1 un fur l autre
contre un mur, avec l’attention de les vifiter
fouvent, & de les nétoyer, je veux dire, d oter
proprement toutes les feuilles, qui pourriflent ;
ils connoiffent ceux qui peuvent aller le plus
loin, & ils les mettent à jiart; ceux qui preflent
font ceux qu’ils portent aux marchés. ^
93 Pour en recueillir de la graine > il fant en
laifler quelques pieds en place, & aux approches
des gelées les couper à quelques pouces^ de terre,
& les couvrir comme les Artichauts ; ils paflent
fort bien l’hiver, pourvu quon leur donne un
peu d’air quand il fait doux; au mois de mars
on les découvie tout-à-fait, & ils commencent
bientôt après de faire leur tige, qu il faut ren-
verfer du côté du nord^, & lier à des échalats,
comme je l’ai dit pour l’Artichaut, afin que 1 eau
des pluies n’entre pas dans la pomme , & ne
faffe pas pourrir la graine ; & pour 1 avoir mieux
nourrie, il ne faut laifler qu’une tête fur chaque
rameau, & couper teutes les autres qui naiffent
en abondance. Lorfqu’enfin les têtes & la tige
font sèches, on les coupe & on les attache en
paquets, qu’on accroche à un plancher jufqu au
befoin; la graine s’y conferve beaucoup plus
long-tems que lorfqu’elle efi vannée ; ellè eit
bonne jufqu à dix ans. On obfervera que les mêmes
pieds qui ont porté graine, fe confervent huit
& dix ans, étant un peu foignés l’hiver; & Gens
d’expérience m’ônt affuré que plus le pied vieil—
lifî’oit, plus la grainequ’il rapportoit avoit de qualité.
33 A l’égard du Cardon piquant, je dois obferyer
que le plant de la graine qu’on recueille ic i,
dégénère confidérablement ; il faut la tirer de
Tours ] pour avoir la Carde dans toute fa qualité.
»
Les‘ deux dernières efpèces d’Artichauts font
des plantes qui s’élèvent d’un pied tout au plus;
leurs feuille? radicales font couchées fur terre,
Si y forment une rofette affez fingulière.
Culture. Ces plantes aiment un terrein pierreux,
très - fec & les çxpofitions les plus chaudes;
elles craignent les froids qui paflent trois ou
quatre degrés, c’efi pourquoi il eft plus fur de
les cultiver en . pots dans notre climar, afin de
les rentrer dans les orangeries , on fous des
chaffis pendant l’hiver. On multiplie ces plantes
au moyen de leurs femences, qui doivent être
mues en rerrfc su orintetns fur une couche chaude.
Ces graines ainfi femées lèvent dans les quinze
premiers jours, & le jeune plant eft propre à
être repiqué vers le mois d’Août. Ces repiquages
doivent être faits dans des pots de huit à neuf
pouces de diamètre, attendu que les racines de
ces plantes deviennent affez confidérables. On
les multiplie encore par la voie des oeilletons,
à la manière des Artichauts communs; mais il
convient de les féparer dès le mois de mars,
& de les faire reprendre fur une couche tiède,
couverte d’un chaflis qu’on ombrage pendant les
huit ou dix premiers jours. Ces plantes fleuriffent
vers la fin de l’été, mais il eft rare que leurs
femences viennent à parfaite maturité dans notre
climar.
Vfage. Ces Plantes ne font propres qu’à occuper
leur place dans les Ecoles de Botanique; elles y
font fort rares. ( M . T h o u i n . )
A r t ic h a u t d e J é r u s a l em . Nom donné par
les Pâtifiiers de Paris à la racine de VHeliantus
tuberofus L. Voyez HÉLIANTE TUBÉREUX.
{ M. T ho vin. ) \
A r t ic h a u t s a u v a g e d’E s p a g n e . Cynata
humrlis L. Voyez A r t ic h a u t n a in .
(M. T houih.)
A r t ic h a u t sauvage ou C h ardon-Ma r i e .
Carduus marianus L . Voyez C a r t am e t a c h é .
( M . T h o u i n .)
ARTIFI ou SALCIFI. Tragopogon porrifolium
L. V o y e z S a l s i f i commun. ( M . T h o u i n . )
A H U B E , A x . û b a .
Genre peu connu des Botanifles, qui a été :
établi par A u b l e t , dans fon Hiftoire des Plantes
de^ la Guyane Françoife. Il n’en exifte encore
quune efpèce.
A r u b e d e l a G u y a n e , Aruba. Guyanenjîs,
A ub l. Guyan. page 194 , tome 115.
Cette efpèce eft un arbrifleau de cinq à fix
pieds de haut, garni de rameaux qui portent des
feuilles, les unes fimples, & les autres compo-
fées de trois folioles, d’un verd lifië. Ses fleurs,
qm paroiflent en Ju ille t, font verdâtres, difpofées
en grappes terminales âc fort petites ; elles
font fuivies de fruits compofés de trois ou ûxj
capfules qui renferment chacune une feule fe -
mence.
Cet arbrifleau croît dans les grandes forêts
d’Aroura, canton de la Guyane. Jufqu’à préfent
il n’a point été cultivé en Europe. ( M . T h o u i n .)
AS , livre Romaine. « On fe fert auffî de ce
33 mot pour défigner une cliofe entière ou un
33 tout, d’oïl eft venu le mot anglois <zce, & fans
33 doute le mot françois as au jeu de cartes.
J 3 Ainfi, As fignifie un héritage entier,ff’où eft
33 venue cette phrafe , h a res ex ejfe, ou legatariu»
33 ex tÿ 'e , l’héritier de tout le bien. Ainfi, le
ssjugerum ou l’acre de la terre Romaine, quand
»3 on la prenoit en entier, étoit appelée A s , &
»divifée pareillement en douze onces. 33 Voy.
J ugrrum ou A c r e . Ane, Encyclop, (A f. VAbbé
T e s s i e r . )
A S A R E T ou C A B A R E T , A s a r u m ;
Ce genre, qui fait partie de ceux qui com-
pofeht la famille des Aristoloches , ne renferme
que trois efpèces. Ce font des plantes vivaces,'
prefque fans tiges, & qui rampent fur la terre.
Elles n’offrent rien d’intéreffant à l’oeil, mais elles
font douées de propriétés utiles en médecine.
Efpèces,
I. A s a r e t d’Europe, Cabaret, Rondelle,'
ou Oreille d’homme.
A s a r u m Europoeum. L. ^ des bois humides
de la France.
2. Asa r &t de Canada.
A s a r u m Canadtnfe. L. de Canada.
3. A s a r e t de Virginie.
A s arum Virginicum. L . fl f de Caroline &
de Virginie.
J , L ’A s a r e t d’Europe pouffe de fes racines
qui font charnues & fibreufes," des feuilles reni-
formes, d’une verdtlre luifanre & foncée; elles
forment des touffes de cinq à fix pouces de haut,
au millieu dtfquelles fe trouvent des fleurs d’un
pourpre noirâtre , peu appartnres. Elles épanouirent
dans le mois de juin, Sl font fuivies de
femences qui mûriflent en feprembre.
Culture. Cette planre croît naturellement dans
les bois & fur les montagnes dont le fol eft un
peu humide. On Ja conferve aifément dans les
jardins à des expofitions ombragées, dans dey
terreins meubles & frais. Elle fe multiplie plus
aifétnent & plus promptement de drageons que
de graine. Les drageons fe féparent des racines
au printems & à l’automne; mais la première
de ces deux faifons doit être préférée, parce
que cette plante entre en végétation dès le mois
de février, & que lorsqu’elle eft en $èvc* la