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néceffaire à la nutrition des racines à pivot. Pour cet effet, il recommande
de choifir un efpace triangulaire, dont un des angles foit tres-
aigu, par exemple, de vingt brades de longueur fur douze pieds dans
la plus gànde largeur, d’y femer feparement, & a des diftances égalés,
vingt graines de gtos navets ou rabioules, & de cultiver ce terrein convenablement.
Au tems où les gros navets ne croîtront plus, fi celui qui
fora venu à l’extrémité du triangle, & plufieurs de ceux qui le fîiivronr,
le trouvent plus petits que les autres, ce fera une preuve qu ils n auront
pas eu allez de terrem pour fournir a tout .1 accroiffement dont ils
étoient fufceptibles. L’endroit où les gros navets n augmenteront plus en
les comparant aux autres, indiquera l’étendue quil faut pour chacune
de ces racines. Pour qu’on puifle compter lut les refoltats de cette
expérience ingénieufo, le terrein doit être fepare de ceux quil touche
par un folié profond , de manière que les gros navets ne ptnffent puifer
des fiics & de l’humidité que dans celui qui leur eft deftine ; il eft
néceffaire encore qu’il foit par-tout de meme nature & egalement
ameubli; enfin, il faut fuppofer que toutes les graines ont une difpo-
fition pareille &font parfaitement faines. Quoi qu’il en foit; 1 expérience
de M. Tull eft propre à donner des à-peu-pres tres-interefians fur 1 etendue
du terrein qu’on doit donner à des plantes dont les racines principales
pivotent. De ce genre font les navets, gros & petits, les raves, les cairotes,
les panais, les betteraves. Parmi elles il y en a qui s enfoncent entièrement
dans la terre, comme la carrote, le panais, tandis que dautres selevent
à fa forfàce & n’y tiennent que par un filet, comme certains navets.
Les racines' traçantes forment la cia fie la plus nombreufe. J appelle
de ce nom toutes celles qui s’écartent plus ou moins de la ligne perpendiculaire,
foit qu’elles foient fortes, foit qu elles foient menues, ce font,
; Les buîbeufis. La bulbe eft un corps charnu, compofé d’écailles
ou de couches qui s’enveloppent les unes les autres. Elle eft pofée fut
un plateau d’où fortent }es racines, qui fe répandent prefqae circiilai-
rement. Les' lys , .les oignons ; les poireaux ont des racines bulbeufos.
.».Z.0 Les tuberculeufes, ou tilbereufes.- Parmi celles-ci, les unes ne
diffèrent des .bulbeufes que parce qu’elles ne font pas eompofees
d’écailles ou de couches. J’en donne'pour exemple 1 ail & le fafran;
à leur, partie fopéricure on voit parokre des cayeux ou jeunes oignons,
qui fervent à les remplacer &c à les renouveller. Les autres, toutes
charnues auffi, fe préfentent fous différentes formes. La patate eft ordinairement
alongée & plus étroite à une extrémité qu a 1 autre. La pomme
de terre eft ou arrondie , ou oblongue , ou large dans fon milieu. Le
topinambour & le.taratouf font remplis d’inégalités. La trufle, le paim
de pourceau & les orchis, offrent des Angularités plus grandes : mais
celles-ci ne fe cultivent pas, fi ce n’eft peut-être i’efpece d orchis, dünç
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bn fait le falep dans le pays d’où on nous l’apporte. Là plupart de
ces racines ont à leur furface plus ou moins- de germes, qu’on appelle
des yeux; c’eft de-là qu’il part des tiges & de nouvelles racines.
3.° Les rameufes. Ce nom convient particulièrement aux racines
fortes qui, femblables aux branches des arbres , fo divifent & fe fubdi-
- vifènt dans la terre ; celles qui font le plüs près de la furface groffiffent
le plus. Souvent il arrive qu’elles périffent, quand il s’en forme de
vigoureufes plus profondément. Dans les racines à pivot, c’eft tout le
contraire. Les plus vigoureufes des traçantes qui les accompagnent font
toujours celles qui font les moins éloignées de la tige ; le fainfoin, la
luzerne & le trèfle pouffent des racines fortes & rameufes.
4-" Les fibreufes ou filamenteufes. Ce font celles qui jettent des
filamens Amples, à-peu-près femblables à ceux qu’on voit naître de
la bafe des bulbeufes, d’un centre commun, qui n’efi ni écailleux ni
formé d’enveloppes, ces filamens s’étendent circulairement fans
fe divifer, laiflànt un intervalle au milieu. Telles font les racines
d’afperge.
5.° Les capillaires ou chevelues. La plup’art des différentes racines
dont j’ai parlé font accompagnées de radicules multipliées, plus ou
moins fines, qü’on a appellé capillaires ou chevelues. Il y a des
plantes qui n’ont prefque que de ces dernières fufceptibles de fe ramifier.
Je place dans ce nombre les racines des frumentacées, qui font,
à la vérité, un- peu plus greffes que le vrai chevelu, mais bien moins
que les vraies rameufes.
J ’ai cru que les fix dernières fortes de racines, s’écartant plus ou
moins de la ligne perpendiculaire, je devois les rapporter à la claffe
des traçantes, distinguée de celle des pivotantes,-
Il eft très-efîentiel, en agriculture, de comioître tout ce qui a rapport
aux racines des plantes à multiplier; car il y en a qu’on ne
cultive que pour leurs racines , telles que l’oignon, le poireau, l’ail,
, Pajace ’ pomme de terre , le topinambour , la feorfonnère, la
régule, le navet, la garence & le manihoc. Il s’agit, ou de les rendre
greffes, ou de leur donner de. la qualité, ce qui dépend de la ma*
mere de choifir & préparer le terrein , de les femer & planter, &
et en taire la récolté. Lorfqu’on veut avoir de gros navets pour les troupeaux,
il faut les femer très-clairs dans un terrein ameubli & fubftan-
«el. Les navets qui fe trouvent ferrés, & dans un terrein maigre,
ont petits ont plus de goût, comme tous les légumes en général»
1 on reco te la racine de garence trop tôt, elle ne donne pas de
bonne teinture; fi on attend trop tard, elle en donne peu. Géminés
plantes fe mulnplient plus avantageufement de racines que de crames;
La pomme de terre & la régliffe font de ce genre. Pour propager I