Defcription du port des Efpïc-es.
Ù I/Ai&s l l s anguleufe eft un arbufle dont les
racines fupériëures tracent à la furface de la
terre, s’y attachent & pioduifent une fuite d'individus
qui couvrent fouvent un très-grand efface,
lorfque le terrein eft favorable.
On trouve prefque toujours cet arbufle parmi
les bruyères. Ses tiges s’élèvent à la hauteur de
deux pieds, elles font garnies de feuilles d’un
verd tendre tirant fur le jaune pâle; Ses fleurs
commencent à paroître en mai5 elles font petites,
de couleur de chair -, & fe fuccèdent affez
abondamment jufqu'ën juillet. Les fruits de cet
arbufle commencent par être de couleur verdâtre,
enfqite ils deviennent rouges & finiffent par être
violets lorfqu'ils ont acquis leur entière maturité.
La variété de cette efpèce, ou l’Airelle- à fruit
blanc, fe rencontre rarement dans notre climat ;
on la trouve plus communément fur. les montagnes
des Alpes & dans la Suiffe. Elle ne fe dif-
tingue de fon efpèce que par la couleur de fon
fruit. D’ailleurs fon port eft en tout le même,
ainiî que fes habitudes.
z Airelle veinée. Cet arbufle croît dans les
vallées màrécageufes des hautes- montagnes de la
France & dune partie de l-Europefeptentrionalèi
Ses'racines font traçantés comme celles de l’efpèce
précédente, & forment des tapis affez ferrés &
très-étendus. Lorfqu’il a été rabattu jeune ou
brouté par les befliaux , il parvient à peine à
la hauteur d’un pied *, mais lorfqu’il nehri arrive
aucun accident, il s’élève à trois & quatre pieds
de haut. Nous en avons vu dans des deux états
fur . lès. montagnes d’Auvesgné, au mont d’or
& au puy de-Dôme} ils fôrmoient de petites
fepées touffues d’un verd glauque affez agréable.
Les fleurs de cet arbufle, qui paroiffent dans
les mois de mai & de juin, font couleur derôfe,
mais petites & peu apparenteseHes font remplacées
par des fruits de la groffeur d’un pois,
& qui viennent avant les feuilles. Vers i l milieu
de la fleuraifon, les feuilles fe développent &
couvrent toutes les branches d’une verdure claire.
Elles reffemblent un peu à celles du trôêne. Les
fruits font bleus & plus gros que ceux du
myrtille.
10. Air e l l e pohélùée. Ceft encore un petit
arbufle toujours verd, qui non-feulement trace
par fes racines , mais dont les rameaux même
ont la faculté d e , s’attacher à la terré lorfqu’ils
y touchent & de produire dé nouveaux individus.
Celui-ci ne s’élève que dé huit à dix pouces,
fon feuillage très-ferré reffemble à celui du buis,
mais fa couleur eft plus foncée. Ses fleurs font
difpofées en petites grappes à l’extrémité aes
rameaux*, elles font d'un rouge pâle, mais Tes
fruits qui leur fuccèdent, parvenus à leur maturité,
font d un très-beau rouge.
1 1 . L ’a ir e l l e cahneberge croît parmi fes
moufles &• lès gràmens dans les marais de la
partie de l'Europe la plus froide -, fes tiges font
d'une couleur rougeâtre, longues, grêles &
couchées fur la terre. Elles font perpétuellement
garnies de petites, feuilles ’ écartées les unes des
autres, d'un verd brillant'eh deffus & bleuâtre
en deffous. Ses fleurs de cohleur de chair,; font
clair feméès fur lès branches, & fes fruits de la
groffeur d’un grain de raifin ordinaire , font d’un
beau rouge de corail. La variété B fe diftingue
uniquement de fon efpèce par les dimenfions
un peu plus grandes de toutes fes parties,
Nous ne parlerons point ici dés efpèces indiquées
d’un violet tirant fur le hoir* Ces * fruits, qui
•font ordinairement en très-grande quantité * pro-
duifent un joli effet.
- 7. Airelle glauque. Cette efpèce, qui croît
dans les marais de l’Amérique feptenfrionale,
s’élève à trois pieds de haut environ -, fes .tiges
font grêles & garnies _ dé féùîHés feulement à
leur partié fupérieure $ elles font d’un verd clair
en deffus, & d’un verd bleuâtre en deffous.. Ses
fleurs font blanches, difpofées par petits ’bouquets
& placées fur les parties des jeunes branches
qui font garnies dë feuillesi Cet-arbufle trace
ou pied & forme des touffes- irrégulières dhin
port très-léger.
8. L’airelle^ de Pëhfilvanfe eft un' petit
arbufle d'environ vingt pouces.de haut, qui pouffe
de fa racine un grand nombre de rameaux
•hraachus qui fe couvrent au printenis g de petites
fleurs couleur de chair, raffemblées par peiottes .
fous lesh.os z , 4 , 5 , 6 & 9. Il y a trop peu
de tems que' nous les cbnnoiffohs pour qu’il
nous fôit poflible d’en d’écrire le port.
., B - Culture.
Les Airelles fe multiplient de graines, de drageons
<&■ de marcqttes > trèsr-rarenjent debôqtiîres.
La voie de multiplication;par les graines eft la
plus longue* la plus difficile & la moins sûre^
lbrfqu’on veut remployer avec quelque efpérançq
dé fuccès, on doit femer les graines immédiatement
après lëur maturité -, mais i l T faut'
auparavant les féparèr de la pulpe dans laquelle
elles font enveloppées,.
Cétte opération fe fait en écrafant les hâiès
qui renferment les femences, dans de l’eau
claire, & en-les y lavanf à p'kifieursJ rèprifes.'
Lorfque r les graines font féparées dé h pülpe^
on les étend fur un linge où 'èllë's nef rëftènt
que le téms qu’il'faut pour ^enlever •l’humidité
attachée à la furface, après quoi on les-, sètnë
de la manière fui vante. Au fond des terrines oii
des pots fuffifammerit grands pour eohtenir les
femis qu’on fe propofè . dé faire,-on-établit un
lk de deux pouces d’épaifleuf dë-' térré âvgillëüfe
forte • & compàdle qu’on ; àffërmit le plus qu’on
peut • ave'c le poing ÿ on remplit ëhfuite’ 'le- reflé
du- vafe jtffqü’à'hn pouce au-deffous du hbfd
fiipé*ie.ur, 1 d’un ter rean de bruyèfé ’bien divifë
& légèrement comprimé j on en unit la furface
avec loin & on y sème lës graines le plus également
qu’il éft poffiblé. Oh fé fërt pbùr les recouvrir,
dun terreau 'de bruyère ’ finement tamifé & plus
fec qù’humide, afin de pouvoir le répandre plus
aifément & avec plus d’égalité fur les graines.
L ’épaiffeur1 de la couché doit être en proportion
de la groffeuh dës feniënces. Trois lignes fuffifent
pour recouvrir les plus' groffes*& une ligne pour
les plus-petites. L ’on preffe légèrement lè te/reau
avec le dos de la main, enfüité oh prend dés;
feuilles qui foiënt-fines* longues & roidès j relies
qu’il s?en trouve dans quelques efpccés de gramen
on les coupe par petits morceaux d’un demi-
pouce de long, & l’on en couvre la furface du
terreau, d’une' ligne ou deux d’épaiflèur. Dans-
cet état, les ;vàfes doivent être placés jnfqu’au
tiers de leur hauteur, dans un ruiffeau d’eau
courante, s’il efl poflible, & â : l’abri du foleil
parmi des plantes élevées , ou mieux encore,
entre des .àrbriffeaux touffus, pourvu toutefois
qu’ils ne couvrent pas les femis , & ne leur interceptent
point la -direéîion perpendiculaire de
fair. Il faut avoir âüfli i’âttentiôn dè né pas' placer
les femis trop- près d^àrbüftes ou dê plantes^dbnï
les graines venant à tomber fur les pbts , leVèroient
abondamment & néceffttéroient des« farclages
continuels,-- Ij î nc>':v'îd.>- d
Les femis1 ainfi arrangés, doivent refter dans
çétte pofîrion -jùfqu à cë qué; les 'jeunes plants
Çoient .affez forts pour être repiqués. En attendant ,
ils n’exigent d’aiùres; 1 fdins |qùë- d’êtré'1 fardés'
autant de* fois qù’il eft -nécéflaire pourempêdhet
les mauyaifes herbes de s’emparer deda ‘terré &
de nuire-aux fêmehcesr qui lèVeèf plus ou moins
promptement.
■ Ij Les graines d’Airelles réflent: qüelqhéfois en
terre péndaiït plufiëursr années ÿ mais lorfqu'elles
ont. été feméesc dans l’automne ;qui' a fuivi leur
.récoltequ'elles font bien abufées1,'elles germent
&Tortehti''deVterre»au ptinterrisfuivant. Dahs>eet
état, il ne.;fàut -ârracher 'lcs 'mauvàifes heFBeS
qu avec la plus grande précaution, & • mêftie il
vaudroit mjeüx les î cOupër ' entre dëùx termes' ^
pour ne. pas ‘déranger les ?pl an fuies qui font d’jihè
extrême déliGatêffe -à cet âge. Elles Croiffent très-
lentement, & né- font guères en ' état ‘d’être
repiquéesique la deuxième^ ou troifième année.
Pour les for-tifièr, - il eft jbon de tems en tems-
de les chauffer ( Voye% ce mot) ayec^dn tèrr-eaii'
ne 3 bruyère H très^fln k -dë- lettr dbhhèf^ plûs
d air. i en ^éloignan t Un- -peu les: abris. qui 'dès ulnvi-.
rohnenf.rMais il ■ faut toujours des gamntiii du
foleil qui leur-. eft plus; Contraire> â cet âge qu’â
toute autre époque del lèur vie:* '
^ -Lorfque léséjéunes' Airelles auronrtrois âquatré
pouces: ;dè: hauteur-, il ^ûdradèÿiepiqum.' Maïs^
pour affuifer :davàmqge'la réafllteme cètte^opé^
ration, il efl à propos déliés1 en niotre»
& de fes plantèr dans des pots à bafilics avec
du terreau de bruyère,, 8ç enfuite de les placer
en pleitie terre dans une planche de ce même
terreau de.bruyère;, à l’expofition du nord , dans
une •pofition humidë & très ombragée. Avec
qufelquës précautions, on peut faire cette opération
toute l’année*, cependant il efl préférable de la
faire au premier pr in tems pour les efpèces qui
fe dépouillent de lefes fèuillës , & à la fin de
dette faifoh , pour celles qui lés; confervent toute
l’ahnéë; Les jëuneS :.plânts; pourront refter un art
dâhs; iès!;méthés poti' &' â- la' même' pofition ;
mais.' enfuite y fl l’on's’a^pOrçOit qü’ils aient' jeté
des pouffes vigoureufes, r&' que leurs racines
foient forties par les fentes des vafes y après en
avoir rempli la capacité, il faudra les rempoter
& les méjtre dans des'pots5 à Oeillets remplis d’une
terre un peu plus forte* c’efl-à-dire', compofée
avec deux tiers'de terre de b ru y è re& . le refle
en térreàu de feuilleseh.térrejaune fablcmn^qfe
exaélement mêlés, ehfembie. J l fera bon de les
placer toujours dans une plate-bande de terreau
de bruyère, mais à une expofirion moins om-
bragée & moins . humide. L’ année fuivante, au
lieu dé tempo taries jeunes Airelles, on pourra
lés* mettre en pleine tçrrp à leur de^ipatibn. ,9 Les lieux lés plus, propres à- la - confërvation
dé ces arbuftes* ,&,àJe.ur multiplication, font içs
plate-bandes dé terreau de bruyère, qui ont éré
beaugëes j & qui fe, trouvent à l’expofitîon du
nord, défendues du grand foleil & dans des
fltuations humides. Dans ces pofitions, les .dif-
fér.entes. èfpèees d’AIrdlës'çroîffent avec vigueur ,
fé multiplient, d’èïles-mémes par lé moyen
de. leurs drageons. C’efl aüfli dans ces pofitions
qu’il eft poffiblé -de .les marcotter ayec fuccès;
lorfqpe leurs raçipésThe tracent pas naturéllemem,
ce qui efl très^rarêf.1 ;
Quant à la riiultiplicàtion des AirèUes par la
voie des, boutures,^comme' ce moyen ne nous
a rêufli que^trës-farelneht., nous, ne confeilfons
d’en- faire ' ularge qu’ah, défaut de tous lès aütres-
No.us difons la mérttë‘ chbfe dé la muîtiplicatioir
pâr les graines ^ellè' efl fi longue & fi mihatiëbfe^
qhHl- eft ‘ ihfiinihënf plus' expéditif ‘de 'faire venir
en nature des Alpes &. des: 'Pyrennëès/ les1
efpèces qui y croiffènt, que dJen fenier les graines.
Nous ajouterons de- plus que les fouches d’où
font provenus les individus des efpèces étrangère*
que nous poffédons rem Europe,- oht été apportéest
enimaturé de l’Amérique fep ten tr ion al ç. -Voyer
V"article 1 tr a tifp ù ’t? deà végétaux y qui traite 'des:
moyens • les. pluszûrs ; de faire > voyàgtr ces plantes*
y-'Ufagesn Les' Airelles font recherchées dans les
jardins de botanique pour compléter lès collections.
■ desi végétaux. L ’agrément de leur port,
l’élégance de leurs fleurs & les couleurs brillantes
dé ; leufs. fruits | îles ^ont i fait admettre dans les
jardins de; plufieurs amateurs^ peut-être que la
difficulté- 4e leur culture *.&, fur- tout leur rareté