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dit M. l’abbé Delille, dans la traduction en vers de ee même poème-
Ne faut-il pas encore couper les branches de houx, de faule & de
rofeaux pour attacher la vigne aux ormeaux amoureux ? Lorsqu’elle
eft ainfi liée, le vigneron qui fe croit à la fin de fon travail, eft encore
obligé de remuer la terre ; ôc fouvent, au moment même où la grappe
mûrit fous le feuillage, un orage affreux vient détruire fes plus belles
efpérances.
Ufage qu’on fa i t de quelques autres arbres. On peut conclure
de tout ce que nous venons de dire, que, de tous les arbres fruitiers,
la vigne eft celui qui exige le plus de foin. Les oliviers, au contraire,
ne demandent aucune culture; ils n’ont befoin ni de la ferpe ni du rateau.
Quand ils font plantés , la terre remuée avec le 'hoyau leur fournit
aflèz de fuc pour les rendre féconds. Les arbres des forêts, les buiffons
afyle des oifeaux, croiffent auffi fans être cultivés, ôc portent chaque
année des fleurs ôc des fruits. Le cytife fert de nourriture aux troupeaux ;
les arbres réfineux fburniffent des flambeaux qui brûlent ôc éclairent
pendant la nuit. Les petits arbres, tels que les faules ôc les genêts, ont
auffi leur prix; ils propurent de l’ombre aux troupeaux & aux bergers;
on en forme des haies pour enclorre les moiffons, ôc les abeilles compofent
leur miel du fuc de leurs fleurs. Quel fpectaclc agréable offrent les bois
dû mont Cytore, les forêts d’arbres réfineux près de la ville deNarice,
les arbres même du mont Caucafê ! Quoique ftériles, ces bois fans
ceffe battus des vents, font utiles aux hommes; ils leur donnent des
fapins pour la conftrurtion des vaiffeaux, des cèdres ôc des cyprès pour
former les lambris de leurs appartemens, & pour faire des roues pleines
& des roues à rayons propres aux laboureurs. Les branches de faule
donnent des baguettes ; les feuillages de l’orme nourriffent les troupeaux;
le myrthe ôc le cornouiller fervent à faire des piques ôc des javelots ; de
l’if, on fait des arcs; le bois de tilleul 6c le buis prennent toutes fortes
de formes, le fer peut les creufer ; l’aulne fournit les nacelles qui voguent
fur le Pô; les troncs de vieux chênes logent les effaims des abeilles, Sec.
Les dons de Bacchus font-ils plus utiles aux hommes que tous ces
préfens de la nature? Ce livre eft terminé par un des plus beaux éleges
qu’on ait fait de la vie champêtre.
Dans le troifième livre, Virgile s’occupe de la manière d’élever les
troupeaux, & de guérir les maladies qui les affligent. I l traite d’abord
du gros bétail, c’eft-à-dire, des boeufs 8c des chevaux ; il parle enfuite
des brebis ôc des chèvres. Ses préceptes roulent fur le choix qu’on doit
faire des mères pour avoir du bétail qui fait de bonne efpèce ; il affigne
les proportions que doit avoir une vache, un cheval qu’on deftine à
multiplier l’efpèce ; le foin, qu’on doit prendre des veaux 6C des jeunes
ppulains y eft tracé avec beaucoup d’exattitude, Il entre dans les plus
P R E L D M I N A I R E .
petits détails, lorfqu’il 'en-vient aux chèvres ôc aux brebis; il indique
la manière de.les foigner, de les nourrir; ôc de^guérir leÿ maladies qui-
ne font, hélas! que trop de ràVâgès;. ..
Qualités que, doit avoir une bonne vache. -Quand on defire
d’avoir des; chevaux qui,-lé. diftinguent aux ’jeux olyrflpiques j- ou des
taureaux qui foient bons pour le labourage, il'finit bien-èfcifiï'leihnières
afin d’avoir une bonne race. Les -vaches les plus èftimëeg ont lerêflard'
farpuche, la tête grofle,, le cou,épais, le fanon pendant jufqu’aux géhoux,
le corps, long, le pied large, les oreilles hériflèes de potl; les-cornes
recourbées : celles-là fur-tout méritent la préférence, qui font tachetées
debl^uc, qui fecouent, le joug, -qui de tems en teins menacent de
la corne, qui portent’ la tête haute, ôc dont la’ queue-balaye, la
pouffière. •
Les vaches ne commencent à porter ôc à labourer la terré- que
depuis quatre ans jufqu’à dix; dans tout autre âge, elles font auffi-
iffirahiles au travail qû’à la-reproduélion de: leuriefpèçe. Oh doit donc
livjrer aux. mâles celles-iqu’on deftine à devenir mères,-tandis qu’èlles
4 >nt jeunes, L e s:plus -beaux jours:-de: la vie font'ceux de la?jèuriéffe ;
ils font bientôt fuivis des affreufes maladies* de:la triftêCvieilléflè, des
fouffrances, de l’impitoyable mort. Quand on a dans les étables de ces
beftjaqx devenus inutiles, ,iheft de l’ihîéçêt.du laboureur de s’en défaire,
ôc de réparer ces pertes pande noiaveajifx nourriffonsid »a
Qualités, d’un bon cheval. Le choix des: chevaux ne demande pas
moins d’attention. On doit s’appliquerptihcipalement à'tünrioître ceux
qui doivent être les pères d’une nouvelle racé. On fait cas dès;ehëvaüxr
bruns ôc des'gris-pommelés; on méprife;catx du poil blanc ôc-alezan
clair. Un jeune étalon a le port fier, jjjÉjj majeftueux ; il fe balancé avec
grâce fur les jarrets l’ouples ôc plians; il ell le premier à s’élancer dans
ta, carrière ; la rapidité d’un fleuve ne peut -l’arrêter ; -il marche’ fans
crainte fui; uq pont inconnu ; aucun bruit né' l’émeüt.- Soh encolure
eft droite, ôc fa, têtp petite ; jffih peu de ventre-, ht croupe'àrrondiefôc
les mufçles.du poitrail élevés : entend-il de loin le, fon- de-la trompette
guerrière,?,il s^gite, il tremble, il dreflè-l’oreille ; le feu femble fortir
de ’fes nafeaux; fa crinière épaifle, flotte- fur fes "épaules ; là doublé
épine de fon dos femble fe mouvoir, ôc il, trappe la-terre :qui retentit
au loin fous fes pieds. Tels furent- les chevaux de: Gyllaré, de Mars St
d’Achille, fi célébrés par les poètes de la Grèce.
Quand on fait choix d’un cheval dont,on veut avoir de,la- race,- il
faut donc examiner foq..origine, fo.naâgé), fa .vigueur-:ôc- tes autres
qualités, notamment s’il eft fenfihle, à là'gloire.de vaincre-iôc à là honte
d’être vaincu. "a : çjl Ci
Soins qu’on doit prendre des. veaUXit;,des. lpaulaiiisi'& de leurs
Agriculture. Tome I. ' V