
La forme naturelle comprend quatre genres de terre; fa.voir, celles
qui font fituées dans les plaines, celles qui font fur des collines , celles
qui font fur des hautes montagnes, & relies qui font compofees des
deux ou trois genres précédens. Ces fituations diverfes demandent c a-
cune un nouveau genre de culture, & donnent auffi des produits différons.
Quant à la forme qu’un terrein reçoit de la culture, Scrofa prétend
que celui qui préfente un afpeff plus agréable qu’un autre, eft par-la
même d’un plus grand produit; attendu que les chofes étant chacune
à leur place, elles occupent moins d’efpace : elles ne fe nuifênt pas
mutuellement, & les unes n’interceptent point aux autres les influences
du foleil, de la lune S£ de l'air, dont elles ont toutes egalement
Diverfes qualités du terreiro La connoiflanoe de la terre qui
conftitue le fol d’une métairie, doit déterminer lefpece de production
qu’on lui deftine, 8c le genre de culture quil faut lui donner. I ci
terrein eft propre pour la vigne, qui ne le ferait point pour le bled,
il importe donc de favoir de quelle nature eft k terre, & quel eft
lobiet pour lequel elle eft bonne ou mauvaife.
On ne trouve point de terrein qui foit uniquement compofe d une
matière homogène; il y a plufieurs corps, tels que la pierre, le marbre,
le moëlon, le caillou, le fable, la terre rouge, largflle, la poufllere,
la craie &: le gravier, qui entrent dans fa compofition, &c luivant que
la terre eft mélangée de quelques-unes de ces matières, elle en emprunte
fon nom;& s’appelle ou crayeufe, ou graveleufe,ouargilleufe,
&c. On peut même dire que l’on compte autant defpeces mixtes, qu il
v a de ces parties différentes, prnfque, dans le /a it, chaque cfpece
peut être fous-divifée elle-même, ou moins en trois autres; comme,
par exemple, une terre peut être extrêmement pierreufe, ou mediocre-
mënt ou prefque point,- & ainfi des autres mélangés qui peuvent tous
offrir ces trois degrés. En outre, ces trois degres eux-memes peuvent
encore être fous-divifés chacun en trois autres, parce que chacun d eux
peut, indépendamment de cette première qualité, être ou tres-humide,
ou très-fecf ou conferver le milieu entre ees deux qualités. Ces confi-
dérations deviennent indifpenfables par rapport aux truitstamli, les gens
expérimentés sèment plutôt du froment Ad o r, que du bled commun,
dans un terrein trop humide : ils sement p utot de lorge que
du froment, dans un terrein trop fec: ôe par k meme raifon,als
sèment indifféremment l’un ou l’autre dans celui qui n eft ni trop humide
Toutes ces efpèces de terres ont encore d’autres différences plus
détaillées. Par exemple, s’il s’agit d’une terre fablonneufe; tantôt le
fable eft bknc ;- tantôc il çft rouge. Lorfquil eft blanchacre,
ôn ne peut pas y planter d’arbrifleaux; on le peut au contraire, lorf-
qu’il eft rouge:
De même il y a trois autres qualités de terre, qu’il eft néceffaire de
connoître : favoir, fi elle eft graffe ou maigre, ou d’une qualité moyenne;
parce que, relativement à la culture, les terres greffes font plus univer-
lëllement fertiles que les maigres.
Les meilleurs indices, pour connoître quand une terre eft bonne ou
mauvaifê, c’eft d’examiner les plantes qui y croiffent fans culture:
Si elles font bien hautes, & fi les fruits en font abondans, la terre eft
d’une bonne qualité. Les mauvais terrains s’annoncent par des lignes
contraires.
Préceptes fu r la Jîtuation de la métairie. Après que Scrofa eut
parlé des différentes manières de mefurer les terres qui étoicnt en ufâge
chez les Romains, il indiqua les attentions qu’il faut avoir, lorfqu’on
bâtit une métairie. Il faut faire en forte quelle foit pourvue d’eau
dans fon enceinte, ou du moins qu’il s’en trouve le plus près qu’il fera
poflîble. Elle jouira de la pofition la plus avantageufe, lorfqu’elle fera
placée au pied d’une montagne couverte de bois-, Si dans un endroit!
pourvu dç vaftes pâturages. Le meilleur afpeét eft le point de l’horizon-
où le. foleil fe lève dans le tems de l’équinoxe, parce que, dans
cette fituation, la métairie jouira de l’ombre en été & du foleil eiï
hiver. Il finit avoir foin de ne pas la placer auprès des marécages ;
parce que, lorfqu’ils viennent à fe deffécher, ils engendrent des petits-
animaux imperceptibles, qui entrent dans le corps par la bouche & par
le nez, avec l’air qu’on refpire, & eaufent des maladies fâcheufes. On
doit éviter également que la métairie ne foit fournée du côté d’où
vient le vent le plus fatiguant. Il faut auflî préférer un lieu élevé à "
une vallée trop profonde, parce que les lieux que le foleil éclaire pendant
tout le-jour, font immanquablement les plus fains.
Dijlribution du bâtiment. Les étables de la métairie doivent être
difpofées de façon que celles qui feront deftinées aux boeufs, foietu
dans- l’endroit où elles pourront fentir le plus de chaleur en hiver.
Le vin & l'huile veulent être placés jûr la terre même : il faut donc •
Sire des celliers à rez de terre, pour y mettre les vafes qui les contiennent.
La paille, les fèves 8e le foin feront mis fur des planchers élevés
au-dcflus de terré.
Il convient de laiffer libre un endroit où les gens puiffent prendre
leur repos, lorfqu’ils feront fatigués par l’ouvrage, par le froid, ou parle
chaud.’
La chambre du métayer doit être près de la porte, afin qu’il foit
a portée de favoir qui entre ou qui fort la nuit, &c de voir ce qu’on
■Agriculture. Tome I. P