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varie en ràifon de foh âge & des différentes
faifons. Les jeunes plants de Tannée ne doivent
pas être tenus aufii chaudement que ceux de
deux ans,'& ceux de la troifième année, qui
font ..deftinés à porter des fruits , doivent être
entretenus à la température la plus chaude. Pendant
l ’hiver, il faut à ces plantes moins de chaleur
qu’au printems, & , dans Tété, il leur en faut plus
que dans les deux faifons intermédiaires.
Les couronnes & les oeilletons plantés nouvellement
fe confervent, croiffent & profperent
pendant l’hiver, dans une ferre chaude, où la
chaleur, pendant la nuit, ne defeend pas au-def-
fotis de lîx degrés du thermomètre de Réaumur
& où elle ne s’élève pas, au-deffus de dix degrés;
ainfi, le terme moyen de la chaleur qui convient
le mieux aux plantes de cet âge, pendant l’hiver,
eft de huit degrés. Lorfque le tems eft clair
& que la préfence du foleil fait monter le
thermomètre à vingt & vingt-cinq degrés, alors
pour rendre cette différence de chaleur moins fen-
lible aux plantes , & la faire tourner à leur
avantage, il eft utile de profiter de ces jours,
affez rares dans notre climat, pour renouveller
Lair des ferres & arrofer les plantes. I
A mefure qu’on avance dans le printems on
doit augmentet graduellement la chaleur des ferres
par le feu, & la porter vers la fin de cette
faifon , jufqu'à douze degrés, afin d'exciter la
végétation des jeunes plantes & les amener, par
une gradation infenfible, à fupporter, fans en être
incommodées , les chaleurs de l’été. Le paffage
fubit d’une température trop différente occafionne
prefque toujours quelque dérangement dans l'économie
végétale & retarde là végétation, ce qu'il
eft très - important d'éviter,
Pendant Tété , la chaleur doit s'élever par
gradation jufqu'à dixr-huit & vingt degrés ; mais
il eft effentiel qu'elle ne paffe pas ce terme, parce
que dans l'âge où font ces plantes une plus grande,
chaleur les empêcheroit de fe former ; elles s'étio^
leroient, & plufieurs d'entr'elles ne produiroient
que des fruits avortés. On doit donc faire en
forte de leur donner de l'air toutes les fois que
le thermomètre avoifine vingt degrés, les badiner
fouvent pour tempérer la chaleur & les garantir
d'en éprouver une plus confidérable, en les
abritant des rayons du foleil.
A l'approche de l'automne, cette chaleur doit
diminuer infenliblement de vingt à dix-huit, de
dix-huit à feize degrés , & à la fin de cette
faifon elle ne doit plus être entretenue par le
feu, qu'entre douze & quinze degrés, pour arriver
à la température que doivent éprouver ces Ananas
pendant l'hiver, A leur fécondé année, les jeunes
plants ont befoin d'une chaleur plus confidérable
pour entretenir leur vigueur & les difpofer à produire
de beaux fruits l’année fuivante; on peut aifi-
gner pour terme moyen dix degrés pour le milieu
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de fhiver, quinze degrés pour celui du printems,1
vingt-cinq degrés pour l'été, & feize degrés pour
le milieu de l'automne, en laiffant tomber la
chaleur jufqu'à douze degrés, à la fin de cette
faifon.
La troifième année eft l'époque où les Ananas
donnent leurs fruits. Ou ne rilque rien d'augmenter
graduellement la chaleur, & de la porter, pendant
leur fruélification, au plus haut point d'élévation
où elle puiffe arriver dans notre climat par la
chaleur du feu, combinée avec celle des couches
& du foleil. Jufqu’à préfent nous ne connoiffons
pas le terme au-delà duquel ces plantes puiffent
être affectées d’une trop grande chaleur, lorfqu’on
la leur procure par degrés & qu’on y proportionne
les arrofemens ; mais nous favons quelles fup-
portent fans peine quarante & quarante-cinq degrés
de chaleur pendant Tété, fans en paroin e fatiguées
, & qu’au contraire elles n’en . pouffent
qu’avec plus de rigueur. Il eft bon cependant,
pour rendre Timprelfion de la chaleur plus fen-
fible à ces plantes & pour exciter- davantage
leur végétation cette troifième année, de les jaifler
à une température de douze degrés pendant le
premier mois de l’hiver, enfuite de faire en forte,
au moyen du renouvellement des couches, d’exciter
une chaleur fouterreine qui mette en a&ivité
la fève des racines. Cette chaleur de la couche
doit être, pendant tout les printems, plus forte
que celle de l’atmofphère de ia ferre d’à-peu-
près un tiers. On tâchera, de mettre ces chaleurs
en équilibre pendant le refte du tems que ces
plantes emploieront à mûrir leurs fruits, & quand
celle de Tatmofphère prendroit le deffus il n’y auroit
pas un grand inconvénient.
Si Ton defiroit que les fruits mùriffent fuccef-
fivement & à différentes époques il feroit convenable
, en fortant les plantes de la ferre, pour
les mettre fous les bâches, d'en faire plufieurs
divifions , d’après l’état plus ou moins avancé
où elles fe trouveroient alors, de les réunir fous
les mêmes panneaux , & de les partager par
des cloifons rie planches , fi l’on n'avoit pas
affez de bâches pour les mettre féparément, ce
qui vaudroitj cependant beaucoup mieux. En
donnant plus ou moins de chaleur fous ces
panneaux on parviendroit à accélérer ou à retarder
ia maturité des fruits, & par ce moyen , aufii
firnple que facile, on auroit l’agrément d'avoir
des fruits pendant long - tems.
Les termes que nous venons d’indiquer comme
étant les degrés de^chaleur les plus convenables
àlaculturedes Ananas, aux différentes époques de
leur vie & dans les différentes faifons de l'année,
ne font pas tellement de rigueur qu’on ne puiffe
s'en écarter de quelques degrés fans beaucoup
d’inconvéniens, nous avons feulement tâché de
fixer les termes moyens les plus praticables &
qui nous ont paru les plus propres à la culture de
cette plante.
III. De ta terre la plus convenable h VAnanas.
La terre qu’il convient de donner aux Ananas
doit réunir plufieurs propriétés, dont les principales
font d’être perméable aux racines en tout
tems, de fe laiffer aifément pénétrer par l'eau
des arrofemens, de la conferver fans qu'elle fe
corrompe, & d'avoir affez de folidité pour af-
fujettir.les racines de manière que la tête de cette
plante, qui eft d’un volume & d’une pefanteur
affez confidérables, ne puiffe, dans les tranfporrs
fréquens qu'elle doit éprouver , la déranger de fon
vafe.
On s’eft long-tems occupé de la compofition
de la terre propre aux Ananas. Il exifte un
grand nombre de recettes; chaque auteur a
donné la fienne ; nous allons rapporter ici les
principales.
Première Recette.
parties.
Terre à froment ou terre franche.. . . . . . . . . 3.
Fumier de vache réduit en terreau.................... 2.
Fumier de cochon bien confommé.. . . . . . . . 1.
Vidanges de latrines réduites en terre............1.
Sable fin................................................................1*
Seconde Recette.
Terre à Froment ou terre franche. ?; . 7. 7 . .2.
Terreau de trois ans, de fumier de cheval. . . . 1.
Terreau de cinq ans, de fumier de vache.. . . 1.
Terreau de deux ans, de fumier de mouton.. . -.
Fiente de pigeon .................... .. \.
Vieille tannée confommée.................. ...... r . . . 1.
Terreau de feuilles confommées. . ................... 1.
Terreau de bruyere....................................... .1 .
Vieux platras pulvérifés........................ U,
Troifième Recette.
Terre franche......................................................... J.
Terreau du fumier de cheval...................... 2.
Terreau de bruyere........... $ .................
Terreau de fumier de mouton......................... 2.
Terreau de fumier de vache.............................
Quatrième Recette.
Terre de gazon confommé............................ 2.
Terreau de fumier confommé..........................2, j
Sable jaune gras................................................. ...
Cinquième & dernière Recette.
Terre à froment, Jaune, graffe & pefante.. . . f . '
Sable jaune, fin St très-doux
Mais de toutes ces recettes , quelque foit celle
que Ton adopte, il faut que les ingrédiens, qui
la compofent, foient bien mélangés les uns avec
les autres. Pour cet effet on difpofe, fur un
terrein ferme & affez étendu, chaque forte de
matière dont on veut former le mélange, & l'on
en fait autant de petits tas coniques ; ainfi, par
exemple, fi l’on choifit la première recette le
tas de terre franche fera compofé de trois tombereaux
, celui de fumier de vaches de deux
tombereaux, & ceux des trois autres ingrédiens
de chacun un tombereau où de toute autre
mefure, de manière que la maffe entière du mélange
excède le befoin qu’on aura de cette terre
compofée , d'à-peu-près un tiers , parce que
ce mélange étant paffé à la claie diminuera
de cette quantité environ. Ces tas doivent être
placés, circulairemenr & laiffer dans le milieu
un efpace vide de huit à. dix pieds de diamètre.
C’eft dans cet efpace que fe fera le
mélange des terres, & voici comme on y procède.
On commence par former au centre de tous
les tas qui doivent entrer dans le mélange un
petit tas rond, de forme pyramidale, compofé
de douze ou quinze pelletées de terre franche *
enfuite on jette fur la pointe de la pyramide
deux pelletées de fumier de vache, & une pelletée'
feulement de chacun des trois ingrédiens, après
quoi on recommence par prendre trois pelletées
de terré franche & des autres matières, fuc»
çeflivement & en proportion, jufqu’à ce qu’enfin
tous les tas aient été fondus dans le mêlante.
A mefure que le tas augmente il faut avoir
l’attention de brifer avec une batte les mottes de
ferre qui retombent au pied de la pyramide
de relever enfuite la terre qui en provient &
de la rejetter- au fommet du cône , afin quelle
fe mélange & fe difperfe également.
C’eft relativement à cette opération qu'il eft né-
cefîaire que le fol fur lequel fe fait ie mélange
des. terres foit ferme, pour que la batte puiffe
éçrafer facilement les mottes & rende Topération
plus commode.
Il eft. bon d’obferver qu’on ne doit pas entreprendre
de mélanger les terres dans un tems
de pluie, par la difficulté qu’il y auroit de les
bien mêler enfemble. Il faut avoir foin aufîi
que les terres qui entrent dans la compofition
du mélange ne foient pas trop humides,il feroit
même à defirer qu’elles fuffent bien sèches,
afin quelles fe repandiffent plus également fur
toute la furface du tas.
Lorfque le mélange, eft fait, on le laiffe dans
le même état & fous la même forme pendant
quinze jours ou trois femaines, pour qu'il s'é-
tabliffe une fermentatation qui en divife les
parties'*, enfuite on 1e paffe à la claie pour en
extraire les pierres, les parties de terreau qui ne
font pas affez conformées & les corps étrangers