
prévenir que, fi on veut circorifcrire l'étendue de la
plantation, il faut l’environner d’un foffé, afin que
les racines ne'fe portent pas trop loin.
La graine d’apocin fe sème en mai ou en juin, j
ou fur couche ou au moins dans un bon terrein, !
ou dans celui même où l’on veut l’élever. Si on I
la sème fur couche, ou dans un terrein qui en |
tienne lieu , on la voit lever au bout de dix jours; j
le moment de tranfplanter les pieds eft iorfqu’ils ■
ont cinq ou fix feuilles. Pour femer l’apocin en ;
place, on prépare auparavant la terre par de
bons labours, on y forme de petits filions, à un
pied les uns des autres, dans lefquels on jette la
graine, qu’on recouvre légèrement de terre; pour
la mieux ameublir ou divifer, fi elle.en a befoin, j
il eft bon d’y répandre un peu des cendres qui ont j
fervi à la lelfive du linge. Dans le cas où après la
femaille il ne tomberoit pa$ d’eau, on feroit obligé
d’arrofer quelquefois les lillons, mais légèrement.
Dans les endroits où la graine n’a pas levé, foit
parce qu’elle n’étoit pas mure , foit par quelque
autre caufe, on repique du plant, qu'on prend
dans ceux où il en a levé abondamment.
■ Le terrein deftiné à l’apocin n’a pas befoin
d’engrais ; mais on jouit plutôt, & les plants en
font plus vigoureux , fi on le 1 urne la première
année; les fui van tes, on abandonne tout à la nature
f qui' multiplie tellement la plantation, que
la troifième année les intervalles des filions font
remplis. Il faut la première & la fécondé année
feulement farder ces intervalles. -
On alfure qu’une toile quârrée, mefure de Lorraine
, a donné y dans le plus mauvais terrein,
près de deux cens tiges d’apocin, de quatre pieds de-
haut. Une même étendue de terrein de la meilleure
qualité & bien fumé, a produit le double de tiges,
de cinq , fix & fept pieds de haut. Chacune por-
toit un grand nombre de fleurs, dont il n’en iub-
fifte ordinairement que quelques-unes. Elles font
remplacées par des goufles qui renferment un
duvet fin , appellé houette, pour lequel on cultivé
l’apocin. #
On a dit en Lorrainequ’un arpent de terre, mefure
deFrance, pouvoit rapporter, d’après uneexpériencei
confiante, de 350 à 400 livres de houetre d'apo-
cin, à 3 liv, la livre. Mais il faudroit connpître
lc’étendue de l’arpent dont on veut parler, car, en
France, il varie beaucoup.
La récolte s'en fait quand la goufîé eft mûre ;:
ce qùon reçonrioît quand elle s’entr’ouve. Alors
la graine, devenue jaunâtre, fe détache aifémentde
la houetre, qui a acquis toute fa longueur. Ce
n’eft que la fécondé année que Fapoein produit
des goufles. Elles ne font abondantes que la troiv
fié me année.
Après différons effai? pour féparer de fa graine
la houette de l’apocin, on s'en éft tenu à cette ma*
nière : on en remplit un baquet ; quelques per*
formes y enfoncent leurs bras nus, & tournent cir-
pulaireanent. Là bpuette s’attacha aux bras, 4ont
on l’Ôte facilement pour la pofer fur un drap
placé auprès ; la graine bien mûre refte féparée au
fond du baquet; celle qui n’efl pas mûre,retient
de la houette, qu’on jette , parce qu’elle n’a pas
la'qualité convenable.
La houette d’apocin peut, fuivant le mémoire
dont je donne l’extrait , .être - employée à beaucoup
d’ufages utiles , foit filée, foit fans être
filée.
On ne parv ient à la filer qu’après l’avoir cardée,
parce que les fils en font courts & droits, Il faut
même la mêler avec un quart de foie, ou de coton,
ou de laine de la plus grande fineffe. On garnit
la carde en partie.de ces matières; & on remplit de
houette d’apocin les intervalles de la carde. Ainlî
préparée & mélangée, la houette fe file très-bien,
& le fil efl propre , comme celui, du coton , pour
faire des bas, des mouchoirs , des toiles même
dont la fabrication eft facile; ces étoffes font douces,
très-chaudes, très-fortes, très-fines, prennent bien
la teinture noire , fe blançhiffertt parfaitement,
& paroifl’ent pouvoir être impiimées.
La houette d’apocin s’emploie fans être filée &
fans mélange, pour des courte^-pointes, des jupons
piqués & autres ouvrages. C’efi même un de fes
principaux ufages. Une livre peut remplacer deux
livres de coton, parce qu'elle efl plus légère &
s’étend davantage.
On a fait, dit-on, avec la houette d’apocin des mèches
de chandelle, qui donnoienc une lumière nette;
on en a fabriqué des chapeaux en l’unifiant pour la
carder avec un quart de poil de lièvre; ces chapeaux
ont été trouvés peu inférieurs à ceux de caftor.
Onfoupçonne que le papier de Venife, qui imite
celui des Indes, doit fa beauté à la houette
d'apocin.
On peut retirer de la tige d’apocin des filamens,
qui remplacent le chanvre , au moins pour des
ouvrages grofliers , félon M. Duquefnoi, & pour
toute efpèce d’étoffes & de toiles félon M. Gelot,
qui a donné fur cet objet un mémoire à TA-,
cadémie de Dijon. *
Enfin les fleurs d’apocin font très-recherchées
des abeilles, qui y recueillent abondamment du
miel. Cette plante diffère d’une autre efpèce d’apocin,
âppellée gobe- mouches dont il s’échap-
i pe un fuc gluant qui arrête les infeéles , lorfqn’ils
s’y pofeni;. Celui - ci eft un vérirable apocin; le
1 diélionnaife de botanique, Enétméthod., en fait fa
• première 'efpèce, au lieu que l’a po ci ri à lahouéttey
dont il s’agit » efl la cinquième efpèce' de ï dfde*
piades.
La graine d'apocin eft un très-puiffant fudori-i
fique,& la feuille uncauftiquetrès-aélif.
Lé ton qui règne dans le mémoire de M. Duquefnoi
, ‘la garantie ; qu’il, donne des1 faits ; qu’il
.âllégueyl’amour du bien & de là vérité qui paroît
l’animer, femblent ne laiffer- aucun doute fur l’exac*
titude de fesafferrions. Dans ce cas , les, avantages
de la culjure de l’apocin feroient confidérafcles
; quand cette plante n’en aurort qu’une partie,
elle mériteroit la plus grande attention de la part de
l’adminiftration. Le feû Roi Stanislas, Iorlque la
la mort le furprit, avoit le projet d’en faire cultiver
à fes frais en Lorraine , parce qué ce Prince,
fi bienfaifant, fentoit qu’on en pouvoit retirer de
Futilité. Ce qu’il y a de certain, c’eft que , comme
j ’en ai des preuves par moi-même, cette plante n’eft
paf délicate, & fe multiplie fans peine. On rifqueroit
a’ailleurs fi peu d’en planter dans de mauvais ter-
reins; quelque foible qu’en fût la récolte elle
dédommageroit toujours & bien au-delà des frais
de plantation. J e ne puis diffimuler cependant
que des couvre- pieds , faits de houetre d’apocin ,
au bout d’un certain rems, étoient tout péloton-
nés & fe réduifoientenpoûffière,lorfqu’oneflayoit
de les battre pour les rendre plus doux. Cela vient-
il de ce que la houetre n’en étoit pas bien préparée
, ou de ce quelle avoit été altérée par quelque
caufe, ou de ce quelle n’a pas réellement les
qualités, qu’on lui attribue? On le foupçonneroit
d’après le peu de progrès qu’a fait la culture de
l’apocin. ( M. VÀbbé Tessier. )
APOCIN en arbriffeau, fynonyme impropre
donné par quelques auteurs au malpighia paniculata
L. Voye\ Mo u r e il l e r paniculé. (M. T hovin. \
APOCINÉES ( famille des ) Voyei le mot apo-
cins. ( M. T h o v i n , )
A P O C IN S. A h o c i N A .
Ufages. Plufieurs des Apocinées ou plantes de
la famille des Apocins , fervent dans les arts; on
retire des tiges de quelques-unes des efpèces herbacées,
des filamens propres à la filature dont on
fait des cordes & des toiles. Les aigrettes qui
accompagnent lesfemences de quelques autres efpèces,
forment des ouattes que l’on emploie dans diffé-
rens tiffùs. Les fruits de l’Ahouai fourniffent aux
Sauvages des Antilles, desornemens dé parure; la
médecine emploie avec fucès le fuc laiteux dont
toutes ces plantes font abondamment pourvues»
pour guérir diverfes maladies. Enfin l’Europe s’eft
appropriée plufieurs de ces plantes qui contribuent
à l’ornement des jardins & des ferres. *
V oici les genres qui compofent cette famille*
F r u i t s g é m i n é s .
L ’A s c l é p i a d e . . . . . .Asczepias.
L a C y n a n q u e .............Cy n a n c h u m .
L a. P é r i p l o q u e . ... .Peri pzoca.
L A p o c i n ............................-Ap o c y n u m .
L ’E c h i t e ..................... .Ecrites.
L a P e r g u l a i r e . . . .Te r g v l a r i a .
L a Ç é r o p è g e ...............Ce r o p e g i a.
L a S t a p e l i e . . . . . . .StApezia.
L e L a u r ô s e . ..................N e r i v m .
L e F r a n c h i p a n i e r . Pz v m e r î a .
L e C a m e r i e r ............. ; C a m e r a r i a .
Le T a b e r n é ...................Ta b e r n æ m o n t a n a .
L a P e r v e n c h e .............Vinc a ou Per f i n cAt
Famille aflez nombreufe, compofée prefque en
totalité , de végétaux étrangers, qui ne fe trouvent
que dans les pays les plus chauds. Ils font vivaces;
& ont pour la plupart des riges ligneufes. Ce font
en grande partie des arbuftes, & des arbriffeaux
farmenteux & grimpans. Un petit nombre feulement
forme des arbres affez élevés- En général,
les plantes de cette famille font d’un feuillage
agréable, & dune verdure perpétuelle ; les freurs
font apparentes & nuancées des plus vives couleurs;
quelques-unes même ont une odeur très-fuave.
Toutes ces plantes contiennent un fuc laiteux ,
eauftique& malfaifant.
Quant à la culture, les végétaux dé cette famille
fe propagent en général fort aifément par
leurs femences, lorfqu’elles font fraîches, c’eft-à-
dirëy iorfqu’il n’y a qu’un an, deux ou trois ans au
plus, qu’elles ont été cueillief. Si pn les garde
plus long-rems , il eft très-rare qu’elles lèvent.
Mais il eft pl us expédkif de multiplier les efpèces
Hvaces à tiges,herbacées,, par leurs drageons, &
les efpèces ligneufes par le moyen des marcottes,
& des boutures,, que de les propager de graines.-
Pour la plupart, ces plantes aiment un terrein
meuble, fee & les expofitions les plus chaudes. ;,
les efpèces qui font de la nature des plantes graftês,
Çraignent infiniment l’humidité pendant Thiver ,
& toutes celles des'jays plus chauds que le nôtre,
doivent être confervées dans lés ferres chaudes.'"
* * F r u i t s solitaires.
L a M a t e l e e . . . . . . . . M a t e z e a .
L ’A h o u a i .................. .Ce r n e r a .
L e B o i s l a i t ......... .... .RAuifoxFiA.
L e P a c o u r i e r .............P a c o u r i a.
L A m b e l a n i e r . . . . . .A m r e z a n iAw
L ’O r E L I E ................ . .AzLAMANDAr
Voyez chacun de ces différens mots.
CM. T hovin. )
A P O N O G E T, A p oN o g'e to Hr
Genre de la famille de Govets , compofê cfe*
quelques efpèces déplantés aquatiques, étrangères-»,
affez femblables aux Potamots ou potamoget&n,
El les n’ont point encore été cultivées en Europe.
Efpèces.
1. àponoget à épi fimple.
A ponogeton monofiachyon. L. fLL des lieux
aquatiques du Malabar, & de l’IndeT
2. A p o n o g e t à épi double.
A'pohogzton difiachion. L . QL des ruîflsauï
du cap de Bonne-Efpérance,
Ces plantés ont une'racine Kulieufé garnie <fe