
aurez ferré pour l’hiver, & n’oubliez pas que cette faifon eft de longue
durées _ _ - *
de la vi&ne. Un vigneron habile commence a tailler la
vigne de bonne heure , ainfi que les arbres qui la foutiennent. Lorf-
qu’il provigne, il fait en forte que les provins s’élèvent droits au-delfos
du revers de la tranchée, dans laquelle ils font couches ; il^ élagué
les branches épailfes des arbres & ne laiffe que celles qui font écartées
les unes des autres. Il a foin de bien lier tous les pampres, fans
cependant les ferrer trop en les attachant. I l veille à ce que les arbres
foient bien garnis de vignes, 6c que la vigne foit allez peuplee pour
fournir toujours de quoi regarnir les lieux ou elle fora trop claire.^
A l’égard des vignes qui ne font pas mariées aux arbres, voici les
foins quelles exigent. Déliez d’abord tout ce qui aura été lié lors de
la taillé, quoiqu’il l’ait été convenablement, & liez-le de nouveau dans
la vue d’empêcher que les jets ne fe tortuent, 6c afin qu’ils tendent
toujours directement vers le haut : cônforvez, autant que vous le pourrez,
les branches à fruit, ainfi que celles d’attente. Dans le tems des
fomences, déchauffez tous les ceps. Quand la vigne fera taillee, tra-
vaillez-la au pied; après cela, commencez à labourer, en traçant des
filions pardevant & parderrière, tout au long des files des ceps.
Plantez vos marcottes le plutôt que vous pourrez ôc coupez enfuite
les vignes for retour, tout au moins émondez-les, ou plutôt, fi vous
avez befoin de marcottes, couchez-les en terre, afin de vous en procurer,
que vous ferrerez la féconde année. Il ne fera tems de tailler
les vignes nouvelles que lorfqu’elles feront en bon état. Si votre plan
de vigne eft trop dégarni de ceps, faites-y des tranchées pour y planter
des marcottes; il faudra écarter l’ombre de ces tranchées & les
labourer fouvent. Si votre vigne eft vieille , fomez-y de la dragée; fi
elle eft maigre, n’y fomez rien de ce qu’on laiffe monter en épis;
triais mettez autour des fouches, ou du fumier, ou de la paille, ou du
marc, afin quelles fo fortifient. Dès que la vigne commencera à fo
garnir de fouilles, épamprez-la. Liez fouvent les jeunes vignes, de
peur que leurs pampres ne fo rompent, & dès quelles atteindront a
la perche, attachez-y leurs pampres avec toute la précaution que^ demandent
des productions fi nouvelles & fi fragiles : ayez foin en meme-'
tems de les decourber & de les faire monter en ligne droite. Lorfque
le raifin commencera à tourner, retrouffez les ceps en relevant les
pampres; effeuillçz-les & dégagez les grappes en ôtant les riiauvaifes
herbes qui croiflent alentour.
Terreins propres à chaque ejpèce de femerîce. Les terreins fro:ds
& humides doivent être enfomencés les premiers; ceux qui font focs
A expofés au foleil, feront enfomencés les derniers.
Les
Les lupins viendront bien dans une terre rouge, dans une tèrre
légère & facile à cultiver, dans une terre forte, dans une terre rem-'
plie des cailloux 6c dans celle qui eft fablonneufe, ainfi que dans celle
qui n’eft point aqueufe.
Le fàr demande une terre humide, crétacée, ou bien une terre
rouge.
Le froment commun doit être femé dans des terreins focs, dégarnis
d’herbes & découverts.
I l fiiut femer les fèves dans des terres fortes, qui ne foient pas fujeteS
à la grêle.
La vefee & le fenu grec exigent des fols où l’herbe ne foit pas
abondante.
Le filigo & le froment commun produiront beaucoup, s’ils font
fomés dans des terreins découverts, élevés 6c expofés au foleil.
Les lentilles fe plaifent dans des terres pierreufos & dans les terres
rouges qui n’engendrent pas beaucoup d’herbes.
Si on a des terres neuves ou des champs qui peuvent rapporter tous
les ans fans fe repofer, il faut y femer l’orge.
On doit femer les trémois dans les endroits où l’on n’aura pas pu
faire les fomences à tems, ôc dans ceux que leur fécondité met à
même de porter toutes les années fans fe repofer.
Les raves, les raiforts demandent des terreins grasôz bieri fumés.
Maniéré de fumer les terres. I l faut répandre la fiente des pigeons
fur les prés, dans les jardins ôz for les guérets. Les crotes de
chevre, de brebis St la bouze de vache donnent un excellent fomier.
On emploie aulli la lie d’huile pour fumer les terres & les arbres après
les avoir déchauffés médiocrement. I l en faut une amphore avec une
moitié d’eau pour les grands arbres, & une urne (i) pour les petits,
avec pareille quantité d’eau.
Ce qui nuit aux terres. C ’eft une pratique très-nuifible de laboure'r
la terre dans le tems quelle eft trempée.
Le pois chiche eft encore pernicieux, tant parce que c’eft un légume
fale , que parce qu’on eft obligé de l’arracher de terre, quand on veut
le cueillir. L orge, le fenu grec A l’ers font des productions qui focent
& épuifent les meilleurs terreins.
Ne fomez point de fruits à filique dans les terres deftinées aux grains;
a moins que ce foit le lupin, la fève & la vefee, qu’on eft dans lufâge
de reverfer en terre lors de la floraifon ; par çe moyen on obtient de
ces plantes un fomier aufïi bon que celui que fournit le chaume, la
paille, les fàvars, la balle des graines., la feuille d’yeufo 6c celle de chêne _
(i) Lurne .étoit une mefure qui contenoit la moitié de l’amphore.
Agriculture. Tome I. N