
élevé un chêne qui n avoit de communication qu’avec de l’eau ; il a fait
croître des capillaires à l’aide du même moyen, dont s’eft lërvi auffi
M. Bonnet pour obtenir des fruits de quelques arbres. Nous voyons fou-
vent des jacinthes, des nardfîes végéter dans des carafes d’eau ; le creflon
alenois pouffe avec rapidité fur des éponges humides. M. Tillet a femé du
bled dans des vafes, dont les uns contenoient de l’argile pur , les autres
du fible, les autres du verre pilé, les autres des cendres dépouillées de
leurs fels, qu’il a eu foin d’arrofer de tems en tems. Par-tout le bled
a bien levé , il a pris de l’aCcroiffement &c a porté des tiges, des épis
&C des grains. Pour prouver que les principes dont chaque plante eft
compolee font les mêmes, Mariotte propofe de mettre de la terre dans
un p o t, d’y femer des plantes, & quand elles feront arrivées à leur
perfêétion, de retourner la terre pour y en femer d’autres d’efpèces
différentes, & ainfi fhccefîivement tant qu’on voudra; il allure qu’avec
des arrofemens répétés, toutes ces plantes croîtront. C ’eft donc, en
conclue-t-on, l’eau feule, principe homogène, qui fournit la sève à
ces différens végétaux. Quelque jufte que foit cette conclufion, elle ne
fatisfait pas à la queftion, puifqu’on n’en p«ut inférer que les végétaux
modifient leur sève au point de la rendre amère ou acide, épaifl'e ou
fluide, colorée ou fans couleur; car pour cela il eut fallu prouver que,
dans tous les cas dont il s’agit, la sève avoir des qualités différentes.
Or je ne crois pas qu’on s’en foit convaincu, ni par la voie des fons,
ni par les opérations chimiques.
En fiippofant que la feuille du chêne de M. Duhamel, le fruit
des arbres de M. Bonnet, la tige des bleds de M. Tillet, &c. enflent
un goût, une odeur, une couleur & une faveur qui ne puflent pas
fe confondre, la différence en devoir être peu confidérable,& certainement
elle ne pouvoit fe comparer à celle qui a lieu entre les parties
de ces mêmes plantes élevées dans la terre. D ’où ii fuit que les végétaux
puifent dans ce dernier élément une partie des- principes qui
différencient leur sève. Les expériences auroient été probatoires, fi
M. Duhamel eût élevé comparativement un arbre réfineux, un arbre
à moelle & un arbre à sève fluide; fi M. Bonnet eût-obtenu des fruits
d’arbres à pépins, d’arbres à noyaux ; fi M. Tillet eût femé dans fes
pots des graminées, des crucifères, des légumineufes; fi dans un même
po t, contenant toujours de la même terre, on eût mis fucceflivement
des graines de bette-rave rouge, de carotte jaune, de cercifi, de manière
que chaque efpèce confervât les qualités qui lui font propres &
quelle aurait eues, fi on l’eût confiée à la terre. Il me feinble que
jufqu’ici la feule confequence qu’on pouvoit tirer étoit que l’eau forme
une des plus grandes parties de la sève, vérité inconteftable. Mais fes
- différences pourraient bien etre dûes a deux caufcs combinées; favoir,
aux fucs particuliers que fournit la terre & à la manière dont ils font
modifiés dans les organes des végétaux.
On ne peut, avec avantage, remplacer dans une allée ou dans
un potager un arbre par un arbre de la même efpèce, à moins qu’on
ï n’enlève toute la terre qui avoit fervi à la nourriture du premier, pour
lui en fubftituer d’autre. I l faut, par exemple, qu’un pommier fiiccède
à un poirier & mieux encore à un prunier, un orme à un maronnier
d’inde, &c. fans cette attention le nouvel arbre languira ou périra,
| comme je m’en fuis alluré un grand nombre de fois, non-feulement
| en faifant remplacer des arbres morts, mais en arrachant des arbres
fains & vigoureux, foit parco qu’ils ne rapportoient pas de fruits, foit
pour des ufages domeftiques.
Les cultivateurs favent qu’en général ils ne récolteraient prefque
rien, fi dans un champ , qui vient de produire du froment, ils en
femoient l’année d’après. Je dis en général, parce qu’il y a des terres,
rares fans doute, fi fubftancieufes quelles peuvent rapporter du froment
plufieurs années de foire. Mais on eft afforé d’une récolte abondante
fi au froment fuccèdent l’orge & l’avoine, & mieux encore des
plantes légumineufes ou des crucifères : car j’ai éprouvé que plus les
plantes différaient par les caraétères de botanique ou de la fruétifica-
tion, plus il convenoit de les cultiver dans le même terrein les unes
après les autres ^ & vice yerfâ. J’ai femé du bled de mars dans un
| champ qui, l’été d’auparavant, avoit rapporté du bled d’automne, il
n’en eft venu que quelques épis, tandis que de l’orge, de l’avoine’s;:
des pois femés dans le même champ, ont eu une végétation d’autant
plus belle, qu’ils fe rapprochoient moins des caraétères du froment.
I l eft certain encore qiron mange des légumes auxquels on trouve
| un goût ° e terroîr- Ceux qui croiflènt fur des couches fentent le
Ijfomier, comme des animaux fentent l’aliment dont on les a nourris.
Les fruits de même efpèce fe diftinguent à la faveur particulière que
leur communique le fol où ils fe font formés; les perfonnes qui fc
oeiM°T-»eiL Cn V’nS k ' ^ ent parfaitement ces différences.
M . Duhamel ayant mis des racines de jeunes arbres tremper dans
des liqueurs colore« & odoriférantes, la trace de ces liqueurs s’eft
ï manifeftee jufques dans les feuilles & les fruits, de la même mafoère
que les os des animaux auxquels cefavant homme avoit fiiit manger
de la garance, seraient Colorés en rouge. Si l’pn sème de la graine de
nitrè eS ^a^ Canons I *es Pentes qui en proviennent donnent du
G S I S i f l la tef en contient, tandis quelles n’en fourniffent
pas ii on les seme dans un terrein fablonneux, éloigné des h rfy.
»rions., fqjvant la remarque de-M, le Marquis de Bullion,
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