
chargées d’aller chercher les vivres, les autres font fédentaires & travaillent
dans l’intérieur de l’édifice. Les fondemens de leurs rayons font
formés avec le fûc de la narciffe & la gomme cueillie for l’écorce des
arbres; elles cùnflruifent en fuite lës compartimens de cire dont elles
forment plulieurs étages ; elles y cntaffent le miel & rempliffent de ce
nectar les alvéoles. Seules parmi les animaux, les abeilles élèvent leurs
enfansen commun. Il y en a qui font prépofées pour remplir cette
fonction importante. Ici chacune a fon emploi particulier ; cèlles-ci
reçoivent le fardeau de celles qui reviennent des champs .chargées de'
butin ; celles-là font en faétion à la porte de la ruche pour veiller à
la fureté publique ou pour obferver les vents & la pluie. S’il arrive-
quelque accident fonefte, fi quelque dange? menace la république,
toutes fe réunifient pour l’intérêt public & le falut commun. 'Les
abeilles anciennes préfident à l’intérieur de la ruche, elles ont foin de
la conflruétion des alvéoles, de la manufoéture des rayons ; 'les jeunes
vont dans les champs, & reviennent le foir chargées de la pouffière
cueillie for les fleurs du thim , dé l’arboifier, des foules, de la lavande,
du fofraii ,, des jacinthes, du tilleul. Leurs travaux commencent &
ceflent au même inftant. Au lever de l’aurore, elles fortent enfemble;-
à l’entrée de la nuit, elles retournent fous leur toit pour prendre le
repos. U n bourdonnement général autour de la ruche efl le fignal
de la retraite : à peine font-elles rentrées chacune dans leur loge, que
le bruit cefl'e, elles fe livrent au fommeil durant toute la nuit.
Si le tems paraît orageux ou fi le vent fouffle, elles ne s’éloignent
guère de leur domicile ; elles fe tiennent ,• pour ainfî dire, fous leurs
murailles, & vont fe défoltérer dans un ruifleau voifin. Faut-il1 affronter
l’impétuofité du vent ! elles fe chargent d’un grain de fable qui leur
fert comme de lefl pour fe foutenir dans l’air.
Génération des abeilles. C ’eft une chofe admirable, les abeilles
perpétuent leur efpèce fans s’unir ni s’énerver par les plaififs de
l’amour ; elles recueillent for les fleurs & fur les herbes la femence qui
lçs produit. Par ce moyen, elles fe donnent des nouveaux citoyens & un
roi qui gouverne leur empire. Quelque courte que foit leur vie, qui
ne s’étend guère au-delà de fept ans, leur race s’entretient & fe perpétue
par une chaîne fuccefïive d’innombrables générations.
heur refpêcl pouY le roi. L ’Egypte , la Lybiê , les. Parthes, les
Mèdes révèrent moins leur fouverain, que les abeilles refpeélent leur
roi. Tant qu’il vit, la concorde règne parmi elles; efl-il mort? il n’y
a plus quç trouble &t confofion dans la république.
Manière de cueillir le miel. Lorfque vous voudrez tirer de vos
tuçhes le tréfor que les abeilles y auront amaflc, que votre bouche les
arrofc
arrofe d ’eau tièd e : e n m êm e -tem s p ré fen tè z -leu r d e la paille e n flam m é e
ôc fo u lan te . D e u x fois ch a q u e a n n e e elles rem p liflèn t leurs ru ch e s d e
m ie l & d eu x fois o n en fait la récolte ; la p rem iè re , lorfque les p lé ia d e s
c om m e n c e n t à fortir d e l’o c é an & p a ro iflèn t for l’h o rizo n ; ( i ) la
f é c o n d é , lo rfq u e cette con fle lla tio n fu y an t le fig n e des poiflons fe
p lo n g e triftem en t d a n s la m e r. ( z )
T o u te fo is fi vous c ra ig n e z q u u n hiver lo n g & rigoureux n e défoie
vos ruches &c n y catifè la f am in e , laiflez-y a la fin de l’a u tom n e u n e
p artie d u miel d o n t elles fe n o u rriro n t ; mais enlevez to u te la cire q u i
leu r e fl inutile. A y e z foin d e p a rfum e r la ru ch e d e l’o d eu r d u th iin .
V o u s éloignerez les c lo p o rte s, les lé z a rd s, les b o urdons q u i fe'n o u rriffen r
au x d ép e n s des abeilles $ & les frélons qui v ie n n e n t les a tta q u e r avec
des forces foperieures. V o u s les délivrerez'auffi des te ig n e s , d e l’a ra ig n é e
q u i te n d fa toile à leur p o rte p o u r les fo rp ren d re.
Maladies des abeilles. L e s abeilles fo n t fujettes à des m a la d ie s ,
q u i s’a n n o n c e n t p a r les fym p tôm e s fuivans. E lle s c h a n g e n t d e couleur
& p a ro iffen t maigres. O n les voit tr a în e r fo u v en t h o rs d e la ru ch e des
abeilles m o rte s & leu r faire Une efp è c e d e fonéraille. Q u e lq u e fo is elles
fe tie n n e n t fufpendue s p a r les pieds à la p o rte des ruches’ & y re lie n t
fans avoir le d efir d e n fortir ; parefïeufes & en g o u rd ie s, elles d é d a ig n e n t
la nourrimre. L e u r b o u rd o n n em e n t fo u rd , e n tr e c o u p é , reffemble ou
au m u rm u re d u v e n t d a n s les fo rê ts, ou au bruit des flo ts , lo rfq u e
la m e r fe retire , ou à celui des flamme s captives d an s u n e fournâifè.
L e rem ed e q ui leu r c o n v ie n t, con fifle à b rû le r d u g a lb an um au to u r
d e la ru c h e , à rem p lir des rofeaux d e m ie l; & à foire q u e lq u e bruit
p o u r les inviter à v enir s’e n n ourrir. I l efl b o n auffi d e leur p ré fe n te r
d e la noix d e galle p illé e , des rofes sè ch e s, d u ré fin é bien c u it, des
g rap p es d e r a if in , d u th im , d e la c en tau ré e . O n p rép a re en co re u n
ex c e llen t rem ed e avec la ra c in e d ’amellus ( 3 ) q u e les bergers cu eillen t
fo r les bords d u fleuve Melle. On foit bouillir les racines d e c e tte
p la n te d a n s d u vin p a r fom é , & o n les m e t d a n s des corbeilles à
le n tr e e d e la ru ch e . T e l e fl le rem èd e d o n t o n p e u t foire ufoge p o u r
conferver les individus q u i r e fie n t, & q u i n ’o n t p o in t é té a tteints d e
la co n tag io n . Mais fi la m o rta lité a é té gén é ra le & fi to u t l’effaim e fl
d é tru it, V irg ile d o n n e u n fecret p o u r té ta b iir la p o p u la tio n éteinte*
f 1) Les- pléiades fe levoient avec le foleil le 21 avril, du tems de Columelle.
novembre. her ^ Plé‘ades lnd^ ue lci ^ fin dodtobre ou le commencement de
p H R I w B l f * •" «-* *"K—lc"* A g ricultu re , Tome I . X