
les mêmes bêles ; des grains fains dans des
bàles féparées.
Quoique la plupart des tiges & des épis Avortés
foient, en général, dans un état de délica-
tefl'e & d’amaigriflement fenfible , cependant on
trouve quelquefois des grains Avortés fur des
tiges élevées, „& dans dès épis bien formés :
M. Tillet penfe que la maladie du bledAv orté eft
aufli nuifible au cultivateur que la carie & le
charbon. Voye\ Carie & Charbon. Il en
faut conclure que,dans les environs de Troyes,
en Champagne, où il a fait fes obfervations ,
cette maladie eft très - commune. J ’ai cherché
pendant long-tems à l’étudier dans quelques cantons
de la Beauce > fans pouvoir la rencontrer 3
je préfume qu’elle y eft très-rare. M. Tillet ne
dit point qu’elle foit contagieufe : on fait que la
carie , .qui fè communique avec une extrême
facilité, eft répandue dans beaucoup de pays. Le
tort que cette dernière a fait dans la plupart des
cantons cultivés de la France , pendant les années
1785 , 1786 , 17 8 7 , n’atrefte que trop qu’elle
eft la plus nuifible des maladies des grains
au produit des récoltés. Il y a probablement,
d’après l’aflertion de M. Tillet, des pays ou le
rachirifme & la carie font également à craindre.
Le même Auteur nous apprend que le ra-
chitifme eft toujours la premièrre maladie qu’on
apperçoit dans le froment. Elle fe montre^’une
manière très - marquée, dès le commencement
de Mai.,Les tiges des bleds Avortées font plus avancées,
& portent plutôt des épis que les bleds fains •,
les tiges & les feuilles font parfemées de gou-
telettes d’une liqueur très - limpide, qui paroît
être la feve extravafée. M. Tillet croit que des
infeéles ont beaucoup de part à la caufe du bled
Avorté. Son opinion eft-elle fondée, ne l’eft-
elle pas ? voilà ce que je ne fuis pas en état de
décider, n’ayant aucune obfervation qui puiffe
conftatef le pour ou le contre.
J ’ai trouvé des grains rachitiques dans les
épis d’un froment à épis barbus, épais, à bâles
rapprochées, barbes noires ou roufles, tige pleine
, grains tranfparens & durs^ originaire de la
côte de Barbarie , que j’aifcméà Rambouillet.
M. le Marquant, Maître particulier des Eaux &
Forêts d’Anet, m’a envoyé des épis de bled rachitique,
qui étoient ceux du froment à épis blancs,
prefque cylindriques fans barbes, grains dorés
& tendres , tige creufe. Voilà donc deux fro-
mens d’un caraélère oppofé, .fujet^à ce,rte maladie.
Peut-êtreles autres efpèces nen font-elles
pas exemptes.
Une obfervation qu’ il m’a paru bon dé recueillir
, c’eft qu’à Anet, la moitié d’une pièce
de terre ayant été labourée au commencement
de Septembre , & l’autre le 29 • Octobre , &
les deux enfemencées le même jour, 29 Octobre
3 celle qui aYoit été enfemencée le jour
du labour, a produit du bled rachitiquè 3 & du
bled carié , tandis qu’on n’a trouvé aucune de Cès
maladies dans le produit du champ labouré près
de deux mois avant l’enfemencemènt. On verra
à l’article Carie, l’influence du labour frais pour
la multiplication de la carie. Il réfulte de-là un
fécond rapport du bled Avorté avec le bled carié,
qui donne lieu de croire que les mêmes moyens
doivent réuflir pour préferverle froment de l'une
& de l’autre maladie.
Je ne paflerai pas fous filence un fait relatif
aux grains de bled rachitique, quoiqu’il foit plus
curieux qu’utile à l’Agriculture. Zi eft d’autant plus
avantageux de le rapporter ici , qu’il me donne
occafion de détruire une erreur, accréditée par le
témoignage de M. de Buffon 3 ce favant naturalise
voulant prouver fon fyftême des molécules
organiques, a cité entr’autres chofes ; une infinité
de petits corps qu’il a cru qu’on trouvoit dans
la maladie des grains appellée Ergot. Bien des
perfonnes & depuis peu M. Dupaty, dans fon
voyage d’Italie, ont répété cette obfervation, &
n’ont pas douté que ces petits corps ne fe trou-
vaflent dans l’ergot. C’eft dans les grains de bled
rachitique , qui en diffère beaucoup, qu’il faut les
chercher. L’ergot ne contient que des fibres fans
mouvement. Voye\ Ergot. En changeant le nom
des grains & en attribuant à ceux du bled rachitique,
ce que dit M. de Buffon de l’ergot, j’em-
ploirai fes propres paroles pour rendre compte
d’un phénomène aufli fingulier. ce Ils font, dit-il,
53 compofés d’un infinité de filets ou -de petits
33 corps organifés, femblables par la figure à des
33 anguilles ; pour les obferver au microfcope,
3» il n’y a qu’à faire infufer le grain pendant dix
33 à douze heures dans de l’eau & féparer les
33filets, qui en compofent la fubftance, on verra
33 qu’ils ont un mouvement de flexion & detortil-
33 lement très-marqué, & qu’ils ont en même-tems
33 un léger mouvement de progreffion qui imite
33 en perfeélion , celui d’une anguille qui fe tor-
33 tille 3 lorfque l'eau vient à leur manquer, ils
3 3ceffent de fe mouvoir 3 en y ajoutant de la
33nouvelle eau, leur mouvement recommence,&
»3 fi on gardecette matière pendant plufieurs jours ,
>3 pendant plufieurs mois, & même pendant plu-
33 fieurs années, dans quelque tems qu’on la prenne
»3 pour l’obferver , on y verFa les mêmes petites
33anguilles, dès qu'on la mêlera avec de l’eau -y
33 les mêmes filets^ en mouvement', qu’on y aura
33 vus la première fois 3 en forte qu’on peut faire
J3 agir ces petites machines aufli fouvent Ht aufli
33 longtems qu’on le veut , fans les détruire &
33 fans qu’elles perdent rien de leur force ou de
33 leur aéliviré. >3
Laiflant à part l'application que M.de Buffon
fait de ces obfervations à fon fyftême, je me contenterai
de dire , que Néedham eft un des premiers
qui les ait faites, qu'elles ont été. renou-
yeljées depuis par un grand nombre de phyfi*
cieos. & que je n’ai pu me refufer au plaifirde
le s, vérifier. (Af. l'Abbë T e s s ier .)
H A V O R T Ë M É N T.
Sortie prématurée d’un foetus d animal qui n eft
pas à terme. On dit aufli, mais à tort, que les
plantes avortent, lorfqu'elles ne donnent pas de
graines, c’eft plutôt quand elles donnent des fruits
précoces. Voye* A vorté. Les femelles «es animaux,
dont l’Avortement porte préjudice à l Agriculteur,
font les jumens, les vaches , les brebis.
Les petits font abortifs, quand la jument met^as
avant le onzième mois, la vache avant le neuvième
& la brebis avant le fixièine.
11 y a des femelles plus fujettes à avorter que
d’autres. On en voit qui avortent toujours à la
même époque,- elles avortent, pour la plupart,
indiftinélement à tontes les époques de la gel-
tation. : .
Quand une femelle avorte brufquement par
quelque caufe violente, ou dans les premiers mois,
rien ne l'annonce d’avance. Si c eft -dans les aer-.
Hiers mois , fon pis fe gonfle & fe remplit d une
matière féreufe 3 il fuinte une humeur glaireule
du vagin, qui fe dilate peu-à-pe.u, comme fi
la bête devoit mettre bas à terme. En appuyait iur
fon ventre, on fent les mouvemens du petit plus
fréquens & moins forts. ,
Les Avortemeps des beftiaux -font tort aux
propriétaires pour plufieurs raifons. Premièrement,
ils les privent des petits qui accroîtroient leurs
troupeaux ou qu’ils vendroient. C ar, dans le plus
grand nombre des Avortemens, les petits meurent
en naiflant ou font d’une conftitution- li roible
& fi délicate , qu’on, ne peut les élever avec
avantage. 11 n’y a tout au plus , que cegxsqui
naiflem dans l'avam-dernier mois qu’on peut con-
ferver. Les mères qui avortent font d’autant plus
malades, que cet accident arrive dans les premiers
mois, ou au milieu de la geftation.
Elles fe rétabliffent difficilement. Il réfulte de-la,
ou que, dans ces animaux, le principal organe de
la génération eft vicié au point de les empêcher
de concevoir dans la fuite, ou qu’il fe fait, vers
quelque partie du corps, un^ reflux de lait, toujours
fâcheux pour la conftitution de 1 animal.
Le propriétaire perd donc les petits & les mères,
ou bien il eft obligé dé fe défaire de ces dernières
à vil prix.
Plufieurs caufes font capables de produire 1 Avortement
, les unes font naturelles & les autres accidentelles.
Les naturelles auxquelles on n’a pas fait
allez d’attention jufqu’ici , font lè tempérament
& la conftitution particulière des femelles. Une
bête trop fanguine avorte , parce que le fang
fe porte en trop grande quantités, avec trop de
force vers les vaifleaux delà mairice , & occa-
fionne le déplacement des placentas 3 une autre
avorte encore quand trop peu fauguine & trop
foible '1 elle ne fournit pas aflez de fang pour
la nourriture des foetus. Les placentas fe féparent
du fond de Ja matrice,, comme des fruits tombent
d’un arbre quand la feve celle de s’y porter,
ou ne' s’y porte qu’èn trop petite quantité.
A l'égard des caufes accidentelles, il y en a de
plufieùrs, fortes.-Des maladies aigues ou chroniques,
un exercice ou un travail violent, une marche
forcée dans des lieux ,efcarpé,s, une nourriture
trop abondante, ou gâtée-, ou inluffifante ,
un tems défavorable, des coups reçusparticulière-
ment fur le ventre , fur les flancs , fur les reins,
de? herbes de la clafle de celles qui provoquent
dans les femmes l’éruption des règles, la frayeur,
une étable ou une écurie, ou une bergerie , dont
le fol eft trop en pentes , des porte trop étroites
où les animaux fe preflënt, font autant de caufes
d'Avorrement. Je connois.une étable où une fiche
de fer qui avançoit dans l’ouverture de la porte ,
faifoir avorter les vaches, parce-qu elles s'y blef-
foient en paflant 3 cette fiche ayant été ôtée, les
vaches de l’étable n’ont plus avorté.
De toutes les caufes â’Avortement, la plus con-
fidérable eft celle qui agit par contagion. L'influence
de cette caufe étant extraordinaire, j’ai
cru devoir placer ici l’extrait d’un mémoire que
j,’ai publié, fur cet objet, dans le cinquième volume
des Mémoires ,de la Société.Royale de Médecine.
Plufieurs cultivateurs de diverfes parties de
la Beauce fe plaignent de ce que lés vaches
de leurs étables avortent plus ou moins d’années
de fuite , & les privent par-là d’un produit
utile.' Cette^circonftance , dont perfonne
n'a encore fait mention, m’a paru mériter que
je m’en oceupafle d’une : manière particulière.
Jexpoferai ,en peu de mots, ce que mes recherches
m’ont appris à cet égard.
Aufli - tôt que dans les étables dont il s’agit,
une vache avorte , prefque toutes celles qui y
font renfermées , avortent aufli les unes après
les autres. Cet accident, qui continue pendant
un efpace de tems plus ou moins long , & xefle
fans qu’on fâche ce qui le fait cefler , reparoît
quelquefois dans les fermes où on, l'a déjà vu.
J’en connois une où on l’éprouve depuis trente-
fix ans, avec deux interruptions de quelques années
feulement. Dans un village compofé de
plufieurs fermes, toutes les vaches des unes avortent
>, tandis que celle des autres fermes n’avortent
pas. On remarque lors de ces avortemens
, que les cotylédons, (nom que |l’on
donne aux petits placentas des vaches, ) nefui-
vent pas vôu ne fui vent qu’en partie la fortie
du foetus 3 lgs portions qui reftent, fe putréfient
j & tombent peu-à-peu en lambeaux par la voie
1 de la fuppuration , ou de la gangrené, en exha-
J lam dans l’étable une odeur d’une fétidité in-
! fupportaWe.
i Les vaches qui ont ainü avorté, deviennent