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elle eft trop sèche. Dans le premier cas, elle fe met en mottes; dans
le fécond cas, le labour ne fert à rien pour la divifion du terrein. Un
champ humide par là nature & par fa pofirion, doit être labouré
dans un tems fec, afin que fon humidité fe diffipe. Un champ fec;
fablonneux^ rempli de terreau & léger, ou mêlé de beaucoup de terre
tenace & d’une glaife dure, ne doit être labouré que quand il a été
bien détrempé par la pluie. Un terrein poreux & divifé par fii nature,’
Peut_ etre laboure de meilleure heure & plus promptement qu’un
terrein compafte; un terrein élevé doit être labouré plutôt qu’un terrein
bas.
Quant à la profondeur du labour, elle doit être proportionnée 3
l’extenfion des racines, afin que l’air puilfe aller jufquà elles.
La femence des végétaux doit être jettée plus ou moins profondé-;
ment, fuivant la diverfité du fol ; mais jamais au-delà de cinq ou fix
pouces. ' u -
Pour déterminer la quantité de fomence nécefïaire pour enfemencer
les terres, il faut confulter la qualité de lax femence & la nature du
terrein. Plus le terrein eft gras, plus il a été foigné & travaillé, moins
on y doit jeteer de femence : & plus le terrein eft maigre, moins il
faut épargner la femence, vu que, dans un pareil terrein , la croiflànce
& la multiplication ne font point à craindre. On fe règle ordinairement
fur la nature du terrein même, ou fur des lignes extérieurs pour
le tems des femaiiles. r
C h a p. X V I I I . Inconvéniens à écarter dans F agriculture:
Les arbres nuifent en interceptant les rayons du foleil, en empêchant
l’action des vents & en même - tems la circulation de là
graiffe aérienne. Les arbres & les huilions ôtent aux grains leur
nourriture &: communiquent de l’aigreur au terrein par les eaux
quils arrêtent. Pour prévenir les délàvantages qui réfultent des
eaux, il faut former des tranchées dans les champs, fuivant la nature
& la pofirion des lieux ; il faut égalifer le terrein , afin qu’il n’y ait point
d’endroit où l’eau puilfe s’arrêter; de après avoir femé, il eft à propos
de former quelques filions plus grands que les autres, qui puilfent conduire
l’eau dans les folles.
La neige étant nuifible aux champs, il eft expédient pendant l’hiver,
de l’ôter de delfus les terres, ce qui peut s’exécuter à l’aide d’un infiniment
que Ion nom me charrue de neige. On peut même écarter l’eau
de neige des champs en formant des folles: & des tranchées.
I l faut, autanc qu il eft pollible, détruire les biittcs, les roches & les
inégalités dans^ un champ, vu que non-feulement elles font nuilïbles
par 1 ombre quelles jettent, mais encore par la neige qui s’y amalfe &
qui eft long-tems fans fc fondre. Les petites pierres & les cailloux
doivent être regardés comme plus utiles que nuifibles, fuivant la nature
du terrein.
Le cours complet d’agriculture, dont le premier volume a été M. l’abbi
publié par M. l’abbé Rofier en 178 x, eft un des plus étendus & des Rol‘a'-
plus favans ouvrages d’agriculture qui ait paru jufqu’ici. C ’eft le réfuîtat
de tout ce que les phylîciens & les agriculteurs expérimentés, tant
nationaux qu etrangers, ont découvert fur la phyfique & l’économie
rurale. En compilant ces différens ouvrages, l’auteur y a ajouté des
obfervations nouvelles , qui ont été faites par lui ou par fes coopérateurs.
Son entreprife eft valle & difficile : il a pour but d’éclairer le cultivateur;
de lui donner des principes certains fur toutes les opérations
relatives a fon état; & de prévenir, par ce moyen, les conféquences
racheufes qui ne réfultent que trop fouvent d’une pratique mal entendue.
D après ce plan, M. l’abbé Rofier entre dans beaucoup de détails
phyfiques fur la végétation : il décrit toutes les parties qui compofent
les plantes & il affigne les ufages auxquels la nature a deftiné chacune
de ces parties. Eft-il queftion de l’air, cet élément qui. a tant d’influence
fur tous les. objets terreftres ? non-feulement il parle de-fes propriétés
& de fes différentes efpèces; mais encore de fes qualités & des effets
de lair fixe fur l’économie animale & végétale. Traite-t-il des engrais,
de la fermentation, 8c de la diftillation F il analyfe les fubftances conf-
titutives des corps, les fek„.les huiles, les grailles, ies principes fpiri-
tueux ;& par conféquent il ramène à fon objet les principes de la
chymie. Fait-il mention des nÿiladies auxquelles les hommes & les
animaux font fûjetsF il affigne les caufes qui les ont produites, les
lymptomes qui les caïqcterifent & il preferit les remèdes qu’on doit leur
oppofer.
Si on ne confulte que le plan général de cet ouvrage Sc le louable
motif de fon auteur, on ne peut qu’applaudir aux vues de M. l’abbé
Rofier. Il ne cherche qu’à étendre & multiplier les connoiflances du
cultivateur & a le préferver des aceidens auxquels il fe trouve malheu-
reufement expofé, en lui mettant fous les yeux l’enchaînement des
caufes avec leurs effets & la liaifon qui unit les conféquences avec les
principes dou elles font déduites; mais cette manière d’inftruire a des
ornes fixes & déterminées. Dans les livres élémentaires de chaque
foience,.on 11 a jamais cru qu’il fût néceffaire d’examiner, d’approfondir
& d expliquer tous les Rapports que cette fcience a avec les
autres : autrement il ne pourrait y avoir de traité particulier fur une
icience quelconque, puifquelles font toutes liées par quelque rapport
& on ne pourrait écrire fur une en particulier, fans embraffer en
meme-tems toutes lçs parties qui compofent les autres. Ainfi, par
exemple , un traité çfe médecine deyroic renfermer les principes