plante ait autour d’elle fuffifamment d’efpace, pour que leS racine^
puiffent recueillir & fournir beaucoup de nourriture à la plante à
laquelle elles appartiennent, a.0 On doit mettre chaque plante en état
de taller beaucoup &c de porter quantité de tuyaux. j.° Il faut faire
en forte que chaque tuyau puiffe porter un bel & long épi, bien fourni
de grains jufqu’à la pointe.
Pour remplir la première condition, & parvenir à ce que chaque
plante ait autour d’elle autant de terre que peut exiger l’extenfion de
l’es racines, & pour fe réferver auffi la facilite de lui donner des labours
pendant quelle végète, il faut divifer le champ bien labouré & bien
herfé par des traits ponétués, qui foient à trente pouces les uns des
autres ; & femer aux deux cotés de ces traits deux rangées de froment
qui foient éloignées les unes des autres de fix pouces.
Le premier labour, qui doit être fait avant l’hiver, a pour objet,
non-feulement de procurer l’écoulement des eaux, qui eauferoient un
grand préjudice aux plantes, fi elles féjournoient trop long-tems
auprès de leurs racines ; mais encore de difpofer la terre à être ameublie
par les gelées.
Le fécond labour, qui doit être fait après que les grandes gelées
font paffées, a pour objet de faire taller les plantes.
Le troifième labour, qui doit donner de la vigueur aux tuyaux,
fera exécuté quand les épis commenceront à paraître; & ce ne fera
qu’une légère façon, dans laquelle néanmoins on pourra commencer
à creufer un peu le milieu des plates-bandes.
Le dernier labour eft celui qu’on peut regarder comme un des
plus importans , puifqu’il fait groffir les grains & qu’il concourt à
les former : il doit être fait, lorfque les épis font en fleur.
Si l’on veut exécuter avec la charrue, la nouvelle.culture; voici le
précis des opérations néçeffaires.
On doit le pourvoir d’un bon cultivateur, d’un femoir, d’une charrue
propre à labourer entre les rangées.
On peut indifféremment appliquer la nouvelle méthode aux bleds
d’hivçr ou à ceux du printems.
Ep fuppofant qu’on commence par les bleds d’hiver, il fera né-
çeffaire de préparer la terre par quatre bons labours, qu’on donnera
en différens tems ; fa voir, depuis le commencement du mois d’avril,
jufqu’à là mi-feptembre.
Op aura grande attention que ces labours foient donnés dans des
tems affez focs, pour que la terré ne fe pétrifie point.
On herfera ce champ pendant un beau tems, de même que s’il
çtoit enfemencé à l’ordinaire, afin que la fuperficie en foit bien unie.
I l eft importait que les. rangées de froment foient femées bien
droites,
droites : en conféquence , fi la pièce ,■ que l’on veut ënfomencer ;
n’eft pas d’une grande étendue, on tendra pii cordeau , le long duquel
on tracera avec une pioche un périt fillon, dans lequel on fera marcher
le cheval qui doit tirer le femoir ; & l’on aura foin de laifler
cinquante pouces d’intervalle d’un fillon à l’autre, fi l’on sème trois
rangées. Quand la pièce eft grande, on pique aux deux extrémités
des échalas, à la diftànce de cinq pieds ; & enfuite le charretier
dirigeant fur les échalas une charrue ordinaire, qui n’ait ni oreilles,
ni verfoir, il trace les petits filions qui doivent guider la marche du
cheval qui tire le femoir. Les terres doivent être enfemencées vers la
mi-feptembre, ou au plus tard à la fin du même mois.
Il eft à propos de faire les filions félon la grande longueur de la
pièce, afin qu’il y ait moins de terre perdue, par l’efpace qui eû
nécelîaire pour faire tourner le cheval. On fera bien encore de
diriger les rangées fuivant la pente du terrein, afin que l’eau puiffe
s’égoutter.
On mettra la femence dans des corbeilles que l’on plongera dans
un cuvier rempli d’eau de chaux : on la répandra enfuite fur le plancher
du grenier,. & on la remuera de tems en tems jufqu’à ce quelle
foit affez sèche, pour quelle puifle couler facilement par les ouvertures
des tremies du femoir.-Si l’on craint le charbon, il faut mêler
de la leffive de cendres avec la chaux, afin de'préparer le grain contre
cette maladie.
La femence doit être prife parmi le grain le plus parfait. Une
précaution qui n’eft pas à négliger, c’eft d’éprouver la femence & de
tenter fi elle eft bonne. Pour cela, il faut en femer fur un bout de
couche, ou dans une terre humide, cinquante ou cent grains, pour
s’affurer s’ils, lèveront tous.
Après avoir rempli les tremies du femoir, on fera marcher le
cheval au petit pas dans la raie qu’on aura tracée. Pour répandre la
quantité de femence qu’on jugera convenable , on proportionnera
1’ouverture de la tremie à la grofleur du gràin, & l’on fera en forte qu’il
ne s’en répande, tout au plus, que trente ou quarante livres par arpent,
dont la contenance eft de cent perches, de vingt-deux pieds de longueur
chacune.
Dans les terres qui retiennent l’eau, il faut leur donner un labour
dans le mois d’octobre, par un beau tems. Vers la fin de mars, on
fera avec une petite charrue à oreilles le premier labour d’après l’hiver:
à la fin ou au commencement de mai, on fardera les planches : dans
les premiers jours de juin, quand les fromens feront prêts à entrer en
fleur, on donnera le fécond labour avec la charrue à verfoir, en
obfervant toujours de relever la terre du côté des rangées, & en
Agriculture. Tome I. O o