
qu’on laboure trop un champ de nature légère, & qu’on ne labours
pas allez un champ compaét, dans l’un & l’autre cas la fruftification
des. plantes qu’on y lemera. fera tres-limitee ÔC les , grains rares dans
les épis Sc dans leurs caplules.t,, irrrpoi^vob-'âl L dV . vmdb!.-; J.’. -hiisrc
Une autre confïdération, qui ne fauroit échapper, c’eft que les
o-raines, même des ^plantes qui le perpétuent par les racines, fervant
auffi à les multiplier, il eft néceffaire de les mettre;en état de germer
Sc de lever. l?our cet cilct, il convient de ne pas les récolter avant
leur maturité,- d’en écarter les infe&es & de les empêcher de fermenter
dans les lieux où on les conferve. Si les cotylédons en font rongés
par les infectes, les racines & la tige naiffantes n’en peuvent^ plus tirer
l’aliment dont elles ont befoin. Le defaut de maturité & 1 alteration
caufée par la fermentation ont le même inconvénient;, car dans le
premier1 cas, la fubftance nutritive neft pas affez elaboree, & dans
le fécond cas, fon énergie eft détruite. ; q , , ;b -' V. q o ; p ;■
Chaque année, on laifle venir a graine une partie des plantes qu on
cultive pour leurs racines ou pour leurs tiges ou leurs feuilles, tx_’c.
Parmi elles, il y en a de vivaces, d’annuelles , de bis-annuelles, & même
de tris-annuelles., Les vivaces confervent plus ou moins d années leurs
racines vivantes & pouilent au printems des tiges qui donnent de la
graine dans l’année. Si ce font des plants qui forment des prairies
artificielles, au lieu de les couper, on laifle monter la première pouffe,
parce quelle eft la plus forte & la plus capable de fournir de bonne
graine. On eft obligé de femer ou planter tous les ans les plantes ditçs
annuelles, qui accompliffent leur,végétation en donnant leurs graines.
Les bis-annuelles ne fleuriffent & ne fructifient que tous les deux ans,
& les tris-annuelles tous les trois ans. Lorfque les graines, à leur maturité,
fe féparent trop aifément de leur capfule, dans laquelle elles ne
font pas allez retenues, pour n’en pas perdre on les récolte de bonne
heure en coupant leurs tiges ; on a l’attention de les expofer enfuite au
foleil, afin quelles acquièrent le degré de defliccation qui leur manque.
L ’ufao-e apprend à faifir le point julle de la récolte des graines, qu’il
ne faut ni prévenir ni laiffer palfer, fi 1 on defire etre affine de la quar
lité de celles qui font deftinées à fervir de femences.
Jufqu’ici je n’ai traité que des parties les plus apparentes des plantes,
c’eft graS dire, des parties folidçs ; je dois dire auffi quelque chofe
des parties fluides , qui ne fe manifeftent pas aux yeux auffi fenfi-
:1a sève. " ^Lwvégétaux font des êtres organifés fufceptibles de s’accroître U
de fe reproduire. Us ne peuvent exercer ces tondions quà laide de
quelques fluides. On en a admis de pluiieurs fortes dans certains végétaux}
mais ils ne font antre chofe que la sève diverfement modifiée,
ou des dépendances de la sève, comme toutes les humeurs du corps
animal dérivent du fâng. Sans entrer dans des diftinctions & des détails
qui ne m’appartiennent pas, je ne parlerai ici que de l a sève
confidérée dans les plantes cultivées. Il y a deux points à examiner,
i.° fon exiftence; i.° la manière d’exifter.
On doit entendre par le mot sève un fluide plus ou moins mobile,'
répandu dans des vaiffeaux ou dans des cellules, formé par la réunion
des principes que pompent les racines, les tiges & les feuilles, & doué
■de qualités différentes, félon les efpèces de plantes dans lefquelles il
fe trouve. L ’exiftence d’un tel fluide ne fauroit être incertaine. Qu’on
coupe une tige, une feuille, une racine, fur-tout dans le teins de la
plus forte végétation, en les preffant on en exprimera facilement quelques
gouttes de liqueur vifibles ; fi on approche ces parties dune, l’odorat
-en fera affeété, ainfi que le goût, fi on les porte fur la langue} les
doigts même éprouveront quelles font plus ou moins onétueufes. Voilà
ce qu’on appelle la sève. La macération, la coétion, la diftillation la féparent
des réfervoirs ou tuyaux qui la contiennent} on lui découvre
d’autant plus d’énergie, qu’on l’examine dans la faifon qui lui eft le plus
favorable. La vigne eft de tous les végétaux celui qui manifefte le
plus fa sève ; ce quelle en jette vers le mois d’avril par les extrémités
de fes branches coupées, eft connu fous le nom de pleurs. M. Hallé,
■de la fbciété royale de médecine , d’un feul cep, à deux incifions
faites par la taille, en a recueilli une chopine, mefiire de Paris.
La manière d’exifter de la sève confifte dans fes qualités fenfibles,
■Ion mouvement ôc fa force. Elle eft aqueufo dans certains végétaux}
elle eft de moyenne confiftance ou épaiffe & vifqueufe dans d’autres.
Tantôt elle a un goût fucré, tantôt elle eft amère, tantôt acide ou
âcre, ou acerbe. Elle exhale une odeur qui eft ou aromatique & fiiave,
qu fade & naufeâbonde. Elle eft auffi diverfement colorée, car il y
•en a de verte, de rougeâtre, de jaune, de blanchâtre.
Il s’élève ici une queftion qui depuis longtems embarraffe les Phy-
ficiens. Les différentes qualités de la sève font-elles dûes aux différens
Lues que les racines pompent ou aux modifications que ces fucs éprouvent
dans les végétaux ! M. Duhamel Dumonceau difeute cette queftion
dans fes Elémens d’agriculture, avec cette réferve qui cara&érife
tous fes ouvrages. Loferai me permettre ici quelques réflexions fur
cet objet. Ceux qui croyent que c’eft la plante qui modifie à fa manière
la seve qu elle pompe & que cette sève eft la même pour les végétaux
defpece differente, s appuient d’un grand nombre d’expériences aflëz
frappantes pour faire beaucoup d’impreffion & fufceptibles cependant
detre mieux pefees & appréciées. M. Duhamel, pendant fept ans, a
Agriçulture. Tome ƒ, pj