
vicrne, à la propager ôc à planter les arbres fruitiers. I l y a néanmoins
des pays où il vaut mieux remettre ces*opérations au printems ; ce font
ceux où la rigueur du froid fe fait fentir de bonne heure.
Dans le feptième intervalle, qui s’étend depuis le coucher despléïadeé
jufqu’au folftice d’hiver, on plante les lys 8c le fâfran. On coupe les
racines de ce dernier en petites branches de la longueur de^ la main ;
que l’on couvre de terre, pour les tranfporter enfuite, lorfquelles font,
devenues marcottes. I l faut creufer de nouveaux foflès, netoyer les
anciens, tailler la vigne ôc les arbres auxquels elle eft mariée. U n cultivateur
prudent n’a garde de faire la plupart de ces operations quinze
jours avant, comme quinze jours après le folftice d’hiver, quoiquil y aie
des chofes qu’on peut planter même dans cet intervalle, comme les
ormes, .■
Entre le folftice d’hiver ÔC le tems où le foleil fe couche au point
d’où fouffle le vent favonien, il faut détourner l’eau qui fejoutne dans
les terres labourées ; fi, au contraire, la terre eft sèche fans être tenace y
il faut la farder, tailler la vigne» & les arbres auxquels elle eft mariee,1
Quand on ne pourra pas travailler dans les champs, on fera a la
maifon tout ce qui eft de nature à pouvoir y être fait pendant les veillées
d’hiver. . .
Gbferv ations à faire fu r la lune. On peut conliderer lès jours de
la lune fous deux points de vue différens ■, depuis qu elle eft- nouvelle
jpfqu a ce quelle eft pleine; & depuis qu'elle eft pleine jufqu à ce qu elle
eft nouvelle. Il y a certaines operations rurales qu’il vaut mieux faire,
lorfque la lune croît, que lorfqu elle décroît; & au contraire, il y en a
qu’il faut faire exaéfement lorfqu’elle décroît, comme la moiflon des
bleds Sf la coupe des bois taillis. - •
Agrafius interrompt ici Scrofa, pour lui faire part dune méthode
qu’il tenoit de fon père, ôc qu’il obfervoit foigneufement. Il ne faifoiq
tondre fes brebis 6c ne fe coupoit les cheveux, que lorfque la lune
décroifloit: de crainte, difoit-iî, de devenir chauve eti faifant cette
opération, lorfque la lune eft fur fon déclin.
Xromellius obferve aufli quil y a plufieurs chofes quil faut faire le
huitième jour avant la lune qui croît, ainfi que le huitième jour’après
la lune qui décroît, 8t d’autres qu’il vaut mieux faire le huitième
jour avant la lune qui décroît, ou le huitième jour après la lune qui
çroît,
Divifton du tems en Jix parties. Les fruits, dit Stolon, ont fix
degrés a parcourir avant qu’ils fervent à notre ufage, 8c c’eft xle ces
différens degrés qu’il forme une divifion du tems en fix parties. I l faut
d’abord que les fruits foient préparés; fecondement, qu’ils foient femés;
qroifiémempnf, qu’ils prennent de la nourriture; quatrièmement, quils
... ..... * r foient
foient cueillis; cinquièmement, qu’ils forent forcés; fixièmement, qu’ils
foient tirés de l’endroit où ils auront été ferrés, pour fervir à notre ufagè.
Fumier. Le fumier eft un des moyens les plus importans pour
préparer les terres. Caflius prétend que la fiente des oifeaux eft le
meilleur de tous les fumiers, excepté celle des oifeaux: de marais, 6c
de ceux qui vivent dans l’eau. Celle de pigeon eft la plus eftimée,
paroe quelle eft la 1 plus chaude 6C la plus capable de - mettre^ la terre
en fermentation. Celle qu’on tire des volières des grives ôc des
.merles, doit être préférée, parce quelle eft bonne non-feulement pour
les terres; mais encore pour les boeufs ôc les cochons quelle engraiffè,
lorfqu’ils en mangent. Le même auteur dit qu’après la fiente de pigeon’,
les excrémens humains tiennent le fécond rang;les crottes de chèvres,
de brebis ôc d’ânes, le troifième; ôc que le fumier, le moins bon eft le
crottin de cheval, du moins pour les- terres labourées : au contraire,
c’eft le meilleur pour les prés, auffi-bien que celui des autres bêtes
de femme qui fe nourriffent d’orge, parce qu’il engendre beaucoup
d’herbes.
Semences des grains. A legard de l’enfemencement des fruits,
il faut voir quel eft le tems convenable à chaque femence. Il y a des
plantes qui fleuriffent au printems, d’autres en été ; celles-ci paroiffent
en automne; celles-là au milieu de l’hiver. Les arbres fruitiers offrent
autant de variations : on en voit quelques-uns qui viennent fimplemenc
de femence ôc qui donnent du fruit ; tandis que beaucoup d’autres demeurent
ftériles jufqu’à ce qu’ils; aient été greffés. Ceux-ci veulent être
greffés au printems, ceux-là en automne; il y en a même à qui l’hiver
convient mieux, tels que les figuiers, que l’on greffe à l’approche du
folftice, ôc les cerifiers, que l’on greffe pendant le folftice même. Cela
pofé, il y a quatre efpèces de femences ; une formée par la nature
même, fans que l’art y ait aucune part; ôc trois que l’art a découvertes;
favoir, celles dont,les racines font toutes formées, ôc que l’on ne fait que
tranfplanter d’une terre dans une autre ; celles qui font prifes fur un arbre,
ôc que l’on dépofe dans la terre pour y prendre racine ; 8c enfin celles qui
font également prifes fer un arbre, mais que l’on greffe fur un autre.
I l faut prendre garde que les premières efpèces de graines, celles
qui font les principes naturels de la génération, ne foient defléchées
à force d’être vieillies, quelles ne foient mélangées, on enfin quelles
ne foient feuffes. Les effets de la vieilleffe font fi puiffans fut certaines
femences, quils en changent abfolument la nature : ainfi, an prétend
quen femant de vieille graine de chou, il en vient des raves; ôc qu’au
contraire, en femant de vieille graine de raves, il en vient des choux.
Quant aux femences de la fécondé efpèce, ceft-à-dire celles dont la
racine eft toute formée, il faut avoir foin de les tranfplanter ni trop
Agriculture. Tome I. Q *