
fouftrait les feuilles, ce qui donne lieu à M. Duhamel de propofcr une
expérience qui inoccupé depuis longtems. Elle confifteroit à effayer
• de foire rapporter du fouit a des arbres vigoureux bc abondans en
fouilles, en les en dépouillant d’une partie. Ce qu’il y a de certain,
c efo qu’on modère la végétation des bleds trop forts en les effannant,
c cft-à-dire, en retranchant l’extrémité de leurs feuilles pour les empêcher
de verfer.
L ’abforption des fluides contenus dans l’atmofphère par les feuilles
des plantes eft auflî prouvée que leur tranfpiration. Il s’opère un
balancement entre la fortie de ^excédent de la sève & l’introduction
de l’humidité, en forte que l’àbforprion contribue autant que la tranfpiration
à la vie végétative. On voit des plantes croître & parvenir à
maturité dans des terreins fecs, s’il y a des rofées abondantes ; les
arrofcmens qui fe font fur les feuilles font plus avantageux que ceux
qui fe font au bas des tiges; les boutures ne peuvent pomper que par
les feuilles l’humidité qui les fait croître, puifqu’elles n’ont pas de
racines.
On compte un grand nombre de plantes cultivées ou uniquement
ou en partie pour leurs feuilles. Parmi elles, je diftingue particulièrement
l’indigo & le tabac, dont l’une fournit une fécule précieufe pour
la teinture, & l’autre une poudre que l’habitude, plutôt que le befoin,
a rendu prefque nécellaire. L’art du cultivateur d’indigo confifte à
foire en forte que les branches & les feuilles fe multiplient, afin qu’on
puilfe les couper plufieurs fois & à les récolter promptement pour
éviter quelles ne fe deflechent ou ne fermentent. L ’art du cultivateur
de tabac a pour but de concentrer toute la sève dans les feuilles en
coupant ou arrêtant les montans qui portent les fleurs, de faire groflir
les fouilles en plantant les pieds à des diftances fuffifantes, de leur con-
ierver leur parfum en les defléchant avec précaution.
Dans le chou, c’eft le milieu des feuilles qu’on recherche; dans le
brocolis, c’en eft l’extrémité, & dans le cardon, c’eft la bafe. Ceux
qui élèvent de ces plantes ont foin que les parties qu’on emploie aient
une qualité convenable, foit en femant les meilleures efpèces, foit en
les cueillant dans le tems le plus favorable, foit en les cultivant d’une
manière particulière. On préfère des choux pommés, parce que leurs
feuilles, s’entafl'ant les unes fur les autres, en font plus minces & plus
tendres. Les brocolis ne fe mangent que quand la gelée les a attendris;
pour rendre le pédicule des cardons gros & tendre, on les sème
éloignés les uns des autres, on les lie & on les arrofe fouvent avant
l’hiver.
Ce que j’ai dit à l’égard des tiges des herbes des prairies naturelles
ou artificiel.es, peut s’appliquer également à leurs feuilles , puifqueces
deiîx parties des plantes fervent en même-tems à former des fourrages
& exigent les memes attentions.
Le beau moment des végétaux eft celui de leur floraifon ; c’eft alors Des fleur
qu’ils jouiffent de tous leurs droits. Dans quelques plantes, il eft vrai,
les fleurs paroiflènt avant ou en même-tems que les feuilles, comme
dans le pain de pourceau & dans le fofoan. Mais ces plantes ne s’élèvent
pas.haut; prefque toutes les autres, quand elles fleuriflent, font près
du terme de leur accroiffement. Les Phyficiens ont regardé la florai-
fem comme l’âge de puberté des plantes. En effet, à cette époque les
organes de leur reproduétion contenues dans la fleur font formés bc
en état de produire leur effet.
La fleur eft ordinairement compofée d’un calice, d’une corolle formée
d’un ou de plufieurs'pétales, du piftilé & des étamines. Ces deux
dernières parties font les vraies - parties fexueles,-car le piftile repréfente
les organes femelles des animaux , & les étamines les organes
mâles, Quelques fleurs n’ont point de calices, d’autres font privées de
corolles ; on en voit qui réunifient les étamines & le piftile ; on les appelle
pour cette raifbn hermaphrodites ; il y en a qui ne contiennent que
des piftiles, ou feulement dés étamines, foit fur le même individu, foie
fur des individus diftèrens. Tantôt la corolle eft d'une; feule pièce,
plus ou moins régulière; tantôt elle eft de plufieurs pièces diverfement
arrangées & plus ou moins nombreufes. La couleur de la corolle, la forme
du calice, le nombre, la longueur, la pofition, la conformation & l’attache
refpeétives des étamines, & des , piftiles diffèrent félon les plantes, &
ces différences-fervent de bafe aux fÿftêmes bc aux méthodes de botanique
expofés avec exactitude dans le difeours préliminaire de l’ency-
clopedie méthodique, par M. le Chevalier de la Mark, verfé plus
que perfonne dans cette fcience.
Les etamines contiennent dans de petites bourfes une pouflière fans
laquelle il ne fe fait pas de fécondation. On ne peut expliquer com-
nient cette pouflière s'introduit dans le piftile pour former l’embryon,
fur-tout dans certaines plantes. Maison eft convaincu quelle eft indif-
peniable pour que la graine qui réfûlte de la floraifon foit capable de
le reproduire. Il eft vraifemblable que cet effet eft plutôt dû à un
.Prit rf*1 ’• fiui,emane pouflière des étamines & pénètre dans le
piftile. Quoi quil en foit, fi. on coupe des étamines avant leur ma-
tunte, la plante ne fmétifie pas ou donne des graines infécondes; un
in iVidu femelle ne porteras de fouit à moins que dans le voifinacre
i ny ait un individu mâle : des intempéries de l’air en énervant ou en
ip e ra n t ia pouflîere des etamines des bleds, diminuent confidéra-
blement la grainaifon. Si on retranche les piftiles, la fructification eft
dcrangire'e".