
j ^-6 A V O
leur maturité parfaite & j’en ai expliqué le; rai-
l'on?. Il s'agit de (avoir maintenant, fi on eft fondé
.à les lai fier longtems fur le.champ après qu’elles
font coupées, où fi on feroit mieux de les entrer
aufli-tôt ? Les motifs qui déterminent à laifier les
Avoines fur la terre, jufqu’àfCe qu'elles aient été
tavelées, c!eft-à-dire, .mouillées., font : i.° La
.grofieur qu’elles acquièrent, étant ainfi renflées,
,& par conféquent, raugmentation de valeur.
±.° L’adhérence du grain aux balles ; l’alternative
,de$ pluies & de la féchereffe, pendant que l’Avoine
par terre , rompt cette adhérence, & rend fa
défunion plus aîfée à l’aide dit. fié ait- 5»° L.a diffi-
.culté de les enlever au moment où on les coupe,
parce que dans les grandes exploitations, tous les
.foins fe portent alors fur les fromens. Xe premier
de ces motifs eft illufoire ; parce que fi l’on cultive
de l’Avoine pour la vendre , l’acheteur fait
comme le vendeur,, qu’une partie de la grofieur
de ce grain n eft qu’apparente, & qu’elle .eft due.
à l’eau des pluies & des rofées; & ii.fait fon marché
en conséquence. Si on ne la vend pas peu de
.tems après la récolte, eHè fe.defféche & l.e javelage
a été inutile. Enfin, ce qu’on laiffe faire à la pluie ou
à la rofée, fi on le croit néceflaite, on peur le faire
dans les greniers en arrofant i’Avoîne. Celui qui
xronfomme fes Avoines pour la nourriture de fes
chevaux., comme la-plupart des fermiers de 'la
“Picardie, de la Brie & de la B eau ce, n’a pas le
.même intérêt à la laifier renfler. L’eau qu’elle
acquiert n’augmente pas les parties nutritives.
■Quand on tranfporte à la grange l’Avoine récemment
coupée, on évipe deux grands inconvéniens, ■
celui de ne rentrer que de la paille noircie &
défagréabîe aux vaches, & celui de perdre beaucoup
de grain lorfque les pluies ont battu- les
andins. 11 y a des années où cette mauvaife pratique
répand fur les champs, autant-d’Avoine qu’il
en faudroit pour l’enfimencer. .Elle y germe
leve & marque fenfiblement par fa verdeur, la
place où étoîent.les andins. Le fécond motif n’a
pas beaucoup plus de valeur que le premier. Si
'«n craint que f adhérence du grain aux bâlles., ne
la rende trop difficile à battre, on peut, au lieu
deJa couper avant fa parfaite maturité, attendre
quelle foit un peu plus mûre. Ce qui.refteroit de
grain dans les;bafles nourriroit les .befliaux & ne
•feroit pas .perdu, .tandis que la grande quantité
-qui en tombe tous les ans fous les andins, n’eft
d’aucun profit. Enfin, c’eft une économie- mal
entendue, de vouloir prolonger la .moiflon pour
-fe fervir .des mêmes bras. Plus on la fait rapidement,
moins on a.à redouter l’inclémence du ciel.
Il vaut mieux augmenter le.nombre de fes apute-
,rons, que de s’expofer à des pertes réelles. La
-dépenfe n’augmente pas en proportion de ja quantité
qu’on en nourrit. Les bras manquent rarement,
quand au défaut des habitans, on appelle ceux des
pays où il n’y a que de foibles cultures. L’appas
du gain conquit les hommes par-tout où ils ont
A V O
lin fa la ire afiuré. Si cet obfiacle et oit infurmon»
table, ce feroit une preuve de plus des inconvé-
r.iens des grandes cultures, qui (ont contraires h
la population. De toutes ces réflexions .je conclus
qu’il eft plus utile de rentrer les Avoines-avant
de les laifier mouiller. 11 eft bon cependant, quelles
relient un jour ou deux, ou trois au plus , par
terre, pour les fécher & faner les herbes qui
feroient parmi elles- . ,
On coupe l’Avoine , ou à la fiulx ou à la faucille
; Voye^faulx & faucille. Quand elle eft haute
de trois pieds, on ne peut la couper qu’à.la
faucille. Il feroit trop fatiguant d’employer la
faulx, fur-tout fi les tiges étoient preftees les
unes courre les autres. Les coups de cet inftru-
ment pefant & dirigé avec force étant très rudes,
le grain mûr fortiroit de fes bâles ; les
.moavemens de la main armée d’une faucille, qui
a peu de portée, font plus doux. Les Avoines
an-d.efio.iis de.trois pieds fe fauchent prefque toujours.
L’art du faucheur canfifte à difpofer 1 A-
voine qu’il coupe, en bandes doubles fi elle eft
épaiffe, & en bandes limples, £ elle eft claire.
•Par exemple, en fuppoiant que le champ foit
du nord au midi dans fa longueur & que le faucheur
commence à faucher au nord,, ü fe place
fur la bordure du champ qui eft vers le cou-
.chant & dirige fa faulx du couchant au ^leyanc
en s’avançant du nord au midi jufqu’à l’extrémité.
.Arrivé là , il fe retourne, porte fa faulx
du levant au couchant, en continuant jufqu’à l’endroit
où il a commencé & ainfi de fuite. Parce
moyen la première bande d’Avaine jetée par
terre .eft recouverte d’une fécondé en fens contraire.
C’eft ce qu’on appelle Joubier ou faire
des andains,, V-oyez andins; il ne double pas,
lorfque l’Avoine eft claire; mais il revient fur
fes pas fan9 faucher, au retour,, dèsqu’il eft parvenu
au bout du champ, pour recommencer toujours
à faucher au poipt d’où il .eft parti. Les
bandes, que l’on appellefangles dans ce cas,.ne
peuvent être que (impies. Les jours ou le vent
; fouffls fort, les faucheurs font quelquefois obligés
de faire des fangles au lieu d’andains. Il .y
a un fens, dans lequel ils ne peuvent faucher.
Le vent, fouillant dans leur nez, les incommode
en rabattant les tiges d’Avoine fur les
crochets de la faulx. Ils s'arrangent de manière
qu’ils aient le vent par derrière. Le matin & le
Loir font les momeos les plus favorables aux faucheurs,
parce que les pailles de l’Avoine Juif
meélées par là rofée ne fe caftent pas & le coupent
mieux. .Cette néceffité s’accorde avec leur
•famé. JNe travaillant ptefquepas au milieu du
jour,, ils n’éprouvent pas les effets de la grande
chaleur,, d’autant plus à craindre pour eux que
dans j ’aéliûn de faucher toutes les parties du
corps font en mouvement & pour ainfi dire
ébranlée.
; S e lo n q u e l’ A v o in e e ft c o u p é e à la fa u c i l le
à v o
ou à la faulx, on la ramafle différemment. Si c’eft
à la faucille, on la met par tas ou par javelles,
dont on réunit plufieurs pour les lier enfemble
& en former des gerbes; les épis alors^fe trouvent
dans le même fens. Mais fi on s’eft fervi
de la faulx, les épis ne font dans le même fens queutant
qn’on a formé des fangles ; ceux des andains,
comme je l’ai dit, font en fens contraire. Dans
ces deux cas, on ramaffe les Avoines avec des
rateaux,à dents de bois , voyez rateau, appel lé
fauchet dans quelques pays ; on en fait des tas,
auxquels on donne le nom à’oifons dans certains
cantons ; on les lai(Te expofés quelques heures
au foleil; on en réunit plufieurs pour les
lier, de manière qu’on mette en fens contraire
les oifons de deux fangles, afin que, comme
dans ceux des andins, les panicules (oient à peu-
près en égale quantité vers les deux extrémités de
la gerbe. Cette fécondé manière de ramaffer l’Avoine
eft connue fous le nom d’écorcheler, Tef-
faucheter;
L’Avoine portée dans les granges ou placée au
dehors dans des gerbiers, n’exige aucun foin. On
doit feulement avoir l’attention de rendre les granges
inacceffibles aux rats & aux fouris, qui^ font
très-friands d’Avoine , & par cette raifon d’éloigner
les gerbiers des habitations, lorfqu’on n’a
pas le projet de les battre promptement. Aufli-
tôt que les gerbiers font faits, il faut les couvrir
de paille en forme de toît, pour les garantir
des pluies. En 1787, le tems ayant été très-pluvieux
après la moiflon dans la Beauce & dans
la Brie, beaucoup de fermiers, qui n’avoient pu
èncore couvrir leurs gerbiers, ont eu la douleur
d’y voir germer l’A voine & poufler du verd tout autour
; je ne doute pas qu’une partie des grains
, n’y ait été altérée.
N On eftime qu’un arpent de roo perches, à 22
pieds la perche enfemencé en Avoine, après une
récolte de froment, peut rendre ,, année commune
, 10 douzaines de gerbes ou ƒ 120 gerbes.
Chaque douzaine produifant 6 boiffeaux &
demi, c’eft .65 boiffeaux, ou 5 fetiers & 5 boiffeaux,
en fuppofant le fetier de 12 boiflèaux. Mais
l’Avoine, pefant prefque moitié, moins que le froment,
l'Ordonnance du mois d’Oétobre 1669
a réglé le fetier d’Avoine de Paris à 24 boiffeaux.
On ne fe conforme pas à ce règlement dans les
Provinces. A cette mefure un arpent produi-
roit deux fetiers & huit boiflèaux & demi ; les
champs nouvellement défrichés, ou fumés, rapportent
davantage.'
On bat l’Àvoine ou au fléau, ou on la fait
fouler par les pieds des animaux ; on la vane-,
on la crible, pour la purifief de fes bâles, des
grains légers, de la pouffière & des graines étrangères.
Voyez battre les grains, De la grange ou
de l’aire extérieure elle paffe dans les greniers,
où on doit la remuer de tems en tems, fi.elle
n’eft pas bien fèche & fi les greniers font enduits
Agriculture. Tome I,er I l . e Partie.
a y o 73 7
de plâtre qui attire l’humidité & la conferve fur-tout
dans les pays où il pleut Couvent. Il vaudroit mieux
que des greniers fuffent garnis de planches, au
lieu de carreaux, & que les murs en fudent autTl
tapifTés.
La paille longue d’Avoine & les bâles appelle
s menue paille., font mifes en réferve pour la
nourriture des beftiaux. La longue paille fe place
ou en gerbier, ou dans des granges, ou fous des
hangards ; & la menue paille dans des greniers.
Il va des perfonnes, qui cultivent de l’Avoine
pour en faire manger aux animaux la plante,
avant fa maturité. Les unes la coupent peu de
tems après fa floraifon., au moment où le grain
commence à être en lait & l’ayant laiflé feulement
un peu flétrir, ils la préfentent aux beftiaux,
qui en font très-friands. Une trop grande quantité
les expoferoit à une tympanite dangereufe ou
ou à un devoiement, qui les affoibliroir. 11 faut
donc être réfervé fur cet aliment dans l’état de.
verdeur. D’autres font Faner l’Avoine comme
du foin de prairie , & lui donnent le nom de
foin Avoine. On la coupe auffi immédiatement
après la floraifon. C’eft L’époque où les plantes
de la famille des graminées contiennent le plus
de parties fuçrées & par conféquent font plus
nutritives. Le foin Avoine eft une reffou.rce pour
les Provinces Méridionales, qui manquent defour-
rage: on affure qu’il eft préférable à celui des prairies
& je fuis très-porté à le croire. Dans les
prairies, il y a toutes fortes d’herbes ; les graminées,
qui font les plantes les meilleures & les plus
agréables, n’en forment fouvent que la moindre
partie. M. l’Abbé Rozier ( cours complet d’Agri-
culture ) remarque que les pailles d’Avoine, comme
celles des autres graminées, font plus fuctées
dans les provinces Méridionales, que dans les Septentrionales,
& que les grains ,à poids égal, y donnent
plus de farine. Cette différence fans doute
eft dite à la chaleur , qui habituellement eft plus
intenfe. Son plus grand degré élabore mieux les
fîtes ; ils font moins’délayés dans l’eau de végétation
& par conféquent la fève eft plus pure.
Ce qui nuit a VAvoine,
Plufieurschofes nuifent â l’Avoine,foit pendant
fa végétation, foit pour fa qualité : pendant fa
végétation, elle peut être troublée par le gibier
qui la ’m ange en herbe., par les oifeaux , qui en
dévorent le grain & d’une manière plus fâcheufe
par une chenille dont l’hiftoire & les progrès méritent
d’être développés. L’Avoine efi fujette à une
! maladie, appellée charbon, qui, dans certaines cir-
confiances, lui fait un tort confidérable. 11 s y
'mêle des plantes qui s’oppofent à fa multiplication,
I l’étouffent, & ajoutant leurs graines aux fiennes,
| en diminuent la valeur dans .les marchés & en
I altèrent la qualité; telles font, l’ivtaie, 1 avron,
A s a flîi
HH