mettre une vide inférieurement, ou de changer
une ou deux des dividons. Celles de forme ancienne
exigent plus de tems & plus d'appareil.
L auteur de la république des abeilles, au lieu de
fe fervir de gants & de camail , fe contentoit de
laver fes mains avec de l'urine chaude -, une dif-
folution de fel ammoniac rempliroit le même but ;
il s’expofoit le vifage pendant une minute à la
fumée de vieux linge, pour fe préferver des piqûres
des abeilles; il enfumoit la ruche, l’enle-
voit de fa place, & la pofoit renverfée fur une
chaife; alors frappant contre les parois , & ,
quand il en étoit befoin., préfentant aux abeilles
les plus opiniâtres un linge fumant, il les forçoit
toutes de fe retirer au fond. M. Barthès, per- |
füadé avec raifon quil périt quelques mouches,
pendant qu’on taille les ruches & qu’on en retire \
le miel, propofe pour les mieux écarter, de fe j
fervir d’une efpèce de poêle , qui contiendroit du i
feu & des matières propres à répandre' de la fumée;
un tuyau la dirigerait dans la ruche. Sans
doute ce moyen donneroit de grandes facilités à
ceux qui enlèvent les gâteaux; mais il exige du
foin,tandis que du feu dans un pot & un peu de
linge, comme je l'ai indiqué plus haut, eft un appareil
plus fini pie & qui réuffit très-bien. Un coup-
d’oeil jetté dans la ruche, apprend quels font les
gâteaux qu’on doit couper,l'oit en totalité, foit en
partie. Le grand art eft de conferver dans la ruche
tout le couvain, L’efpérance d’une nouvelle pofté-
riré, & l’objet le plus propre à renouveller l’aéli-
vité des abeilles. Si on l’enlevoit avec le miel, il
altéreroit fa qualité. On diftingue aifément les alvéoles
qui le contiennent ; ils font couverts d’une
pellicule convexe & brune, au lieu que ceux du miel
font plats & blancs. En rompant un morceau des gâteaux,
on s’en aflure encore mieux, puifqu’il en fort
une matière blanchâtre. Au relie, le couvain eft ordinairement
placé au milieu de l’ouvrage & fur le
devant, afin qu’il reçoive plus aifément la chaleur
du foleil. Avec un couteau dont la lame eft recourbée
à l’extrémité en forme de ferpette, & qu'on
trempe de tems en tems dans l'eau, on détache les
gâteaux entiers qui font vers le derrière de la. ruche
, en choififfant ceux qui paroiffent le mieux
pourvus de miel. S’il y en à de moilis, on a foin
de les enlever; e eft alors qu'on met à part ceux
qu'on deftine à nourrir les effaims foibles. On fait
en forte que le travail fe faffe promptement & avec
propreté ; la ruche eft enfuite remife à fa place,
en préfentant au foleil le côté d’où on a ôté le
plus de rayons.
Les propriétaires d’abeilles doivent avoir l’attention
de ne point toucher aux gâteaux des effaims
de l'année, & de rafraîchir feulement ceux des
effaims de l'année précédente ; on perdroit les ruches
foibles,fi on les taiüoit entièrement. Il faut les vifiter
foutes pour les nettoyer, & ne retirer du miel &-de
3a cire que des ruches fortes & bien fournies, aux- I
quelles on en laiffe le tiers ou la moitié. Les per- j
formes accoutumées à foigner des abeilles, celle*
-qui en achètent pour en retirer le miel lavent ,
en foulevant une ruche, fi on doit la tailler & ce
quelle contient.
Il y a des pays où, comme je l'ai déjà dit, on
a la barbarie derouffer les mouches avec du fou-
fre; il y en a d’autres où on les chaffè de leurs
ruches en les faifant paffer, à l'aide de la fumée,
dans des ruches vides, qu’on place au-deffus fans
y mettre les gâteaux remplis de couvain. On pratique
dans ce cas des ouvertures au haut des ruches,
dont on veut ôter le miel; cette manière
eft commode mais, nuifible à la multiplication des
abeilles puifqu’elle détruit le couvain.
A mefure qu’on détache les rayons de miel,
on les emporte promptement dans un lieu.frais,
dont les croifées foient exactement fermées, afin
d en interdire l'entrée aux abeilles qui y viennent
en foule. On en a vu, dit-on, deicendre par la
cheminée dans des falles où il y avoit des rayons
pleins de miel. S’il en pénètre quelques-unes, on
les enfumera avec du linge; il faut aufii en écarter
les fourmis.
On remarque que le plus beau miel eft celui qui
fe trouve le long des parois de la ruche. M. Duhamel
a obfervé que, dans l’été, les abeilles, en
arrivant des champs,dépofoient dans les alvéoles
d en bas le miel le plus coulant, que le foir elles
le tranfporroient dans les alvéoles d’en haut, où il
acquerrait de la folidité.
Pouf féparer le miel contenu dans les gâteaux,
on rompt légèrement, avec un couteau, les couvercles
des alvéoles; on brife les gâteaux les plus
purs; on les pofe fur une claie d’ôfier,ou fur un
cannevas enchaffé, ou dans une nappe claire, qu’on
fufpend par les quatre coins; le miel le plus beau,
le plus blanc, celui qu’on appelle miel viergecoule
alors dans des vafes placés deffous. Il faut avoir
foin que ce travail fe faffe dans un lieu où la chaleur
foit tempérée. JEn brifant encore les mêmes
gâteaux avec Les mains ,, fans les preffer & en lès
joignant à de moins parfaits, on en retire le miel
de fécondé qualité. Ce dernier a un oeil jaune à
caufe de quelques parties de cire brute qui s’y trouvent
mêlées. M. Duhamel croit que dans les années
sèches, on n'obtient ce fécond miel qu’en mettant
les gâteaux à la prefle; dans ce cas, il contracte
un goût de cire que n’a pas le miel retiré par inftil-
lâtion. On en remplit des pots, qu'on tient découverts
& expofés dans un lieu frais; il s’y excite de
la fermentation qui élève à la furface les matières
étrangères qu’on écume. Quelques gens expofent
les gâteaux brifés dans une chaudière de cuivre
fur un feu doux, avant que de les mettre à la
preffe ; mais le miel en eft âcre & contient beaucoup
de cire. Il vaut mieux tirer le miel fans feu.
Enfin on réunit le marc des gâreaux qui ont fervi
à faire le miel vierge & le miel do fécondé qualité
& tous les gâreaux altérés, même ceux qui
contiennent de la cire brute, on les pétrit, on ea
formé une pâte, qu’on met fous la preffe en l'hu-
meeftant d’un peu d*eau qui ne foit pas bouillante;
c’eft la manière d'obtenir le miel commun. On voit
par-là qu’il y a trois fortes de miel , d’un prix
différent.
L’appas du gain, qui fouvent infpire la fraude,
a fait imaginer des moyens de donner au miel
un parfum & une blancheur empruntés ; des
marchands l’aromatifent avec des plantes odorantes,
telles que le-romarin, &c. d’autres le
battent dans des terrines, comme on bat des
blancs d’oeufs; il en devient plus blanc, mais il
n'eft pas grené ; quelques-uns y mêlent de l’amidon
ou de la fleur de farine , ce qu’il eft facile de
découvrir, en faifant fondre le miel dans l'eau,
que la farine rend laiteufe. Les qualités du beau
miel, font d’être blanc , grené & parfumé. Le
nouveau eft préférable à celui qui ne l’eft pas,
parce que ce dernier fe convertit en firop &
& s’aigrit. On conferve le miel dans des barils
ou dans des,pots de grès qu’on laiffe au frais.
Entre les miels de première qualité, la différence
eft confidérable ; on eftime plus particulièrement
celui du levant & des Ifles-Baleares, fur-tout de
Mahon, dans l’ifle de Minorque. Le plus recherché
des miels de France, eft celui de Narbonne. Il s’en
fait dans d’autres provinces qui peut en quelque forte
lui être comparé. Un propriétaire d’abeilles àAndon-
villeenBeauce, chaque année vend du miel parfait;
ce que j'attribue à l’attention qu’il a de l’extraire
pur, & aux plantes aromatiques qu’on cultive dans
les jardins du «hâteau d’Andonville. Dans .les
environs de Lons-le-Saunier, on élève une très-
grande qüantité d’abeilles ; le miel en eft de belle
qualité, fi on en excepte celui qui eft recueilli
du côté de la rivière d’Ain, où font les fapins ;
ce dernier eft aufli beau à l’oeil, mais il a un
goût de thérébentine qui eft défagréable.
M. Barthès, dans l’ancienne encyclopédie, fe
plaint du peu de foin qu’on prend aux environs
de Narbonne , pour tirer de 4a récolte du miel
tout l'avantage qu’on en peut tirer. On mêle,
félon luijindiftinclement les gâteaux blancs, roux
& bruns, qu’on devrait féparer pour former du
miel de plufieurs fortes ; quand, après les avoir
brifés, on les a laiffés découler quelque tems,
on les emporte pour en faire de la cire. M. Barthès
croit qu’ils contiennent encore du miel, qu’on
obtiendrait aifément par des lotions avec de l’eau;
on la faifant évaporer, il réitérait un firop propre
à nourrir les abeilles ; on extrairait encore ce
Piel à l’aide de la preffe. Le beau miel de
Narbonne acquéreroit plus de qualité , s’il étoit
moins dp tems à couler des gâteaux; c’eft une
réflexion de M. Barthès, qui eft d’autant plus
jufte, que, dans le pays dont il parle, les gâteaux
fe mettent & s’entaffent dans des paniers renverfés,
faits en forme de cône tronqué ; le miel ne
peut en couler que lentement ; il propofe à cet
fW de placer les gâteaux fur un grillage de filde
fer enchaffé dans du bois, ce qui répond aux
claies d’ofier, dont il eft quefiion dans la maifon
rufiique , & qu’on emploie à. cet ufage dans
beaucoup de provinces. Enfin , pour compléter
l’épurement du miel, M. Barthès le fait paffer
daus une chauffe de canevas, qu’il attache au-
deffous du panier ou de la grille d'où découle
le miel , procédé déjà connu.
Le miel étant retiré, on raffemble les débris
des gâteaux, & ceux qui ne contenoient pas de
miel ; on les laiffe tremper quelques jours dans
de l’eau claire, ayant foin de remuer, afin que
ce qui refte de miel s’en fépare; on les met fur
le feu dans une chaudière, quon remplit d'eau
auparavant jufqu’aux deux tiers. A mefure que
la cire fe fond, on la remue avec une fpatule,
afin qu’elle ne s’attache pas au bord de la
chaudière ; on diminue le feu peu-à-peu , & on
verfe la cire fondue & l’eau dans des facs de
toile forte & claire, pour les mettre à la preffe,'
qu’on nettoie auparavant ; on a foin de verfer un
peu d'eau chaude dans le vaiffeau qui reçoit la
cire ; la preffe doit être aufli humeélée & tournée
doucement. Lorlqu’on n’a pas cet inftrument, on
fe contente de ferrer les facs entre deux bâtons »
qu’on conduit depuis l’ouverture jufqu’à l’extrémité
; le marc eft mis dans l’eau pendant quelques,
jours, pour être refondu, preffe de nouveau, &
réuni à la première cire. Quelques gens en font
des boules, qu’ils vendent aux fabricans de toiles
cirées. Quand la cire pure eft fuffifamment figée
par le refroidiffement, on l’ôte ; on la jette dans
une chaudière qui contient moins d’eau que la
première fois ; elle fe fond encore ; on écume
les ordures s’il y en a ; enfuite on la verfe dans
des vaiffeaux plus larges à la furface qu’au
fond, & dans lelquels on met de l’eau; on fufpend
au milieu de chacun une corde attachée à un
bâton / laquelle fert à enlever le pain, quand la
cire eft refroidie. Sans qu’il foit befoin de corde,
il fuffit d’introduire dans les vaiffeaux affez d’eau
pour foulever les pains, ou de les renverfer fans«
deffus-deffous. Il ne faut pas laiffer refroidir les
pains de cire dans des endroits où il vole de la
pouflière, ou bien on doit prendre la précaution
de les couvrir. On laiffe la cire fe figer fans
remuer les vaiffeaux, afin que les ordures qui fe
dépoferoient au fond, ne fe mêlent pas dans les
pains ; on ratifie la furface inférieure où elles
fe réunifient, comme plus pefantes que la cire ;
celle-ci, par ce moyen, eft pure.
''La diverfité qui fe trouve dans les qualités de
la cire, dépend de plufieurs caufes; elle eft plus
ou moins parfaite, félon l’état des ruches, la fanté
ou le tempérament des abeilles, les faifons de
l’année, la nature des plantes fur lefquelles les
abeilles la ramaffent, & félon la manière dont on
la prépare. On eftime celle des pays où il y a
des bruyères, des genêts, des genévriers, & où on
cultive du farraftn, tels que la baffe-Bretagne, le