un doigt, & un autre point éloigné avec un autre
doigt, on fent une matière qui remue & change
de place, on peut conclure‘ que la tumeur eft
remplie de pus formé, & qu’il eft tems de le faire
forrir. H ne faut pas tarder à l’ouvrir, car le pus fe
glifferoit dans les parties voifmes qu’il corroderoit -,
il attaqueroit même les os.
Les abcès, qui contiennent un pus amatTé promptement,
doivent être ouverts avec l’inftrument tranchant,
plus prompt & moins douloureux que la
cautérifation. On emploie celle-ci pour les abcès
lents & remplis d’un pus vifqueux & épais, parce
qu’il eft néceffaire, dans ce cas, de donner du ton
aux parties pour en faciliter le dégorgement.
Les abcès portent différens noms, tels que ceux
de taupe yjavarts, &c. J ’en parlerai à leurs articles.
Si T on veut des détails fur les abcès en général,
on peut eonfulter la médecine vétérinaire de
M. Vite!, ouvrage très-eftimé ,• & le diélion-
naire de médecine. (M. l ’abbé T e s s i e r . )
ABDELARI ou A b d e l a v iv Cucumis chute. L.
Voye\ C o n co m b r e d’E g y p t e . (M. T h o u i n ).
ABDELAVI ou A b d e l a r i ; Cucumis chate. L.
Voye^ C o n co m b r e d’E g y p t e . (M .T u o u i n ).
A B E I L ' L j |
T ou t, dans la naturea eft admirable-, tout
femble. fait pour exciter la curiolîté & fixer
l’attention de l’homme obfervateur. Mais ,
dans la chaîne immenfe dès êtres fournis à notre
examen, nous portons plus particulièrement nos
regards fur ceux qui ont rapporté nos befoins
réels ou faéîices ; nous cherchons aies apprécier,
à les approfondir, à les connoitre de tontes les
manières. Il fuffit qu’ils puiffent nous éviter de la
peine', fatisfàire quelques-unes de nos fenfations,
nous procurer-des jouiftances , pour* q-u’ils nous
intéreflent & nous engagent à nous en occuper.
On a mis à contribution des animaux de toute
efpèce; on a profité de la force des uns, de
l’adreffe des autres -, il n’y a pas jufqu’aux infectes
, dont on ait fu s’approprier le travail &
l ’induftrie. Voilà pourquoi on s’eftattaché, depuis
long-tems, à 'l’éducation des abeilles. Ces infectes
éfoient plus précieux fans doute avant que
la culture de la canne à fucre fe fut établie &
répandue dans l’Amérique; le fucre a remplacé
en quelque forte le miel. ; il eft entré dans les
mets les plus délicats ; il eft devenu d’un ufage
très-commun ; mais cette denrée, que le nouveau
monde produit en abondance, eft plus chère que
le miel. Par des circonftances faciles à imaginer,
elle peut nous manquer tout-à-coup, ou monter à
un prix exceflif. Elle ne fupplée pas le miel dans
certaines préparations utiles à la fanté ; le miel eft
de notre propre fond ; nous fommes affurés d’en
recueillir toujours une quantité d’autant plus con-
fidérable , que nous favoriferons davantage la mul-
tipiicafion_4es abeilles. C’eft à elles que nous
femmes redevables ^de. la cire , qui fert • fur-tout
à nous éclairer, & qui contribue à nous guérir.
Leur intelligence extrême la ramaffe & lui donne
les premières préparations ; les abeilles font aétives,
laborieufes, économes*, que de motifs,pour nous
les faire aimer, pour leur donner le premier rang
parmi les infectes !"
J e partagerai en trois articles principaux ce que
fa i à dire fur les abeilles.
Dans le premier, je les confidérerai relativement
à elles ; c’eft-à-dire, que je traiterai des différentes,
efpèces d’abeilles, de leurs eflàims, de leurs trar-
vaux, de leurs ennemis , de leurs maladies, de la
manière de les nourrir & de les foigner.
Il s’agira, dans le fécond , des ruchers , des
ruches, de leur pofition.la plus convenable, des
formes qu’on doit leur donner..
Le troifième fera confacré au miel & à la cire, au
tems & aux moyens d’extraire, de préparer & de
conferver ces productions-
A r t i c l e p r e m i e r .
Des différentes efpèces d’abeilles.
On diftingue quatre efpèces d’abeilles, qu’il eft
effentiel de ne pas confondre- J e préviens ici
que, par efpèces , je n’entends pas ce qu’entendent
en général les nomenclateurs. Dans les objets que
j’ai à traiter, on n’eft pas accoutumé à admettre
des efpèces & des variétés. J e crois devoir fouf-
erire à cet ufage, parce que Couvent de fimples
variétés diffèrent-entr’elles d’une manière qu’il
ne faut pas négliger dans la pratique. J e conti*
nuerai à adopter la feule diftinètion d’efpèces,
quand il fera queftion même de variétés dans tout
ce qui concerne l’économie ruftique. Les abeilles
de la première efpèce font grofles, longues, très-*
brunes, prefque toujours farouches & très-portées
à piller les autres. Celles de la fécondé efpèce
, qui font moins grofles-, ont la couleur
prefque noire; on les apprivoife aifément; rarement
elles pillent leurs voifines. Celles de la trôi-
fième font grifes & de moyenne groffêur; ce font
les plus pareffeufes & les plus méchantes; elles
attaquent les autres abeilles à- leur retour des:,
champs, & les tuent pour avoir leur miel ; elles
entrent même dans leurs ruches pour les voler-
Celles de la quatrième efpèce, beaucoup plus petites
font d’un jaune-aurore, luifant & poli. On
les nomme les petites Hollandoifes ou les petites
Flamandes.] parce qu’elles viennent de Hollande
& de Flandre; elles font préférables à toutes les
autres, à caufe de Leur aélivité au travail, de leur
douceur & de leur économie.
Il y a , dans chaque, ruche, diverfes abeilles ;
fayoir, celle qu’on appelle la reine, & qXi’on croie
être la feule femelle, les faux-bourdons, regardés
comme les mâles; on ne les .y trouvé, que dans
certains tems, & les ouvrières, .qui n ont, à ce
qu’on affure, aucun fexe ; pour cette raifon, on les
appelle, neutres. La reine ou la mère abeille efl
facile à reconnoître,. Molos greffe & plus Longue
que les faux-bourdons, elle furpaffe de beaucoup
les ouvrières en longueur & en grofleur. Ses
aîles ne fe prolongent pas jufqu’à l’extrémité de
fon corps. Elle eft d’nn brun-clair pardeffus, &
en'deffous d’un beau jaune: on ne lui voit, fur les
jambes ,ni palettes, ni broffes ;fa trompe eft très-
courte & très-déliée. Il paroît que la nature l’a
conformée différemment des abeilles ouvrières,
foit parce qu’elle n’étoit pas comme elles deflinée
à travailler, foit par quelqu’autre raifon inconnue;
elle ne fort prefque jamais de la ruche, du
moins on ne s’en apperçoit pas. Selon Swamerdam
& M. de Réaumur, qui ont fait, fur cet objet, 1
dés obfervations & des recherches nombreufes, la
reine d’une ruche eft d’une fécondité confidérable
, qui engage les abeilles à n’en fouffrir qu’ une,
parce qu’ellesfer oient expofées à des travaux ex-
eeflils, s’il y en avoit plufieurs. On a eu la patience
de calculer qu’un effaim pouvoir être
compofé de 32256 abeilles; une ruche en donne
quelquefois trois, & par conféquent fourniroit une
population de 96768 abeilles,qui devroient leur
naiffance à la même mère.
Les faux-bourdons font moins longs que la
reine & plus “gros que les ouvrières. Leur trompe
eft courte', ils n’ont ni palettes aux jambes, ni
aiguillon. Quelques obfervateurs difent avoir
trouvé,dans des ruches,des infeétes aufli petits
que des abeilles ouvrières, qu’ils ont nommésaulfi
faux-bourdons, parce qu’ils étoient mâles. On croit
que l’emploi unique des faux-bourdons eft de féconder
la reine. Les abeilles ouvrières, dit-on, les
fouffrent tant qu’ils font néceffaires. Ce tems
étant paffé, elles les tuent. Le nombre des faux-
bourdons varie depuis trois cens jufqu’à deux
mille, félon l’ancienneté de la ruche. On ne les y
voit paraître qu’après l’hiver, à la fin de l’été il
n’y en a plus.
Les abeilles ouvrières, plus petites que la reine
& les faux-boùrdons, ont une trompe longue,
pointue & mobile en tout fens ; leurs yeux font
ài facettes & couverts de poils ; leurs pattes ref-
femblent à des broffes 5 celles de< derrière font
creufes & faites en forme- de fpatules voûtées ;
elles ont un aiguillon compofé de deux dards renfermés
dans un étui. Lorfqu’elles piquent, il s’introduit
, dans la plaie, une liqueur que contient une
veflie placée à la bafé de l’aiguillon : cette liqueur,
par fa. qualité venimeufe,caufe une vive douleur.
La plupart des obfervateurs ont cru que les.
abeilles ouvrières étoient des mulets qui ne fe re~
produifoient pas. Quelques phyficiens allemands-
ont effayé,depuis peu, d’élever des doutes fur cette
opinion ancienne & accréditée, fur-tout MM. Schi-
rach & Riems; mais ils ne s’appuient pas d’obfer-
vations & d’expériences, propres à convaincre- C’eft
fur les- ouvrières que paroît rouler tout le travail ;
elles vont chercher .le miel & la erre, forment
les gâteaux , entretiennent la propreté dans la ruche
, nourriftent la reine, les faux-bourdons, les
jeunes eftaims, & veillent, à ce qu’on croit, avec
vigilance & courage à la fureté de tout ee qui
eft renfermé dans la ruche.
La ponte de la reine a lieu pendant toute l’année
, excepté dans les tems rigoureux, pour réparer
les pertes journalières; c’eft particulièrement
au printems qu’elle eft plus confidérable, parce
que c’eft la faifon des eftaims. Les oeufs font dé-
pofés au fond des alvéoles ou cellules deftinées
pour les recevoir. Ils y éclofent le troifième jour,
'fur-tout dans la belle faifon, par la feule chaleur
de la ruche, qui eft communément plus grande
que celle qu’une poule communique à des oeufs.
Les vers qui en proviennent, affez femblables aux
vers à foie, font d’abord nourris d’une efpèce de
bouillie dont on ne connoît pas la nature; les
abeilles ouvrières, qui la leur fourniflent, leur
portent dans la fuite du miel. Vers le huitième
jour, ces vers occupent chacun prefque tout leur
alvéole. Ils changent plufieurs fois dé peau, prennent
leur aecraiffement, filent une foie/fine-,. & fe
converriffent en nymphes blanches; defquelies, au
bout de douze jours, fortent les abeilles toutes
formées. On diftingue les jeunes abeilles des
vieilles, parce que celles-ci, qui font d’une couleur
plus rouffe, ont les ailes un peu déchiquetées-
& frangées aux extrémités.
On n’a que' des conjeélures fur la durée de la
vie des abeilles. M. de Réaumur croit qu’elles ne
vivent qu’un an. Ce qu’il y a de certain, c’eft que,
de cinq cens abeilles qu’il avoit marquées,en ronge
avec un vernis deiïicatif, au mois d’avril, & qu’il
avoit vues les mois fuivans, il n’en trouva pas une
au mpis de novembre..
Des èjfaims.
Un objet très-important pour les propriétaires
d’abeilles, c’eft la confervation & la multiplication:
des eftaims. Quand la population d’une ruche eft
trop confidérable, eu égard à fa capacité, il fe
fépare une partie des jeunes abeilles, qui vont
chercher un autre domicile. M. de Réaumur s’eft
afturé qu’elles ne quittent pas les environs de la
ruche où elles font nées , à moins qu’elles ne foienc
accompagnées d’une reine. La réunion de ces in~
feéles s’appelle un effaim.
- Selon la température du climat & l’expofitîon
des ruches, les eftaims commencent à fortir plutôt
ou plutard. Dans lès provinces peu éloignées de
Paris, c’eft ordinairement vers là mi-mai. Il en-
part jufqu’à la fin de juillet; ce qui dépend des-
faifons plus ou moins favorables- Les ruches bien
abritées du nord & expofées au midi, donnent
leurs eftaims de bonne-heure. C’eft donc pendant
l’efpace de deux mois ou deux mois & demi feulement
, qu’on doit les attendre & veiller leur fortie.
Il eft rare qu’elle ait lieu avant neuf heures du
matin ; le plus fouvent c’eft depuis ces momens du
jour jufqu’à cinq heures du foir, c’eft-à-dire,,
pendant la plus grande- chaleur.. Un rayon-ardeae