
comme les plantes d’orangerie. Leurs graines doivent
être femées en avril , fur une couche chaude
i l’air libre*, les jeunes plants veulent être repiqués
dans des pots avec une terre légère &Jablon-
ïieufe^ enfuite rentrés à la fin de l’automne dans
une bonne orangerie, & placés fur des gradins,
il leur faut peu d’arrofemens pendant l’hiver,
& on les multiplie a (fez aifément par le moyen des
drageons qui pouffent de leur racine.
La troifième feélion des Armoifes ,c’eft-à-dire, de
celles dont les tiges font ligneufes, eft compofée de
feize efpèces différentes, marquées dans la lifte
que nous avons mife en tête de cet article, par
le ligne ï). Ces efpèces fe divifent naturellement
en deux parties*, favoir, celles qui font ligneufes
ruftiques, ou qui croiffent aifément en pleine terre
dans notre climat, & celles qui font ligneufes
délicates de leur nature, ou qui ne peuvent vivre [
l’hiver , qu’autant qu’elles font rentrées dans les
orangeries.
Les premières font comprifes fous les n.os 19 ,
20 C. 21 , 32, 33 & 34. Ce l'ont des> arbuftes
dont les plus grands ne s’élèvent pas au-deffus de
cinq pieds, & les plus bas ont huit ou dix pouces
d’élévation *, ils forment de petits buiffons arrondis
très-touffus, les uns d’une verdure cendrée, &
les autres d’un verd foncé. Leurs feuilles font
permanentes. Ils aiment les terreins légers, & les
expofttions les plus chaudes.
Indépendamment des voies de multiplication
qui leur font communes avec les efpèces précédentes
, & que nous avons indiquées ci-deffüs,
ils fe multiplient encore par le moyen des marcottes
& des boutures. Ordinairement on ne fait
point ufage des graines pour les efpèces de cette
divifion , parce qu’il eft. rare qu’elles viennent à
parfaire maturité dans nos jardins, & que cette
voie eft beaucoup plus longue que celle des drageons
, des marcottes & des boutures.
On peut marcotter ces arbuftes pendant toute
l’année, foit en couchant ftmplement de jeunes
branches en terre, foit en les buttant avec une
terre un peu argilleufe qui retienne l’humidité
autour des marcottes. Elles ne tardent pas à pouffer
des racines, & il ne leur faut que quelques
mois pour former des pieds. Les marcottes faites
depuis le printems jufqu’au milieu de l’été, font
en état d’être fevrées & tranfplantées dès le premier
automne. Mais celles qui font faites plus tard
De doivent être fevrées qu’au printems de l’année
fuivantè, parce que leurs racines ne feroient ni
affez nombreufes, ni affez fortes pour fupporter
la tranfplantation.
Les boutures fe font au printems, en été & à
1 automne3 on choifitdes branches d’un an, que,
1 on coupe par morceaux de fix à huit pouces de
long ,'& qu’on plante dans’ une plate-bande de
îerre-meuble,à l’expofition du nord. On les enfonce
en terre de quatre à cinq pouces ,fuivant la longueur*,
& ft on craint les hâles, on couvre la terre d’un demi:
pouce de terreau de couche ou de mouffe fraîche
Il eft bon d’arrofer cette plantation de teins entems
pour humeéler la terre, fans cependant la rendre
trop humide.- Les trois quarts de ces boutures
reprennent, pouffent affez de racines pour pouvoir
êtrej,ev,ées à l’automne & placées à leur defti-
nation, lorfqu’elles ont été faites au printems
ou dans l’été*, plus tard , elles ne font bonnes à
être levées de terre que l’année fuivantè.
Ces Arbuftes confervent leur feuillage toute
l ’année 3 & comme ils ne craignent pas les terreins
maigres & pierreux , ils font fufceptibles d’entrer
dans la compofition des jardins payfagiftes fur les
bordures des bofquets 3 on peut aufti s’en fervir
utilement pour garnir les terreins montueux fitués
à des expofttions sèches & brûlantes, où les autres
arbuftes ont peine à croître *, ils figureronr bien
parmi les lavandes, les fauges ,-les romarins &
autres plantes aromatiques.. L ’Armoife citronelle,
ainft que fa variété, fe cultive dans tous les jardins
à caufe de la bonne odeur de fon feuillage. Les
fléuriftes de Paris en font un débîï affez con-
fidérable parmi le peuple qui fe plaît à cultiver cet
arbufte dans des pots fur les fenêtres & les boutiques.
Les Armoifes ligneufes délicates font rapportées
fous lesn.os 1 , 1 1 , 1 3 , 14» 15 , 16 , 28, 29,
36. B. & 39. Celles-cifont aufti dos arbuftes toujours
verds de couleur argentée *, ils aiment une
terre un peu plus fubftantielle que les précédentes.
On les cultive dans des pots que l’on rentre
l’hiver dans l’orangerie, & qu’on laiffe eft plein
air pendant la belle faifon 3 ils craignent l’humidité
pendant leur -féjour dans les ferres ,
& fe plaifent en été aux expofitions chaudes.
Rarement on multiplie ces arbuftes de femences ,
parce qu’ils n’en prodûilènt prefque jamais dans
I notre climat, excepté l’Armoife de Portugal. Mais il
eft aifé de les propager de boutures & de marcottes
de même que les efpèces précédentes. Les marcottes
fe font également, depuis le printems jufqu’au
milieu de l’été , & elles ont affez de racines
pour être féparées dès le commencement de
l ’automne. Celles que l’on fait plus fard ne doivent
être levées qu’au printems de l’année fuivantè.
Pour plus de commodité, on fait ordinairement
les bouturés dans des pots que l’on place fur
une couche tiède., & qu’on couvre de cloches 3
elles reprennent dans l’efpace de fix femaines,
& peuvent être féparées deux mois après.
Il faut, autant qu’il eft poflible, les lever en motte,
fur-tout celles, qui ayant été faites en m ai, font
ordinairement tranfplantées dans le commencement
d’août, parce, que fi on les lève à racines nues,
on court lds rifques, d’une fécondé reprile,qui
devient d’autant ..plus douteufe que la faifon
alors eft: moins favorable à cette opération. On
aide leur végétation par la - chaleur d’une couche
tiède, & vers le milieu de l’automne on les rentre
dans l’orangerie..La place qui leur couvienî
le mieux à cet âge, eft celle qui eft la plus aérée. <1
comme fur les appuis des croifées. Lorfque ces
plantes font plus fortes,on peut les,placer lur des
gradins*, mais à tout âge elles craignent l’humidité
, & il ne faut leur donner d’arrofemens ,
que lorfqu’elles en ont réellement befoin.
L ’Armoife en arbre, quoique originaire de Portugal
, pàfl'e quelquefois nos hivers en pleine
terre, lorfqu’ils font doux, & qu’on a-foin de la
couvrir de litière *, mais il faut pour cela,
qu’elle foit plantée dans un terrein fec, & à
une expofition chaude. Alors elle pouffé avec
vigueur, fleurit & graine abondamment. Cependant
il ne faut pas trop compter fur la
durée de fon exiftence, parce qu’après avoir ré-
fifté à deux ou trois hivers , elle périt fouvent
au quatrième. C’ eft pourquoi il eft bon d’en con-
ferver quelques pieds dans les orangeries où d’ailleurs
cet arbufte produit de la variété par fa
couleur argentée & fon feuillage léger.
L ’Armoife amère ou l’abfinthe romaine , étant
cultivée en grand dans quelques efpèces de jardins,
foit pour fes propriétés économiques foit à caufe de
fes ufages en médecine, nous entrerons dans des
détails plus- étendus fur la culture de cette
plante. g
Dans les pays fecs & chauds, les graines d’Ab-
finthe doivent être femées à l’automne plutôt qu’au
printems -, au contraire, dans les climats froids & humides
, le printems eft la faifon que l’on doit préférer/
Mais dans l’ un & l’autre cas la préparation du ter-
rein eft la même. Elle conftfte à ameublir la terre
par. un labour profond, à la bien divifer à la
furface &~à l’unir parfaitement. On mêle enfuite
les graines d’Abfinthê que l’on veut femer, avec
deux tiers de cendre ou de terre fine, & on les
répand le plus également poflible , fur toute l’étendue
de la planche. On herfe aufli-tôt, & à plusieurs
reprifes, le femis avec la fourche afin d’en-,
terrer les graines ; après, quoi on piétine la planche
pour affermir la terre que l’on unit de nouveau
avec le dos du rateau. On recouvre* enfuite
le femis de l’épaiffeur de quelques lignes avec un
vieux terreau de couche, fi l’on en à , ou avec un
terreau de feuilles bien confommé, & on finit
par l’arrofer copieufement avec un arrofoir à
pomme. Lorfque les graines font de la dernière
récolté, & quelles ont été bien aoûtées, elles lèvent
dans l’efpaée de quatre ou cinq femaines, & fix
mois après, le jeune plant eft affez fort pour-être
repiqué 3 on en fait des planches dans les jardins
ou des bordures dè quarrés *, de manière ou d’autre
il convient de l’efpacer à deux pieds^ ou deux
pieds & demi de diftance l’un de l’autre, afin qu’ il
puiffe croître & s’étendre librement , fans fe
nuire.
Les drageons fonrniffent un moyen de multiplication
plus expéditif, & qui procure une plus
prompte jouiffancej il eft toujours aifé de les
obtenir, il ne faut qn’arracher une forte touffe
“ Abfinthe, On fecoue la terre qui accompagne les
| racines; on divife les oeilletons qui compofenr les
touffes, on fait un choix de ceux qui font les plus
vigoureux & les plus jeunes, & l’on réjette tous
ceux qui font chancrés ou de nature trop li-
gneufe. Ces oeilletons tiennent lieu de jeune
plant, & doivent être traités de la même manière.
L ’Abfinthe romaine vient dans toutes fortes
de terreins, pourvu toutefois qu'ils ne foiem pas
.trop humides; mais elle, préfère ceux'qui font
meubles, & de nature sèche; les expofitions les
plus chaudes lui font auffi les plus favorables.
Plantée dans un terrein qui réunit ces divers
avantages, .elle contient beaucoup plus de fels,
& a infiniment plus de vertus que lorfqu’elle
croît dans un fol gras, fertile & humide. Certe
obfervation doit éclairer le Cultivateur fur le
choix du terrein.
•Cette plante n’efi point d’une longue vie;
parvenue à l'âge de cinq ou fix ans, les tiges
deviennent ligneufes , s’obftruent & ne végètent
plus que foiblement. A cette époque, s'il furvient
un rude hiver, elle périt ; c'eft pourquoi il eft
' bon, tous les quatre ou cinq ans, de renouveller
les plantations, foit par la voie des graines, foit
par celle des drageons, en oblervam de ne pas
faire la fécondé plantation dans le même endroit
où étoit la première, parce qu’elle n’y rëuffiroit
que foiblement.
L ’Eftragon, ou l’Armoife âcre, eft une plante
potagère qui fe cultive aufti en grand dans les
jardins, foit pour fervir de fourniture aux falades,
foit pour faire le vinaigre, connu fous le nom
d’Eftragon ; c’eft pourquoi nous allons détailler
plus particulièrement fa culture.
Cette plante vivace aime les terres meubles ,
un peu lubftantielles & légèrement humides; elle
croît à toute expofition ; cependant elle préfère
celle du midi dans les parties feptentrionales de
l’Europe, & celle du nord, dans les provinces du
midi. Rarement elle produit de bonnes femences
dans notre climat, foit parce quelles n’y ont
. pas' affez de chaleur,'foit que les individus
cultivés dans nos jardins depuis un tems très-
confidérable, & toujours propagés de drageons
ou de boutures, aient perdu leur faculté repro-
duélive la plus naturelle. Cette dernière préfomp-
tion eft la plus vraifemblable; quoi qu’il en foit,
on multiplie communément cette plante de drageons
& de boutures."
La multiplication par drageons fe pratique plus
fûrement au printems qu’à I automne. Le moment
le plus favorable eft celui où cette plante commence
à pouffer.On arrache de vieux pieds dont on
fépare tous les drageons qui font garnis de racines ;
on les plante fur-le-champ avec le plantoir, foit en
planche , foit en bordure, de la même manière'
que ceux, de l’abfinthe romaine. Les boutures fe
font pendant le courant dé ï’été, avec des jeunes
pouffes de l’année que l’on met dans une plate-
bande , à l’abri du foleil. On les plante par