
ou des racines qui exigent de fréqnens far-
clages.
Pour purger d'Avron les grains qu’on veut Peiner
, s il y en a parmi , on les fait paffer
dans des cribles, dont les trous foient capables
de laiffer échapper le bon grain & de retenir
l’Avron. Cette réparation peut fe faire facilement
s’il s’agir du fetgle & du froment qui
font plus petits ; mais l'orge & l’avoine ordinaire
étant prefque aufti gros, il faut pins d’attention.
On ôte l’Avron de l’orge en donnant
un mouvement léçer & de côté au crible ; les-
poils de l'Avrcn 1 empêchent de paffer. On ne
reulfiroit pas, fi on naroit pas le foin de faire
l'opération de bonne-heure. Cette remarque,
qui appartient à M. Gérard encore, efi très-
jùfte. Les deux, graines fertiles de l’Àvron, qui
adhérent au même pédicule & qui y demeurent
attachées, pendant quelque teins, ne pourroient
paffer alors par les mêmes trous que l’orge ;
mais fi l’on différoit beaucoup, ces graines fe
détacheroient en fe deftécbant & elles trou«
vêroient plus facilement paffage. L’Avron & l'Avoine
mêlées enfembîe font encore plus difficiles
à féparer. Je crois quon y parviendroit, fi le batteur
enlevoit foigneufement i’Avron qui vient à
la furface, quand il donne des coups de genou
au van, ou quand il fait tourner le crible dans
fes deux mains.
A l’égard des autres plantes nuifibles aux
récoltes de l’Avoine , c’efi par des farci âges
à la main qû’on peut les détruire dans les
pays où l’Avoine eft femée drue ; dans ceux où
elle efi femée claire, il.eft poffible d’y employer
des inflfumens.
Propriétés de VAvoine en général.
Linneus affure que les cochons font très-
friand de la racine dé l’Avoine. Ce qui me paroi
t d’autant plus étonnant qu'elle n’efl point char- I
nue, mais prefque entièrement fîbreufe &fèchej
elle ne doit pas les nourrir beaucoup. Au refie,
fi elle leur convenoir, on pourroit conduire ces
animaux , après la récolte, dans les champs, qui
ont rapporté de l’Avoine & où on laiffe leurs racines
quelque temps fans les retourner à la
charrue.
Les tiges & les feuilles d’Avoine vertes &
fraîches font bonnes pour les vaches. Si on
les fait faner pour les leur donner en hiver,
elles s’én accommodent bien. Le plus ordinairement
elles les mangent fèché? après qn’on en a
ôté le grain par le battage. Ce fourrage fait une
partie dè leur nourriture dans quelques pays. On
s'en fert aufli pour la litière. Les chevaux ont
moins dé goût que les vaches pour la paille
d’Avoine. Cependant ils la mangent; mais on
leur en donne rarement, par ce qu’elle les re-
Üche trop. On met quelquefois dans les râteliers
des bêtes ù laine de la paille d’Avoine * dont on
n’a pas ôté le grain-, ce qu’on appelle gerbées
d’Avoine dans certains pays. Elles en font très-
friandes & en mangeroient jufqu’à s’incomtrfoder,
fi on leur en donnoit à difcrétiôn.
La bâlè d'Avoine efi employée pour faire des
paillafles aux Pauvres gens & aux eh fan s qui fe
faliflént encore. On en remplit de petits matelas,
dont on couvre les animaux malades. On en garnit
des caiffeé, qui contiennent des chôfes. fragiles ,
qu’on veut tranfporter. Douce, fou pie & peu fuf-
eeptiblô d’humidité, elleefTpropre à ces ufages.
Les grains d’Avoine font un aliment pour les
hommes & pour les beftiaux. Il y a en France
des pays, fur-tout dans les montagnes où on
en fait moudre. Elle rend peu de fleur de farine.
Le pain qu’on en fabrique efi compaél, noir,
comme du pain de bled carié, d’une amertume
un peu nauféabonden’ayant aucun liant. Il
m’a paru extrêmement défagréable. On allure cependant
qu’on s’y accoutume par degrés. C’eft aufii
la nourriture des payfans du nord de I’Ecoffe&
de l’Angleterre. On fait des crèmes avec la farine
d’Avoine j à Londres, on mangé beaucoup de gâteaux
de cette farine ; en Hollande & en Allema--
gne, on fait avec l’Avoine de la bière qui efi
très-fine & très-délicate.
La Bretagne efi renommée pour fes gruaux
d’Avoine. Voy. G r u a u x . Une partie fe confomme
dans la province & le refie paffe ailleurs, pour
fervir d’alimens adouciffans & rafraîchiffans.
Les Médecins de Londres l’ordonnent beaucoup,
Une légère décoélion d’Avoine, efi une
| tifanne faïutaire dans la toux, les picôttemèns &
fluxions de poitrine, la pleuréfie, les éréfypel-
Iës,- &c.
Une décoélion forte & évaporée peut fervir
à faire un fyrop eftimé contre la colique par les
Allemands, qui l’appel!enifyrop de Luther, parce
que Luther, fujet à cette maladie , enfaifoir ufa-
ge. En Provence, les femmes, qui veulent faire
paffer leur lait, ou qui ne nourriffent pas, boivent
de la décoélion d’Avoine.
L’Avoine entre dans dés remèdes extérieurs.
On l’applique fricaffée avec du fel & du vinaigre
fur la poitrine ou fur le ventre dans les douleurs
de côté & dans les-coliques des hommes &
des animaux.
La plus grande confommarion d’Avoine en
grain efi pour la nourriture des beftiaux, quadrupèdes
& volatils. Tous la mangent avec plaifir.
On la réferve fur-tout pour les chevaux & les
mulets dans le nord de la' France & de toute
l’Europe. Sa qualité apéritive leur rend le* ventre
libre & fait couler les urines. On a foin dë
ne pas la leur donner nouvelle ou mouillée,
pour éviter qu’elle ne leur caufe des indigeftions,
ou ne les relâche trop. Il paroît que les chevaux)
ne broient pas toute celle ,qu ils avalent. Car
les volailles, ramaffent. dans leurs excrétnens beaucoup
de grains entiers. On en.mene aux champs
avec les iXumiers-& on les ..voit lever; ce qui a
fait croire qu’il vaudroit mieux faire manger l’Avoine,
moulue ou convertie en pain. Cependant
il faut obferver que la maftication étant effen-
tielle à Ja digeftion, on priveroit les chevaux de
cette fonélion, fi on ne leur donnoit pas l’Avoine
en grain. Les moutons,. qu’on engraiffe,
les agneaux nouvellement fevrés fe nourriflënt
avec avantage de grains d’Avoine, qu’on fait
quelquefois moudre groffièrement. Les poules,
les dindons, les oies, les canards, les cygnes &
autres oifeaux dévorent ce grain avec beaucoup
d’avidité.
L’Avoine dont le grain efi le plus gros, le
plus tendre, & le plus farineux,,efi celle qu’on
recherche davantage; ces qualités fe trouvent le
plus ordinairement dans l’Avoine à pânicules
épars & à grains noirs ou bruns. Un grain très-
gros n’annonce pas toujours une Avoine tendre
& nourriffanre ; il faut qu’une ^corce mince recouvre
le çorps farineux , pour en bien efpérer.
'On dit que la Hollande produit dçs Avoines noires
qui incommodent fou vent les çhev.aux, en
leur donnant Un flux d’urine extraordinaire ; mais
cela peut dépendre d’une altération quelles éprouvent
dans les bâtimens fur-lefquels on les embarque.
A Paris, on eftirae beaucoup l’Avoine
brune de^Champagne. La Normandie & la Picardie
en fqurniffent auffi une grande quantité. J ’ai
remarqué qu’il en étoit quelquefois des Avoines
à gros grains, comme dès fromens à gros grains ;
que leur écorce étoit plus épaiffe que cèlle dès
Avoinesà grains de groffeur médiocre. Je foup-
çonne que Tépaiffeur de l’écorce efi en raifon de la
groffeur des tiges t
JL’Avoine fe vend à la mefure comme le froment.
La mefure varie fui van t les différens pays.
Suivant l’Ordonnance dont * j’ai parléle fetier de
froment de Paris étant de .douze boiffeaux , celui
de l’Avoipeeft de vingt-quatre. Un fetier d’Avoine;
de bonne .qualité,. pèfe de deux cens foixamè-
quinze à deux cens quatre-vingt livres.
Les magafins d’Avoine coûtent moins de frais
d’entretien que ceux de froment. Ce grain n’exige
prefque aucuns foins dans les greniers. On dit
que l’Âvoine remuée augmente plutôt que de
diminuer. Cette augmentation n’eft qu’apparente ;
à mefure. qu’elle vieillit eile fè-sèehe ; fi on la
remue , les grains qui. étoient joints eDfemble,
fe féparenr. En préfentant plus de furface,.ils tiennent
plus déplacé dans la mefure, mais ne four-
nilfent pas plus de fubflance nutritive. On donne
ordinairement à un cheval qui travaille un boif- j
feau d’Avoine par jour ce qui fait par an , quinze J
feders de Paris , à la mefure de l’Avoine. La I
moitié fiiffii pour la nourriture d'un âne. Il en *
faut moins. pour un mouton. On en jete ordinairement
quelques ppigpées aux yojailîes.
L’analyfe de l’Avoine, par la voie humide
& à feu nu , a donné à M.'Cornette , de l’Académie
des Sciences & à moi, les résultatsffuivans.
Les grains mis en digeftion, pendant douze
heures, ne fe fpnt pas gonflés fenfibJerpent ;
ils n’ont abforbé que' peu d’eau ; ayant été çlif-
tiliés en cet état , il n’a paffé dans le récipient
qu’une eau limpide & incapable d’altérer la teinture
bleue des végétaux ; le réfidu, après avoir
bouilli dans l’eau, qui enfuite a été filtrée &
expofée au feu, a fourni, par une évaporation
plus rapprochée, un peu d’extrait brun.
.Par la diftillatîon à feu ,nu nous avons obtenu
d’abord une liqueur, acide & piquante, qui
bientôt ,.a paru d.’un rouge foncé & a été fuivi
d’une : huile .empireumatique ; le charbon conte-
noit de l’alkaii. Les rëfulrats de l’analyfe de
l’Avoine à feu nu ipféré dans l’ancienne Encyclopédie,
ne diffèrent ;pas de ceux-ci. Suivant
M. Parmentier, qui s’eft auffi occupé de l’analyfe
de l’ A voine, elle contient plus d’écorce, que de
farines ; elle donne, une matière fqcrée, beaucoup
defubftance extraélive, dont rpdeurfent la vanille
&peu d'amidon ; par la voie fèchefes produits font
une. huile épaiffe, de l'acide coloré & de l’alkali
volatil. U ne faut pas être étpnné que ces ana-
lyfes d’accord quant au fond, varient dans les
proportions des, produits ; ce qui dépend vraifem-
blablement & de l’efpèce d’Avoine & du terreiny
dans lequel elle a végété. M. Parmentier , par
exe.mple, trouve beaucoup de fubflance extraélivè,.
tandis que nous e,n avons trouvé feulement la
trente-deuxième partie de l’Avoine mife en di-
gefiion & en évaporation. L’Avoine que nous-
avons employée étoit de l’année; c’étoir celle à
. pankules éparfes, & à grains noirs ou bruns, récoltée,
en Beauce. L’expérience a été faite au mois
de -JVIar&i
Avant de finir ce qui concerne l’Avoine, il ne1
fera pas inutile d’expofer ici quatre moyens que
l’avidité du gain emploie pour donner à l'Avoine
plus de qualité apparente. J ’ai parlé déjà du premier
qui efi le javelage. On fait qu’il groffit le
grain & en augmente la mefure. Le fécond con-
fifte à mouiller le tas dans la grange, quand
l’Avoine a été ferrée par un rems fec ; le troi-
fié,me ? à l’arrofer au grenier & à la jeter avec
force contre la muraille pour en émouffer les-
pointes ; le quatriètpe, à mettre au milieu d’ut»
monceau un grès bien chaud, qui faffe enfler
le grain , après qu'on l’a humtéfé. Perfonnc
n’ignore que fi Le mefureur efi un fripporr , il
pêtu, en donnant un coup de genou au minoc
favoriler l’acheteur aux dépens du vendeur , parce-'
qu’aiors il contient plus de grains. Je croiy
qu’il efi bon d'indiquer ces rufès non pas-
afin d’engager ù les pratiquer, mais peue